II. L'AUDIOVISUEL EXTERIEUR

A. LE CADRE GÉNÉRAL DE LA MODERNISATION DE L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE

Le ministre des affaires étrangères a présenté au conseil des ministres du 30 avril 1998 une communication consacrée à la modernisation de l'action audiovisuelle extérieure de la France, qui demeure le cadre général de l'action du gouvernement.

1. Les axes

La globalisation du marché audiovisuel, l'explosion de l'offre d'images du fait de la compression numérique et un déficit impressionnant des échanges entre l'Europe et les Etats-Unis ont conduit le gouvernement, après consultation approfondie des professionnels du secteur, à mettre en oeuvre quelques priorités d'action définies de façon précise en fonction d'un objectif clé de notre politique extérieure : assurer la diversité culturelle dans le monde.

Il convient d'observer à cet égard que l'impact de l'audiovisuel est sans équivalent sur l'identité culturelle de nos sociétés. La préservation de nos capacités de création et du pluralisme face à l'hégémonie de l'industrie et des réseaux de distribution américains est une priorité absolue et la condition de la présence internationale de nos programmes et de nos entreprises audiovisuelles.

La multiplication de l'offre et la globalisation du marché ne sont pas spontanément des facteurs de diversité. La France a obtenu, dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la définition de principes assurant la possibilité de poursuivre des actions volontaristes au niveau communautaire et national en faveur de l'industrie audiovisuelle. Cette reconnaissance constitue le préalable à la négociation de tout nouvel instrument commercial. La France veillera à ce que l'ouverture d'un nouveau cycle de négociations sur les services au sein de l'OMC n'aboutisse pas à une remise en cause de ces principes.

Les priorités de la modernisation de l'audiovisuel extérieur de la France sont, dans cette perspective :

Favoriser l'exportation des programmes français, et leur présence dans les grilles des télévisions étrangères

Dans la plupart des pays, la présence, même modeste, de films et de programmes télévisés français doublés ou sous-titrés sur les écrans nationaux bénéficie au rayonnement culturel de la France d'une façon probablement plus efficace qu'une diffusion en langue française en général accessible seulement à une frange limitée de la population locale.

L'industrie française des programmes est devenue depuis peu un secteur d'exportation significatif qui dispose d'un tissu professionnel plus concentré et plus efficace. Ce développement s'appuie sur TV France International pour la télévision, avec l'appoint de CFI dans les pays les moins solvables et Unifrance Film, qui a entrepris un effort d'adaptation, pour le cinéma. Les exportations de programmes audiovisuels français ont augmenté de 35 % en 1999 par rapport à 1998, pour s'établir à 1,8 milliard de francs. Ce montant représente 20 % de la production française de programmes de stock. Cette progression, qui a lieu pour la cinquième année consécutive est largement due aux ventes de dessins animés qui représentent 60 % du chiffre d'affaires de l'audiovisuel français à l'exportation, et dont le succès sur l'ensemble des marchés, y compris sur le marché américain, ne se dément pas.

Les subventions budgétaires de TVFI s'élèveront en 2000 à 24 millions de francs, dont 6 millions de francs en provenance du ministère des affaires étrangères et 10 millions de francs en provenance du CNC. Elles s'établissent au niveau atteint en 1999. L'augmentation du budget de CFI, + 5 % , sera financée par une augmentation de 30 % des cotisations versées par les membres de l'association. Ceux-ci, au nombre de 120 en 1998, ont été 155 en 1999.

Augmenter la diffusion de chaînes françaises sur les réseaux câblés et les bouquets satellitaires étrangers, ainsi que la diffusion en dehors du territoire national des bouquets d'origine française

Indépendamment de la promotion des programmes français, il importe de soutenir le développement international des entreprises audiovisuelles, condition de leur survie sur des marchés devenus mondiaux. Dans cette perspective, le développement international des entreprises françaises est devenu l'un de nos objectifs majeurs.

La création de marques mondialement connues, la diffusion internationale de concepts de chaînes ou de formats de programmes, la prise de participation dans les médias ou des réseaux de distribution locaux sont des enjeux aussi importants que la présence directe de nos programmes, et en sont généralement la préfiguration.

Sur des marchés encore émergents et très concurrentiels, la prise de risque est importante. Pour l'encourager, l'intervention des pouvoirs publics a pris la forme d'un soutien financier direct sous forme d'aide au transport aux chaînes de télévision présentes dans des bouquets satellitaires diffusés à l'étranger. Néanmoins, un effort d'évaluation devra sans doute être mené sur l'efficacité réelle en termes de présence de programmes français, d'une part, et au regard des montants d'aides publiques investis. Une réorientation vers une aide plus ciblée sur les programmes par exemple par une aide à l'achat de droits devrait peut-être être envisagée. Ses retombées sur l'industrie audiovisuelle française seraient sans doute plus importantes.

Accroître l'efficacité des opérateurs publics de l'audiovisuel extérieur

Par delà ces objectifs économiques qui concernent par nature les zones commercialement les plus développées, la France ne peut renoncer à une présence la plus large possible de ses programmes en langue française, les cibles visées étant prioritairement les étrangers francophones ou francophiles, et secondairement les Français expatriés. C'est principalement le rôle de TV5, de CFI et de RFI, dont les stratégies de développement et de rationalisation sont analysées ci-dessous.

