II. UN RÔLE INFLUENT DANS LE PACIFIQUE SUD

Si le Vanuatu entretient des relations privilégiées avec la France du fait de son histoire et de la francophonie, les entretiens dont la délégation a bénéficié font ressortir qu'en matière de politique étrangère, ce pays accorde une nette priorité aux affaires de la région et au maintien de la sécurité régionale.

Sa solidarité avec les États voisins du Pacifique est très forte et s'est manifestée encore récemment par l'envoi de contingents au Timor oriental, à Bougainville et, plus récemment, aux Salomon.

Au-delà, ce pays a des liens étroits avec l'Australie et, dans une moindre mesure, avec la Nouvelle-Zélande. Vis-à-vis de la Chine, dont la présence est de plus en plus visible dans la région, malgré ou à cause peut-être de la rivalité taiwanaise, on peut noter que le Vanuatu a ouvert une ambassade à Pékin en janvier 2006.

On notera que significativement, les pays représentés par une Ambassade à Port-Vila sont : la France, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine (le Royaume-Uni a fermé son ambassade en octobre 2005). Le Japon dispose d'une antenne de la Japan International Cooperation Agency et les États-Unis sont présents par l'intermédiaire d'un bureau de liaison du Peace Corp doté de 80 personnes.

A. UNE PRIORITÉ DONNÉE AUX AFFAIRES RÉGIONALES

Deux aspects méritent d'être particulièrement relevés : le Vanuatu entretient des relations étroites avec l'ensemble mélanésien, représenté par le mouvement du « fer de lance mélanésien », et il est un membre influent au sein du Forum des îles du Pacifique.

1. Le Vanuatu, initiateur du « fer de lance mélanésien » (GMFL)

Le Vanuatu entretient des relations étroites avec l'ensemble mélanésien, représenté par le mouvement du « fer de lance mélanésien » (GMFL), dont le siège est à Port-Vila.

Lors de leur déplacement, les membres de la délégation sénatoriale ont pu constater l'achèvement du nouveau siège de l'organisation, désormais permanent, au centre de Port-Vila. Il a été financé par la République populaire de Chine, qui avait déjà construit, il y a une quinzaine d'années, le Parlement de Vanuatu, ainsi que plusieurs infrastructures sportives.

Il faut rappeler que le GMFL a été créé en 1988, sous l'impulsion de Walter LINI, Premier Ministre du Vanuatu de l'époque et par ailleurs père de l'indépendance comme on l'a dit.

Ce mouvement regroupe les îles Fidji, le Vanuatu, les Îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Front de Libération Nationale Kanak Socialiste -FLNKS de Nouvelle-Calédonie. A l'origine, en effet, ce groupe s'était fixé pour vocation d'afficher une solidarité mélanésienne au mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie.

Les dirigeants du GMFL se rencontrent régulièrement. Le rôle du Vanuatu apparaît essentiellement modérateur dans les différends qu'entretiennent les Îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée avec l'Australie. Par exemple, après le coup d'État du 5 décembre 2006 aux Îles Fidji, ce pays a joué un rôle apprécié de conseiller.

Au fil des années, les thèmes politiques de ce groupe de pays (qui représentent la grande majorité de la population de l'Océanie insulaire, avec, en total cumulé, plus de sept millions de personnes ) se sont élargis progressivement aux sujets plus économiques ou commerciaux, avec notamment un accord de libre-échange basé sur des listes de biens et services libres de droits entre pays membres.

Toutefois, au cours des dernières années, il semble que ces résolutions aient trouvé leurs limites, avec des contentieux jugés « sérieux », notamment entre les îles Fidji, Vanuatu et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, concernant la vente de kava, de biscuits secs (entre Fidji et Vanuatu) ou encore de viande de boeuf en conserve, sous forme de corned beef (entre Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée).

En mars 2007, malgré ces différends ardus, les pays membres du GMFL ont néanmoins signé, après vingt ans d'existence, l'acte constitutif qui donne désormais à cette organisation sub-régionale une véritable personnalité morale et juridique.

Lors de la signature, à Port-Vila, Sir Michael SOMARE, dernier survivant des dirigeants mélanésiens fondateurs, a tenu à rendre hommage au père Walter LINI, au Premier Ministre salomonais de l'époque, Solomon MAMALONI (tous deux depuis décédés), mais aussi au dirigeant indépendantiste Kanak Jean-Marie TJIBAOU :

« Je rends ici hommage aux pères fondateurs de la Mélanésie pour la vision qu'ils ont eue et qui ont jeté les bases permettant aux peuples de Mélanésie de s'entraider collectivement » , a-t-il notamment déclaré lors d'une cérémonie qui a eu lieu au Grand Nakamal des Chefs de Vanuatu, à quelques mètres du Parlement national. Il a aussi insisté sur les valeurs communes des pays mélanésiens : les coutumes et traditions « que nous avons perpétuées depuis des millénaires » .

Les observateurs ont aussi noté au sein de ce groupe les termes critiques vis-à-vis de l'influence grandissante de l'Australie dans sa proche région et l'accueil sans réserve d'un représentant du Gouvernement intérimaire de Fidji (issu du putsch militaire de décembre 2006). Or, cette position « mélanésienne » compte au sein du Forum des Îles du Pacifique.

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