Projet de loi de finances pour 2000, TOME IV - Industries agricoles et alimentaires.

DUSSAUT (Bernard)

AVIS 91-TOME IV (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES

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Table des matières




N° 91

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000

Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME IV

INDUSTRIES AGRICOLES ET ALIMENTAIRES

Par M. Bernard DUSSAUT,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1805 , 1861 à 1866 et T.A. 370 .

Sénat : 88 et 89 (annexe n° 3 ) (1999-2000).


Lois de finances.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs

L'avis de votre commission aux industries agro-alimentaires (IAA) revêt cette année une importance toute particulière. En effet, un groupe de travail consacré à ce secteur a été crée au sein de votre commission le 5 mai dernier. Ce groupe de travail a remis, il y a quelques jours, ses conclusions. Certaines d'entre elles, d'ordre budgétaire, trouveront leur traduction concrète dans les propositions que votre rapporteur pour avis effectuera lors de l'examen des crédits du ministère de l'agriculture et de la pêche consacrés aux industries agro-alimentaires.

Avant d'étudier l'évolution des dotations budgétaires de l'Etat en faveur des industries agro-alimentaires et d'énoncer les différentes propositions à caractère budgétaire du groupe de travail, votre rapporteur pour avis souhaite dresser le bilan de l'année écoulée et des derniers mois pour le premier secteur industriel français.

S'agissant de l'évolution des industries agro-alimentaires, le chiffre d'affaires de cette industrie s'est élevé en 1998 à 803 milliards de francs (122,4 milliards d'euros), soit une augmentation de +1,3% par rapport à 1997. Néanmoins, après les résultats très favorables obtenus en 1997, la situation de l'industrie agro-alimentaire apparaît globalement moins bonne en 1998, notamment en fin d'année. L'indice de la production industrielle augmente en 1998 de 1 % en volume par rapport à 1997 et reste, et ce pour la seconde année consécutive, très en dessous du taux d'activité enregistré dans l'ensemble de l'industrie hors bâtiment et génie civil (+4,5 %).

Cette croissance faible de la production a eu lieu, dans un contexte d'augmentation relative en volume de la demande interne puisque celle-ci a cru en volume de +1,5 %.

Mais c'est en fait la forte réduction des débouchés extérieurs qui caractérise l'année 1998. L'environnement international (ralentissement de l'activité mondiale avec les crises financières des pays asiatiques, sud-américains et russes, la dépréciation du dollar et la dévaluation de

nombreuses monnaies) est à l'origine d'un recul de 11,6 % -soit 7,8 milliards de francs- de l'excédent du commerce extérieur agro-alimentaire de la France qui s'est élevé à un peu moins de 60 milliards de francs. Si les exportations sont en légère baisse (-0,5 %), les importations ont augmenté de 4 %.

Par ailleurs, le secteur agro-alimentaire a créé + 1,4 % d'emplois salariés en 1998. Ce redressement est sensible dans les industries des viandes et dans le travail du grain.

Ce secteur, dont la croissance est modeste en 1998, est confronté à des enjeux essentiels.

Dans le domaine international, l'ouverture des négociations du " cycle du millénaire " à Seattle devra faire l'objet de la plus grande attention. En effet, la libéralisation des échanges ne doit pas conduire à s'affranchir des considérations d'ordre environnemental, social et sanitaire, même si celles-ci perturbent le commerce international.

Votre rapporteur pour avis souhaite que ces négociations assurent la sauvegarde du modèle européen dans le domaine tant agricole qu'alimentaire.

Sur le plan communautaire, la mise en place de la réforme de la PAC, et notamment la baisse des prix des céréales, a reçu un accueil favorable des professionnels de l'agro-alimentaire. Néanmoins, l'évolution des projets communautaires, par exemple en matière de restitutions à l'exportation, démontre, s'il en était besoin, la vigilance dont doit faire preuve le secteur.

