C. QUELQUES RÉALISATIONS D'AKDN AU KIRGHIZISTAN ET AU TADJIKISTAN

1. L'Université d'Asie centrale

Durant son séjour à Bichkek, la délégation sénatoriale a eu la possibilité de s'entretenir à la Fondation Aga Khan avec M. Bohdan Kravchenko, recteur de l'Université d'Asie centrale (UAC), et plusieurs responsables locaux de l'Aga Khan Development Network (AKDN) ; au Tadjikistan, elle a pu approfondir ses informations sur cette Université, d'abord en visitant le magnifique Centre ismaélien de Douchanbé -où elle s'est entretenu avec M. Munir Merali, Représentant de l'Aga Khan- puis en se rendant dans le Pamir au Centre de formation professionnelle permanente de Khorog, où elle a discuté avec différents enseignants et responsables administratifs de l'UAC.

L'Université d'Asie centrale a été créée par un accord conclu en 2000 entre l'Aga Khan et les Présidents du Tadjikistan, du Kirghizistan et du Kazakhstan.

Premier établissement d'enseignement supérieur privé du monde doté d'une charte internationale, l'UAC a pour mission de stimuler le développement économique et social dans l'ensemble des vastes zones pauvres de haute montagne d'Asie centrale, où vivent quelque 30 millions d'habitants. Statutairement, l'UAC est une institution laïque et privée, gérée par un conseil d'administration indépendant. Elle est mixte et recrute des hommes et des femmes de toutes origines souhaitant oeuvrer à l'amélioration de la vie des populations de montagne.

Autant que la délégation a pu en juger sur place, le pôle « Enseignement supérieur » proprement dit de l'UAC n'est pas encore entré en phase de fonctionnement. Sur le plan matériel, trois campus sont actuellement en construction (à Tekeli au Kazakhstan, à Naryn au Kirghizistan et à Khorog au Tadjikistan) ; une fois terminés, ces équipements comprendront des salles de cours et une résidence universitaire pour étudiants en premier cycle, ainsi que les divers instituts supérieurs composant l'École du développement. Ces centres pourraient ouvrir leurs portes au cours des prochaines années.

L'Université comprendra six facultés : Développement des ressources et protection de l'environnement, Sciences de l'éducation, Industrie du tourisme et des loisirs, Commerce et développement économique, Administration publique et Développement rural. Des cycles conduisant à des diplômes mixtes seront également mis en place. La recherche à tous les niveaux sera centrée sur les solutions aux problèmes pratiques du développement des zones montagneuses. Un cursus de deux ans sera sanctionné par une maîtrise ( master's degree ). Le premier cycle, bien qu'axé sur le développement des zones montagneuses, s'appuiera sur une formation générale et scientifique et sera sanctionné par une licence ( bachelor's degree ).

L'admission à l'UCA s'effectuera uniquement au mérite et sera ouverte à des candidats originaires de toutes les régions d'Asie centrale. Les étudiants ayant besoin d'une aide financière partielle ou complète bénéficieront de prêts, de bourses ou d'une combinaison des deux. A tous les niveaux, l'enseignement sera centré sur les étudiants et fera un usage intensif de l'informatique. Les cours d'enseignement supérieur seront tous dispensés en anglais, les étudiants ayant besoin d'une formation linguistique complémentaire pouvant en bénéficier avant leur inscription.

En revanche, le pôle « Education et formation continues » fonctionne déjà sur chacun des trois sites. Une formation en cours de carrière est proposée à des professionnels dans de plusieurs domaines, d'autres stages étant conçus pour améliorer la production agricole et stimuler la création d'emplois. Comme le reste de l'université, ce pôle sert l'ensemble de la région montagneuse de chaque pays, et non pas seulement le proche arrière-pays. D'où le recours à des technologies de pointe en matière de télécommunications et de télé-enseignement dans tous les programmes de l'UCA. A la différence des enseignements universitaires en anglais, les cours et programmes de ce pôle sont proposés dans les langues vernaculaires les plus accessibles.

L'UCA recrute et forme un corps professoral composé d'hommes et de femmes originaires de la région, en fonction de critères internationaux de haut niveau dans leurs domaines respectifs. Elle établit actuellement des liens avec des universités d'Asie, d'Amérique du Nord et d'Europe ayant les compétences nécessaires.

D'après les informations recueillies sur place, l'UCA est financée par des donations de particuliers, de fondations privées, d'entreprises internationales, d'agences internationales de développement et des gouvernements du monde industrialisé. Les États fondateurs fournissent le terrain des campus, une enveloppe de dégrèvements fiscaux et diverses autres formes d'aide. Lors de la signature du traité de création de l'UCA entre le Président de chacun des trois États et l'Aga Khan, celui-ci a lancé le programme par des dons totalisant quelque 15 millions de $ US.

