OUVERTURE

Mme Catherine Procaccia, sénateur du Val-de-Marne, présidente du groupe d'amitié France-Indonésie et Timor-Est

Monsieur le ministre,

Monsieur l'Ambassadeur,

Mesdames et Messieurs,

Mes chers collègues,

Je vous remercie d'avoir répondu si nombreux à notre invitation.

Organisé par notre jeune groupe 1 ( * ) interparlementaire d'amitié avec l'Indonésie et Timor-Est, ce colloque vise à faire le point sur les menaces qui pèsent sur la forêt indonésienne et à réfléchir ensemble aux solutions qui permettraient de concilier protection de l'environnement et développement économique.

Au même titre que l'Amazonie ou que le bassin du Congo, l'Indonésie fait partie des « poumons verts » de notre planète. Cependant, force est de constater que la déforestation y a progressé à un rythme rapide. Sur les îles de Bornéo et de Sumatra, la forêt ne couvre plus que 48 % de la superficie du territoire, contre 75 % au milieu des années 1970, essentiellement en raison de la production de pâte à papier et de la culture du palmier à huile.

Nous connaissons bien les dommages environnementaux que provoque la déforestation : elle entraîne une perte de biodiversité animale et végétale et contribue de façon significative au réchauffement climatique.

La politique du gouvernement indonésien concernant les forêts a évolué au cours des dernières décennies. Pendant longtemps, les autorités se sont surtout préoccupées de valoriser la ressource forestière, qui paraissait inépuisable. Peu à peu, la prise de conscience des enjeux écologiques a fini par s'imposer grâce au rôle des différentes ONG qui ont attiré l'attention sur les dégâts causés à la forêt indonésienne.

Elu en 2004, le président Susilo Bambang Yudhoyono a fixé des objectifs ambitieux en matière de limitation des émissions de gaz à effet de serre, qu'il projette de réduire de 20 % d'ici à 2020. L'Agence française de développement (AFD), et son homologue japonaise, travaillent avec les autorités indonésiennes pour essayer d'atteindre cet objectif. Par ailleurs, un moratoire a été décrété, en 2011, sur l'attribution de concessions dans les forêts primaires. La délégation conduite par le vice-ministre du commerce, M. Bayu Krishnamurti, pourra nous apporter des informations utiles sur la politique actuelle du gouvernement indonésien en matière d'environnement.

En même temps, nous Occidentaux, devons accepter la réalité de la pression démographique en Indonésie : 240 millions d'habitants aujourd'hui, 350 à 400 millions à la fin du siècle ; cette population presque doublée devra se loger, se nourrir et aspirera à une amélioration de son niveau de vie qui passe forcément par le développement économique. Comment rendre compatibles avec un environnement fragile l'extension des terres agricoles, l'étalement urbain et le développement de nouvelles zones industrielles ? J'espère que les débats de cet après-midi permettront d'échanger et de dégager des pistes de réflexion.

Je remercie l'Ambassade d'Indonésie qui a accepté les thèmes de ces deux tables rondes, qui nous a laissé choisir les intervenants et qui a fait venir de Jakarta des personnalités que je salue au nom de tout le Sénat.

La première table ronde portera sur la pâte à papier et sera animée par ma collègue Catherine Deroche, sénatrice de Maine-et-Loire.

J'ai découvert cette problématique très récemment grâce au député Jacques Le Guen, ici présent, qui a remis au Président de la République, en 2010, un rapport sur les forêts tropicales. Il a proposé à la présidente du groupe d'amitié que je suis de l'accompagner dans un court voyage consacré aux conséquences de la production de pâte à papier sur les forêts indonésiennes. Un expert nous accompagnait, Jean-Marie Ballu, ingénieur des eaux et forêts. Le gouvernement indonésien avait souhaité que soient examinées les méthodes de production de l'entreprise Asia Pulp and Paper (APP), qui est l'un des principaux producteurs de pâte à papier en Indonésie et dans le monde.

La deuxième table ronde sera consacrée à la culture du palmier à huile. En 2010, avec les sénateurs André Dulait et Jean-Jacques Lozach, les deux vice-présidents du groupe d'amitié, nous avons visité une plantation de palmiers à huile sur l'île de Sumatra, rencontré des chercheurs du Cirad 2 ( * ) et une ONG spécialisée dans la reconstitution des mangroves.

