III. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES CONCOURANT À L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

Rapporté à l'ensemble des crédits consacrés par la France à l'aide au développement et compte-tenu notamment des opérations sur la dette, le ministère de l'économie et des finances reste le principal gestionnaire des crédits de développement avec 43 % de ces crédits. Ce ministère est gestionnaire des trois 9 ( * ) comptes spéciaux du Trésor qui concourent à l'aide au développement

Les crédits inscrits au budget du ministère de l'économie et des finances au titre de l'aide au développement s'élèvent à 950,6 millions d'euros, en baisse de près de 6 %. Ces crédits représentent moins de 30 % des crédits de développement développés dans le « jaune » budgétaire, contre 35 % en 2003.

Chapitre

LFI 2003

PLF 2004

31-10 Dépenses de personnel des services sous contrat

0,19

0,26

31-90 Rémunérations principales

20,75

20,63

31-94 Indemnités et allocations diverses

3,14

2,75

33-90 Cotisations sociales- part de l'Etat

0,69

0,7

33-91 Prestations sociales versées par l'Etat

1,9

1,94

34-98 Matériel et fonctionnement courant

2,22

2,29

37-01 Remboursement des frais de gestion au titre de concours aux Etats étrangers

21,79

24,13

37-50 DGI dépenses diverses

0,2

0,31

37-75 Travaux de recensement, enquêtes statistiques et études économiques

0,46

0,76

41-10 Subventions à des organismes publics et internationaux (dont GIP ADETEF)

3,55

4,5

44-97 Participation de l'Etat au service d'emprunts à caractère économique

387,38

351,9

58-00 Participation de la France au capital d'organismes internationaux

32,42

29,73

62-92 Actions dans le domaine de l'énergie et des matières premières

1,8

2

68-00 Aide extérieure

20

31

68-04 Participation de la France à divers fonds

514,74

477,61

Total

1011

950

Ces crédits sont constitués pour 55,6 % d'aide multilatérale. La répartition par titres s'effectue comme suit :

En millions €

2003

2004

% 2004 du total

Titre III

51,34

53,77

5,6 %

Titre IV

391,43

356,4

37,5 %

Titres V et VI

568,96

540,34

56,8 %

Les crédits des titres V et VI sont pour l'essentiel constitués de participations au capital d'organismes internationaux et de participation à divers fonds.

A. LES CRÉDITS D'INTERVENTION

1. Le GIP ADETEF

Le GIP ADETEF (Assistance au développement des échanges en technologies économiques et financière) a pour mission de financer et de gérer la mise à disposition d'une coopération technique dans les domaines de compétence du ministère. Outre les ministères des Affaires étrangères, de l'économie et des finances, de la fonction publique, ses membres sont la caisse des dépôts, l'agence française de développement, l'école des mines et le groupe des écoles de télécommunications.

La dotation d'ADETEF augmente sensiblement en 2004, passant de 3,55 à 4,4 millions d'euros.

Les priorités d'intervention concernent plutôt des pays en transition dont les capacités sont déjà relativement solides : pays d'Europe centrale et orientale, Maghreb, pays candidats potentiels à l'Union européenne.

2. La participation de l'Etat au service d'emprunts à caractère économique

Les crédits de ce chapitre, doté de 351,9 millions d'euros en 2004 pour l'aide au développement, sont destinés à permettre la mise à disposition de ressources bonifiées pour l'agence française de développement et pour la facilité pour la croissance et la réduction de la pauvreté du FMI dont le financement transite également par l'AFD. Ces crédits permettent également l'indemnisation de l'AFD lors de remises de dettes bilatérales ou dans le cadre du club de Paris.

B. LES CONTRIBUTIONS MULTILATÉRALES

1. La participation de la France au capital d'organismes internationaux

Ce chapitre est doté de 29,7 millions d'euros pour 2004, soit une baisse de 8,3 % par rapport à 2003 . Les banques internationales de développement concernées par ces crédits pour 2004 sont : la banque européenne de reconstruction et de développement (22,4 millions d'euros), la banque africaine de développement (3 millions d'euros), la société interaméricaine d'investissement (2 millions d'euros), la banque interaméricaine de développement (1,7 millions d'euros) et la banque ouest africaine de développement (550 000 euros).