2. Les moyens

Les conseils de l'audiovisuel extérieur de la France (CAEF) des 24 avril et 13 septembre 1994 avaient arrêté un plan quinquennal 1995-1999 prévoyant une enveloppe de 442 millions de francs de mesures nouvelles sur 5 ans en faveur de l'action audiovisuelle extérieure. Cette enveloppe devait être abondée à hauteur de 235 millions de francs sur le budget du ministère des affaires étrangères, de 186 millions de francs sur celui du ministère de la culture, et de 71 millions de francs sur celui du ministère de la coopération. Le dernier CAEF, réuni le 23 novembre 1995, a maintenu ces orientations.

Si les axes stratégiques du plan, complétés et actualisés par la communication du ministre des affaires étrangères du 30 avril 1998, restent pour l'essentiel d'actualité, on peut considérer que l'effort budgétaire qui l'accompagnait a été abandonné, à partir de 1996, au profit d'une logique d'optimisation de l'allocation des enveloppes existantes et de redéploiement des crédits budgétaires.

Ainsi, après une exécution budgétaire conforme au plan quinquennal pour l'exercice 1995, une première régulation est intervenue en 1996 (6 millions de francs sur 111 millions de francs de mesures nouvelles prévues), alors qu'en 1997, un étalement du plan quinquennal a été décidé, l'enveloppe 97 de mesures nouvelles de 145 millions de francs étant ramenée à 63 millions de francs. En 1998, le retard accumulé s'est accentué : 15,4 millions de francs de mesures nouvelles effectives, pour une prévision de 46,4 millions de francs.

C'est seulement en 1999 qu'une relance de l'effort budgétaire en faveur de l'action audiovisuelle extérieure est intervenue, sur la base des orientations définies au printemps 1998 : augmentation nette des moyens budgétaires de 95 millions de francs en faveur de l'action télévisuelle (exportation de programmes, appui à la diffusion satellitaire, relance de TV5 et CFI), financée par une partie des économies réalisées sur l'onde courte (20 millions de francs) et pour l'essentiel par redéploiement au sein du budget de l'action culturelle, scientifique et technique.

Dans ce contexte difficile, les dotations publiques totales aux opérateurs audiovisuels extérieurs sont passées de 982 millions de francs en 1994 à 1 435 millions de francs en 2000, ce qui représente une augmentation en francs courants de 453 millions de francs (+ 46 %).

Le tableau suivant trace l'évolution des moyens consacrés aux grands opérateurs depuis 1995.

DOTATIONS PUBLIQUES AUX OPERATEURS DE L'ACTION EXTERIEURE
(EN MILLIONS DE FRANCS)

BENEFICIAIRE

1995

1996

1997

1998

1999

PLF 2000

 
 
 
 
 

LF Initiale

Exécution

 

TV5

191,8

210,9

232,4

273,5

338,2

342,5

367,5

CFI

161,3

182,3

169,6

155,9

136,7

147,7

147,7

Diffusion internationale de France Télévision

18,3

18,3

18,8

19,3

20,3

19,3

19,3

Bouquets satellitaires

- Europe

- Maghreb / PMO

- Asie

- Afrique

- Amérique

- Océan indien

- Non réparti

29,0

29,0

0

0

0

0

0

58,5

50,7

0

7,8

0

0

0

47,7

30,7

0

6,8

10,2

0

0

52,9

29,7

6,4

4,0

12,8

0

0

93,4
à répartir

90,1

37,0

9,0

3,5

21,0

4,6

1,7

13,2

85,4

à répartir

Euronews

40,5

25,2

24,1

21,4

21,4

21,4

21,4

Exportations de programmes

3,0

5,6

6,3

9,8

18,0

20,0

20,0

TOTAL

443,9

500,8

498,9

532,8

628,0

641,0

661,3

B. TV5 ET CFI

Le plan de réforme de l'audiovisuel extérieur s'appuyait largement sur la rationalisation de TV5 et de CFI, à partir des orientations suivantes :

- clarification des missions respectives, TV5 jouant le rôle de chaîne de diffusion directe de programmes francophones à destination du public international et CFI réaffirmant sa vocation de banque de programmes et d'outil de coopération tout en développant ses activités de conseil et d'ingénierie ;

- désignation d'un président commun aux deux sociétés ;

- adossement de TV5 aux chaînes nationales publiques ;

- amélioration des programmes de TV5, dotée dans cette perspective de moyens nouveaux à hauteur de 80 MF.

M. Jean Stock a été nommé président de CFI et Satellimages-TV5 en juillet 1998. Pour chacune des deux sociétés, il a présenté en septembre 1998 un projet d'entreprise approuvé par les tutelles françaises ainsi que par les gouvernements partenaires de TV5. La mise en oeuvre de ces projets d'entreprise est aujourd'hui très avancée et se poursuivra en 2000 selon les mêmes orientations.

1. TV5

L'objectif principal assigné par les pouvoirs publics à TV5, confortée comme chaîne d'expression française ayant vocation à être facilement accessible au plus large public, est maintenant de fidéliser et d'accroître son audience partout dans le monde, grâce à une programmation plus attrayante. En 1999, l'effort a essentiellement porté sur le pôle parisien de la chaîne, Satellimages-TV5, qui gère la diffusion de TV5 sur les zones Europe, Afrique, Asie, Proche et Moyen-Orient. Faute d'avoir la maîtrise des déclinaisons de TV5 en Amérique du nord et du sud, concédée aux partenaires canado-québécois de la chaîne bien que la France soit de loin le premier contributeur financier, cet effort n'a pas encore pu porter de façon significative sur les versions américaines de la chaîne francophone.