Enfin, en France, le débat se focalise sur la qualité et la sécurité alimentaire. Le deuxième trimestre 1999 a été marqué, à cet égard, par plusieurs crises dont celle du " poulet dit à la dioxine ". Votre rapporteur pour avis insiste sur le fait, qu'en l'espèce, l'origine du problème ne s'est jamais situé dans le secteur agro-alimentaire... Malgré cela, cette crise a provoqué de nombreuses fermetures d'entreprises alimentaires qui ne sont pas parvenues à faire face à la chute d'activité. Les leçons de cette crise doivent être tirées au plus vite, non seulement par les professionnels de la filière, mais aussi par les pouvoirs publics, tant en matière de traçabilité que dans la mise en oeuvre du principe de précaution.

Sur le plan budgétaire, on observera que les concours publics en faveur des IAA représentent 0,5 % du total des dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt et qu'ils proviennent pour moitié de l'Union européenne.

Les crédits d'investissements spécifiquement consacrés aux industries agro-alimentaires -les crédits de politique industrielle- sont stables, les crédits de paiement s'élevant à 154,80 millions de francs (23,6 millions d'euros) ; les autorisations de programmes avec 150,48 millions de francs (22,94 millions d'euros) sont elles aussi stables.

Rappelons que les crédits affectés à la POA régionale se font en cohérence avec les interventions des collectivités territoriales et de l'Union européenne.

Les autorisations de programme de l'article 10 du chapitre 61-61 (part nationale de la POA) et l'article 20 du même chapitre (part régionale de la POA) sont reconduites à l'instar des crédits de paiement qui s'élèvent à 44,4 millions de francs (6,77 millions d'euros) à l'article 10 et 61,3 millions de francs (9,34 millions d'euros) à l'article 20.

En revanche, les crédits affectés aux actions de promotion diminuent de 5 millions de francs (0,76 millions d'euros). Votre rapporteur pour avis ne peut que regretter cette baisse des crédits consacrés à la SOPEXA.

Il convient, néanmoins, d'ajouter aux crédits de politique industrielle d'autres dotations du ministère qui concernent également l'agro-alimentaire. Un grand nombre de ces dotations sont en hausse, notamment celles qui financent les actions de développement de la qualité et de la sécurité des produits et de promotion. Ainsi, les crédits destinés à la sécurité et à la qualité des aliments -qui constituent une priorité budgétaire- augmentent de 19,02 millions de francs (2,9 millions d'euros ), ceux affectés à la promotion de la qualité sont stables, les dotations consacrées à l'Institut national des appellations d'origine sont portées à 76,3 millions de francs (11,63 millions d'euros).

Votre rapporteur s'interroge sur l'opportunité de la baisse de 9 % des crédits de recherche appliquée au secteur agro-alimentaire, alors même que l'effort de recherche dans le secteur est déjà très inférieur à celui des autres branches industrielles.

Des crédits d'autres ministères bénéficient également au secteur agro-alimentaire comme ceux du ministère de la recherche et pour partie ceux du ministère de l'aménagement du territoire. C'est d'ailleurs en partenariat avec le ministère de la recherche que se poursuit jusqu'en 2001 le programme national " Aliment-Qualité-Sécurité " doté de 60 millions de francs (9,15 millions d'euros).

CHAPITRE IER -

LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1998

I. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE

A. UN RÉSULTAT MITIGÉ

1. Une croissance modérée de la production

A titre liminaire, votre rapporteur pour avis rappelle que les prévisions chiffrées présentées dans le présent rapport sont en conformité avec la nouvelle base de la Comptabilité nationale (SEC 95), introduite en 1999.

Par rapport à la " base 1980 ", cette nouvelle base comporte une mise à jour de l'année de référence pour les prix constants (1995 au lieu de 1980), une réévaluation complète des grands agrégats macro-économiques à partir de sources statistiques nouvelles et enfin, une révision des concepts, désormais harmonisés au niveau européen et mieux adaptés à l'analyse économique contemporaine.

La notion " d'investissement " en comptabilité nationale est ainsi étendue à partir des investissements immatériels des entreprises. En conséquence, le niveau de l'investissement est rehaussé d'environ 6% et, compte tenu de l'importance croissante des investissements immatériels, l'évolution de l'investissement des entreprises apparaît plus dynamique.

Par ailleurs, les DOM sont intégrés dans les comptes nationaux français, ce qui augmente le PIB tout en réduisant les excédents de la balance commerciale et de la balance des paiements.

