B. LE SOUTIEN DE LA FRANCE À LA RELANCE DE L'ÉTAT CENTRAFRICAIN

Pour ce qui la concerne, la France n'a pas ménagé son soutien à la République centrafricaine. Considérant les perspectives ouvertes par le retour à la légalité constitutionnelle, notre pays a choisi d'accompagner les autorités centrafricaines dans leurs efforts de redressement, tout en restant vigilant sur les progrès accomplis et sur l'indispensable rétablissement des droits de l'homme et des libertés.

Cette option diplomatique forte a été officialisée par une série de visites réciproques de haut niveau depuis 2003, marque de l'importance de la relation d'amitié entre les deux pays 24 ( * ) .

1. Une coopération traditionnelle diversifiée

Tout au long de la transition, la France a plaidé le dossier centrafricain auprès des institutions financières internationales et auprès de l'Union européenne , favorisant de cette sorte la mise en place des dispositifs d'aide multilatérale évoqués ci-avant.

Au plan bilatéral, la France s'est hissée au rang de premier bailleur en Centrafrique , avec une aide totale avoisinant 40 millions d'euros en 2006 (tous postes confondus, y compris le financement du détachement militaire Boali).

Pour l'heure, la coopération française s'axe sur quatre priorités :

1. le renforcement de la sécurité intérieure et la consolidation de la paix, avec notamment un appui à la restructuration des forces armées régulières et de la gendarmerie ;

2. la bonne gouvernance et l'amélioration des capacités institutionnelles 25 ( * ) ;

3. la consolidation de la stabilité économique, notamment par une réactivation des principaux secteurs productifs ;

4. l'amélioration de l'accès aux services sociaux et la reconstruction des infrastructures de base.

2. L'engagement militaire français au service de la paix en Centrafrique

A ces instruments traditionnels de coopération s'ajoute l'appui spécifique que représente le stationnement à proximité de l'aéroport de Bangui du détachement militaire français Boali , placé en appui à la Force multinationale de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale. Aussitôt après son atterrissage à Bangui, la délégation sénatoriale s'est rendue au camp de M'bioko, dans les quartiers affectés au détachement Boali.

La présentation de notre dispositif militaire s'est déroulée en trois temps.

• En premier lieu, la délégation a participé à une réunion de travail et d'information organisée par notre ambassadeur, en présence de l'attaché militaire de l'ambassade de France et de plusieurs des officiers supérieurs en charge du détachement.

Les intervenants ont exposé de manière détaillée la composition et les missions respectives de la Force multinationale de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (la FOMUC) et du détachement français Boali (fort actuellement d'environ 420 hommes), l'appui que ces troupes apportent aux Forces armées centrafricaines, l'articulation entre les différentes unités stationnées en Centrafrique ainsi que les liens opérationnels et logistiques entre le détachement Boali à Bangui, ses commandos implantés en profondeur sur le territoire centrafricain et les autres forces françaises positionnées en Afrique centrale : les Forces françaises au Gabon et le dispositif militaire français au Tchad, notamment ( cf. en annexe une fiche signalétique plus détaillée sur ces différents points).

En réponse à une demande de M. Jacques Legendre, Président délégué du groupe d'amitié pour la République centrafricaine, l'ambassadeur a indiqué que la France prenait aussi en charge la formation des officiers de la Gendarmerie centrafricaine, mais que cette unité connaissait de sérieux problèmes de recrutement et d'encadrement, des susceptibilités et des rivalités ethniques internes -plus, désormais, quelques revendications religieuses- compliquant aussi bien les relations entre les militaires eux-mêmes qu'entre la Gendarmerie et le reste de la population.

• Dans un deuxième temps, la délégation sénatoriale a visité le camp sous la conduite du chef de corps et de plusieurs officiers de son état-major, avant d'assister à un exercice de démonstration des capacités d'intervention du détachement.

• Enfin, après un chaleureux « pot de bienvenue » organisé par les femmes et les hommes du détachement, la délégation sénatoriale a poursuivi la discussion autour d'un sympathique déjeuner au mess, auquel ont participé un certain nombre de personnels d'encadrement relevant du détachement Boali, de la FOMUC ou d'autres unités travaillant à leur côté.

3. Deux grands pôles de présence française à Bangui : l'Alliance française et l'Institut Pasteur

La délégation sénatoriale s'est ensuite rendue à l'Alliance française de Bangui puis à l'Institut Pasteur , où elle s'est entretenue avec les responsables de ces deux grands pôles de la présence française en République centrafricaine .

Sans qu'il soit nécessaire d'entrer trop avant dans le détail des activités de l'Alliance française de Bangui, on rappellera simplement qu'elle fait partie du réseau des 1 085 Alliances françaises implantées dans plus de 138 pays au monde ; fidèle aux principes fondateurs des Alliances françaises, elle est ouverte à tous et privilégie le dialogue entre les cultures. Installée depuis l'année 2000 dans de superbes locaux neufs et fonctionnels (les anciens locaux avaient été pillés, saccagés et incendiés lors d'une émeute), l'Alliance française dispense toute l'année un enseignement de qualité centré autour de l'apprentissage de la langue française, facilite l'accès au livre et à l'information grâce à une médiathèque très fréquentée et un centre de documentation scientifique et technique bien équipé, et propose un programme d'activités culturelles apprécié des habitants de Bangui.

Pour sa part, l'Institut Pasteur présente cette double caractéristique d'être le seul bâtiment public de Bangui à n'avoir jamais été pillé (les rebelles et les auteurs de tous les coups de force l'ont toujours épargné) et d'être le seul laboratoire biologique et médical fiable dans tout le pays... et sans doute bien au-delà. Fondé en 1961 et affilié au réseau international des Instituts Pasteur (31 instituts dans le monde, dont 6 en Afrique), l'établissement de Bangui, où travaillent environ 110 agents, dispose des compétences humaines et d'équipements aux normes internationales lui permettant d'intervenir sur des souches bactériologiques très dangereuses (rétrovirus, fièvres hémorragiques, tuberculose, paludisme, etc.) : à ce titre, il est un des centres africains de référence en matière de santé publique. En outre, l'Institut Pasteur mène une importante activité d'enseignement et forme des chercheurs de très haut niveau.

La délégation sénatoriale tient à rendre un hommage appuyé aux personnels de l'Alliance française comme de l'Institut Pasteur , dont l'activité et le dévouement -y compris dans les moments très difficiles qu'a traversés la Centrafrique ces dernières années- contribuent de manière significative au rayonnement de la culture française et de la francophonie en Afrique centrale.

* 24 On citera notamment la visite à Bangui de MM. Dominique de Villepin (alors ministre des Affaires étrangères) et Philippe Wiltzer en 2003, de Mme Brigitte Girardin en juin 2005, puis la visite à Paris du Président Bozizé et du Premier ministre centrafricain au cours de l'été 2005. Le déplacement à Bangui de la délégation de Sénat, entrepris après concertation avec l'Élysée, s'est inscrit dans la même logique.

* 25 On note, dans cette rubrique, qu'à la suite d'une visite en janvier 2007 du Président Gaombalet à son homologue français, l'Assemblée nationale française envisage d'apporter un appui technique au renforcement des capacités opérationnelles de l'Assemblée nationale centrafricaine.

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