Le plan d'entreprise

Dès l'été 1998, les personnels de TV5 ont procédé à une évaluation globale du travail accompli et des méthodes utilisées, au sein de commissions conjointes, et remis leurs conclusions à la présidence, qui en a dégagé un plan d'entreprise. Ce plan d'entreprise définissait trois axes stratégiques prioritaires :

- créer la proximité avec les téléspectateurs grâce au sous-titrage en français et en langues étrangères, en déclinant le programme de TV5 selon les zones de diffusion et en donnant la priorité à l'information au moyen de rendez-vous fixes et de journaux ciblés par continent ;

- élargir le cercle des téléspectateurs par la mise en place d'une grille modulaire multiplexée qui privilégie la qualité sur la quantité des programmes ;

- considérer les diffuseurs français comme des partenaires en fédérant des bouquets francophones avec les opérateurs de plates-formes satellites, câblo-opérateurs, en fidélisant le réseau des hôtels et en trouvant des partenariats pour réaliser des décrochages locaux.

En octobre 1998, la conférence des ministres de TV5 à Québec autorisait l'expérimentation du plan par Satellimages-TV5.

En novembre 1998, Satellimages a lancé un appel d'offres visant à moderniser et rationaliser l'ensemble des prestations techniques de la mise à l'antenne et à mettre en chantier une architecture numérique globale permettant de gérer au meilleur coût la sortie simultanée de plusieurs signaux autonomes, de manière à mieux répondre aux attentes, aux contraintes des fuseaux horaires et aux habitudes de vie de ses téléspectateurs.

Le 8 janvier 1999, quatre signaux régionalisés distincts ont été lancés vers l'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Orient. Précédemment, ces territoires concernés recevaient, tous fuseaux horaires confondus, le même signal qu'en Europe avec, le cas échéant, un décrochage quotidien (pour l'Asie) ou hebdomadaire (pour l'Afrique). Parallèlement, TV5 mettait en place les nouveaux principes de programmation : accent sur la qualité des programmes plus que sur leur quantité, grille simplifiée et conçue selon une structure modulaire facilitant les adaptations aux décalages horaires, multidiffusion et sous-titrage en français systématique des modules, rendez-vous d'information toutes les heures rondes 24 heures sur 24.

La publicité a par ailleurs fait son entrée sur l'antenne de TV5 avec la diffusion de spots publicitaires, mais également d'une émission vitrine de la production publicitaire francophone. Cette présence contribue à la modernisation de l'image de la chaîne, et lui procurera des recettes complémentaires. Plus généralement, les réorientations mises en oeuvre par TV5 en termes de politique de marketing, de stratégie de diffusion et de recours à des pratiques novatrices pour conquérir ou fidéliser les audiences se traduisent à l'antenne, sur le site Internet de la chaîne et sur son télétexte.

Enfin, depuis novembre 1999, un cinquième signal spécifiquement dédié à l'Europe francophone (France, Belgique, Suisse) permet d'améliorer la qualité de la programmation dans les autres pays européens, certains films et fictions récents dont les droits n'étaient pas disponibles pour la France pouvant désormais être programmés par TV5-Europe.

Les premiers résultats

La conquête de l'audience, au travers de programmations plus performantes et mieux adaptées aux différentes audiences visées à travers le monde, constitue une des grandes priorités que s'est assignée la chaîne. La concurrence et les lois du marché qui régissent le paysage audiovisuel mondial obligent TV5 à cette performance sans laquelle la chaîne sera marginalisée, voire exclue des réseaux câblés et des bouquets satellitaires.

En juillet 1999, TV5 a procédé à une évaluation de son impact. Le nombre de téléspectateurs ayant accès à la chaîne a augmenté de 21 %.

La nouvelle grille de TV5 donne de bons résultats, en termes d'audience et de satisfaction, sur les territoires où elles ont pu être mesurées, notamment en Europe : France, Belgique, Suisse, Espagne et Portugal. En avril 1999, la Conférence des ministres de TV5 qui s'est tenue à Bruxelles a salué ces premiers résultats, et a adopté définitivement le plan d'entreprise dont elle a conforté l'exécution au travers d'un contrat de gestion qui lie pour trois ans les bailleurs de fonds et la chaîne, clarifie et précise son fonctionnement.

L'adossement aux chaînes publiques nationales

Par ailleurs, le processus d'adossement de TV5 à l'ensemble des chaînes publiques françaises arrive aujourd'hui à son terme. La Sept-Arte, La Cinquième et RFO sont devenues actionnaires de la chaîne francophone et sont représentées à son conseil d'administration. France Télévision a vu sa part dans le capital de TV5 légèrement augmentée. La Sofirad a disparu de l'actionnariat de TV5, tandis que l'INA y conserve une participation symbolique. A l'automne 1999, les premiers programmes produits par la Sept-Arte et La Cinquième ont été mis à l'antenne de TV5.

