CHAPITRE II - LES INSTITUTIONS TCHÈQUES : RENAISSANCE D'UN ÉTAT

A.- DE LA RÉVOLUTION DE VELOURS AU DIVORCE DE VELOURS

1.- La fin du communisme et le retour dans l'Histoire

Quand le mur de Berlin s'écroule, en novembre 1989, une gigantesque manifestation estudiantine est organisée à Prague contre le Gouvernement communiste. Celui-ci capitule aussitôt sans résister. Fin 1989, le célèbre dissident Vaclav Havel devient Président et les premières élections libres ont lieu en juin 1990 : confirmant la chute du communisme : l'ancien parti unique ne réunissait plus que 13 % des voix.

Le scrutin de juin 1990 voit le triomphe d'un mouvement de masse, le Forum civique de Vaclav Havel (46 % des voix). Le succès du Forum civique repose cependant sur l'ambiguïté de son image non politicienne, non partisane, l'image d'un parti anti-parti à un moment où la méfiance à l'égard des partis est naturellement encore très grande.

Alors que s'amorce la libéralisation de l'économie, mais sans attendre la mise en place de nouvelles institutions, Vaclav Havel inaugure une nouvelle politique étrangère sous le signe du « retour en Europe » manifestant ainsi clairement sa volonté de mettre un terme à la stérile marginalisation de la Tchécoslovaquie sur la scène internationale depuis le Printemps de Prague en 1968.

Mais un an plus tard, en 1991, l'unanimité politique s'est envolée. Le Forum civique a éclaté entre un mouvement décentralisé, aux contours politiques flous (le Mouvement civique : l'OH de Jan Dienstbier, libéral, démocrate et gradualiste), et un parti structuré, bien ancré à droite, libéral, partisan d'une thérapie de choc, moins soucieux du coût social (le Parti démocratique civique, ODS, de Vaclav Klaus). D'autre part, les exigences slovaques ont conduit à bloquer le jeu constitutionnel et il est impossible de se mettre d'accord sur la future constitution (fédérale ou confédérale).

En revanche, la situation économique en 1991 est telle que la Tchécoslovaquie, fidèle à sa tradition, fait figure de bon élève de l'Est. La petite privatisation (commerces et services) a commencé et la grande privatisation par coupons (entreprises industrielles) est en préparation.

Mais l'Assemblée constituante élue en 1990 avait deux ans pour rédiger une constitution : elle n'y est pas parvenue. En juin 1992, de nouvelles élections ont lieu qui traduisent l'important changement du paysage politique durant ces deux années. Les deux vainqueurs des élections sont du côté tchèque, le Parti démocratique civique (ODS) de Vaclav Klaus et du côté slovaque, le Mouvement pour la Slovaquie démocratique (HZDS) de Vladimir Meciar.

C'est autour de ces formations que se constituent les Gouvernements tchèque et slovaque, ceux également qui mèneront les négociations pour la division du pays. En effet, Meciar s'est fait élire en prônant la partition. Vaclav Klaus prend son homologue au mot et propose les modalités d'une séparation qui sera votée par le Parlement fédéral le 25 novembre 1992. Ce divorce amiable et sans passion prit le nom de « divorce de velours ».

Le 1er janvier 1993 était créé, ou plutôt recréé, un État tchèque sans nom autre que celui de « République tchèque ». Mais la nouvelle Constitution du 16 décembre 1992 parlera des pays de la Couronne tchèque et les armoiries du nouvel État reprendront les blasons historiques de la Bohême (lion blanc à deux queues sur fond rouge) de la Moravie (aigle losange blanc-rouge sur fond bleu) et de la Silésie (aigle noir sur fond jaune). L'élection de Vaclav Havel le 26 janvier 1993 à la Présidence de la République donne une apparence de continuité à cette rupture profonde.

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