2. La participation de la France à divers fonds

Les dotations 2004 pour les différents fonds multilatéraux auxquels la France contribue sont les suivantes :

En millions d'euros

Dotation 2003

Dotation 2004

Association internationale de développement

258

258

Fonds africain de développement

83,5

83,5

Fonds pour l'environnement mondial

66,1

54,6

Fonds Sida, tuberculose, paludisme

50

50

Fonds asiatique de développement

31,1

17,5

Fonds international de développement de l'agriculture

8,4

8

Fonds de soutien aux pays en situation d'arriérés

0

3,1

Fonds de développement de l'Amérique latine et des Caraïbes

2,5

2,5

Fonds d'assistance technique BERD

0

0,33

Total

514,7

477,6

a) L'AID

L'association internationale de développement est le guichet très concessionnel de la Banque mondiale, destiné aux pays de faible revenu. Elle intervient essentiellement sous forme de dons ou sous forme de prêts « à fort éléments dons » et doit faire l'objet de reconstitutions régulières. La France contribue à hauteur de 863 millions d'euros à la dernière reconstitution (AID 13), le versement des crédits s'effectuant en trois fois. La dotation 2004 constitue la deuxième annuité de cette reconstitution.

b) Le fonds SIDA

Créé officiellement en janvier 2002, le fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria a pour objectif de collecter et de gérer des ressources supplémentaires destinées à la lutte contre ces trois maladies responsables de 7 millions de décès par an.

Conçu comme un instrument financier, le fonds collecte des contributions gouvernementales et privées et finance sous forme de subventions des programmes publics, privés et non-gouvernementaux couvrant la prévention, le traitement, les soins et le soutien. La Banque Mondiale assure la responsabilité de la réception et du déboursement des fonds.

Les promesses de versement, qui portent sur des périodes variables, atteignaient le 16 juillet 2003, date de la deuxième conférence des donateurs, 4,5 milliards de dollars dont 1,3 milliard a été effectivement versé.

La France s'est engagée sur un montant total de contributions de 150 millions d'euros sur la période 2002-2004 et a annoncé, lors du G8 d'Evian, le triplement de sa contribution entre 2003 et 2004, ce qui porte son engagement global à 550 millions d'euros sur la période 2002-2006 et sa contribution annuelle au fonds à 150 millions d'euros par an à partir de 2004.

Les Etats-Unis se sont engagés à hauteur de 1,6 milliard de dollars sur la période 2001-2008 et ont annoncé un plan de 15 milliards de dollars sur 5 ans à partir de 2004, dont 1 milliard pour le Fonds mondial. Le Congrès a toutefois posé comme condition au déblocage des crédits que la participation américaine n'excède pas un tiers du total des versements, ce qui signifie que la dotation globale du fonds puisse atteindre 3 milliards de dollars.

Au 1er juillet 2003, sur les 894 millions de dollars promis par les Etats, seuls 480, soit 53,7 % avaient été effectivement versés. L'actualité du Sida fournit la matière à une surenchère de crédits que le fonds ne semble en mesure d'absorber rapidement : le fonds avait, à la même date, décaissé 55 millions de dollars pour le financement d'opérations menées dans 56 pays.

50 millions d'euros sont inscrits au titre du fonds pour l'année 2004. En l'état actuel du budget, la France n'est pas en mesure d'honorer son engagement.

C. LE TRAITEMENT DE LA DETTE

Les allègements de dettes devraient s'élever à 2 milliards d'euros en 2004, contribuant, pour une part très importante à l'augmentation de l'aide bilatérale française. Il s'agit pour l'essentiel d'une progression mécanique des crédits sur la base d'engagements antérieurs.

Au nombre de ces engagements, figure l'initiative « pays pauvres très endettés », ou PPTE, lancée en septembre 1996 au G7 de Lyon.

Les pays pauvres sont entendus au sens des pays les moins avancés et le niveau « insoutenable » de leur dette est considéré selon deux critères : un rapport de 150 % entre la valeur de la dette et les exports et un rapport de 250 % entre la valeur de la dette et les recettes du gouvernement et ce, après application des procédures traditionnelles d'allègement de dette.

L'éligibilité des pays est appréciée par les conseils d'administration du FMI et de la Banque mondiale. La date à laquelle le pays est déclaré éligible constitue le « point de décision » et ouvre une période intérimaire qui doit mener jusqu'au « point d'achèvement », date à laquelle les mesures de réduction de dette sont effectives.

37 pays seront à terme concernés par le dispositif.