La nouvelle répartition du capital est la suivante :

France 2 : 17,5 % (au lieu de 16,6 %)

France 2 : 17,4 % (au lieu de 16,6 %)

La Cinquième : 12,5 %

la Sept-Arte : 12,5 %

RFO : 4 %

INA : 2,6 % (au lieu de 11,1 %)

Il sera utile d'établir dès que possible un bilan précis des résultats de cet adossement dont la portée pourrait se révéler modeste, si l'on se rappelle que les participations prises par des sociétés de l'audiovisuel public dans le capital d'autres sociétés de l'audiovisuel public n'ont jamais eu la moindre signification concrète, face au rôle déterminant du véritable propriétaire, qui est l'Etat.

En conséquence, la question de l'implication effective de la future holding France Télévision dans l'audiovisuel extérieur devra être prise en compte dans le débat sur la définition des missions de l'audiovisuel public qui aura lieu à l'occasion de la discussion du projet de loi modifiant la loi de 1986 sur la communication audiovisuelle.

La nouvelle politique de programmation

La grille des programmes TV5 a été profondément remaniée le 8 janvier 1999.

TV5 propose une programmation désormais construite sur la base de modules de 4 heures, dont les principales nouveautés sont détaillées ci-dessous.

* L'information à toutes les heures rondes

Chaîne diffusée 24 heures sur 24 vers le monde entier, TV5 relaie les principaux journaux télévisés de ses chaînes partenaires (France 2 , France 3, la RTBF, la SSR, et, au titre du Consortium des Télévisions du Québec et du Canada, Radio Canada et RDI) qu'elle diffuse en direct ou en léger différé (multiplex). C'est ainsi que le " 20 heures " de France 2 est désormais proposé à 20 heures 20 sur TV5.

TV5 dispose par ailleurs d'une rédaction propre qui produit, notamment aux heures où les chaînes partenaires ne produisent pas de journaux télévisés, une quinzaine de journaux et flashs quotidiens consacrés à l'actualité internationale et aux nouvelles françaises susceptibles d'intéresser un public d'expatriés ou de francophiles. La rédaction de TV5, qui s'appuie essentiellement sur les reportages réalisés par les télévisions nationales partenaires, est désormais en mesure d'intervenir à n'importe quel moment à l'antenne si l'actualité l'exige.

TV5 garantit ainsi à ses téléspectateurs un rendez-vous régulier, à chaque heure ronde, avec l'information. La rédaction de TV5 propose en outre un rendez-vous quotidien avec une personnalité, TV5 Questions, et diffuse, chaque matin, le journal des journaux qui rapproche les sujets produits par les chaînes partenaires selon les grands thèmes de l'actualité.

Au-delà de l'apport des télévisions partenaires, TV5 s'emploie actuellement à mettre en oeuvre les premiers maillons d'un réseau de reporters en s'appuyant sur les bureaux de RFI. Une première expérience est en cours de lancement dans trois bureaux de RFI. Il semble ainsi que l'établissement de synergies entre les deux sociétés se révèle plus difficile qu'il n'avait été envisagé. Votre rapporteur souhaite qu'un bilan soit rapidement entrepris des difficultés qui s'opposent à l'utilisation plus rationnelle, par ce biais, des moyens globaux de l'audiovisuel extérieur.

* Une plus grande sélectivité des magazines

TV5 a simplifié ses grilles de manière à permettre une meilleure lisibilité à ses téléspectateurs. Elle a procédé, en concertation avec ses chaînes partenaires, à une sélection des magazines les plus porteurs.

* Une forte visibilité pour le cinéma et la fiction

Les films de fiction, pour la plupart français, sont multidiffusés de manière à toucher les publics, selon leurs implantations géographiques, aux horaires adéquats.

Plusieurs longs métrages africains sont programmés, soit sur la grille spécifique à l'Afrique, soit sur les grilles Europe/Afrique/Asie/Orient.

* L'ouverture à la publicité

De courtes plages de publicité ont été intégrées entre les programmes (1 minute et 30 secondes maximum par écran), en concertation avec le CSA.

* L'intensification de la politique de sous-titrage en français

Destiné prioritairement aux francophiles qui ne maîtrisent pas parfaitement notre langue, le sous-titrage des diffusions de films ou fictions, et de certains magazines participe pleinement de l'activité de sensibilisation et d'information que mène TV5 en direction des enseignants. Quelque 16 000 enseignants à travers le monde se sont manifestés auprès de la chaîne pour exprimer leur volonté de s'appuyer sur les programmes de TV5 pour faciliter l'apprentissage de la langue française.

Par ailleurs, les programmes interstitiels, consacrés notamment à la mode et à la chanson, ont été lancés.

* Le sport

Dans un contexte de surenchère sur les droits sportifs, TV5 a tenté de poursuivre une politique de couverture des grands événements sportifs. Roland Garros, le Tour de France ont été présents sous forme de résumés quotidiens diffusés en deuxième partie de soirée. Pour la première fois, TV5 a pu négocier les droits de diffusion du championnat de France de Football pour la saison 1999-2000 pour les zones Orient, Asie et Amériques.

Les perspectives

Après l'impulsion nouvelle donnée à TV5 en Europe, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient en 1999, l'enjeu est aujourd'hui pour la chaîne francophone de réussir à instaurer la même dynamique sur le continent américain, où les signaux diffusés au Canada, aux Etats-Unis et en Amérique latine sont programmés sous la responsabilité de partenaires canado-québécois. Ceux-ci sont restés jusqu'ici très réticents à suivre la voie proposée et rencontrent des problèmes de management, en raison notamment de l'échec du lancement de TV5 aux Etats-Unis. La prochaine réunion des ministres francophones chargés de TV5 devrait rétablir la confiance entre Européens et Canadiens, de façon à permettre la modernisation et le développement de TV5 sur tous les continents.