Au total, les principales conséquences des modifications comptables intervenues sont les suivantes :

- une hausse du niveau du PIB d'environ 2 % (avec pour corollaire une baisse du ratio prélèvements obligatoires/PIB) ;

- une réévaluation à la hausse (environ 2 points de PIB) de la dette publique ;

- une légère réduction des déficits publics (d'environ 0,2 points de PIB pour 1998) ;

- une augmentation de près de deux points du taux d'épargne des ménages (de 14,5% à 16,3% pour l'année 1995) ;

- une réduction très importante (de +101 milliards à -33 milliards de francs pour 1995) de la capacité de financement des entreprises (donc de leur taux d'autofinancement) ;

- enfin, une diminution des soldes de la balance commerciale (désormais calculée FAB/FAB) et, dans une moindre mesure, de la balance des paiements.


Selon les résultats de l'INSEE, l'indice de la production industrielle dans le secteur agro-alimentaire augmente en volume en 1998 de 1 % par rapport à 1997, taux inférieur à la moyenne 1990-1998 (1,7 %). Pour la seconde année consécutive, le rythme de croissance de la production dans les IAA aura été nettement inférieur à celui de l'ensemble de l'industrie (+4,5 %).

Malgré un net fléchissement fin 1998 , les volumes se sont accrus dans la plupart des grands secteurs , les industries du lait, des produits divers, des viandes et des bovins ayant réalisé les meilleurs résultats.

Après deux années difficiles, le redressement amorcé dès le second semestre 1997 s'est intensifié en 1998 (+6,8% par rapport à 1997) à la faveur principalement des filières vins, champagnes et eaux naturelles .

Le secteur travail des grains-produits amylacés a affiché une nouvelle hausse en 1998. Cette augmentation est due en grande partie aux produits amylacés tirés par de bons débouchés à l'exportation et par une demande, interne toujours active 1( * ) .

En ce qui concerne les industries laitières , on enregistre une augmentation de +2 % qu'il est néanmoins nécessaire d'examiner en fonction des différentes filières. Si les productions de crème de lait, yaourts, desserts lactés et fromages font bien l'objet d'une croissance, en revanche les productions de poudre de lait écrémé, ainsi que celles de beurre, ont baissé.

Si les industries des viandes enregistrent globalement un taux de croissance de 1 % en 1998 après une quasi stagnation en 1997, au contraire, les productions du secteur des corps gras sont en baisse (-5,7 %). Certaines filières ont souffert des retombées des crises financières des marchés russes et asiatique (viandes de volaille...).

Enfin, les autres industries alimentaires connaissent des situations très diverses. A la baisse des productions de sucre et de produits tels que la biscuiterie-biscotterie, les thés et cafés conditionnés et les pâtes alimentaires, s'oppose la croissance assez forte des fabrications de la chocolaterie-confiserie, des aliments pour enfants ou des autres produits divers recouvrant les levures, sirops de sucre, additifs et épaississants dont la demande reste bien orientée depuis plusieurs années.

CONTRIBUTION À LA CROISSANCE EN VOLUME DE LA PRODUCTION DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1998



INSEE Première n° 672 - Août 1999.

(1) Chocolat, préparations pour boissons.

2. Une augmentation de la consommation alimentaire des ménages

Prenant le relais du commerce extérieur en forte baisse, la demande intérieure a exercé une influence favorable sur la production et a contribué à la croissance en volume des IAA.

Le volume de la consommation des ménages en produits des IAA a augmenté de + 1,5 %.

Les achats ont progressé sur tous les produits, à l'exception du sucre, des huiles et corps gras, et, dans une moindre mesure, des produits du travail du grain (farines...). La plus forte croissance provient des boissons (+ 2,6 %) ; la consommation de produits laitiers a augmenté de + 2,2 %, celle de viande de + 1,6 %. Les ménages ont bu davantage de champagne (+ 4,3 %), de bière (+ 3,6 %), de vin (+ 2,9 %), mais aussi d'eaux et de boissons rafraîchissantes (+ 2,7 %) : ces bons résultats ont, en partie, été liés à la tenue de la Coupe du monde dans notre pays.

Les consommateurs de produits laitiers ont privilégié les yaourts et produits lactés frais (+ 3 %) et les fromages (+ 3 %), mais ils ont délaissé les glaces (+ 0,6 %).

