Echanges avec la salle

Denis VERRET, DV-Conseil

Vous avez surtout évoqué le commerce international, mais le commerce intra-zone se développe-t-il également ?

Daniel PATAT

Tendanciellement, les relations entre les divers pays de la zone se développent, ne serait-ce d'ailleurs que dans le pourtour caspien. Evidemment, il s'agit pour beaucoup d'hydrocarbures. Le développement du port d'Alat, en Azerbaïdjan, encouragera le commerce transcaspien. Il en va de même avec Aqtau et la zone d'Astrakhan. De plus en plus d'échanges se font à mesure que des investissements de production se réalisent au Kazakhstan et en Ouzbékistan. L'Azerbaïdjan et la Géorgie travaillent dans le développement de leurs échanges et de leurs investissements. La voie nord-sud qui reliera la frontière géorgienne à la frontière iranienne permettra de développer les relations. Evidemment, il reste beaucoup de difficultés à surmonter, notamment dans le Caucase, mais je crois beaucoup au développement de ce pourtour caspien.

Adil MAMMADOV

Nous avons divers projets d'infrastructures très importants en Azerbaïdjan. Nos entreprises y participent activement. Le volume d'échanges dans la région pourra ensuite exploser. Dans la région d'Alat, un accord a récemment été signé avec une compagnie de Singapour. Il s'agira du plus important chantier naval de la région. Ainsi, l'Azerbaïdjan pourra construire toutes sortes de navires. Actuellement, nous utilisons encore de vieux navires de l'époque soviétique. Nous devons rénover des centaines de navires. Avec ce projet, le développement de la région s'accélérera. J'espère que davantage de pays de la région contribueront à ce développement afin de rendre notre région plus attractive.

Asie centrale : perspectives et réalités

Aymeri de MONTESQUIOU,
sénateur, président pour le Kazakhstan du groupe d'amitié France-Asie centrale

Je me considère comme un amoureux de cette région. Je suis convaincu qu'elle possède un véritable avenir, d'abord pour des raisons stratégiques. L'Asie Centrale sera soit une région très paisible, soit une région d'affrontement. Le développement économique est un élément majeur pour en faire une zone paisible, en particulier pour les pays moins bien dotés que les autres par la nature.

La place économique et politique la plus importante est détenue par le Kazakhstan, qui réalise près de 70 % du PIB de la région. Le Kazakhstan possède absolument tout dans son sous-sol. Ce pays a également un potentiel agricole considérable. Le Kazakhstan est le premier exportateur de farine au monde. Il était le premier fournisseur de viande de toute l'Union Soviétique. Le Kazakhstan est gouverné par un grand Président, qui a su tout faire pour éviter de brader ses matières premières. Outre son sous-sol, il est doté d'une riche capacité intellectuelle. L'administration et les dirigeants d'entreprise possèdent un haut de niveau de vie. Je fais tout mon possible pour que le Kazakhstan soit considéré comme un pays d'avenir. Le potentiel est extraordinaire en matière d'environnement. La performance énergétique héritée de l'Union Soviétique est d'un très faible niveau. Le territoire à conquérir est donc extraordinaire. Les jeunes entreprises kazakhes ont besoin de travailler avec des entreprises françaises. Je suis certain de l'avenir de cette coopération économique.

En 1993, le Président Mitterrand avait ouvert la voie. Il s'en est suivi une grande mollesse, avant que le Président Sarkozy et le Premier Ministre Fillon n'inversent la tendance. Il demeure absurde que l'AFD ne soit pas présente au Kazakhstan. Je demande aux entreprises françaises de travailler ensemble dans cette région. Les entreprises italiennes ont su le faire. Il est également important de savoir mobiliser les crédits, européens notamment.

Le potentiel est formidable en termes d'élevage, mais nous ne l'exploitons absolument pas. Nous avons pourtant les meilleures races en France, mais nous ne les exportons pas. D'une manière générale, nous pourrions faire infiniment mieux dans tous les domaines.

Nous passons également à côté de l'Ouzbékistan. Certes, des massacres ont été commis au Ferghana, mais il ne faut pas oublier que des policiers s'y faisaient tuer par des islamistes. Ce pays a été mis à l'index. Nous commençons à renouer des relations normales, mais nous sommes en retard. Toutes les villes d'Ouzbékistan ont besoin de refaire leurs réseaux d'eau et de chaleur. La France peut prendre une part majeure.

Le Turkménistan est un pays oublié. Il deviendra pourtant le troisième exportateur mondial de gaz après la Russie et l'Iran. Il s'agit d'un pays pivot. Il devrait nous servir d'intermédiaire avec l'Iran, surtout du fait de la nécessaire diversification de l'approvisionnement gazier.

Enfin, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser surgir des problèmes sociaux graves au Tadjikistan et au Kirghizstan. Les techniques françaises pourraient s'impliquer dans la construction de barrages permettant une exportation considérable d'électricité. Pour cela, il faut un accord entre tous les pays de la région.