b) Des investissements concentrés à Budapest et dans le nord-ouest du pays

Les trois quarts des investissements directs français en Hongrie sont concentrés dans la capitale et le département de Pest (chef-lieu Budapest). La proportion passe à 86,9 % si l'on englobe la région nord-ouest du pays.

c) Des stratégies de présence dans un espace « régional »

Les investissements français ont le plus souvent été le fait de grandes entreprises qui recherchaient une implantation locale, mais qui souhaitaient aussi pouvoir servir le marché régional des Balkans, soit 130 millions d'habitants.

Très peu de sociétés françaises se sont installées en Hongrie afin d'y délocaliser leurs activités. La hausse très rapide des salaires à partir du milieu des années quatre-vingt-dix a fortement réduit l'intérêt des délocalisations pour les industries à fort taux de main-d'oeuvre. Les entreprises françaises tendent à réinvestir sur place une partie de leurs bénéfices.

Nombreux sont les investissements français réalisés en Hongrie qui ont une vocation régionale. Plusieurs sociétés françaises implantées en Hongrie restructurent leurs activités régionales autour des investissements hongrois et créent en Hongrie des centres régionaux à destination des Balkans. C'est notamment le cas de Renault, de Schneider et, bientôt, de Michelin.

d) Les nouvelles privatisations

Les entreprises françaises manifestent très activement leur intérêt pour les nouvelles opérations de privatisations qui sont en cours ou envisagées par l'Etat.

e) Une présence française bien ancrée

La présence française est concentrée en particulier dans les secteurs des services (grande distribution, hôtellerie), de la pharmacie, de la production agroalimentaire, de l'énergie, de l'automobile, ainsi que ceux de l'environnement et des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

* Le secteur des services concentre 30 % du stock des investissements français en Hongrie.

Les distributeurs Cora, Match, Auchan, Bricostore, Decathlon, occupent une position dominante en Hongrie. Auchan réalise 80 millions d'euros d'investissements par an depuis cinq ans. Cora, Auchan et Bricostore possèdent 20 hypermarchés sur les 70 existant dans le pays. La société Klépierre, filiale de BNP-Paribas, a racheté en 2004, 12 centres commerciaux, pour un montant d'investissements de 290 millions d'euros.

Dans l'hôtellerie , Accor est la première chaîne hôtelière étrangère en Hongrie, avec un chiffre d'affaires estimé à 100 millions d'euros en 2004 et un effectif de 1 500 personnes, dont quatre expatriés. Outre ses 20 hôtels en Hongrie, dont 14 à Budapest - Etap, Novotel, Mercure, Ibis, Sofitel -, la chaîne est propriétaire et gestionnaire de l'actuel Palais des Congrès de Budapest et développe une activité de traiteur pour les compagnies aériennes. Dans ce marché en pleine expansion, Accor poursuit une politique active d'investissements.

* L'industrie pharmaceutique et chimique représente 14 % du stock des investissements français en Hongrie, avec les positions dominantes de Sanofi-Aventis, Servier-Egis et Ceva. Deux des trois premiers laboratoires pharmaceutiques hongrois ont été rachetés par Sanofi-Aventis et par Servier.

Le groupe pharmaceutique Sanofi a choisi la Hongrie, à la pointe pour les sciences du vivant, pour sa troisième implantation mondiale, après la France et les Etats-Unis. Il emploie 2 300 personnes - dont 300 chercheurs -, occupe la première place du marché hongrois dans son secteur et exporte 60 % de sa production. L'entreprise, qui réalise en Hongrie un chiffre d'affaires global de 400 millions d'euros, a inauguré une nouvelle usine de production de médicaments génériques représentant un investissement de 44 millions d'euros, et projette la création d'un nouveau laboratoire de recherche et développement, pour un investissement de 15 millions d'euros.

* Dans le domaine agroalimentaire , où les investissements français totalisent 13,8 % du stock français total, Danone occupe 33 % du marché des produits laitiers, avec deux usines de production dans le pays, et plus de 50 % du marché des biscuits, avec également deux sites. Bonduelle détient 60 % du marché des conserves de légumes, Bongrain, 30 % du marché du fromage, à partir de quatre usines. Plusieurs petites et moyennes entreprises sont également présentes dans ce domaine : Royal-Croissant, Croque-Bourgogne, César Kft.

* Les entreprises françaises du secteur de l'énergie ont réalisé des investissements significatifs en Hongrie au cours des dix dernières années, et représentent 10 % du stock des investissements français. Elles sont néanmoins loin derrière les sociétés allemandes qui ont une position quasi monopolistique sur le marché hongrois du gaz depuis qu'elles ont remporté la privatisation de la branche gaz de la société MOL.