La consommation des viandes, quoique pénalisée par les viandes de boucherie, a été fortement soutenue par les préparations à base de viande. La consommation de viande de volaille a maintenu sa croissance (+ 1 %).

Parmi les autres produits, les conserves de légumes et de pommes de terre (+ 0 %) ont retrouvé le chemin de la croissance, après - 0,9 % en 1997. Ont aussi augmenté les achats de préparations de jus de fruits et de légumes (+ 1,1 %) et ceux en produits de la transformation et conservation de fruits (+ 2,6 %).

La consommation à domicile de pain et pâtisserie est restée à peu près stable (+ 0,2 %), en léger ralentissement par rapport à 1997. Le pain et la pâtisserie fraîche ont maintenu leur croissance, tandis que celle des biscottes, des biscuits et des pâtisseries de conserve a baissé de - 0,5 %. La consommation de chocolats et de confiserie a augmenté de + 2,6 % en 1998. Elle progresse depuis 1993, malgré une pause en 1996.

Enfin, la consommation d'aliments pour l'enfance et diététiques s'est redressée à + 2,1 % ; elle avait ralenti jusqu'en 1997, atteignant même une baisse de - 0,5 %.

La demande intérieure en produits agro-alimentaires ne se limite pas à la consommation des ménages. Elle comprend également les consommations intermédiaires des différentes activités de restauration hors domicile (inclus dans les services aux particuliers), celles d'autres branches des IAA et celles de l'agriculture, en particulier pour l'alimentation animale. L'ensemble de ces consommations intermédiaires représente près de 30 % de la demande intérieure et croît depuis plusieurs années sensiblement plus vite que la consommation des ménages.

En particulier, la demande en produits par la restauration privée a augmenté de + 4 % en 1998. Sur l'ensemble composé par la consommation des ménages et les consommations intermédiaires des activités de restauration hors domicile, la part de ces dernières représente un peu moins de 12 %.

TAUX DE CROISSANCE ANNUEL EN VOLUME DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EN PRODUITS DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES DE 1992 À 1998

3. L'érosion des prix

L'érosion des prix à la production (- 1,3 %), qui s'est accélérée au cours de l'année 98 dans un certain nombre de filières, explique pour une part la faible augmentation du chiffre d'affaires du secteur des IAA, et ce malgré l'augmentation des volumes produits . En effet, face à la pression de la concurrence européenne et internationale, les industriels ont hésité à opérer des relèvements tarifaires ; ils ont par ailleurs répercuté sur les produits finis une grande part de la baisse générale des prix des matières premières végétales (céréales) et animales (ensemble des animaux excepté les bovins).

Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans l'industrie des viandes, touchée en particulier par la chute des cours du porc, dans les aliments pour animaux et dans le travail du grain , pour lesquels la baisse des cours des céréales s'est répercutée sur les prix. A l'opposé, les prix à la production ont augmenté dans les boissons, en particulier le champagne et les vins, les conserves et jus de fruits, et les aliments divers (chocolat, préparations pour boissons, aliments pour enfants, desserts de conserve).

Les prix à la consommation des produits agro-alimentaires ont progressé plus vite que ceux de l'ensemble des autres industries (+ 1,4 % contre + 0,9 %).

B. L'EMPLOI DANS LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES

1. Une légère progression de l'emploi dans le secteur

Avec des effectifs salariés supérieurs à 400.000 personnes, l'industrie alimentaire est le troisième secteur industriel employeur, après les industries de la mécanique et de la transformation des métaux. L'industrie alimentaire apparaît donc comme un facteur de stabilité pour l'emploi .

Après une hausse significative en 1997 de 6.000 emplois, la croissance de l'activité s'est traduite à nouveau en 1998 par une légère progression de l'emploi. Les dernières estimations de l'INSEE font état, en effet, d'une progression des effectifs salariés de 1,4 % et de + 0,5 % en prenant en compte les non salariés.

Si les mouvements de recentrage et de restructuration des entreprises ont été encore importants en 1998, l'approche de l'échéance des 35 heures pour les entreprises de plus de 20 salariés a conduit les différentes branches professionnelles (charcuterie, viandes notamment) à s'engager sur des accords d'annualisation et de réduction du temps de travail, pouvant faciliter la création d'emploi.