Parmi les pistes explorées actuellement pour sortir de l'impasse, se trouve l'idée de découpler le signal destiné aux États-Unis et celui destiné à l'Amérique Latine, dont le financement avoisinerait 10 millions de francs et pour laquelle la France a promis de consentir un effort.

Il conviendrait de veiller à ce que la disponibilité de la France à l'égard de TV5-Amérique ne conduise pas à remettre en cause l'affectation des 25,3 millions de francs de mesures nouvelles prévus, comme il a été indiqué ci-dessus, pour l'exercice 2000, et destinés à financer quatre actions :

- achever la mise en place des serveurs numériques qui permettent de dissocier en fonction des régions couvertes les différents signaux émis par TV5 Europe (coût : 2 millions de francs) ;

- mette en place le signal France-Belgique-Suisse (coût : 12 millions de francs en location de capacités satellitaires et achats de programmes) ;

- améliorer les programmes sur les différents réseaux (coût : 9,5 millions de francs) ;

- poursuivre le sous-titrage et l'amélioration de l'information sur TV5 Amérique latine et États-Unis (coût : 1,8 million de francs).

2. CFI

Canal France International (CFI) s'est attaché en priorité à clarifier un positionnement perçu jusqu'ici comme ambigu, tant par ses partenaires étrangers que par les professionnels français du secteur. L'abandon au profit de TV5, hors l'Afrique, de toute activité de diffusion directe, et la renonciation à la fonction de vente de programmes, qui perturbait les efforts des distributeurs et producteurs français regroupés au sein de TV France International, ont été les principaux éléments de cette clarification.

En premier lieu, CFI a donc concentré ses efforts sur son activité de banque de programmes -désormais dénommée CFI-Pro- à destination des chaînes étrangères, avec le double objectif de resserrer le champ géographique de ses interventions aux pays où n'existe pas aujourd'hui une réelle perspective de marché, comme on en verra ci-dessous, et d'améliorer la qualité du service rendu (généralisation du procédé de " preview-broadcast " déjà disponible en Europe de l'Est et en Afrique, et mise en place d'un contrôle électronique des reprises par les télévisions partenaires).

Le gouvernement ayant décidé de maintenir dans l'immédiat deux chaînes publiques internationales sur l'Afrique, compte tenu des attentes du public sur ce continent, le deuxième axe stratégique de CFI a été le repositionnement de sa chaîne grand public sur l'Afrique, rebaptisée CFI-TV pour bien la dissocier de la banque de programmes professionnelle. La complémentarité avec TV5-Afrique de CFI-TV, ciblée sur les jeunes adultes urbains, et dont la grille a été fortement africanisée, a été l'un des axes de ce repositionnement.

Le troisième objectif de CFI est l'ingénierie audiovisuelle et le développement de partenariats avec le secteur privé (télévisions françaises et étrangères, et dans un premier temps, producteurs français), sans qu'il s'agisse en aucun cas pour l'opérateur public de se substituer à ces derniers ou de les concurrencer dans leurs activités commerciales. A l'instigation du ministère des affaires étrangères, CFI a ainsi ouvert en 1999 un dialogue constructif avec TVFI selon les modalités présentées ci-dessous. Dans le même sens, un partenariat est en cours avec Unifrance Films, avec l'objectif de développer la diffusion de films de cinéma en paiement à la séance par les opérateurs satellitaires étrangers.

Enfin, CFI s'est efforcé d'adapter son dispositif de diffusion satellitaire à la réalité de ses besoins propres, en développant notamment des synergies avec TV5 et certaines des chaînes françaises soutenues par le ministère des affaires étrangères dans le cadre de la politique d'appui aux bouquets satellitaires.

3. L'articulation des missions de CFI avec celles de TVFI

CFI-Pro est l'outil de mise en oeuvre du système dit de " diffusion culturelle ", qui consiste à mettre gratuitement des programmes libres de droits à la disposition des télévisions nationales de pays considérés comme non solvables. Contesté dans son concept même par les producteurs et exportateurs de programmes, ce dispositif a fait l'objet d'une réorientation destinée à favoriser l'articulation de notre politique d'aide à l'activité commerciale des producteurs.

Il convient de rappeler que le principe de la diffusion culturelle a été établi dans le cadre du monopole de la télévision publique, à une époque où les programmes français circulaient très peu sur le marché mondial des programmes. Limité aux sociétés nationales de programmes, il n'a pas été appliqué aux chaînes publiques les plus récentes (ARTE, La Cinquième), ne figure plus dans les nouvelles conventions de TF1 et de M6, et n'a jamais concerné les nombreuses chaînes privées apparues depuis 1984.

Par ailleurs, la production des émissions des deux chaînes publiques concernées a été largement externalisée : hormis l'information et quelques magazines (Bouillon de culture), la totalité des programmes de stock et une part croissante des programmes de flux sont désormais confiés à des producteurs délégués indépendants. Comme, de plus, l'apport financier de France 2 et France 3 dépasse rarement 40 % du budget de production des émissions, les deux chaînes ne sont pas en position d'exiger l'application des clauses de diffusion culturelle, jugées exorbitantes par les producteurs.

