2.- La Bourse de Prague

La Bourse de Prague, créée en 1871 et fermée en 1939, a été rouverte dans l'enthousiasme en 1992.

Après la première vague de privatisations, le marché tchèque monta en flèche, mais deux ans plus tard, le déclin s'amorçait et, en 1995, la Bourse avait perdu 60 % de sa valeur. En effet, les Fonds d'investissement s'étaient mis à vendre leurs participations dans le but d'engranger aussitôt les plus-values issues de la flambée des cours. En alimentant cette tendance, ils ont déprimé le marché et ils ont aussi dissuadé, voire chassé, les participations étrangères qui avaient contribué à la hausse des valeurs dans les mois suivant la réouverture de la Bourse de Prague. Désormais la plupart des institutions financières étrangères attendent une réforme législative pour réintervenir sur la place de Prague, une plus grande clarté et une plus grande fiabilité des cours (qui se sont redressés en 1996, début d'une consolidation).

En effet, ce qui frappe d'abord dans le marché boursier tchèque, c'est l'absence de règles et, plus encore, que le Gouvernement l'ait souhaité ainsi. Le premier Président de la Bourse de Prague aurait estimé qu'une certaine souplesse était de nature à encourager les plus habiles et les plus entreprenants à créer des noyaux d'investissements significatifs, corrigeant par là les excès de ce capitalisme populaire toujours un peu utopique que le Gouvernement mettait en place au moyen de la privatisation par coupons.

Mais la souplesse des règles est telle que 60 à 90 % de l'ensemble des transactions s'effectuent en marge du marché, sans publicité aucune. Les opérations ne sont pas surveillées par une autorité indépendante sur le modèle de notre COB (Commission des Opérations de Bourse) ou de la SEC américaine (Securities and Exchange Commission). Rien n'empêche les opérations d'initiés et il n'existe aucune protection des actionnaires minoritaires.

En fait, il existe actuellement trois marchés boursiers : la Bourse des Valeurs de Prague, le RMS et le RTP (qui sera bientôt mis en place). La capitalisation boursière totale représente environ 60 % du PIB, mais le volume annuel des transactions est faible : au total 2 % de la capitalisation. La Bourse de Prague et le RMS tiennent séance tous les jours ouvrables. La principale différence entre les deux marchés est que les investisseurs peuvent passer leurs ordres directement sur le RMS alors qu'à la Bourse de Prague ils doivent passer par un courtier agréé. Au départ, le RMS occupait une position dominante grâce à son vaste réseau de terminaux d'ordinateurs sur lesquels les clients pouvaient négocier directement leurs coupons de privatisation. Avec l'achèvement des deux vagues de privatisation, la part du RMS dans l'ensemble des transactions est tombée aujourd'hui à 5 ou 6 %.

La pluralité de marchés encourage l'opacité et surtout crée des distorsions : l'écart de valeur entre un marché et l'autre (sans parler du marché libre) varie de 1 à 10.

Le marché boursier tchèque ne joue pas encore pleinement les deux principaux rôles classiques d'un marché boursier : celui de lever des capitaux et celui d'outil de Gouvernement pour l'entreprise. En effet, comme ces entreprises obtiennent facilement des crédits (auprès des banques qui sont leurs actionnaires), elles négligent le marché boursier et, par conséquent, le cours de leur action.

Cette époque devrait maintenant toucher à sa fin. En effet, le ministre de la Privatisation vient d'être nommé à la tête de la Bourse de Prague avec, pour mission, d'assainir la situation et l'on vient d'instituer une autorité administrative, nommée par l'exécutif et provisoire, chargée d'introduire des règles sur le modèle des critères des bourses française, allemande et anglaise. Cette autorité nouvelle, qui réunit des financiers et des experts, est une étape vers la création d'une autorité indépendante pour laquelle une loi est nécessaire.

Le Premier ministre n'est pas convaincu de l'urgence d'installer une COB à Prague, mais les services de la Bourse de Prague préparent une proposition de loi qu'ils soumettront au Gouvernement. Ils sont décidés, dans le cas d'un refus, à le faire passer à la Chambre (qui dispose de son ordre du jour). La Bourse de Prague s'est fixé un délai d'un an pour rejoindre le club des bourses européennes en instaurant un organe de contrôle indépendant dont le chef pourrait être une personnalité étrangère.

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