2. L'Hôpital général de Khorog

Le 23 avril, lors de la journée qu'elle a passée dans le Pamir, la délégation sénatoriale a pu effectuer une rapide visite de l'Hôpital général de Khorog, qui relève des Services de Santé Aga Khan, sous la conduite d'une équipe médicale sympathique et motivée.

Cet établissement hospitalier est l'ancien hôpital de l'Oblast de Khorog, construit à l'époque soviétique et qui avait cessé son activité au moment de l'indépendance du pays. Réhabilité par les équipes ismaéliennes, et quoique loin de disposer des caractéristiques et des équipements d'un hôpital occidental moderne, l'Hôpital général est redevenu une des pièces majeures du dispositif sanitaire régional, beaucoup plus performant, semble-t-il, que les dispensaires et autres centres de soins des villes secondaires du Tadjikistan, souvent dans un grand état de vétusté.

En dépit de certains aspects assez rustiques, cet hôpital est installé dans des locaux assez vastes et fonctionnels (10 pavillons au total), et apparaît bien tenu ; il dispose d'une bonne équipe de médecins et d'infirmières, qui travaillent en concertation avec leurs confrères des autres établissement du Réseau de Santé.

D'après les indications données sur place à la délégation sénatoriale, l'hôpital emploie plus de 80 médecins et plus de 350 infirmières dans toutes les spécialités usuelles. Il est en mesure de faire face dans conditions sanitaires et d'accueil acceptables à la majorité des pathologies courantes (médecine, chirurgie et obstétrique) et attire de ce fait des patients de toute la région, y compris de l'Afghanistan tout proche. Selon un rapport d'évaluation établi en 2008, cet hôpital effectuerait environ 5 000 interventions chirurgicales par an en enregistrerait une moyenne annuelle de 25 000 admissions.

Outre les activités thérapeutiques in situ et les soins dispensés par des équipes ambulatoires, les personnels participent à des enquêtes épidémiologiques, à des campagnes de vaccinations et assurent une mission socio-sanitaire éducative et préventive (lutte contre la tuberculose, contre le SIDA, contre le tabagisme, contre les parasitoses, etc...), en coordination avec d'autres programmes internationaux opérant au Tadjikistan.

3. La chaîne hôtelière Serena

La délégation sénatoriale a déjeuner le 23 avril à Khorog à l'Hôtel Serena qui, comme les autres établissement de cette marque, relève du département Tourism Promotion Services (TPS) du Réseau AKDN.

Là encore, la mission de cette agence s'inscrit résolument dans une perspective de développement durable, puisque TPS se propose de valoriser le potentiel touristique de certaines régions du monde en développement en sensibilisant les habitants et les visiteurs à l'environnements du pays concerné, en les incitant à mieux appréhender ses traditions culturelles et en contribuant à leur sauvegarde. Dans la même optique, TPS privilégie systématiquement l'emploi de personnel et de sous-traitants locaux et investit activement dans la formation à l'échelle locale.

La chaîne Serena est désormais reconnue comme un des leaders de ce segment de marché, pour la qualité de ses services, pour l'architecture de ses établissements et leur respect de l'écologie, chaque projet étant conçu pour minimiser son impact sur l'environnement et optimiser les avantages socio-économiques de son implantation dans la région.

Le Serena Inn de Khorog, dont l'architecture horizontale a été conçue
pour se fondre le plus harmonieusement possible dans le paysage local

4. La station hydroélectrique de Pamir 1

En visitant l'importante centrale hydro-électrique de Pamir 1, à quelques kilomètres de la capitale régionale de Khorog, la délégation a découvert la dimension industrielle de certaines activités d'AKDN. En effet, cette centrale, qui produit du courant électrique et assure la régulation de l'écoulement des eaux provenant des sommets avoisinants, a été financée à hauteur de 26 millions de $ US par une des agences du Réseau ( Industrial Promotion Services , ou IPS), chargée d'encourager et de développer l'entreprise privée dans les pays où elle est implantée. Dans ce cadre, l'Agence intervient activement dans différents projets industriels, notamment dans les domaines des télécommunications, de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement et de la production d'électricité.

Pour le cas, la Centrale de Pamir 1 revêt une importance stratégique dans une région au climat rude, dépourvue d'autres sources d'approvisionnement énergétique et régulièrement victime de pénuries d'électricité et de chauffage. Cet équipement a été conçu pour fournir une énergie propre et renouvelable, en rupture avec les pratiques polluantes de l'époque soviétique, où la production électrique était dépendante d'une noria incessante de livraisons par camions-citernes de fioul subventionné.

La salle des turbines de la station hydroélectrique Pamir 1

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page