De fait, la rédaction très générale des cahiers des missions et des charges ne permet pas de définir précisément quels types de programmes sont concernés, ni dans quelle mesure ces dispositions doivent être imposées aux producteurs contractants. Dans la réalité, un très large pouvoir d'appréciation est donc laissé aux chaînes publiques, dont la fermeté a été d'autant moins grande qu'elles n'étaient pas directement en charge de l'action audiovisuelle extérieure.

Pour toutes ces raisons, la diffusion culturelle concerne donc une part de plus en plus restreinte de la production française de programmes de télévision.

Par ailleurs, la multiplication des modes de diffusion, la croissance continue des besoins en programmes qui en découle, les phénomènes de concentration dans les secteurs de la production et de la distribution, ont entraîné une dynamisation des marchés et une mobilisation des producteurs français à l'exportation dont il fallait tirer les conséquences.

Désormais, les professionnels français, grâce notamment à l'action de TVFI ont vocation à commercialiser leurs programmes dans pratiquement toutes les régions du monde.

Le principe de la diffusion culturelle doit donc désormais être strictement limité aux pays dans lesquels aucune commercialisation de programmes français n'est envisageable dans les conditions actuelles, auxquels doivent s'ajouter les quelques pays avec lesquels existe de longue date une fourniture régulière de programmes gratuits, dont l'interruption ne serait pas comprise par les partenaires.

A l'initiative du ministère des affaires étrangères, une concertation avec les partenaires professionnels concernés a donc été entreprise en 1998, en liaison avec les autres administrations concernées (CNC, SJTI, DREE). Associant CFI, TVFI, France 2, France 3 et la SEPT/ARTE, elle a porté essentiellement sur l'identification des pays considérés désormais comme solvables, ainsi que sur l'introduction de restrictions dans l'utilisation des programmes au titre de la diffusion culturelle.

Les orientations suivantes ont été retenues :

* La liste des pays concernés a été restreinte à ceux dans lesquels aucune présence commerciale des programmes français n'est envisageable à moyen terme.

* Des restrictions dans les contrats de cession à titre gratuit seront désormais introduites, précisant :

- la durée de cession, limitée à un an à compter de la première mise à disposition par CFI ;

- le nombre de passages (2 par chaîne) ;

- les versions autorisées (traduction - doublage/sous-titrage) ;

- l'exclusion de toute reprise satellitaire de la diffusion, qui doit être uniquement hertzienne ;

- la limitation, le cas échéant, aux réseaux à vocation culturelle et éducative ;

- la non exclusivité sur le territoire concerné.

* Par l'intermédiaire de TVFI, un bilan annuel des ventes dans les pays désormais exclus de la liste sera établi, de façon à vérifier que cette suppression n'a pas abouti à une disparition totale ou quasi totale des programmes français des écrans de ces pays.

Une telle évaluation est bien entendu indispensable. Votre rapporteur estime qu'il serait nécessaire de procéder parallèlement à celle du fonctionnement de CFI-Pro dans la zone de diffusion culturelle, où il semble que la réorganisation de la grille de diffusion ait produit un sentiment de frustration chez certaines télévisions partenaires du fait de la diminution optique de la quantité des programmes mis à disposition, de l'insuffisance des programmes destinés aux enfants (qui font l'objet d'une forte demande) et de la mise en valeur, par le système de " preview " des produits promotionnés par TVFI, d'une offre commerciale inaccessible ou difficilement accessible à ces partenaires. Peut-être serait-il d'ailleurs utile d'envisager, dans le cadre d'un tel bilan, la possibilité de substituer un mécanisme d'aide financière aux exportations au dispositif de mise à disposition gratuite de programmes qui ne figurent pas forcément parmi les plus attractifs.

C. L'AIDE À LA DIFFUSION SATELLITAIRE

1. Les principes

Le développement des chaînes nationales dans le cadre des bouquets numériques français ne s'est pas traduit dans la même mesure à l'étranger, malgré les conséquences favorables de l'introduction du numérique, la baisse des coûts de transport en particulier.

Les entreprises de communication nationales hésitent en effet à se lancer dans de tels projets, tant la diffusion internationale d'une chaîne française constitue encore un investissement risqué, tout particulièrement si la langue utilisée est exclusivement ou majoritairement le français.

Or, dans un contexte d'enrichissement permanent de l'offre aux téléspectateurs, la présence simultanée de plusieurs chaînes d'origine française, par delà celle de TV5, est devenue un objectif stratégique pour résister face à la multiplication des chaînes concurrentes. Dès lors, les pouvoirs publics estiment utile d'inciter les opérateurs, tant privés que publics, à être plus présents sur les principaux marchés étrangers, notamment par le biais de la diffusion satellitaire.

L'Etat a donc décidé de prendre à sa charge, plus largement que par le passé mais toujours de façon dégressive, une partie des frais de diffusion ou de " localisation " (doublage, sous-titrage) de certaines chaînes françaises désireuses de conquérir une audience internationale, à charge pour les entreprises intéressées d'acquérir les droits de diffusion.

Dans certains cas où le transport satellitaire est d'ores et déjà assuré, le ministère des affaires étrangères n'a pas exclu que cette aide puisse prendre la forme d'une contribution au paiement des droits. Craignant un effet inflationniste sur les revendications des ayants droit, alors que les recettes à attendre de ces marchés sont encore embryonnaires, le ministère hésite cependant à s'engager plus ouvertement dans une politique d'aide au paiement des droits, même sous forme de garanties de recettes, malgré une pression très forte des opérateurs et des ayants droit.