Gaz de France réalise néanmoins 24 % des ventes de gaz naturel sur le marché hongrois à travers ses deux filiales, qui emploient au total près de 1 300 salariés et ont enregistré un chiffre d'affaires global de près de 370 millions d'euros en 2003.

La société de distribution d'EDF compte 2 000 salariés et livre 740 000 clients. En 2003, son chiffre d'affaires s'est élevé à 260 millions d'euros.

Le groupe Veolia a racheté en 2001 la société Prometheus, chargée de l'exploitation des réseaux de chaleur et de chauffage urbain à Budapest. Leader dans son domaine, elle emploie 567 salariés.

Electrabel et Suez détiennent une part majoritaire dans la centrale de Dunamenti, la plus importante après la centrale nucléaire de Paks.

S'agissant de l'énergie nucléaire , la construction d'un dépôt de déchets a été confiée à la société GEC Alsthom en 1993. Par ailleurs, l'entretien de la centrale de Paks est assurée à ce jour par une équipe d'une soixantaine de salariés de la société Schneider.

* Dans le secteur automobile , les trois grands constructeurs français occupent en Hongrie une part de marché de 20 % (40 000 véhicules vendus sur un marché de 208 000 voitures en 2004).

Peugeot est le premier exportateur français en Hongrie, avec un peu plus de 100 millions d'euros de ventes.

Renault Véhicules Industriels est le 2 ème fournisseur sur le marché des camions de chantier.

Citroën, pour sa part, représente 3,6 % du marché des véhicules particuliers et 6,1 % de celui des véhicules utilitaires.

Les industries mécaniques comptent pour 6,5 % dans le stock français des investissements étrangers en Hongrie.

Le fabriquant de pneumatiques Michelin détient 40 % du marché hongrois et annonce 60 millions d'investissements dans ses unités en Hongrie.

Les équipementiers, Le Bélier et Valéo, occupent des positions dominantes dans leur sphère d'activité. Le Bélier, spécialiste en composants aluminium, emploie 1 300 personnes et possède deux sites en Hongrie.

Valéo, groupe industriel classé dans les dix premiers équipementiers mondiaux, a choisi la Hongrie comme site d'implantation stratégique pour approvisionner en composants électroniques de nombreux constructeurs automobiles et de poids lourds sur les marchés d'Europe centrale et orientale. Son chiffre d'affaires est en progression (800 milliards d'euros en 2003, contre 733 milliards d'euros en 2001). Notre délégation a pu visiter son site prestigieux de Veszprém. Dans cette unité de 10 000 mètres carrés, construite en 2000, où les techniques de production sont entièrement automatisées ou semi-automatisées, un million de pièces sont produites chaque mois. Valéo emploie huit cents personnes, dont deux expatriés seulement, le directeur général étant lui-même hongrois. En 2006, le renforcement de l'activité de recherche et de développement, qui occupe d'ores et déjà quarante ingénieurs et techniciens hongrois, constituera la priorité du site, favorisée par la proximité des universités de Veszprém et de Budapest, ainsi que de celle de l'école technique de Györ.

* Les entreprises françaises sont très impliquées dans le domaine de l'environnement, qui constitue l'un des secteurs prioritaires du plan national de développement et bénéficie de soutiens communautaires importants.

S'agissant des opérations de construction et de rénovation des infrastructures, notamment autoroutières et ferroviaires, les sociétés du bâtiment et des travaux publics et de génie-civil telles que Bouygues, Colas, Sade, Vinci, ont signé des contrats d'un montant total supérieur à 500 millions d'euros. De même, trois entreprises françaises, Sagem, Matra et Cegelec, ont emporté des contrats d'un montant total de 50 millions d'euros pour l'électrification et la signalisation de la ligne 2 du métro de Budapest en 2004.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics représente 10,4 % du stock des investissements français. Le plan d'action commerciale 2004-2006 présenté par le ministère français délégué au commerce extérieur, en février 2004, a entraîné une réelle mobilisation des partenaires du commerce extérieur et des entreprises : 48 actions ont été menées en 2004, sur l'initiative des différents partenaires. Plusieurs sociétés françaises s'intéressent aux nombreuses opérations en cours ou en projet, parmi lesquelles la création d'une quatrième ligne de métro à Budapest et la fourniture de nouveaux matériels roulants à l'opérateur de chemins de fer hongrois.

En matière d' équipements et de services liés à l'environnement , les groupes Suez-environnement et Veolia-environnement sont très présents. Veolia-environnement détient 94 % de la régie municipale de l'eau de Szeged et assure le traitement des eaux usées, ainsi que l'alimentation en eau de la ville. Sa filiale Onyx est engagée dans la gestion des déchets des villes de Pécs et de Székesfehérvar et l'incinération de déchets dangereux à Dorog. La Compagnie générale des eaux et Suez participent à un consortium pour la rénovation du réseau d'alimentation en eau de Budapest. En outre, le projet de station de traitement des eaux usées de Csepel, près de Budapest, retient l'attention des professionnels.

