B. LES ENTRETIENS ET LES VISITES DE TERRAIN

1. Déjeuner de travail avec M. Fouad DOUIRI, Ministre de l'Énergie, des Mines, de    l'Eau et de l'Environnement - (2 mai 2013)

Au cours d'un déjeuner à l'invitation de M. Charles FRIES, Ambassadeur de France, la délégation a rencontré M. Fouad DOUIRI, Ministre, qui a présenté son secteur ministériel et répondu aux questions des sénateurs.

MM. Christian CAMBON, Charles FRIES et Fouad DOUIRI

M. Fouad DOUIRI, Ministre , a précisé le défi énergétique posé au Maroc pour les années à venir : la croissance implique une augmentation de 5 à 6 % par an de la consommation énergétique, dont 8 % pour la seule énergie électrique. La réponse à ce besoin sera un « mix énergétique » comportant 42 % d'énergies renouvelables avec trois sources principales : l'hydroélectrique, l'éolien et le solaire.

Pour l'éolien, 1.000 MW sont construits ou en voie de l'être et 1.000 MW sont en projet.

Pour le solaire, la politique du Maroc est de développer une filière nationale, de la recherche à une industrie nationale.

Le Maroc compte développer ces énergies nouvelles dans le cadre du concept de colocalisation : production locale, intervention d'une entreprise étrangère et exportation d'une partie de la production.

M. Fouad DOUIRI a ensuite évoqué deux énergies fossiles :

- le gaz de schiste : le Maroc est au stade de l'évaluation préliminaire ;

- les schistes bitumineux : le Maroc a évalué son potentiel à 50 milliards de barils mais l'exploitation ne pourra commencer que lorsque la technique d'exploitation sera plus respectueuse de l'environnement, notamment de la ressource en eau.

Abordant la question de la ressource en eau, il a comparé les consommations :

- en France : 120 litres par personne et par an ;

- au Maroc : 200 litres par famille et par an.

Pour sa politique de gestion de cette ressource, le Maroc a fait un choix :

- un prix unique avec des tarifs différenciés selon le volume de consommation ;

- une gestion par l'État qui revend l'eau aux différents distributeurs.

Le but est d'atteindre l'objectif d'accès à l'eau pour tous avec la notion de ½ droit à l'eau" . Sur ce sujet, il a conclu en comparant diverses consommations pour relativiser le coût de chacune : une journée d'électricité égale 1 m 3 d'eau, soit 2 à 3 minutes de téléphone mobile.

Pour ce qui est de l'énergie nucléaire, M. Fouad DOUIRI, Ministre, a indiqué que cette question se posait à l'échéance 2020/2030. Elle soulevait deux problématiques :

- la sécurité des installations ;

- le prix plus élevé que celui des énergies comme l'éolien, le gaz ou le charbon.

Il a précisé que le choix de l'énergie nucléaire n'était pas tranché et nécessitait d'observer ce qui se passait dans d'autres pays arabes comme l'Arabie Saoudite ou les Émirats arabes unis.

2. Entretien avec M. Abderrahim HOUMY, Secrétaire général du Haut Commissariat    aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la désertification - (2 mai 2013)

Après avoir présenté la délégation, M. Christian CAMBON, Président, a souligné l'importance de la gestion de la ressource en eau et l'implication nécessaire des élus locaux, élus les plus proches des citoyens. Il a pris l'exemple du Syndicat des Eaux d'Ile-de-France (SEDIF), qui est le plus gros distributeur d'eau en France. Il a insisté sur la gestion solidaire de la distribution de l'eau en citant la loi -votée à son initiative- sur la création d'un fonds permettant aux plus démunis d'avoir accès à l'eau par une aide au paiement des factures.

Répondant à cette intervention, M. Abderrahim HOUMY, Secrétaire général , a remercié la délégation de son intérêt pour cette question de la gestion de la ressource en eau qui devient, en 2013, un enjeu majeur dans la région méditerranéenne et, en particulier, au Maroc.

