B. LE CENTRE CULTUREL FRANÇAIS ROBERT SCHUMAN DE RIGA

L'installation à partir de 2004 du Service de Coopération et d'Action Culturelle (SCAC) de l'Ambassade et du Centre Culturel français Robert Schuman dans un nouveau bâtiment bien situé au coeur de Riga a représenté une avancée appréciable de notre présence culturelle, linguistique et de coopération française en Lettonie.

En dépit du peu de temps dont elle disposait, la délégation sénatoriale n'a pas manqué d'aller visiter ce centre culturel et de s'entretenir avec son équipe dirigeante, dont elle tient à saluer l'enthousiasme et le professionnalisme .

Le Président Jacques Legendre lors de la visite du Centre culturel français de Riga

Espace francophone consacré aux échanges entre la France et la Lettonie, le Centre culturel accueille un public nombreux et met à sa disposition, dans un cadre agréable, une médiathèque abondamment fournie en livres, disques et films francophones. Il dispense des cours de français (bases et perfectionnement), organise des conférences, et anime régulièrement des festivals et autres grandes activités culturelles.

Chaque fois que l'occasion s'en présente, en coopération avec ses partenaires locaux, le Centre favorise en outre la venue à Riga d'experts, auteurs, essayistes et universitaires représentatifs des contributions françaises aux débats sur les évolutions européennes, l'objectif étant non seulement de faire découvrir ces contributions au public letton mais aussi, réciproquement, que par la découverte de Riga et de la Lettonie, les intervenants français soient davantage sensibilisés à la spécificité des problématiques baltiques, en tant qu'elles s'intègrent désormais à l'identité et à l'espace européens communs.

C. UNE FRANCOPHONIE VIVACE, MAIS QUE LA CRISE ÉCONOMIQUE POURRAIT MENACER

La langue française n'a jamais occupé une position déterminante en Lettonie, mais il faut se féliciter que ces dernières années, elle y fasse l'objet d'un certain regain d'intérêt, à la fois du fait de l'action persévérante de l'ambassade de France et du Centre culturel français (le français accompagne de façon presque systématique la coopération technique et universitaire) et peut-être aussi parce qu'elle est perçue comme un outil supplémentaire -parmi d'autres- d'une meilleure intégration au reste de l'Union européenne.

On rappellera que La Lettonie est devenue membre observateur de l'Organisation internationale de la Francophonie lors du sommet de Québec d'octobre 2008 , le Président Jacques Legendre, par ailleurs Secrétaire général parlementaire de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie n'ayant pas manqué, durant cette mission, d'exhorter ses interlocuteurs à être plus présents et plus actifs dans toutes les rencontres et activités de ce Parlement de la Francophonie.

Si l'on se place du côté de « l'offre française » en matière de soutien à la francophonie et à la diffusion de la langue française, la situation actuelle semble plutôt favorable , avec par exemple la signature en 2008 d'un mémorandum portant sur un programme pluriannuel de formation au français dans l'administration lettone, ou encore la mise en place par le SCAC, dans le cadre d'un programme d'ensemble financé par l'Agence intergouvernementale de la Francophonie, de différentes formations francophones spécialisées 17 ( * ) comme un enseignement spécifique d'un an, gratuit, en français général destiné aux fonctionnaires de l'administration lettone (complété par des modules spécialisés en partenariat avec l'École d'administration publique de Lettonie), des programmes de traduction et d'interprétation organisés à l'Université de Lettonie en liaison avec l'Institut de traduction, d'interprétation et de relations internationales de Strasbourg (ITIRI) et l'Institut de langues vivantes de l'Université catholique de l'Ouest (IPLV) à Angers, etc...

En revanche, il y a fort à craindre que dans le contexte actuel de la crise économique, l'enseignement du français pâtisse -plus que d'autres- des coupes sombres taillées dans les budgets de la plupart des administrations lettones : c'est en tout cas le message très clair qu'ont fait passer plusieurs des personnalités entendues par la délégation, en particulier lors de l'instructive rencontre avec les autorités de la Faculté de philologie et des Langues étrangères de l'Université de Riga ( cf. infra le compte rendu de cette audition).

Il a été exposé, notamment, qu'avec une première réduction des crédits de l'ordre de 40 % au premier semestre et l'annonce d'une nouvelle réduction du même ordre d'ici à la fin 2009, l'Université n'avait pas d'autres solutions que de réduire ses programmes, d'augmenter les droits d'inscription et, concomitamment, d'abaisser légèrement le niveau de base requis en français, de manière à attirer un plus grand nombre de candidats pour réaliser des économies d'échelles...

En d'autres termes, l'enseignement du français risque de servir de variable d'ajustement avec, à terme, des inquiétudes sur le maintien des formations de haut niveau et le recrutement d'enseignants en français dans le supérieur (ce qui découragerait les étudiants de s'engager dans une filière désormais bouchée).

Cette préoccupation instante, qui déborde évidemment les capacités d'action d'un groupe interparlementaire d'amitié, doit mobiliser tous les décideurs de la Francophonie ; c'est à cet effet qu'elle a été officiellement relayée par le Président Jacques Legendre lors de la réunion du Bureau de l'APF à New York (21 et 22 janvier 2009), intervention dont le compte rendu fait état dans ces termes :

Déclaration sur la situation économique dans certains pays de la Francophonie et ses conséquences sur l'enseignement du français (adoptée).

Le Secrétaire général parlementaire informe le Bureau que la situation économique dans certains pays d'Europe centrale et de l'Est, par ailleurs membres ou observateurs à l'OIF, peut les amener à chercher des économies par exemple dans des programmes d'enseignement du français. Il a été informé juste avant le Bureau que la Lettonie, admise comme observateur lors du Sommet de Québec, a annoncé la suppression du département de langues romanes, ce qui revient à supprimer l'enseignement du français au niveau de l'éducation supérieure. De plus, la Lettonie a annoncé la réduction de 15 % du salaire des fonctionnaires, ce qui illustre bien les difficultés économiques de ce pays. Il fait lecture au Bureau d'un projet de Déclaration sur le sujet, invitant notamment l'AUF et la CONFÉMEN à tout mettre en oeuvre pour soutenir la place de la langue française dans les systèmes éducatifs de ces pays.

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* 17 En outre, une préparation à un diplôme interuniversitaire « Français et affaires européennes » est dispensée sur deux semestres à l'Université de Lettonie par des spécialistes de l'Institut d'études politiques de l'université d'Aix en Provence et du Centre d'études européennes de l'Université de Nancy II.

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