B. DÉTÉRIORATION SANS PRÉCÉDENT DU SYSTÈME DE SANTÉ DE 1991 À 1995

Au lendemain de la guerre du Golfe, les conditions sanitaires de la population iraquienne se sont largement détériorées : dégâts importants dans les infrastructures économiques, fermeture des stations d'épuration d'eau, chute de 40 pour cent de l'approvisionnement en eau potable, absence de médicaments et de fournitures médicales, détérioration des moyens de communication et de transport, réapparition de la pauvreté, de la malnutrition et des maladies autrefois éradiquées (choléra, poliomyélite, tuberculose, malaria...).

Le rapport de l'O.M.S. montre que ces principales maladies ont fortement augmenté depuis 1990, chez les enfants de moins de cinq ans :

o pneumonie : 32.003 cas en 1990 - 105.418 cas en 1994 - 152.932 cas en 2000.

o diarrhée : 882.375 cas en 1990 - 963.420 cas en 1994 - 1.002.549 cas en 2000.

o tuberculose : 4.753 cas en 1987 - 14.735 cas en 1990 - 19.581 cas en 1994 - 29.196 cas en 1996 et 25.251 cas en 2000.

o poliomyélite : 41 cas en 1987 - 10 cas en 1990 - 186 cas en 1991 - 53 cas en 1994, puis une diminution progressive jusqu'à l'éradication de la maladie en l'an 2001.

o Les décès dus aux maladies non transmissibles ont également progressé. Ils sont passés de 81 en 1989 à 763 en 2000 pour les maladies cardio-vasculaires - de 83 à 601 pour le diabète et de 316 à 1.821 pour les maladies mentales, dans les mêmes périodes.

o Le nombre des opérations chirurgicales par mois est tombé de 15.125 en 1989 à 8.668 en 1990 pour atteindre 4.679 interventions en 1994 et 5.004 en 2000.

o Les admissions hospitalières sont relativement stables, passant de 70 pour mille habitants en 1990 à 67 pour mille habitants en 2000.

o Les travaux d'analyse de laboratoire ont suivi la même évolution. Ils ont chuté de 1.494.050 actes en 1989 à 501.095 en 1995 pour se stabiliser à 504.051 bilans en 2000.

C. LA RÉSOLUTION 986 N'A PU, AU MIEUX, QUE STABILISER LA SITUATION EXISTANT EN 1996

Les principaux enseignements tirés de cette étude montrent que le programme « pétrole contre biens humanitaires » n'a pu que pallier une situation déjà très critique. Les experts de l'O.M.S. confirment qu'on est encore loin d'un retour à l'état sanitaire prévalant en 1990.

Les comparaisons pour la mortalité infantile sont très éloquentes. Pour la période 1979-1984, elle est de 54 cas pour mille - de 1984 à 1989 elle chute légèrement à 47 cas pour mille - de 1989 à 1994 elle s'élève à 79 cas pour mille pour atteindre, de 1994 à 1999 108 cas pour mille. Les chiffres de la mortalité infantile en-dessous de cinq ans sont, pour les mêmes périodes, de 67 pour mille - 56 pour mille - 92 pour mille et 131 pour mille.

800.000 enfants en-dessous de cinq ans souffrent actuellement de malnutrition et d'anémie. Le rapport note une déficience chronique en vitamine D. Les pertes de poids sont très fréquentes.

Le rapport du représentant de l'O.M.S. en Iraq montre que la situation est loin d'être optimale. Les ressources de la résolution 986 ont permis de stopper la dégradation de l'état sanitaire de la population, mais pas de l'améliorer dans des proportions suffisantes.

Chacun reconnaît que les deux problèmes majeurs restent l'approvisionnement en eau potable et en électricité, qui dépassent largement l'action de l'O.M.S. Ces deux secteurs clés conditionnent la vie quotidienne des habitants et celle des infrastructures hospitalières (pas de chambres froides, dysfonctionnement des laboratoires, pas de banque du sang...). Cette situation nous a été confirmée lors des visites d'hôpitaux à Bagdad ou à Babylone.

Le rapport dénonce d'une manière plus large les mises en attente qui s'élevaient dans le domaine de la santé à 51 millions de dollars au 31 décembre 1998, pour atteindre 218 millions de dollars au 31 décembre 2000 et 351 millions de dollars au 30 décembre 2001. Il relève une très nette progression de ces dernières entre décembre 2000 et septembre 2001.

En conclusion le rapport de l'OMS souligne qu'en dépit des très nombreuses réhabilitations de dispensaires et de centres médicaux, elle ne peut, à elle seule, mettre en oeuvre les énormes investissements que requerrait une remise en état d'un secteur médical, lourdement sinistré.

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