B. TOURISME : UN SECTEUR D'AVENIR AU POTENTIEL ENCORE À EXPLOITER ?

Beaucoup de nos interlocuteurs ont insisté sur les exceptionnelles ressources culturelles et naturelles que ses habitants souhaiteraient voir partager avec plus de visiteurs.

Si nous considérons les données statistiques brutes de la Banque centrale de Slovaquie, on constate que la Slovaquie accueillait en 2008 1,766 millions de touristes étrangers contre 1,684 millions un an plus tôt pour une moyenne de trois nuits passées sur le territoire. Selon cette même source la plupart de ceux qui visitent la Slovaquie sont des nationaux.

Les touristes étrangers qui visitent la Slovaquie sont, pour l'essentiel des ressortissants de pays voisins. Pour 2008, les trois principaux pays pourvoyeurs de touristes pour la Slovaquie étaient trois de ses voisins République tchèque (537000), Pologne (308437) et Allemagne (164694) soit avec plus d'1 million de touristes concentrés sur ces trois pays une diversification assez limitée.

Cependant il apparaît que tout en connaissant une réelle croissance , le tourisme reste une donnée relativement faible dans la participation à la richesse slovaque . Ainsi, selon le ministère de l'économie slovaque en 2008 le tourisme représentait 2,7 % du PIB contre 2,6 % en 2005 et malgré une croissance forte par le passé, ce chiffre reste encore en dessous de ce qu'il pourrait être avec une adéquation des structures aux potentialités du pays.

Il faut préciser que, toujours selon le ministère de l'économie slovaque, près de la moitié des séjours enregistrés le sont pour motif de transit ou de voyage d'affaires. Nous pouvons considérer qu'il existe certainement des éléments explicatifs à un développement qui pourrait être plus optimal.

1 - UN SECTEUR TOURISTIQUE À L'EST DU PAYS QUI SOUFFRE D'UN RELATIF MANQUE DE PROFESSIONALISME DE SES INFRASTRUCTURES ET DE SES ACTEURS

Une distinction semble devoir être opérée entre les différentes régions de la Slovaquie et il apparaît certain que le traitement qui peut être fait de la capitale ne vaut pas pour le reste de la Slovaquie. Ainsi, Bratislava de par son positionnement géographique bénéficie en particulier des flux touristiques des populations tchèques, allemandes et autrichiennes.

Pour autant on peut noter que l'absence d'une bonne connaissance en France de la situation géographique de la Slovaquie la prive très certainement de nombre de touristes potentiels qui pourraient souvent profiter de leur passage à Vienne pour visiter Bratislava.

a) Un patrimoine à mettre en valeur

Concernant le patrimoine, celui-ci a été parfois délaissé et a par le passé parfois été victime d'un certain vandalisme. Le patrimoine théoriquement très protégé n'est que pour partie identifié et dans un état parfois dégradé.

A titre de contre exemple, on peut citer la ville de Levoca, qui a bénéficié d'une bonne restauration. Entre Poprad et Presov, il demeure de petits villages médiévaux avec une architecture préservée ainsi le site mondial de Bardejov au nord de Presov, connu pour ses vielles églises en bois, également le château de Spisske Podhradie, la ville de Kezmarok.

Le potentiel touristique de ces régions est réel. Presov est la 3 ème région la plus visitée de Slovaquie après celle de Bratislava et de Zilina. Il faut cependant noter que sa capacité d'accueil et d'offre touristique restent insuffisantes.

La région de Kosice se place pour sa part au 5 ème rang sur 8 des régions visitées mais les touristes sont principalement des Slovaques effectuant de courts séjours. La ville de Kosice comme nous l'avons vu devrait profiter de l'effet de sa désignation comme prochaine capitale européenne de la culture en 2013.

b) Un certain retard dans la réponse à la demande touristique

Il apparaît qu'alors que nombre de pays développent une action pour la promotion touristique de leur pays, la Slovaquie, du moins en France n'agit pas dans ce sens. La délégation a eu l'occasion de souligner ce manque de présence de la Slovaquie en termes d'image lors de ses nombreuses rencontres y compris au ministère de l'Économie. La direction du tourisme du ministère du Tourisme a pourtant par le passé consacré une partie des fonds européens à la promotion du pays. Il semble qu'un effort pourrait être fait dans ce sens.

Dans les régions de l'est que la délégation a pu traverser, on note a priori un insuffisant soutien financier aux activités touristiques déjà existantes lié aux difficultés pour remettre en état le patrimoine parfois dégradé. Ainsi un certain retard a été pris dans la promotion des atouts régionaux.