Dans le secteur touristique , la société lyonnaise GL Events, spécialisée dans la logistique événementielle, a remporté la privatisation de la société hongroise Hungexpo, propriétaire et gestionnaire du parc des expositions de Budapest (38 hectares et 80 000 mètres carrés de bâtiments), parc dont elle détient désormais 77 %. L'investissement total devrait être supérieur à 50 millions d'euros. Cette opération s'inscrit dans la stratégie de développement international du groupe en matière de gestion d'espace. Il s'agit pour GL Events de promouvoir cette installation pour faire en sorte qu'elle se situe au niveau des grands parcs d'exposition mondiaux susceptibles d'accueillir des événements rassemblant jusqu'à 7 000 congressistes.

* Sur le marché hongrois des technologies de l'information et de la communication , marché très contrasté et aux évolutions rapides, les sociétés françaises d'implantation récente sont soumises à la concurrence très vive d'autres entreprises étrangères, notamment américaines, installées de longue date sur le sol hongrois, et avec lesquelles l'administration hongroise a pris l'habitude de travailler, sans compter la compétition avec les réseaux free lance parallèles.

La société Cap Gemini, implantée en Hongrie en 2001, a fait le choix de s'investir surtout les télécommunications, secteur où elle jouit d'une expertise reconnue en Hongrie. Sur ce marché qui est appelé à connaître une progression annuelle de l'ordre de 30 % dans les prochaines années, ses principaux clients sont MATAV (le France Télécom local), T Mobil et Pannon, spécialisés dans le domaine de la téléphonie mobile. Tout en conservant également ses activités en direction du secteur public, l'entreprise est également impliquée dans les domaines de l'équipement automobile et de l'énergie. Avec un chiffre d'affaires de 5,3 millions d'euros en 2004, elle prévoit d'augmenter ses effectifs, qui passeraient de 57 à 77 personnes en 2005.

Les sociétés d'implantation plus ancienne sont bien ancrées dans le secteur. Elles s'inscrivent dans une double dynamique de développement local et de pénétration des marchés d'Europe centrale et orientale. Outre EADS, Thales, Money Line, TDF, il s'agit notamment des entreprises suivantes :

Alcatel, installée en Hongrie fin 1989, emploie aujourd'hui 37 personnes et a réalisé dans ce pays un chiffre d'affaires de 47 millions d'euros en 2003. L'entreprise intervient dans la fourniture de matériels d'infrastructures et d'équipements destinés à la signalisation et aux gares, pour des clients tels que MAV (l'équivalent de la SNCF) ou BKV (l'équivalent de la RATP). Depuis janvier 2005, Alcatel Hungaria est intégrée dans un réseau régional avec regroupement des activités par spécialités.

Bull Hungaria, créée en 1990, emploie 50 personnes et a réalisé, en 2003, un chiffre d'affaires de 18 millions d'euros, dont 80 % dans le secteur public (l'office national des statistiques, la police des frontières, l'administration des douanes et des services fiscaux). L'entreprise, spécialisée dans les logiciels comme dans le matériel, intervient, depuis janvier 2005, sur le marché des entreprises privées.

Oberthur est le premier fournisseur de cartes à puce en Hongrie. Installée dans le pays en 1999, l'entreprise emploie 30 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros. Elle s'insère dans une stratégie régionale, ses clients se répartissant dans quatorze pays autour de la Hongrie.

Sagem, implantée en Hongrie depuis 1987, a réalisé, en 2003, un chiffre d'affaires de 2,8 millions d'euros. Active notamment dans les infrastructures de télécommunications, les équipements pour autoroutes et les terminaux de téléphonie mobile, l'entreprise jouit d'une très forte notoriété en Hongrie. En 2001, elle a repris à Györ une activité de production de Fax, rachetée à Philips, qui emploie 600 personnes. Très impliquée dans les projets de modernisation des infrastructures du pays, elle a remporté le contrat pour la fourniture d'équipements autoroutiers avec des systèmes intégrés qu'elle est la seule à offrir à ce jour en Hongrie.

* En matière d' innovation , dans les domaines des sciences et des technologies, la coopération franco-hongroise existe depuis 1996. La France se situe au deuxième rang, après les Etats-Unis, avec quarante-cinq projets.

Le projet de création d'un centre de recherche et de développement franco-hongrois à Szeged, spécialisé dans le domaine des biotechnologies végétales , est à l'étude.

Par ailleurs, il est envisagé de développer les liens entre les industriels français et l'université hongroise, à l'image des accords existant, par exemple, entre les universités hongroises et l'entreprise allemande Siemens ou la société finlandaise Nokia.

La Hongrie est invitée d'honneur au Salon de la recherche et de l'innovation à Paris.

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