B.- L'ENTRÉE DANS L'UNION EUROPÉENNE

1.- Enjeux économiques

La proximité géographique de la République tchèque et la réorientation récente de ses échanges vers l'Europe de l'Ouest en font un partenaire commercial privilégié pour l'Union européenne, en termes de débouchés et d'approvisionnements. Par ailleurs, les faibles coûts salariaux sont des facteurs d'attraction pour les investisseurs européens, mais constituent en même temps la base d'une concurrence forte pour les secteurs occidentaux intenses en main-d'oeuvre.

En effet la concurrence de la République tchèque s'exercera d'abord dans le domaine salarial, car elle bénéficie de l'avantage comparatif qui lui procure une main-d'oeuvre abondante, qualifiée et bon marché. Il en est déjà résulté, dans certains secteurs, un développement rapide des contrats de sous-traitance et du travail à façon pour le compte d'entreprises occidentales. Le salaire moyen est de 9.000 couronnes (soit 1.800 francs). La main-d'oeuvre, d'autre part, est beaucoup plus qualifiée que dans certains pays déjà membres de l'Union européenne comme le Portugal.

D'autre part, le nouveau cadre juridique et réglementaire a créé un climat très favorable : les acquisitions sont aisées, le rapatriement des bénéfices facile, le droit du travail plus souple qu'en France. Il est clair que l'ouverture réciproque des marchés accélèrera les ajustements économiques et sectoriels dans l'Union européenne et que la République tchèque y contribuera majoritairement. Mais si son adhésion ne semble pas devoir poser de problème macroéconomique insurmontable, elle soulèvera inévitablement des difficultés sectorielles.

Il est d'usage de faire allusion à l'agriculture, mais il convient de rappeler que la République tchèque, sur ce chapitre, ne devrait pas rencontrer de problème majeur, car c'est un secteur qui n'est pas vital pour le pays. En effet, la République tchèque possède surtout une forte tradition industrielle et le secteur agricole ne représente que 11 % du PIB. Elle est déficitaire dans ses échanges agro-alimentaires. Elle importe principalement des fruits et des légumes, des boissons, des aliments du bétail, du sucre et des produits à base de céréales. Elle exporte de la viande, des produits laitiers, de l'orge, du malt et de la bière. D'autre part, la population rurale est faible (25 %) et la collectivisation quasi-intégrale a fait prévaloir les grandes exploitations qui n'ont pas été démantelées à la suite des restitutions puisque celles-ci se sont faites en général sous la forme de parts sociales. La population agricole représente environ 10 % de la population active. On mesure donc que la menace potentielle pour la Politique Agricole Commune est assez faible comparée à celle que pourraient représenter les agricultures hongroise et surtout polonaise.

C'est dans les secteurs à fort contenu en main-d'oeuvre que le risque est grand : textile, habillement, chaussures, meubles, verreries, porcelaines, productions minières, mais aussi dans la production à forte intensité capitalistique : chimie de base et sidérurgie.

Toutefois, quoiqu'il en soit des difficultés d'adaptation, tous les experts s'accordent à dire que la période de rattrapage pourrait ne durer que dix ans.

Il convient de rappeler que tous les sujets spécifiques relatifs à la candidature de la République tchèque seront traités à compter de 1998 dans le cadre d'une négociation bilatérale avec la Commission européenne à l'initiative de celle-ci. La France devra y être particulièrement attentive et veiller à la défense de ses intérêts.

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