Asie centrale, Caucase : marchés porteurs pour 2010

Gilles REMY,
Président-Directeur général, Cifal Groupe, Président de l'OSCI et Conseiller du commerce extérieur de la France

J'essaierai d'apporter l'éclairage plus particulier de l'entreprise que je dirige et qui est présente depuis plus de 20 ans au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Turkménistan et en Azerbaïdjan.

Comme l'a rappelé le sénateur de Montesquiou, les États de la zone ont dû faire face à une indépendance soudaine et ont réussi une transition qui n'allait pas de soi. Ils ont subi de nombreuses évolutions et ont suivi des itinéraires relativement différents. Entre l'économie du Turkménistan qui reste quasiment totalement contrôlée par l'État et celle du Kazakhstan qui est pour l'essentiel privatisée, les points communs sont peu nombreux. Les affaires ne se mènent donc pas de la même manière dans ces deux pays. La région est une mosaïque de pays qui n'ont plus en commun que le fait d'avoir appartenu à l'URSS et le russe comme langue de communication. Pour les entreprises, l'approche de l'Asie centrale et du Caucase est ainsi de plus en plus complexe.

Je pense que, globalement, ces pays ne sont pas accessibles aux PME mais plutôt aux ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire). En effet, ces marchés sont éloignés et peu accessibles en termes de développement et de prix des transports. Les coûts de l'hébergement et des salaires y sont en outre particulièrement élevés. Ainsi, une présence permanente dans la zone représente plusieurs millions d'euros. Une entreprise qui souhaiterait y investir doit tenir compte de ces éléments de réalisme.

Pour autant, ces marchés demeurent intéressants et la région est peut-être l'une des rares dans laquelle la France peut accroitre ses parts de marché -qui restent relativement faibles- au cours des prochaines années. Par ailleurs, le contexte politique n'a jamais été aussi favorable aux entreprises françaises. Entre le voyage du président Mitterrand en 1993 et celui du président Sarkozy, il ne s'est pratiquement rien passé, les ministres de la République française n'ayant pas vu l'intérêt de se déplacer dans la zone et ayant laissé l'Union européenne y assurer une présence. Or, la politique européenne n'a pas remporté un vif succès et, aujourd'hui, chaque pays joue sa carte et soutient ses propres entreprises.

L'engagement du président de la République et du gouvernement témoigne de l'intérêt nouveau porté à cette partie du monde. Il s'agit d'une région de grands contrats, nécessairement du ressort présidentiel. Le voyage de Nicolas Sarkozy au Kazakhstan a permis de faire aboutir des discussions longues de plusieurs années. Aussi convient-il de s'appuyer sur cette mobilisation politique qui a longtemps fait défaut.

Si la situation économique de la région est contrastée, elle est globalement bonne avec des taux de croissance qui restent positifs malgré la crise mondiale, le coût des matières premières allant vers une certaine stabilisation. Des programmes qui avaient été gelés ou abandonnés seront relancés en 2010 et 2011 et les grands contrats qui permettront de les mettre en oeuvre correspondront à des pôles d'excellence français (énergie, infrastructures, eau, télécommunications etc.). Enfin, nous pouvons noter un effet d'entrainement des grandes entreprises même si la solidarité des grands groupes français est moins marquée que celle des sociétés italiennes.

Je terminerai en insistant sur le besoin général d'information, la conquête de marchés étrangers dépendant de notre capacité à nous adapter et à entretenir des relations de confiance. Si les colloques, de même que la production d'information des conseillers, ont une réelle importance, nous manquons d'un document qui pourrait s'apparenter à une « lettre d'information ». Nous aurions tous intérêt, administrations et entreprises, à soutenir un projet de cette nature.

Pour conclure, je dirai que l'Asie centrale et le Caucase constituent des marchés complexes et morcelés mais à fort potentiel. Ceux qui ont investi dans la zone peuvent aujourd'hui récolter les fruits d'un travail plus ancien.