A l'exception des secteurs des corps gras et des boissons, qui réduisent l'emploi respectivement de 5 % et de 1 %, les autres secteurs ont augmenté leur personnel salarié, notamment celui des viandes et celui des produits laitiers. Le développement de la flexibilité de la main-d'oeuvre pour réduire les coûts se poursuit dans un environnement économique moins prévisible. Plus de neuf entreprises sur dix font face à des besoins d'ajustement de la production à la demande de manière plus ou moins aléatoire. Pour cela, elles ont recours aux techniques habituelles : les contrats à durée déterminée, les heures supplémentaires et la main-d'oeuvre intérimaire. En 1998, le volume de travail des intérimaires est de l'ordre de 30.000 équivalents -emplois temps plein, soit 15 % de plus qu'en 1997 . Plus d'un tiers de cette main-d'oeuvre travaille dans l'industrie de la viande, les autres principaux utilisateurs étant les entreprises de fromage, de chocolaterie, de pâtisserie et de transformation de fruits et légumes. Près de la moitié du volume de travail intérimaire se situe dans des entreprises de plus de 500 salariés.

EVOLUTION DE L'EMPLOI DANS LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES

2. L'aménagement et la réduction du temps de travail

Depuis le vote de la loi du 13 juin 1998, on dénombre dans le secteur la conclusion de 6 accords couvrant un effectif potentiel de plus de 250.000 salariés : il s'agit notamment de l'industrie et du commerce en gros des viandes, de la Fédération des industries charcutières, du secteur du vin, cidres et jus de fruits et de la filière du sucre.

C. LE BILAN DES ENTREPRISES DE L'INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE

1. Le résultat des entreprises du secteur

L'industrie alimentaire regroupe en 1998 4.250 entreprises. Elle est constituée de nombreuses PME, puisque 93 % d'entre elles ont moins de 200 salariés. Elle se situe au second rang en Europe par le nombre de groupes.

Le chiffre d'affaires de ce secteur dépasse les 800 milliards de francs en 1998.

LES DIFFÉRENTS SECTEURS DES IAA EN 1998

Secteurs

Chiffre d'affaires

(en Mds francs)

Evolution chiffre d'affaires 1998/1997

Nombre d'entreprises

Effectifs

Industrie des viandes

190,2

-1,9

1059

117.715

Industrie du poisson

16

-

127

11.090

Ind. Fruits et légumes

33,8

-

-

20.337

Ind. des corps gras

15,5

2,1

25

4.065

Industrie laitière

106,8

3,6

322

57.298

Trav. Grain, amylacés

25,7

-1,4

1

10.907

Fab. Alim. Animaux

51

-4,3

219

17.193

Autres ind. aliment

15,2

2

724

-

Ind. des boissons

91

3,4

-

37.978

Source : Agreste- Résultats provisoires 1998

2. Les investissements

Les investissements matériels se sont élevés en 1998 à 20 milliards de francs, soit une baisse de plus de 3,5 % par rapport à 1997.

Dans l'ensemble, les entreprises maintiennent toujours un taux d'investissement relativement bas : une entreprise agro-alimentaire sur deux investit moins de 2 % de son chiffre d'affaires. Après un redémarrage de l'investissement à un rythme de 2,4 % par an depuis trois exercices, cette nouvelle chute s'avère préoccupante.

A l'exception des secteurs des boissons et de l'industrie des viandes, des fruits et des légumes, et des aliments pour animaux, qui augmentent leurs dépenses d'investissement, le recul est général. Ainsi, l'investissement diminue dans la première transformation des viandes de boucherie en raison d'un environnement économique devenu plus difficile. Toutefois il progresse dans les entreprises de produits élaborés du secteur des viandes.

Globalement, les marges de financement sont de plus en plus consacrées aux actions commerciales et à la publicité , qui sont deux fois plus importantes que l'investissement productif. En 1998, l'investissement est surtout voué au renouvellement et à diverses mises aux normes. Ce mouvement semble renforcé par un recours de plus en plus fréquent à la sous-traitance de la production entre entreprises, qui contribuerait à une meilleure utilisation des capacités de production.

