C. UNE POLITIQUE EXTÉRIEURE ORIENTÉE VERS LA STABILITÉ ET LA COOPÉRATION RÉGIONALE

1. Une politique extérieure active au service de la paix en Afrique

Le Botswana conduit une politique étrangère beaucoup plus active que ne laisserait supposer son poids démographique (1,6 millions d'habitants).

Pays enclavé entouré d'États plus peuplés, comme l'Afrique du Sud (45,3 millions d'habitants) le Zimbabwe (12 millions d'habitants) ou la Namibie 13 ( * ) (1,7 million d'habitants), le Botswana a toujours pratiqué une diplomatie d'équilibre , dans un contexte extrêmement difficile jusqu'à la fin de l'Apartheid.

Très dépendant de l'Afrique du Sud , tant pour son approvisionnement extérieur 14 ( * ) que pour l'exploitation de ses ressources minières, le Botswana n'en a pas moins courageusement hébergé des réfugiés de l'ANC, ce qui lui valut des raids héliportés sud-africains sur Gaborone en 1985, 1986 et 19883 15 ( * ) .

Le Botswana a par ailleurs toujours privilégié le règlement pacifique de ses contentieux avec la Namibie, relatifs à l'utilisation des eaux du fleuve Okavango, ainsi qu'au tracé de la frontière commune dans la région de l'Ile Sedudu/Kasiliki 16 ( * ) . Cette seconde affaire est désormais portée devant la Cour internationale de Justice de La Haye, qui devrait statuer à très court terme.

Très actif au sein de l'ONU 17 ( * ) et de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), le Botswana se montre attaché à la diplomatie préventive et au maintien de la paix en Afrique. S'appuyant sur une armée de qualité, le Botswana a ainsi participé à plusieurs opérations de maintien de la paix en Afrique sous l'égide de l'ONU, (ONUSOM en Somalie, ONUMOZ au Mozambique, ONUMIR au Rwanda) et, en septembre 1998, à une opération de maintien de l'ordre au Lesotho, à la demande de la SADC et du Gouvernement légal Sotho. Par ailleurs, le Botswana est l'un des rares pays de la région à conserver une stricte neutralité à l'égard du conflit en République Démocratique du Congo .

Le Botswana est également à l'initiative de la coalition globale pour l'Afrique , forum politique intergouvernemental nord-sud créé en juillet 1990, qui réunit les grandes organisations internationales (ONU, OUA, FMI, etc.), ainsi que la plupart des pays africains et leurs principaux bailleurs de fonds, et qui milite en faveur d'une meilleure insertion de l'Afrique dans l'économie mondiale. Toujours présidé par M. Quett Masire, ancien Président du Botswana de 1980 à 1997, la coalition globale pour l'Afrique a ainsi été partie prenante dans l'organisation à Washington, en février 1999, d'une « Conférence sur la lutte contre la corruption en Afrique », dont l'ambition était de jeter les bases d'une véritable convention africaine sur ce thème.

2. Un rôle déterminant en faveur de l'intégration régionale

Le Botswana a joué, et continue de jouer un râle déterminant dans le processus d' intégration régionale , notamment grâce à l'implication personnelle du Président Masire, qui a assuré la présidence de la SADC depuis sa création en 1992 jusqu'en août 1996 (Sommet de Maseru), date à laquelle il a cédé la place au Président Mandela.

Le Botswana est aujourd'hui en charge de la coordination des activités de la SADC dans les secteurs de la recherche agronomique, de l'élevage, et de la police. Il est surtout le pays hôte du siège du secrétariat exécutif de l'organisation (150 personnes au total, dont 40 à Gaborone). Se succèdent ainsi au Botswana des délégations d'hommes d'affaires à la recherche de contrats financés sur les importants fonds que gère la SADC.

Enfin, face aux difficultés de la SADC, le Botswana s'efforce de relancer l'intégration régionale à partir de projets d 'infrastructures communes, comme la « Transkalahari Highway », axe goudronné traversant l'Afrique australe de Maputo (Mozambique), sur l'Océan Indien, jusqu'à l'Océan Atlantique, via Johannesburg et Gaborone.

LA SOUTHERN AFRICAN DEVELOPMENT COMMUNITY (SADC)

La SADC est l'héritière de la « Southern Africa Development Coordination Conference » (SADCC), fondée en 1980 pour réduire la dépendance économique de ses membres 18 ( * ) à l'égard de l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Créée en 1992 (Traité de Windhoek), la SADC regroupe désormais quinze membres (Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe) avec pour objectif de renforcer l' intégration économique et politiques régionales.

Soutenue par l'Union européenne 19 ( * ) , la SADC, qui regroupe 190 millions d'habitants, et quatre des cinq pays les plus riches du continent africain, a ainsi établi de nombreux protocoles sectoriels en matière d'eau, d'énergie, de télécommunications, de transports, de santé, d'éducation et de formation professionnelle, de tourisme, etc., et signé des accords de coopération avec l'Allemagne, le Japon, les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Inde et la France (en juin 1998). Les pays membres ont également signé en août 1996 un protocole commercial qui prévoyait une levée progressive des barrières tarifaires et non tarifaires, et l'établissement d'une zone de libre-échange à l'horizon 2004-2006, mais dont la ratification a pris du retard en raison des réticences de certains États membres (le Botswana ayant pour sa part ratifié l'accord).

La SADC s'est par ailleurs dotée en 1996 d'un organe chargé des questions de politique , de défense et de sécurité , ayant notamment pour vocation de développer la coopération régionale en matière d'immigration et de lutte contre la criminalité, ainsi que de préserver la paix par l'exercice d'une diplomatie préventive, voire de conduire des opérations de rétablissement et de maintien de la paix, comme en 1998 au Lesotho. Institution prometteuse, cet organe est toutefois confronté à des dissensions internes en raison du conflit en République démocratique du Congo (pays membre de la SADC), où l'Angola, la Namibie et le Zimbabwe se sont engagés militairement.

* 13 Le Botswana dispose aussi d'un poste frontière commun avec la Zambie, et n'est séparé de l'Angola au Nord que par la bande de Caprivi (namibienne), dépression dont la largeur n'excède pas 50 kilomètres.

* 14 L `Afrique du Sud fournit 72 % des importations du Botswana.

* 15 Les relations diplomatiques entre l'Afrique du Sud et le Botswana n'ont ainsi été établies qu'en 1992.

* 16 Sur le réseau fluvial Linyanti-Chobe, dans la bande de Caprivi.

* 17 Le Botswana a été membre du Conseil de Sécurité en 1995-1996.

* 18 Les pays de « la ligne de front » .

* 19 A hauteur de 121 millions d'écus pour le 8 ème FED.

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