Jean de GLINIASTY,
Ambassadeur de France en Russie

Le séminaire intergouvernemental du 27 novembre dernier a été un vrai succès, dans la mesure où il s'est tenu dans un contexte plus que favorable pour nos deux pays. A la fin novembre, en effet, la crise géorgienne et ses effets étaient loin derrière nous et le climat s'en trouvait donc beaucoup plus apaisé. La politique internationale de la Russie a en outre énormément évolué en l'espace d'un an ; le dialogue qui s'était interrompu avec l'Union européenne a ainsi repris et la politique d'Obama, notamment marquée par une ouverture accrue vers la Russie, a également porté ses fruits.

Suite à la réunion de Corfou, le dialogue avec l'OTAN a également été renoué et un sommet OTAN-Russie, marquant la relance officielle du dialogue entre ces deux entités, a même eu lieu le 5 décembre dernier. Les membres de l'OSCE ont par ailleurs été d'accord pour examiner les propositions faites par le Président Medvedev pour la conclusion d'un nouveau traité de paix et de sécurité en Europe.

Nous nous situons donc aujourd'hui dans un contexte de politique internationale favorable et le climat des affaires, entre nos deux pays, s'en ressent de fait positivement. J'ajoute que la France a été pour beaucoup dans l'amélioration du dialogue entre la Russie et le reste du monde.

La France a en effet été l'un des deux seuls pays, avec l'Allemagne, à s'opposer au démarrage immédiat du processus d'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie dans l'OTAN. Le Président de la République a en outre été le premier à répondre positivement à la proposition du Président Medvedev de renouveler les structures de paix et de sécurité en Europe, en introduisant le concept d'espace commun économique, humain et de sécurité sur notre continent. Notre pays a également joué un rôle très positif dans l'apaisement de la crise géorgienne.

Dans ce contexte particulièrement favorable, le séminaire de novembre a pris une excellente tournure, permettant d'avancer sur un plan tant économique que politique. Le 14 septembre dernier, notre Premier Ministre s'était rendu à Iaroslav, pour évoquer le rôle de l'Etat moderne dans la gestion de la crise globale. A cette occasion, notre Premier Ministre avait rencontré son homologue russe et le Président Medvedev, et d'autres sujets, tels que le climat ou l'Iran, avaient également pu être abordés. Nos deux présidents se sont encore rencontrés le 9 novembre dernier, ce qui a permis certaines avancées sur le thème du climat, notamment.

L'heure est donc à la coopération entre nos deux pays, dans un contexte international propice au rapprochement entre la France et la Russie. C'est d'ailleurs la première fois que tout le spectre des relations économiques entre nos deux pays est couvert par une série d'accords.

Dans le domaine de la culture, une déclaration commune pour le lancement de l'année croisée en France et en Russie a ainsi été récemment signée.

Dans les domaine de l'énergie et de l'environnement, la coopération entre nos deux pays est également très fructueuse. C'est ainsi que le Ministre Jean-Louis Borloo s'est récemment rendu à Moscou pour préparer, avec ses homologues russes, la conférence de Copenhague. Nous avons en outre signé symboliquement le premier accord de mise en oeuvre commune de la création de certificats de CO 2 entre BNP et TNK. A cet égard, sans doute convient-il de souligner au passage que la Russie se lance ici pour la première fois dans un processus de ce type et que ce n'est pas un hasard si elle le fait avec la France.

L'aéronautique est également un secteur de coopération propice entre nos deux pays et nous n'avons de cesse de renforcer, de manière plus générale, la coopération industrielle entre la France et la Russie, comme le prouve l'accord signé entre Renault et Avtovaz.

Nous sommes par ailleurs le premier pays avec lequel la Russie a signé un partenariat public-privé, dans le cadre de la construction du tronçon d'autoroute entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Un partenariat a également été conclu avec Sanofi, afin de permettre la modernisation du secteur pharmaceutique en Russie, en vue de réduire, à terme, la masse excessive d'importations de médicaments réalisées par l'Etat russe.

Le Premier Ministre Poutine a récemment indiqué que la Russie était prête à coopérer dans le domaine des nouvelles technologies. Le résultat ne s'est pas fait attendre et nous avons signé, en marge du séminaire du 27 novembre, plusieurs accords dans ce domaine.

Dans le domaine de la finance, il est par ailleurs très intéressant qu'un accord entre l'agence française des marchés financiers et son homologue russe ait été signé, au moment où l'entreprise Rusal envisage de se faire coter à la bourse parisienne.

Des accords de facilitation pour la venue d'hommes d'affaires russes en France et français en Russie ont également été conclus. Il n'est en effet plus tolérable que le processus de création d'emplois en Russie soit entravé par les difficultés à maintenir sur le sol russe des hommes d'affaires français, par suite de problèmes rencontrés dans le renouvellement de leurs visas. De même, nous souhaitons faciliter le maintien des hommes d'affaires russes en France.

La coopération juridique se développe également entre nos deux pays, et nous avons notamment négocié un accord sur les enfants déplacés. Le domaine militaire fait également l'objet de négociations.

Nous sommes donc dans un contexte éminemment favorable, et il n'existe aucun secteur de la relation bilatérale entre nos deux pays qui n'ait reçu, à Rambouillet, une nouvelle impulsion.

La part de marché de la France en Russie a augmenté de 25 % et la France est clairement devenue un investisseur important sur le sol de la Fédération russe, dépassant même les États-Unis. Nous nous situons en outre à la veille de l'année croisée, qui verra se développer les conséquences de tous les accords que nous avons conclus en amont, et qui sera marquée par un nombre important de manifestations culturelles. Pour le dire plus simplement et pour conclure sur une note positive, cela fait donc bien longtemps qu'il n'y avait pas eu, entre la France et la Russie, une telle volonté d'avancer. ; et il ne tient qu'à nous - politiques, hommes d'affaires ou artistes - de donner corps à tout cela.