Il faut noter que certains spécialistes du pays rencontrés avant le départ de la délégation avaient mis en avant une absence de coordination des systèmes touristiques et des synergies possibles entre les régions slovaques. Ce manque de synergie se traduit par le fait qu'il n'existe que peu de tours opérators proposant des prestations complexes dans la zone. De même pour la région des Tatras qui constitue un élément essentiel de l'identité slovaque il n'existe pas de site internet identifiable qui offre une vision d'ensemble et des prestations complexes possibles.

En effet, malgré des potentialités naturelles et culturelles, aucune offre globale ou complexe n'est apportée alliant activités ludiques et activités culturelles.

On constate une réelle distinction entre zones géographiques et de l'aveu même de différentes autorités régionales des régions orientales, le personnel employé dans le secteur touristique est encore trop peu formé. Il n'existe que rarement d'enseignement professionnel dans ce domaine ce qui pénalise d'autant la capacité d'accueil d'un public exigeant. Ce problème de formation se pose essentiellement pour les régions de l'est de la Slovaquie et recoupe un problème d'ailleurs plus général. Il existe en effet souvent une difficulté à former les jeunes et les garder dans des régions où le dynamisme économique est moins présent.

Depuis 1993, près de 80 % des investissements directs à l'étranger (IDE) sont destinés quasi uniquement à la région de Bratislava, les régions orientales étant les dernières en termes d'investissements. Démographiquement l'est de la Slovaquie se caractérise par une forte croissance naturelle contrebalancée par le fait que beaucoup de jeunes partent vers Bratislava.

Ainsi, le dynamisme du secteur touristique dans les régions traversées par la délégation au nord et à l'est de la Slovaquie ne pourra se renforcer qu'à la condition que la formation et les investissements soient présents. Il apparaitrait paradoxal qu'alors que les atouts de base existent, des investisseurs avisés ne comprennent pas tout l'intérêt qui existe à regarder plus à l'est de la Slovaquie.

c) Des transports parfois défaillants

En termes de transports, la partie orientale de la Slovaquie semble victime d'un réel sous-développement, tant de la quantité, que de la qualité du réseau routier et autoroutier. Le faible développement du réseau routier, dû en parti à des problèmes de détermination de la propriété foncière des terrains, alliés à des problèmes financiers et des problèmes météorologiques pour Presov, est un obstacle essentiel à un bon développement touristique.

Il faut cependant relever que durant tout son déplacement de Bratislava à Kosice fait en mini-car, la délégation a constaté que de grands travaux routiers sont en cours tout au long de cet axe. Ainsi, outre la prolongation d'une autoroute reliant les deux principales villes du pays, le développement du réseau routier semble marquer un renouveau à venir pour des régions longtemps géographiquement en marge.

Ce sous-développement chronique de la région remonte à un passé lointain à partir du XVI ème siècle, quand à cette époque, de nombreuses guerres, suite à l'invasion turque, se sont déroulées et ont conduit à la marginalisation d'une région qui s'est vidée de sa population.

Le réseau ferroviaire pour sa part n'est pas extrêmement développé en Slovaquie ce qui peut en partie s'expliquer par le caractère essentiellement montagneux de celui-ci et en particulier des régions orientales. Le ferroviaire a en outre pour des questions de rentabilité été également victime de plusieurs fermetures de lignes et de gares, la ville de Presov reste ainsi mal desservie de ce point de vue.

Dans le domaine du transport aérien, la mission a été le témoin de la faillite de la principale compagnie aérienne domiciliée à Bratislava Skyeurope. Cette compagnie qui était la compagnie à bas prix la plus importante d'Europe centrale opérait en particulier sur de nombreuses liaisons intérieures et effectuait des vols entre Paris et Bratislava. L'impact de cette faillite sera à observer de près car au delà des limitations au développement touristique que nous pouvons craindre, c'est surtout un point d'entrer en moins pour les investisseurs qui risquent de délaisser l'aéroport de Bratislava.

On estimait en effet que l'impact de cette faillite serait une baisse de 40 % de l'activité du principal aéroport de Slovaquie avec des conséquences économiques qui ne seront pas négligeables.

La région orientale est dotée de 2 aéroports : l'aéroport international de Kosice et un second aéroport non loin de Poprad, deuxième ville de la région de Presov, qui apparaît comme sous dimensionné pour répondre à une offre touristique potentielle.

De façon plus générale, au delà de la qualité modeste des réseaux, il existe un manque de cohérence entre les moyens de transports qui nuit à l'inter modalité.

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