2. La mise en oeuvre

A l'automne 1998, un premier appel à projets a été lancé. Après examen par deux experts indépendants, 13,7 millions de francs ont été attribués à trois opérateurs ayant effectivement entrepris une diffusion satellitaire destinée aux publics étrangers. La chaîne musicale MCMI a reçu une aide de 7 millions de francs au titre de sa diffusion sur Eutelsat Hot Bird 1 et Asiasat 2 ; Canal Horizons s'est vu attribuer 6,4 millions de francs pour sa présence sur Eutelsat Hot Bird 1, et la chaîne thématique Planète une aide de 0,3 million de francs, dédiée à la version en polonais de son programme diffusé sur Astra.

En 1999 une procédure en deux temps a été mise en place.

Un premier appel à propositions a été organisé au printemps 1999. Il a conduit aux décisions suivantes :

* Canal Horizons : subvention de 6,9 millions de francs dont

- 2,9 millions de francs au titre du passage de l'analogique au numérique sur l'Afrique ;

- 4 millions de francs au titre de la diffusion sur le satellite Hot Bird 3 (Maghreb/Proche-Orient), dans la mesure où Canal Horizons s'est également engagé dans un processus de passage au numérique sur cette zone.

* MCM International : subvention de 9,1 millions de francs dont

- 2 millions de francs pour la diffusion de MCMI en Europe et au Maghreb ;

- 2 millions de francs pour la diffusion de Muzzik en Europe et au Maghreb ;

- 3 millions de francs pour la diffusion de MCMI en Asie ;

- 2,1 millions de francs pour la diffusion de MCMI en Amérique latine.

* Multithématiques : subvention de 5 millions de francs dont

- 2 millions de francs au titre de Planète Pologne ;

- 3 millions de francs au titre de la diffusion des chaînes éditées par Multithématiques en Allemagne, en Espagne et en Italie.

* Média Overseas : subvention de 1 million de francs au titre de l'internationalisation du bouquet Canal Satellite Antilles dans les Caraïbes, et notamment de la montée de TV5 Europe en clair sur ce bouquet.

* TPS : subvention de 2,5 millions de francs correspondant au passage de faisceau concentré (super beam) à faisceau (wide beam) d'un transpondeur du bouquet TPS, permettant une couverture dans de bonnes conditions de réception de l'ensemble de la zone Maghreb/Proche-Orient/Europe centrale et orientale.

Un second appel à projets, organisé à l'automne 1999, a donné les résultats suivants :

* Canal+ Horizons : 1 340 000 F, dont

- 300 000 F au titre du bouquet Le Sat (1999) ;

- 800 000 F au titre du bouquet Méditerranée (1999-2000) ;

- 240 000 F au titre de la commercialisation dans l'Océan Indien (1999-2000).

* MCM International : 2 500 000 F, dont

- 1 000 000 F au titre de MCM sur Hot Bird 3 (1999) ;

- 1 000 000 F au titre de Muzzik sur Hot Bird 3 (1999) ;

- 500 000 F au titre de MCM en Asie (Asiasat 2) (1999).

* Media Overseas : 1 500 000 F au titre de l'internationalisation du bouquet Canal Satellite Réunion dans l'Océan Indien, et notamment de la diffusion en clair de TV5 (1999-2000).

* Canal+ Pologne : 2 000 000 F au titre du doublage et du sous-titrage en polonais des films et programmes français diffusés sur Canal+ Pologne, Minimax et Ale Kino! (1999).

* Paris Première International : 3 000 000 F (1999-2000) au titre de la conception et du développement d'une chaîne Paris Première International, destinée à être diffusée sur l'Europe et l'Amérique Latine.

3. Le bouquet panafricain Le Sat, un cas particulier

Le marché de la télévision par satellite reste beaucoup moins développé en Afrique que sur les autres continents. Seul l'opérateur sud-africain Multichoice a démarré l'exploitation d'un bouquet satellitaire, dans un premier temps limité à l'Afrique du Sud et à l'Afrique australe.

Compte tenu des fortes attentes du public africain et de la position privilégiée que la France cherche à préserver dans cette zone, les pouvoirs publics ont choisi une approche plus volontariste que sur les autres continents. A défaut de pouvoir inciter des chaînes françaises à rejoindre des bouquets régionaux qui n'existaient pas, il a été décidé de prendre l'initiative de constituer un bouquet satellitaire francophone, dont la gestion a été confiée à un opérateur subventionné à cet effet sur fonds publics.

Après une période de lancement, au cours de laquelle ce rôle a été assumé par MCM International, le bouquet, dénommé " Le Sat " (Satellite Afrique Télévision), est géré depuis fin 1997 par Portinvest, filiale de la Sofirad, qui a bénéficié en 1998 comme en 1999 d'une subvention de 12,8 millions de francs couvrant le coût de location d'un canal numérisé sur le satellite Intelsat. Le Sat propose actuellement CFI-TV, TV5-Afrique, Canal+ Horizons, MCM Africa, Planète, Mangas et Euronews, auxquelles viennent de s'ajouter RTL9 et Festival, ainsi que plusieurs chaînes de radio.

Le Sat ne compte actuellement que 35 000 foyers abonnés (officiels ...). Le projet n'a donc pas réussi à trouver son équilibre économique.