Cette question est au carrefour de plusieurs politiques : environnement, qualité de l'eau, agriculture.

Pour ce qui est de la préservation de la ressource, M. Abderrahim HOUMY a évoqué la constitution et la préservation des nappes phréatiques grâce à l'aménagement des bassins versants et à l'injection d'eau à partir des lacs de barrage.

M. Jackie PIERRE, Sénateur , a ensuite fait part de son expérience de gestion de la forêt vosgienne. Une politique forestière de valorisation dans le département a été mise en place : coupe, séchage, sciage et aboutage. Il a ensuite présenté les activités de l'École nationale supérieure des Technologies et Industries du Bois (ENSTIB), créée en 1985.

M. Abderrahim HOUMY, Secrétaire général , a souligné la coopération que son service, créé en 1913, avait avec l'Office national des Forêts (ONF). Il s'est félicité de cette coopération bilatérale.

En réponse aux questions de M. Jean-Claude PEYRONNET, Sénateur, sur les causes de la déforestation, les espèces replantées et la nature du foncier au Maroc, M. Abderrahim HOUMY, a, tout d'abord, précisé que la forêt marocaine se dédensifiait plus qu'elle ne disparaissait. La question principale est de gérer les rapports de la population avec le milieu forestier. Les forêts appartiennent à l'État avec un droit d'usage attribué à la population. Pour reconstituer la forêt, l'État rachète ce droit d'usage et le restitue après la repousse de la forêt.

En général, le droit d'usage est géré par des coopératives forestières d'usagers, souvent aux origines modestes. La redevance perçue doit donc tenir compte de la modestie des ressources de ces usagers.

Pour les espèces replantées, la priorité est donnée aux espèces locales : thuyas, arganiers, chênes liège, par exemple.

En réponse à M. Hervé MARSEILLE, Sénateur , sur les systèmes d'irrigation, notamment traditionnels comme les khettaras, M. Abderrahim HOUMY, a indiqué que le Plan Vert lancé en 2008 avait, entre autres, comme objectif la préservation des ressources naturelles comme l'eau et la modernisation de l'agriculture marocaine. À travers l'Agence de Développement agricole (ADA), il y a eu un encouragement à la création des grandes unités de production bénéficiant d'une irrigation moderne.

En revanche, dans les zones au foncier morcelé, telles les oasis, le système traditionnel des khettaras a été préservé, modernisé et développé.

Visite d'une khettara

Exposé des responsables - M. Christian CAMBON, Mme Isabelle PASQUET et M. Abderrahim ATMOUN

Visite d'un secteur de khettaras à Erfoud

(3 mai 2013)

Définition : système d'irrigation souterrain récoltant les eaux de surface pour les acheminer vers les cultures dans des canaux à ciel ouvert.

Caractéristiques : de 500 m à 10 km de tunnels.

Lieu : plaine du Tafilalet - 570 khettaras recensés en 2005.

Fonctionnement : 250 khettaras fonctionnelles - réhabilitation de 8 à 10 khettaras/an - 47 millions de m3/an drainés par an.

3. Réunion de travail présidée par M. Ahmed MERGHICH, Gouverneur de la   province d'Errachidia - (4 mai 2013)

La délégation du groupe d'amitié a participé à une réunion présidée par M. Ahmed MERGHICH, Gouverneur de la province d'Errachidia , sur les thèmes de la gestion de la ressource en eau dans la province d'Errachidia. L'ensemble des responsables de la province de ce secteur étaient présents. Ils ont présenté à la délégation les actions de leurs services sur les thèmes suivants :

- la situation de l'alimentation en eau potable et de l'assainissement liquide ;

- la gestion des eaux de surfaces et des eaux souterraines ;

- le développement des ressources en eau des bassins du Guir Ziz Rheriss et Maidar ;

- l'action de l'Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) ;

- le développement du tourisme local.

La délégation sénatoriale et ses interlocuteurs marocains à Erfoud

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