CONCLUSION

Ce n'est pas seulement la réduction constante de la part consacrée par le budget des affaires étrangères au développement qu'il faut aujourd'hui dénoncer, mais la forme insidieuse que prend ce lent déclin : les redéploiements de crédits se font de manière invisible à la faveur des changements de nomenclature dont les aspects techniques ne doivent pas dissimuler les profondes conséquences politiques. Le débat est ainsi délibérément escamoté et la représentation nationale dessaisie de son pouvoir de contrôle.

Les évolutions budgétaires nous livreraient-elles ainsi la clé des intentions sous-jacentes de la réforme de la coopération : une lente dissolution des moyens autrefois dévolus au ministère de la coopération au sein du dispositif du Quai d'Orsay ? Ce processus d'absorption recouvre un enjeu diplomatique majeur : quelle place la France souhaite-t-elle encore accorder à l'Afrique ?

Au vu de la lente mais constante dégradation des moyens budgétaires, la réponse, malheureusement, risque de s'imposer d'elle-même.

Est-ce conforme à l'intérêt de notre Nation ? Non à l'évidence. Nous perdrons les fruits d'une présence constante et d'efforts continus depuis plusieurs décennies pour des résultats très aléatoires dans d'autres parties du monde. A-t-on pesé les conséquences d'une telle orientation pour l'influence de la France et son rayonnement international ?

Les choix français apparaissent d'autant plus paradoxaux que certains de nos partenaires, comme le Royaume-Uni et, à une échelle multilatérale, l'Union européenne, suivent une voie strictement inverse.

La dispersion de nos actions, conjuguée à l'intérêt renouvelé d'autres puissances pour l'Afrique, portent en germe l'effacement progressif de notre position privilégiée sur le continent.

Plus encore, c'est en Afrique -qui comptera dans 25 ans plus d'un milliard d'habitants- que se jouera le combat contre cette fracture Nord-Sud dont les conséquences pourraient être désastreuses pour la stabilité internationale.

Face aux tensions qui s'exacerbent, notre pays pourra-t-il faire entendre sa voix comme sa vocation le lui commande ? L'évolution des moyens financiers risque d'entamer la portée de nos positions.

Non, décidément, le projet de budget pour 2002 n'est pas à la mesure de ces enjeux pourtant décisifs pour notre avenir.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page