V. DES RELATIONS PRIVILEGIÉES AVEC LA FRANCE

Après l'indépendance, les relations entre le Vanuatu et la France ont été très tendues. Le pays, voulant marquer son indépendance, a même déclaré persona non grata deux ambassadeurs de France. Les principaux projets de coopération s'en sont ressentis. Paradoxalement, l'arrivée au pouvoir d'un Premier ministre anglophone, Serge VOHOR, coïncidant avec la mise en oeuvre du statut de la Nouvelle-Calédonie, a favorisé le développement des relations bilatérales. La venue en France du Premier ministre Donald KALPOKAS, en novembre 1999, a concrétisé l'amélioration des relations franco-vanuataises. L'actuel Chef du gouvernement, Barak SOPÉ, poursuit la même ligne politique, sous réserve du Programme de Réforme Globale.

La coopération bilatérale couvre les secteurs de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et des infrastructures. En 1999, le ministère des Affaires étrangères a consacré 16,85 MF au Vanuatu. Cette année, l'enveloppe sera de 14,043 MF, soit la moitié des crédits affectés à la zone Pacifique (5,4 MF pour l'Australie, 4,7 MF pour les Fidji, 1,9 MF pour la Nouvelle-Zélande, 1,2 MF pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et 1,3 MF pour les autres petits Etats - Tonga, Samoa occidentales et Cook, soit 14,7 MF).

A. DANS LE SECTEUR EDUCATIF

Le budget d'entretien de l'État ne prévoit pas de dépenses de réhabilitation et le gouvernement considère que ce type d'opération relève des bailleurs de fonds internationaux : australiens et néo-zélandais pour la filière anglophone, français pour la filière francophone. L'Union Européenne est actuellement engagée dans un programme de construction et de réhabilitation d'une vingtaine d'établissements scolaires anglophones et francophones, choisis sans concertation avec la coopération bilatérale.

Le secteur éducatif représente pour l'année 2000, 62 % de l'enveloppe budgétaire. Les crédits sont principalement absorbés par la rémunération d'experts et d'enseignants (vingt coopérants recrutés sur place et deux coopérants du service national) et par le financement de bourses d'études.

L'objectif recherché est de consolider la francophonie dans le cadre plus général du développement du pays. Les actions s'articulent autour de quatre secteurs prioritaires : la formation initiale et continue des instituteurs et l'encadrement pédagogique au Centre de formation à l'éducation de base (CFEB), l'appui à l'enseignement technique et professionnel à l'Institut national de technologie du Vanuatu (INTV), la préparation des étudiants à l'accès à l'Université française du Pacifique (centre de Nouméa), grâce à un cycle terminal de deux ans issu de la réforme du Centre supérieur de formation (CSF), et le soutien à la direction de l'enseignement catholique. La promotion du bilinguisme constitue également un élément essentiel pour inverser le processus en cours de marginalisation des francophones.

Le soutien à la direction de l'enseignement catholique regroupe presque 70 % des écoles francophones du pays. Les actions prévues seront soumises au Fonds de solidarité prioritaire. D'une montant total de 1,18 MF, elles consisteront en missions et stages en Nouvelle-Calédonie et en France métropolitaine pour former les cadres et le personnel administratif. Des missions sur place aideront à parfaire la formation du corps professoral et des dotations en livres et en matériel permettront à cet enseignement de s'affirmer aux côtés de la Fédération de l'enseignement libre protestant, qui coiffe l'essentiel des établissements anglophones.

Au cours de son déplacement, la délégation a visité l'école française de Port-Vila, le lycée francophone de Montmartre, les Alliances françaises de Port-Vila et de Luganville et le projet de collège maritime.

1. L'école française de Port-Vila

L'Ecole française de Port-Vila accueilla, en septembre 2000, 495 élèves :

• 89 en maternelle (3 classes) ;

• 222 en primaire (10 classes) ;

• 146 en collège (7 classes) ;

• 38 en lycée (3 classes en Terminales S ou ES). Une section STT est en projet.

192 élèves sont boursiers dont 119 à 100 %.



Le personnel enseignant est composé de 9 expatriés (dont le Chef d'établissement, 6 professeurs et 2 instituteurs), 8 résidents (7 instituteurs/1 professeur, et un poste administratif), 4 CSN (2 en primaire, 2 en secondaire), 13 contrats locaux (10 en secondaire et 3 en primaire). Une dizaine de personnes supplémentaires sont recrutées localement.

Prenant en compte le fait que beaucoup d'élèves n'ont pas le français comme langue première, l'établissement a mis en oeuvre un suivi individualisé des enfants en difficulté. Par ailleurs, l'isolement de l'île a amené l'école française de Port-Vila à créer une salle informatique en réseau avec accès à internet et création d'un site de l'école qui permet de faire connaître l'école et les traditions du Vanuatu.

