Alexandre ORLOV,
Ambassadeur de Russie en France

Parmi les propositions faites par Patrice Gélard pour l'année 2010, la suppression des visas entre nos deux pays me semble la plus importante. C'est en tous cas pour nos la priorité n°1, et nous considérons que toutes les conditions juridiques sont aujourd'hui réunies pour y parvenir. Reste à faire montre de volonté politique, ce que la Russie a récemment fait en signant un accord de réadmission avec l'Union européenne. Nous nous apprêtons par ailleurs à signer un protocole avec chaque pays membre de l'Union et devrions y parvenir, avec la France, au début de l'année 2010.

Nous devons en outre nous attacher à créer une base juridique commune, entre nos deux pays, dans un contexte où le nombre de couples mixtes franco-russes, qui avoisine actuellement les 12 000, ne cesse de croître.

Des efforts importants devront également être mis en oeuvre pour améliorer l'apprentissage du russe sur le sol français, tout en maintenant un bon niveau d'enseignement du français dans notre pays A cet égard, nous souhaitons que le russe puisse être proposé au collège et au lycée, en 2 ème et 3 ème langue, au même titre que le chinois ou l'allemand.

La coopération entre la France et la Russie doit également être renforcée à l'échelle régionale. C'est dans cette perspective qu'un accord de partenariat a été signé entre la région de Tomsk et la Lorraine, en novembre dernier, et que le partenariat conclu entre la région de Rennes et celle d'Oulianov, a d'ores et déjà porté ses fruits. Dans le contexte actuel, le Nord/Pas-de-Calais, l'Alsace et la région Rhône Alpes ont manifesté leur souhait de conclure un accord avec des régions russes et il semblerait qu'un partenariat soit ainsi en passe d'être conclu entre la région de Kalouga et le Nord/Pas-de-Calais. Ces partenariats entre les régions devront être complétés par la conclusion d'accords entre les pôles de compétitivité en France et les centres de recherches en Russie.

Plus généralement, dans son message à la nation du 12 novembre dernier, le Président Medvedev a indiqué que l'accent devait être mis sur les secteurs de la santé, de l'efficacité énergétique et des télécoms (avec le développement d'internet et de la télévision haute définition) pour sortir de la crise. Dans la mesure où les performances de la France, dans tous ces domaines, sont particulièrement satisfaisantes, les perspectives de développement entre nos deux pays sont donc plus que jamais placées sous les meilleurs auspices.

Dans ce contexte de coopération éminemment positif, les difficultés d'ordre discriminatoire que rencontrent, sur le sol français, les hommes d'affaires russes, constituent néanmoins un bémol. Comme nous l'avons déjà signalé à la Ministre de l'Economie Mme Lagarde, la Banque de France fait également montre de discrimination à l'encontre de la banque VTB, ce que nous ne pouvons tolérer ; et les sociétés russes qui souhaitent travailler en France se heurtent encore trop souvent à un problème d'ouverture de comptes qui semble pour le moins aberrant et injuste, lorsque l'on sait à quel point les banques françaises sont présentes dans notre pays. Il conviendra donc de s'employer activement à remédier à tous ces dysfonctionnements, dans le contexte de l'année croisée entre la France et la Russie.