2.- La réforme des structures et le redressement des grands équilibres

Dès 1990, le pays s'engage dans une politique de réformes économiques radicales destinées à assurer le passage d'une économie socialiste à une économie de marché. Cette politique repose sur quatre piliers :

1.- la libéralisation des prix ;

2.- la privatisation des moyens de production ;

3.- la libéralisation du commerce extérieur assortie de l'instauration de la convertibilité externe de la couronne ;

4.- le maintien de la stabilité macroéconomique par une politique fiscale et monétaire restrictive, une diminution de l'inflation et la stabilité du cours des changes.

Les réformes se sont accompagnées d'une complète transformation (et souvent d'une création) des outils législatifs : nouvelle législation économique, nouveau système fiscal, nouveau code de commerce, réforme de la sécurité sociale et de l'assurance-maladie, loi bancaire, loi sur les faillites.

Cinq ans plus tard, le Premier ministre Vaclav Klaus s'est adressé un satisfecit en déclarant que le pays quittait la période de conversion pour celle de l'après-transformation et, très symboliquement, il a annoncé la fermeture du ministère de la Privatisation.

Les objectifs de l'ère qui s'ouvre sont les suivants :

- maintenir la stabilité économique, sociale et politique ;

- achever les privatisations des entreprises appartenant encore à l'État (banques, gaz, électricité) ;

- libéralisation graduelle des derniers prix encore fixés officiellement (loyers, services publics) ;

- achèvement de la parfaite convertibilité externe de la couronne ;

- maintien de l'équilibre budgétaire, maintien du niveau de la dette publique, allégement des effectifs dans l'administration ;

- diminution de l'inflation ;

- adaptation des lois tchèques à la législation européenne ;

- diminution au maximum du rôle de l'État dans l'économie.

Le dynamisme et la détermination du Gouvernement Klaus ont fait qu'aujourd'hui, la plupart des observateurs s'accordent pour dire que la République tchèque est le meilleur risque parmi les anciennes républiques du bloc soviétique. Les réformes ont été bien engagées et l'économie prospère. En outre, l'appui de l'opinion aux réformes et aux privatisations n'a pas fait défaut au Gouvernement.

Depuis les réformes de structures, la production du secteur privé s'élève à 70 % du PIB en 1996, et le taux de croissance est proche de 5 %. Le montant réel du PIB par tête a été estimé en 1994 à 8888 dollars (contre 6063 en Hongrie, 5574 en Slovaquie et 4091 en Pologne), soit respectivement par rapport à la moyenne de l'Union européenne : 49 %, 34 %, 31 % et 27 %. Or, d'autres calculs prennent en compte la valeur réelle du pouvoir d'achat de la couronne, fortement sous-évaluée depuis 1991 et qui serait non pas de 27-28 couronnes pour un dollar, mais de 12 couronnes pour un dollar. Partant de ce constat, le montant du PIB par habitant serait, en 1995, de 11.200, soit 57 % du niveau moyen des pays de l'Union européenne.

Au cours de Tannée 1996, la consommation des ménages a augmenté de 6 % alors que l'investissement en hausse de 14,8 % permet d'atteindre un taux d'investissement de 26 % du PIB. Enfin, la consommation publique a baissé de 5,7 % pour la cinquième année consécutive.

Certes, le passage à l'économie de marché s'est accompagné inévitablement d'une forte progression des prix à la consommation, liée à la libéralisation de l'ensemble des systèmes de prix mais aussi à la forte dévaluation de 1990 (proche de 60 %). Pourtant le pays n'a pas connu la forte inflation qui a pénalisé les autres pays de l'Europe Centrale. Proche de 10 %, l'inflation reste maîtrisée et devrait même décroître. Même si les pressions inflationnistes demeurent, aussi bien du côté externe (afflux de capitaux étrangers) que du côté interne, en raison du maintien d'anticipations élevées et de la hausse prévue des prix administrés (loyers, gaz, électricité, eau). Enfin, l'insuffisante progression de la productivité est également à l'origine de l'inflation dans une économie qui connaît une forte croissance de la demande interne.

Toutefois, le plus grand succès remporté par le Gouvernement tchèque est dans le domaine du chômage. La République tchèque peut se targuer de surpasser tous ses voisins, car elle affiche le taux de chômage le plus bas en Europe : 3,1 %. Ce taux cache bien sûr de graves disparités régionales. Le chômage à Prague est presque inexistant, tandis qu'il atteint 15 % au Nord-Est du pays. Le Gouvernement admet que l'accroissement du chômage pourrait nuire à l'ensemble de sa politique réformatrice, et mène une politique active de l'emploi (qui va d'ailleurs à rencontre du discours libéral qu'il affiche). Á propos du taux de chômage particulièrement bas, il convient aussi de s'interroger sur la situation artificielle de nombreuses entreprises financées par le crédit de leurs fournisseurs et par un système bancaire que rend fragile la valeur incertaine d'une bonne part de ses créances. On ne peut pas dire que la loi sur les faillites soit appliquée avec une extrême rigueur.

La situation des finances publiques est également remarquable : le solde budgétaire affiche un excédent de 0,7 % du PIB. La dette publique reste stable et elle est inférieure à 18 % du PIB. Mais il faut garder en mémoire que le service de la dette inscrit au budget ne représente que 1 % des dépenses parce que l'essentiel a été débudgétisé au dépens du Fonds de la propriété nationale chargé des privatisations.

En outre, la République tchèque a eu la chance d'hériter du pouvoir communiste de dettes assez faibles, à la différence de la Pologne et de la Hongrie et sa structure financière est saine.

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