III - LE PLAN SOLAIRE, UNE POLITIQUE AUDACIEUSE

« Il faudrait susciter une forte adhésion en faveur de la mise en oeuvre de la stratégie d'efficacité énergétique, notamment à travers le développement des énergies renouvelables et propres . »

MOHAMMED VI

Discours du Trône - Juillet 2010

A. LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE ET LE CHOIX DES ÉNERGIES RENOUVELABLES :  LE PLAN SOLAIRE

La stratégie énergétique du Maroc est au centre des préoccupations des responsables marocains au plus haut niveau, car elle doit accompagner la politique de développement économique et social lancée en 1999.

Dans cette optique, le gouvernement a d'abord engagé des réformes structurantes dans le cadre de la politique de libéralisation de l'économie marocaine. Ainsi :

- le raffinage et la distribution des produits pétroliers ont été privatisés ;

-  la production électrique et de l'eau a été ouverte aux opérateurs privés.

Dans un second temps, en mars 2009 , une politique visant à renforcer la sécurité d'approvisionnement de l'énergie ainsi que son accessibilité à des coûts raisonnables a été lancée. Pour atteindre ces objectifs le potentiel national en ressources énergétiques comme les énergies renouvelables sera encouragé.

C'est ainsi qu'ont été lancés :

- le plan solaire (2009) ;

- le plan éolien (2010).

1. Les caractéristiques du secteur énergétique marocain et les objectifs de la    politique énergétique

Le Maroc , peu doté en ressources énergétiques conventionnelles, dépend à près de 95 % de l'extérieur pour son approvisionnement en énergie destiné à satisfaire sa demande croissante inhérente à son essor économique et sa progression démographique.

La consommation annuelle en énergie primaire augmente en moyenne de 6 % par an. Elle est passée de 0,36 tonne d'équivalent pétrole (TEP) en 2002 à 0,54 TEP en 2011 par habitant.

Dans cette consommation, les produits pétroliers restent prépondérants (60 %) même si cette part s'est réduite depuis les années 1980 (80 %). Pendant la même période, la part du charbon s'est accrue de 8 % à 23 % en raison de son utilisation croissante dans la génération électrique.

La demande nationale en énergie électrique a évolué de manière très soutenue (+ 7,5 % par an) sur la période 2000-2011.

Face à ces contraintes et aux choix environnementaux du Maroc, les objectifs de la stratégie énergétique pour 2020 sont, entre autres, d'atteindre 42 % de la capacité électrique installée d'origine renouvelable dont 2.000 Mégawatts (MW) pour le parc éolien et 2.000 MW pour les installations solaires.

2. Le plan solaire marocain

Lancé en 2009 par le Roi MOHAMMED VI, le plan solaire marocain vise la mise en place de 2.000 MW en 2019 pour une ressource estimée à 20.000 GW. Le coût de ce plan est estimé à près de 6,9 milliards d'euros .

Cette capacité représentera 14 % de la puissance électrique à l'horizon 2020, soit 4.500 GW.

Les sites actuellement identifiés sont au nombre de cinq : Ouarzazate, Ain Bni Mathar et Sebkhat Tah (Région de Tarfaya), Foum Al Oued (Région de Laayoune au Sahara occidental) et Boujdour.

Sites du plan solaire

Source : Ministère de l'Environnement

Ces sites sont répartis dans un arc de cercle qui s'étend du nord du pays (Ain Beni Mathar) à l'extrême sud (Boujdour). Ils se situent tous dans des zones d'ensoleillement supérieur de 5,5 KWh par m 2 .

Zones d'ensoleillement

Source : Ministère de l'Environnement

La date de mise en service de la première tranche de la centrale d'Ouarzazate (160 MW) aura lieu en 2015.

En 2019, le plan solaire assurera 14 % de la demande électrique et permettra d'économiser annuellement en combustibles 1 million de TEP et d'éviter l'émission de 3,7 millions de tonnes de Co 2 .

Le plan solaire est financé par des partenariats privés/publics . Ainsi, sa mise en oeuvre est confiée à une agence marocaine pour l'énergie solaire, la Moroccan Agency for Solar Energy (MASEN) société de droit privé à capitaux publics.

Cette agence a pour mission notamment d'entreprendre toutes les études techniques, économiques et financières nécessaires à la concrétisation du programme pour placer ensuite les projets qui seront retenus auprès des investisseurs en vue de leur développement. L'agence assurera le pilotage de la mise en oeuvre du programme.

Grâce à ce plan, le Maroc :

- sera en phase avec la tendance internationale de privilégier les énergies renouvelables pour répondre à une demande croissante et lutter contre l'effet de serre ;

- deviendra un acteur de référence en matière solaire par ces équipements innovants et la mise en place d'une industrie solaire intégrée.

À l'horizon 2020/2030, le Maroc sera dans la région un acteur majeur de l'industrie solaire . Ainsi, il est l'un des participants actifs du plan solaire méditerranéen (PSM), un des volets de la politique de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Le plan solaire marocain est l'un des six projets prioritaires de l'UPM.

Le PSM a été lancé en 2008. Pour le Maroc, il ouvre la voie au transfert d'énergie électrique renouvelable d'une rive de la Méditerranée à l'autre. L'accord de coopération dans le domaine des énergies renouvelables conclu lors des Rencontres de Haut Niveau (RHN) de 2010 prévoit des possibilités d'exportation d'une partie de l'énergie solaire verte produite au Maroc vers la France. Ce transfert se fera dans le cadre de l'article 9 de la directive 2009/28/CE européenne énergie/climat.

LA DIRECTIVE 2009/28/CE

SUR LA PROMOTION DE L'UTILISATION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Cette directive fixe pour chaque État membre, un objectif chiffré de la part d'énergie renouvelable dans sa consommation énergétique finale de manière à atteindre 20 % d'énergie produite à partir de sources renouvelables dans la consommation totale d'énergie de l'Union Européenne d'ici 2020. Afin de faciliter la réalisation de ces objectifs, les articles 6 à 11 de la directive prévoient des mécanismes de coopération entre États membres et avec des pays tiers (article 9). Ces mécanismes sont les transferts statistiques, les projets communs et les régimes d'aide communs.

Ainsi, l'article 9 de la directive ouvre la voie au transfert d'énergie électrique renouvelable d'une rive de la Méditerranée à l'autre en prévoyant la possibilité pour les États membres de l'UE de prendre en compte dans leur consommation d'énergie issue de sources renouvelables, l'électricité solaire importée de pays tiers.

Dans ce cadre, l'Agence Française pour le Développement (AFD) finance une étude, lancée en 2011, sur l'importation d'énergie solaire du Maroc vers la France. La France joue ainsi un rôle de précurseur dans la mise en oeuvre de l'article 9. La prise en charge de cette étude, l'AFD complète les financements de l'agence en faveur du plan solaire marocain (100 millions d'euros pour la première tranche de la centrale d'Ouarzazate).

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