EVOLUTION DES INVESTISSEMENTS DANS L'INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Investissements matériels (mds F)

23,2

25,5

25,5

23

23

23,6

22,2

23,8

20

Evolution annuelle

-

+9,9 %

+0 %

-10 %

+0 %

+3 %

-6 %

+6,7 %

-3,61 %

Les investissements financiers, reflets de l'intensification des restructurations et des implantations à l'étranger s'élèvent pour 1998 à plus de 10 milliards de francs, soit près de la moitié du montant des investissements matériels.

Les investissements publicitaires-média représentent 10,6 milliards de francs. Rappelons que l'industrie alimentaire est le premier annonceur français.


 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Investissements publicitaires
(mds F)

7,8

8,1

8,5

9

9,1

9,9

10,2

10,4

10,6

Evolution annuelle

-

+4,5 %

+4,3 %

+0 %

+7,1 %

+8,8 %

+3,2 %

+1,9 %

+1,9 %

Les investissements de recherche et de développement se montent à plus de 2 milliards de francs. A ces dépenses d'investissements, il faut ajouter les dépenses de formation des hommes, évalués à environ 1,5 milliards de francs.

3. Le bilan des flux d'investissements étrangers en France et français à l'étranger

FLUX DES INVESTISSEMENTS DIRECTS

(en millions de francs)

INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE

1995

1996

1997

1998

Investissements

1 370

9 663

5 357

6 673

Désinvestissements

1 592

9 757

2 529

5 311

Solde

- 222

-94

2 828

1 362

 
 
 
 
 

INVESTISSEMENTS FRANÇAIS À L'ÉTRANGER

 
 
 
 

Investissements

9 364

18 002

16 771

15 086

Désinvestissements

5 252

9 393

9 181

11 614

Solde

4 112

8 609

7 590

3 472

En 1998, les investissements étrangers en France proviennent essentiellement de l'Union Européenne (5.420 millions de francs) soit plus de 80 % du total des investissements étrangers et des Etats-Unis (790 millions de francs).

En termes de stocks d'investissement, en 1997, l'industrie agricole et alimentaire comptait 5 % des investissements étrangers en France et 14 % des investissements industriels (holding exclus).

A l'inverse, les investissements français à l'étranger en 1998 demeurent à un niveau élevé bien qu'inférieur de près de 1.700 millions de francs par rapport à 1997. Ils sont essentiellement dirigés vers les pays de l'OCDE (11,3 milliards de francs) dont 8,6 dans l'Union européenne. Les Etats-Unis ont accueilli 2.755 millions de francs, l'Asie 1.309 millions de francs et l'Amérique latine 941 millions de francs. L'importance des investissements dans l'Union européenne tient en partie à la concurrence fiscale que se livrent les Etats, entraînant une délocalisation croissante de sièges de holding aux Pays-Bas et dans l'UEBL.

En termes de stocks, en 1997, l'industrie agricole et alimentaire comptait 6 % des investissements totaux étrangers en France et 16 % des investissements des secteurs industriels (holding exclus).

Pour 1998, on constate :

Pour les investissements étrangers en France :

Plusieurs opérations ont été réalisées par Danone dans sa politique de recentrage, notamment avec la cession de la Pie qui chante (confiserie) à Cadburry.

On note également les acquisitions de la Biscuiterie Nantaise et de Delacre par United Biscuits, qui détient de ce fait la deuxième place sur le marché français du biscuit, et la prise de contrôle de plusieurs PME par le groupe britannique Tomkins dans le secteur de la viennoiserie.

En outre, Smithfield Foods, leader américain de l'abattage et de la transformation de porcs, a pris le contrôle de la Société bretonne de salaisons. Par ailleurs, le groupe allemand Eckes Granini a acquis Les Vergers d'Alsace (marque REA) et devient le leader français du secteur des jus de fruits avec 17 % du marché.

Enfin, Orangina a été vendu à Coca-Cola mais, à ce jour, le Gouvernement n'a pas encore donné son accord à l'opération, le dossier étant examiné au regard des contraintes de concurrence.

Pour les investissements français à l'étranger

Danone est le principal investisseur français à l'étranger, ce qui correspond à la stratégie de redéploiement du groupe sur ses principaux métiers (produits laitiers frais, eaux minérales, biscuits, éventuellement bière), le tout en priorité en direction des " pays émergents " comme l'Asie du Sud-Est et l'Amérique latine.