L'initiative « pays pauvres très endettés (PPTE) » comprend plusieurs volets pour un montant global à terme d'environ 40 milliards de dollars:

- des allègements de dettes par les créanciers multilatéraux pour un montant de 18,7Mds USD dont 6,9 pour la banque mondiale et 2,2 pour le FMI. C'est ce volet qui fait l'originalité de ce dispositif et lui confère un caractère massif.

- un volet bilatéral dont les modalités varient en fonction des créanciers. L' initiative bilatérale française porte sur la période intérimaire et prévoit, dès le point de décision, l'annulation de la totalité des créances commerciales et des créances d'APD, d'autre part.

Le coût global de l'initiative représente environ 10 milliards d'euros pour la France. Elle devrait consacrer 3,4 milliards d'euros aux traitements traditionnels en Club de Paris auxquels s'ajoutent 2 milliards d'euros pour le traitements PPTE des créances « Club de Paris ». Elle contribue également au Fonds fiduciaire PPTE pour le financement de l'annulation des créances détenues par les banques de développement. Le volet bilatéral représente 3,7 milliards d'euros d'annulations de créances APD refinancées par dons sous la forme des C2D et 1 milliard d'euros d'annulations de créances commerciales.

En juillet 2003, 27 pays avaient atteint le point de décision et bénéficiaient de mesures intérimaires de réduction du service de leur dette. Le Bénin, la Bolivie, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, la Tanzanie et l'Ouganda avaient, quant à eux, atteint leur point d'achèvement tandis que le Rwanda, le Malawi, et le Nicaragua devraient l'atteindre à la fin de l'année 2003.

Pour les 27 pays d'ores et déjà éligibles, le stock de dette à l'issue de l'application de tous les termes de l'initiative, devrait être réduit des deux-tiers et le service de la dette devrait descendre sous la barre des 10 % du PIB.

ENCOURS DE LA DETTE EXTÉRIEURE DES PAYS

DE LA "ZSP"

ZONE FRANC ET HORS ZONE FRANC

PAYS DE LA ZSP

(pays zone franc en gras)

Encours de la dette extérieure en M $ (2000)

Encours de la dette extérieure en M $ (2001)

PAYS AFRIQUE DE L'OUEST

Bénin

Burkina Faso

Cap Vert

Côte d'Ivoire

Gambie

Ghana

Guinée

Guinée Bissau

Libéria

Mali

Mauritanie

Niger

Nigéria

Sénégal

Sierra Leone

Togo

AFRIQUE CENTRALE

Cameroun

Centrafrique

Congo

Gabon

Guinée Equatoriale

Sao Tome

Tchad

AFRIQUE DE L'EST

Djibouti

Erythrée

Ethiopie

Kenya

Soudan

Tanzanie

AFRIQUE AUSTRALE

Afrique du Sud

Angola

Burundi

Mozambique

Namibie

Ouganda

Rép. Dém. Congo

Rwanda

Zimbabwe

OCEAN INDIEN

Comores

Madagascar

AFRIQUE DU NORD LEVANT

Algérie

Egypte

Liban

Maroc

T. Palestiniens

Tunisie

Yemen

INDOCHINE

Cambodge

Laos

Vietnam

CARAÏBES

Cuba

Haïti

R. Dominicaine

Surinam

PACIFIQUE

Vanuatu

1 599

1 332

327

12 138

471

6 657

3 388

942

2 032

2 956

2 500

1 638

34 134

3 372

1 273

1 435

9 241

872

4 887

3 995

248

316

1 116

262

311

5 481

6 295

15 741

7 445

24 861

10 146

1 100

7 135

NC

3 409

11 645

1 271

4 002

232

4 701

25 002

28 957

10 311

17 944

NC

10 610

5 616

2 357

2 499

12 787

NC

1 169

4 598

NC

69

1 665

1 490

360

11 582

489

6 759

3 254

668

1 987

2 890

2 164

1 555

31 119

3 461

1 188

1 406

8 338

822

4 496

3 490

239

313

1 104

262

410

5 697

5 833

15 348

6 676

24 050

9 600

1 065

7 135

NC

3 733

11 392

1 283

3 780

246

4 160

22 503

29 234

12 450

16 962

NC

10 884

4 954

2 704

2 495

12 578

NC

1 250

5 093

NC

66

TOTAL

322 825

312 682

* 9 Le CST 905-10, Exécution des accords internationaux relatifs à des produits de base, sur lequel aucun mouvement n'était prévu en 2003, est clos par le projet de loi de finances pour 2004.

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