Des travaux à hauteur d'un MF financés par l'Agence pour l'enseignement du Français à l'étranger (AEFE) permettront prochainement de refaire l'installation sportive.
2. Le lycée francophone de Montmartre


Créé en 1902, l'école de Montmartre a tout d'abord accueilli les 18 meilleurs élèves de l'école de Mélé se destinant à enseigner par la suite la catéchèse en brousse. De 1920 à 1954, elle s'occupa des bébés abandonnés ou malades. En 1955 commence à prendre forme un programme scolaire dispensé aux enfants des cours élémentaire et moyen selon le cursus français. En 1965, Montmartre prend véritablement son essor en tant qu'école francophone : amélioration et extension du cycle primaire et ouverture des deux premières classes de collège. Abandonné en 1960, l'enseignement reprendra en 1980. En 1984, un cycle de collège complet est proposé aux familles. Le second cycle secondaire est créé en février 2000 : il pourrait présenter les élèves au baccalauréat en décembre 2002 si l'agrément du ministère de l'éducation nationale français est obtenu. Ce projet ne pourra être mené à bien que si des crédits sont dégagés pour équiper les salles techniques, fournir les manuels manquants et reconstruire le dortoir des garçons ravagé par un incendie en 1997. La délégation sénatoriale a promis de faire son possible pour trouver les 600.000 FF nécessaires à cette opération. Il est en effet nécessaire que la France puisse soutenir cet établissement francophone, d'autant que l'Australie a, pour sa part, financé la construction de tous les bâtiments du second cycle secondaire : salles de classes, laboratoire, salle polyvalente, bibliothèque et dortoirs. L'Ambassade de France a doté le lycée d'une bibliothèque de littérature pour la jeunesse de 300 titres. Pour cette année scolaire, Montmartre accueille 273 élèves - 141 garçons et 132 filles - tous internes, dont 35 au niveau lycée.

3. Les Alliances françaises de Port-Vila et de Luganville


L'Alliance française de Port-Vila a été créée en 1992, celle de Luganville en 1996. Les adhésions ont connu un taux de progression très important : de 500 membres en 1995, elle regroupe cinq ans plus tard 2000 membres sur l'archipel dont plus de 1400 à Port-Vila. La présence des bibliothèques inexistantes dans les îles explique en grand partie l'intérêt de la population. Sur l'ensemble des membres de l'archipel, 77 % sont des Ni-Vanuatu, 20 % des Français, les autres adhérents sont de nationalités australienne, néo-zélandaise, fidjienne et japonaise.

L'Alliance française est le seul opérateur culturel de l'archipel. Elle reçoit une aide de fonctionnement d'un montant de 0,7 MF qui lui permettra de rénover son implantation dans l'île de Santo, traditionnellement la plus francophone et francophile du pays. En outre, une subvention de 100.000 F est attribuée à l'Alliance française pour l'organisation de diverses manifestations culturelles.

La suppression du poste de professeur de français CSN de Luganville, qui n'a pas été reconduit en 1999, a entraîné la disparition de cours et d'ateliers d'animation culturelle. Il est actuellement envisagé de recruter un directeur-professeur, solution encouragée par le service culturel de l'ambassade de France qui a d'ailleurs doublé cette année la subvention du centre. Il est à noter que, de par son histoire, la population de Luganville est largement francophone.
4. Le collège maritime


Au cours de son déplacement dans l'île de Santo, la délégation a visité le collège maritime. Un projet de trois ans en partenariat, incluant l'Agence française de Développement, devrait être signé prochainement pour fournir au Collège les moyens nécessaires à la formation des hommes d'équipage Ni-Vanuatu naviguant sur des navires inscrits sur les registres maritimes nationaux et internationaux : infrastructures, amélioration de l'accueil des stagiaires, fourniture d'équipements divers, affectation d'un formateur français à la navigation maritime.

En effet, de par sa qualité d'archipel, le Vanuatu dépend largement du transport maritime pour l'acheminement des biens et des personnes. Une soixantaine de navires de plus de 10 mètres de long effectue les liaisons entre les îles, les principales se faisant entre Port-Vila et Santo.

L'Organisation Maritime Internationale (IMP) a adopté en juillet 1995 un ensemble d'amendements à la convention de 1978, laquelle était principalement destinée à relever les faibles niveaux professionnels constatés dans les pays les moins avancés. L'ensemble des nations maritimes s'engageait à soumettre à l'IMP, avant le 1 er août 1998, le plan qu'elles entendaient mettre en oeuvre pour atteindre les niveaux professionnels requis par ces amendements, tous les marins employés dans l' « industrie des métiers de la mer » devant satisfaire aux nouvelles normes de compétence, au plus tard le 1 er février 2002.

Dans le cadre de son plan, le Vanuatu a proposé de mettre en place une infrastructure cohérente de formation à partir des installations existantes. C'est ainsi qu'a été créé le Collège Maritime du Vanuatu, destiné au recyclage des marins en exercice et à la formation des jeunes, ainsi qu'à la formation des pêcheurs traditionnels aux techniques améliorées de la pêche côtière.

La France, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Union européenne se sont engagées à aider le Vanuatu à remplir ses engagements, en participant au financement de cette opération. Le plan de financement est de 297,445 millions de Vatu (environ 16 millions de francs) à raison de 98,065 millions de Vatu (5 millions de francs) assurés par l'Agence Française de Développement (AFD) et 88,4 millions de Vatu (4,7 millions de francs) par l'Union européenne.

L'exécution de ce projet devrait avoir des effets positifs sur les revenus de l'Etat tirés des frais d'enregistrement des pavillons de complaisance sur le registre national, qui seraient stoppés en cas de non respect des amendements de 1995. Par ailleurs, l'amélioration de la pêche artisanale est susceptible de générer la création de petites activités commerciales.

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