Cette stratégie est suivie à une moindre échelle par les groupes Bongrain et Bel en fromages, Pernod Ricard dans les vins et spiritueux.

Par ailleurs, Besnier a acquis le producteur italien de fromage Locatelli et Yoplait a créé une joint-venture avec Valio en Finlande et, surtout, a pris le contrôle de Raines Dairy-Foods Groupe 4 ème producteur britannique de produits laitiers frais.

Dans le secteur de la viande de volaille, Doux s'est implanté au Brésil en prenant la majorité de Frangosul. L.D.C. investit en Espagne.

Dans le secteur sucrier, l'Union SDA s'est associée à l'allemand Nordzucker pour prendre le contrôle du sucrier slovaque M1K.

Dans le secteur des prémix et de l'aliment du bétail, Provimi-E.B.S. a acquis le leader du secteur aux Etats-Unis et Guyomarc'h a investi en Pologne et en Inde.

On note également parmi les opérations significatives, les investissements de Darégal en Argentine, de Bonduelle en Italie, de Flo et de Wolfberger en Chine et de E.B.S. en Hongrie.

II. L'ÉVOLUTION SECTORIELLE

Le tableau ci-après retrace l'évolution enregistrée dans chacune des branches du secteur agro-alimentaire en 1998.

La plupart des secteurs ont participé à la croissance de l'industrie agro-alimentaire française en 1998.

INDICATEURS D'ACTIVITÉ DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1998

 

PRODUCTION

CONSOMMATION

IMPORTATIONS

EXPORTATIONS

 

Variation 98/97

(%)

Milliards

de francs

Variation 98/97

(%)

Milliards

de francs

Variation 98/97

(%)

Milliards

de francs

Variation
98/97 (%)

Milliards

de francs

 

Volume

Prix

1998

Volume

Prix

1998

Volume

Prix

1988

Volume

Prix

1988

Viandes et conserves de viande

Laits et produits laitiers

Boissons et Alcools

Produit du travail du grain et aliments pour animaux

Autres IAA

Conserves

Pain et pâtisserie

Huiles et corps gras

Sucre

Autres produits alimentaires(1)

Produits à base de tabac

1

2

2,1

1,3

0,2

1

0,1

- 0,6

- 9

2,5

0,5

- 5,8

- 0,9

1,9

- 4,5

2

3,7

0,6

4,9

- 3,4

3,3

0,9

190,2

106,8

91

78,1

246,8

45,9

81,8

13,6

20,3

85,2

6,3

1,6

2,2

2,6

- 1

0,7

1,4

0,2

- 1,9

- 2,2

1,1

2,1

0,7

0,7

1,2

0,1

2

3,3

1,1

2,1

1,6

1,8

3

206,2

102,8

10,58

18,8

232,7

66,1

82,7

9

3,6

71,3

82,1

- 0,3

10,9

3,5

- 4,7

4,3

7,7

4,1

- 2,9

- 9,7

5,9

4,3

- 2,5

3,3

7,7

1,8

3,1

5,4

1,6

- 2

2,6

3,6

1,6

21,4

13,5

11,2

7,8

67,4

28,8

5,4

12,2

1,3

19,8

10,2

- 6,2

2,4

2

3,5

- 3,1

- 0,9

6,3

- 1,2

4,2

- 9,2

10,2

- 2

- 3,7

4,7

- 2,5

2,2

4,9

0,9

5,2

- 3,1

3

4

26,6

24,9

55,6

15,9

53,7

11,6

6,3

3,5

8,9

23,3

2

Ensemble des IAA hors tabac

1

- 1,4

712,8

1,4

1,2

666,2

3,4

2,4

121,4

- 0,7

1

176,7

Ensemble des IAA

1

- 1,3

719,1

1,5

1,4

748,3

3,5

2,4

131,6

- 0,6

1

178,7

Industrie manufacturière hors IAA

5,2

- 0,8

3.604,8

- 6,1

- 0,3

1.164,6

11

1

1.419,9

8,2

- 0,1

1.519,2

Source : comptes nationaux, INSEE.

(1) Chocolat, préparations pour boissons, aliments pour enfants, desserts de conserve


1 Agreste - Conjoncture - Avril 1999.



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