Mais lorsque nous avons monté ce colloque, il y a quelques mois, nous n'imaginions pas à quel point l'huile de palme serait d'actualité. Vous le savez, un amendement proposant d'alourdir considérablement la taxation de l'huile de palme a été déposé au Sénat lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2013. Son but : décourager son utilisation en France.

Même s'il n'a pas été adopté et malgré une position très modérée de la ministre de la santé, les propos parfois excessifs tenus dans l'hémicycle et dans les medias ont suscité une vive inquiétude chez les consommateurs. Même si la santé n'est pas le thème central de cet après-midi, je remercie, par avance, le professeur Jean-Michel Lecerf, de l'Institut Pasteur, qui nous rejoindra tout à l'heure. Inquiétude aussi chez les pays producteurs : Indonésie, Malaisie et plusieurs pays africains qui ont taxé cet amendement de « colonialiste ». Réactions aussi des industriels européens de l'agro-alimentaire, inquiets de la mauvaise publicité faite à ce produit en France.

Cette actualité a rendu plus difficile l'organisation de cette seconde table ronde et je remercie Nestlé d'avoir accepté d'y participer mais aussi les industriels français et étrangers présents. Il est important qu'eux aussi s'expriment.

Existe-t-il une alternative à l'huile de palme acceptable pour les industriels ? Peut-on envisager une production plus respectueuse de l'environnement ? Quelles en seraient les conséquences pour l'Indonésie dont c'est l'une des principales ressources ?

Avant de céder la parole à Son Excellence M. Rezlan Ishar Jenie, Ambassadeur d'Indonésie à Paris, qui nous fait l'honneur de s'exprimer en français, je veux remercier l'Ambassade d'Indonésie d'avoir répondu favorablement à nos demandes. Elle sait que, à travers notre modeste groupe d'amitié interparlementaire, nous voulons mettre en valeur cet immense archipel plutôt méconnu en France.

Son Excellence M. Rezlan Ishar Jenie, Ambassadeur d'Indonésie en France

Madame la Présidente du groupe d'amitié France-Indonésie et Timor-Est du Sénat,

Chère Catherine Procaccia,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

C'est un réel plaisir pour moi de vous retrouver et de vous souhaiter la bienvenue à ce colloque consacré au thème : « la forêt indonésienne : huile de palme, pâte à papier, sont-elles des menaces ? »

Permettez-moi tout d'abord de remercier M. Jacques Le Guen, conseiller régional de Bretagne, pour sa contribution au débat, notamment au travers de son rapport sur la protection des forêts tropicales et de leur biodiversité en Indonésie.

Remerciements qui s'adressent également à Mme Catherine Procaccia et à M. Jean-Marie Ballu pour leur concours apporté à la rédaction de ce rapport. Cet ensemble a participé au renforcement de la coopération franco-indonésienne et joué un rôle dans les efforts déployés dans la lutte contre les problèmes environnementaux, étroitement liés aux questions économiques et sociales.

Ces deux sujets font en effet l'objet d'un grand intérêt et demandent beaucoup d'expertise, raisons pour lesquelles nous avons parmi nous aujourd'hui, des intervenants venus spécialement d'Indonésie, notamment M. Bayu Krishnamurti, vice-ministre du commerce, et des hauts fonctionnaires du ministère indonésien de la forêt. Cela montre la véritable volonté et l'attention particulière que le gouvernement indonésien porte à toutes les problématiques liées aux thèmes de ce colloque.

Dans le contexte des relations bilatérales, ce sont, entre autres, les projets d'écolabel, la mise en application de la loi dite « Grenelle 2 » et le débat sur la taxation de l'huile de palme qui retiennent l'attention. Puisse ce colloque permettre une meilleure compréhension globale, tant sur les possibles conséquences de ces projets sur le développement économique que sur celle de la gestion soutenable des forêts et la protection de la biodiversité en Indonésie.

Je souhaite également qu'il permette une meilleure compréhension de la politique indonésienne de développement menée sous l'autorité du président Susilo Bambang Yudhoyono, qui se veut « pro-croissance, pro-pauvres, pro-emploi et pro-environnement ». Pour ce faire, le dialogue avec toutes les parties concernées, que ce soient les associations, les industriels, les gouvernements, les parlementaires, les ONG, est le bienvenu. Promouvoir une politique qui permette le développement d'une industrie d'huile de palme et de pâte à papier saine et durable est ce qui est souhaitable.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite un très bon colloque.


* 1 Rattachement de Timor-Est au groupe France-Indonésie le 27 juin 2012.

* 2 Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

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