D. RFI

1. Les orientations

Le conseil audiovisuel extérieur de la France (CAEF) du 23 novembre 1995 avait retenu la proposition du ministère des affaires étrangères de pousser la rationalisation du dispositif audiovisuel extérieur à son terme, notamment par la constitution d'un pôle regroupant les actions radiophoniques extérieures autour de RFI, auquel la SOMERA (c'est-à-dire RMC-Moyen Orient) et Radio Paris Lisbonne (RPL) seraient rattachées. Ce pôle a été constitué en novembre 1996. Depuis lors, le groupe RFI constitue l'essentiel de notre dispositif radiophonique international, et bénéficie de la quasi-totalité des crédits publics qui lui sont consacrés.

La communication du 30 avril 1998 n'ayant pas spécifiquement abordé le secteur radiophonique, la politique radiophonique extérieure de la France poursuit les orientations définies en 1995. RFI met donc en oeuvre son plan de modernisation lancé en 1996 avec l'abandon d'une partie de son dispositif ondes courtes, la mise en place de modes de diffusion alternatifs (FM, internet), et la numérisation progressive de son outil de production et de diffusion.

Par ailleurs, RFI a repris comme prévu les participations de la SOFIRAD dans Radio Paris Lisbonne (en juillet 1996) et la SOMERA (en novembre 1996), constituant ainsi le pôle radiophonique extérieur. RFI dispose donc d'outils complémentaires à son action propre : RPL complète le réseau des reprises FM de RFI en Europe, et surtout la SOMERA, du fait à la fois de son programme (RMC Moyen Orient) et de ses moyens de diffusion (centre émetteur ondes moyennes de Chypre) constitue un levier d'action considérable dans une zone stratégique où RFI était insuffisamment présente.

En ce qui concerne les objectifs assignés à RFI, le ministère des affaires étrangères a souhaité affiner et hiérarchiser la typologie des publics visés. Sans négliger la nécessité de maintenir le lien entre la France et les communautés françaises à l'étranger, il estime que les auditeurs étrangers doivent constituer la cible prioritaire de la radio internationale. A l'intérieur de cet ensemble, il convient de distinguer, entre francophones et non francophones absolus, la catégorie des francophones " émergents ", " apprenants ", voire " dormants ", d'intérêt stratégique pour la consolidation de nos positions, et à laquelle il convient de réserver une attention privilégiée.

Outre la dimension linguistique, un autre critère de classification des auditeurs est économique et sociologique. Dans le choix de nos cibles et des moyens de les atteindre (dispositifs techniques, supports linguistiques), doit intervenir une réflexion sur le pouvoir d'achat, l'implantation urbaine ou rurale, le niveau de participation aux processus décisionnels des populations visées.

L'objectif principal de RFI est ainsi de chercher à influencer les élites francophones ou francophiles : la conséquence en est la priorité accordée aux grandes langues véhiculaires mondiales, par opposition aux langues vernaculaires, dans un contexte budgétaire très contraint. Ceci n'empêche pas qu'à titre exceptionnel, il puisse être envisagé une diffusion en langue vernaculaire, afin d'élargir le public visé au delà des élites traditionnellement intéressées par RFI. Cela ne doit cependant être le cas que si le contexte politique le justifie.

2. Perspectives budgétaires

Les perspectives budgétaires de RFI pour 2000 paraissent assez favorables.

Au vu du décalage existant entre le coût des émetteurs en ondes courtes loués par TDF à RFI et le rendement de ce mode de diffusion, le ministère des affaires étrangères a imposé en 1997 la non-reconduction d'une partie des contrats, venant à échéance à la fin de 1998, entre TDF et RFI.

Ceci représentait une économie de 80 millions de francs à partir de 1999. Or les dotations de RFI ont été amputées sur cet exercice de quelque 30 millions de francs, dont 20 millions de francs en provenance du ministère des affaires étrangères et 9,2 millions de francs issus des recettes de la redevance. L'entreprise a donc conservé 50 millions de francs, consacrés à l'apurement des déficits 1997 et 1998, au rétablissement de son fonds de roulement, et à son redéploiement en FM et sur Internet.

Les 20 millions de francs récupérés sur RFI par le ministère des affaires étrangères ont été utilisés pour la modernisation de la télévision extérieure.

Cette réaffectation tendait à un léger rééquilibrage entre d'une part l'action télévisuelle extérieure, dont les crédits s'élèveront en 2000 à 661 millions de francs toutes actions confondues (le budget de TV5 s'élevant à 376,5 millions de francs), et d'autre part l'action radiophonique extérieure dont RFI, qui en est le vaisseau amiral, bénéficiera d'un budget de 745,2 millions de francs en 2000.

Le projet de budget 2000 restitue à RFI les 20 millions de francs d'économie redéployés en 1999 vers la télévision extérieure, ce qui ne va pas contribuer à un rééquilibrage qui serait sans doute conforme à l'évolution générale de la communication audiovisuelle.

Le budget 2000 de RFI devrait s'élever à 745,2 millions de francs contre 725,5 millions de francs en 1999.


Nature des recettes

Budget 1999

Budget 2000

Redevance

165,4

285,4

Subventions d'exploitation

552,0

572,0

dont subvention Ministère des affaires étrangères

432,0

452,0

remboursement des exonérations de redevance

120,0

0,0

Publicité

5,5

5,5

Produits financiers

0,0

0,0

Recettes diverses

2,3

2,3

Prélèvement sur fonds de roulement

 
 

Total

725,2

745,2


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