B. LA FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE

L'essentiel de cette fiscalité relève de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) introduite dans le budget du ministère de l'environnement en 1999 pour se substituer à cinq taxes antérieures (taxes sur les déchets ménagers, les déchets industriels, la pollution atmosphérique, le bruit, et les huiles usagées).

Versée, comme ces taxes supprimées, à l'ADEME (Agence pour le développement de l'environnement et la maîtrise de l'énergie) en 1999, la TGAP voit son assiette élargie et surtout, son affectation détournée par les dispositions de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 qui prévoit de la faire contribuer à l'allégement des cotisations patronales pesant sur les salaires. Mon collègue Philippe Adnot a très bien analysé dans le rapport qu'il a rédigé au nom de la commission des finances sur les crédits de l'environnement pour 2000, cette surprenante transformation d'une éco-taxe en impôt de rendement. Notre rapporteur, qui a toujours été réservé sur l'efficacité du principe " pollueur-payeur " ne peut que voir, dans cette évolution perverse, la confirmation de ses craintes : les écotaxes, loin d'être dissuasives, sont simplement intégrées parmi les autres coûts de revient par les producteurs, qui ne sont en rien incités à modifier leurs comportements polluants. C'est pourquoi l'extension de l'assiette de la TGAP à de nouveaux secteurs -lessives et produits adoucissants, produits antiparasitaires à usage agricole, sans compter les consommations intermédiaires d'énergie, introduites lors du débat à l'Assemblée nationale ne peut que susciter les plus vives réserves sur leur impact effectif pour réduire les comportements polluants.

C. DES CRÉATIONS D'EMPLOIS AUX EFFETS INCERTAINS

L'évolution globale des effectifs du ministère de l'environnement depuis 1993 est la suivante :


 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000 (prévision)

Effectifs totaux

2320

2330

2351

2351

2378

2412

2551

2760

Créations d'emplois par rapport à l'année précédente

40

10

21

0

0

34

139

139

Transferts d'emplois par rapport à l'année précédente

171

0

0

0

27

0

0

70

S'agissant des créations d'emplois prévues pour 2000. Elles seront réparties comme suit :

RÉPARTITION DES EFFECTIFS DU MINISTÈRE
 

1999

2000

Administration centrale

566

675

DIREN

1 210

1 246

DRIRE

775

819

DSV

0

20

Total

2 551

2 760

Source : ministère de l'environnement

Il y aura donc, l'an prochain, les créations suivantes :

- 50 emplois à l'administration centrale ;

- 36 emplois dans les directions régionales de l'environnement (DIREN) ;

- 34 emplois dans les directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE), directions dont la tâche principale consiste dans l'inspection et le contrôle des installations classées ;

- 20 emplois dans les directions des services vétérinaires (DSV).

Autant les créations d'emplois dans les services déconcentrés du ministère semblent bienvenues, car l'expérience des élus leur montre que les installations classées, qu'elles soient industrielles ou agricoles, ne font pas l'objet de contrôles suffisants, et que les directions régionales ne disposent pas des structures nécessaires pour remplir efficacement leurs missions, autant les créations d'emplois à l'administration centrale n'emportent pas l'adhésion. On constate que les effectifs globaux du ministère sont passés de 2 378 emplois en 1997 à 2 760 prévus en 2000, soit une augmentation de 382 emplois en trois ans (+16 %).

Ce rythme, atypique en lui-même durant une période où un large accord s'est fait sur la nécessité d'au moins stabiliser les effectifs des administrations centrales, est de surcroît sous-tendu, selon les termes " régaliennes ". Ce qualificatif inadapté à une fonction nouvelle et dont on peut légitimement se demander si elle relève de l'Etat, des collectivités territoriales, des acteurs privés, ou de leur association, traduit une volonté de s'instaurer comme une administration de plein exercice. Cette orientation semble à votre commission aussi dérisoire qu'inadaptée : aussi nombreux que soient les emplois créés à l'avenir au sein du ministère de l'environnement -et ce n'est pas la voie souhaitée par la commission- il ne pourra rivaliser avec les administrations en place de longue date.

Cette évolution est d'autant plus critiquable qu'elle ne permet cependant pas au ministère de répondre aux demandes de conseils et d'orientation en matière de développement durable comme le rapport l'expose plus loin.

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