5. UNE RADICALISATION DU PAYSAGE POLITIQUE

A la désaffection électorale, il convient d'ajouter une permanence de la violence héritée des années 90. La position d'hommes politiques favorables à une coopération accrue avec la justice internationale reste encore incertaine, comme ont pu en témoigner l'assassinat de M. DJINDJIC.

Le changement de ton de ce dernier à propos du départ vers La Haye du Général PAVKOVIC et les menaces (motion de censure conjointe avec le Parti radical) qu'il a fait planer sur le gouvernement minoritaire de M. KOSTUNICA, jugé responsable de son transfert, traduisent néanmoins une escalade verbale chez les éléments les plus modérés. Celle-ci peut être analysée comme une des conséquences de la persistance du vote extrémiste à chaque scrutin. La fermeté du discours sur l'avenir du Kosovo et les interrogations publiques sur l'arrestation de criminels de guerre, considérés par certains Serbes comme des héros nationaux, soulignent bien que le renversement de Slobodan MILOSEVIC n'a pas signifié la fin d'une politique nationaliste, et que cette dernière tend à se renforcer lorsque le pays est confronté à des difficultés. L'émergence du mouvement « Forces de la Serbie » de M. Bogoljub KARIC s'inscrit parfaitement dans ce contexte tendu. Tel qu'il nous a été présenté, M. KARIC, homme d'affaires, tente de fédérer, à la manière italienne, les éléments de la droite parlementaire et de l'extrême droite au sein de cette nouvelle force politique populiste, alliant libéralisme économique et nationalisme étroit. Il participe pleinement à cette radicalisation globale du paysage politique, signe manifeste que la Serbie n'a pas totalement réglé ses comptes avec son passé.

La doctrine adoptée quant à la collaboration avec le TPIY reste pourtant relativement peu contraignante, puisque basée sur des redditions volontaires, le départ vers La Haye se fait après négociations entre l'accusé et le gouvernement serbe, sans usage de la force publique et de la procédure d'extradition. Si cette méthode tend à porter ses fruits depuis le début 2005, elle est jugée insuffisante par M. DRASKOVIC, qui pointe la collusion entre criminels de guerre et services secrets serbes et l'absence de résultats symboliques. Ainsi, Radovan KARADZIC et le Général Ratko MLADIC étant toujours en liberté. L'actuel blocage des négociations d'adhésion de la Croatie à l'Union Européenne sur la question de la collaboration avec le TPIY comme l'inculpation de M. HARADINAJ peuvent néanmoins agir comme un levier pour le gouvernement serbe en soulignant que la Serbie n'est pas le bouc émissaire de l'après-guerre et inciter à une collaboration renforcée avec La Haye, à condition que ledit gouvernement ne cède pas aux pressions politiques de l'instant.

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