Projet de loi de finances pour 2000, TOME VIII - PME - COMMERCE ET ARTISANAT

ROBERT (Jean-Jacques)

AVIS 91 - TOME VIII (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES

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Table des matières




N° 91

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000

Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME VIII

PME - COMMERCE ET ARTISANAT

Par M. Jean-Jacques ROBERT,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1805 , 1861 à 1866 et T.A. 370 .

Sénat : 88 et 89 (annexe n° 13 ) (1999-2000).


Lois de finances.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Les crédits consacrés aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat pour 2000 sont maintenus au niveau adopté pour 1999. Cette reconduction d'un budget, au demeurant très modeste, s'accompagne d'une continuité dans la politique menée depuis plusieurs années.

Si ce budget permet de financer des actions utiles, notamment en matière de formation et d'aménagement du territoire, la politique en faveur des PME, du commerce et de l'artisanat ne se résume cependant pas aux crédits qui lui sont consacrés.

Le développement des PME passe avant tout par un allégement réel des charges financières et des contraintes administratives qui pèsent sur l'activité des entreprises et de leurs responsables.

A un moment où il est envisagé de procéder à une nouvelle réforme du droit de la concurrence et de la réglementation des marché publics, votre rapporteur souhaite souligner combien les entreprises souffrent de l'instabilité de la législation et de l'excès de réglementation qui caractérisent malheureusement notre pays.

On ne peut, certes, pas ignorer que la concentration croissante du secteur de la distribution renforce la capacité des grands groupes de distribution à négocier les prix de leur fournisseur. On ne peut également que regretter le comportement des grandes entreprises qui compensent la faiblesse des marges obtenues sur des appels d'offres publics par une insupportable pression sur les prix accordés aux PME sous-traitantes auxquelles elles font appel.

Ces difficultés ne peuvent cependant pas être pleinement résolues par la loi, mais par la mise en place d'un dialogue continue entre les distributeurs et les producteurs et entre les grandes entreprises et leurs sous-traitants, afin d'arriver à des liens contractuels équilibrés pour les intérêts de chacun d'entre-eux.

C'est dans cet état d'esprit que votre rapporteur pour avis a abordé l'examen du présent budget.

CHAPITRE IER -

L'ACTIVITÉ DES PME, DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT EN 1998 ET 1999

LA CRÉATION D'ENTREPRISES : UNE DIMINUTION REGRETTABLE

Les chiffres de la création d'entreprises en 1998 illustrent comme les années précédentes un recul préoccupant du nombre d'entreprises créées. La contribution de la création d'entreprises à l'emploi reste cependant importante, même si elle est variable selon le secteur .

Un recul PRÉOCCUPANT des CRÉATIONS d'entreprises

Selon un sondage de l'IFOP 7 % des Français, soit 1,2 million de personnes ont l'intention de créer une entreprise.

Force est de constater qu'ils sont malheureusement bien moins nombreux à réussir à concrétiser leur projet. En effet, seules 266.000 entreprises ont été créées, reprises ou réactivées en 1998 en France. Ce chiffre est en recul de 1,7 % par rapport à 1997.

Si l'on ne retient que les créations ex nihilo, seules 166.800 entreprises ont été créées en 1998, soit une diminution de 0,4 % par rapport à 1997. Ainsi, comme l'observe le rapport du député Eric Besson, sur la création d'entreprise, " nous avons créé en 1998, 40.000 entreprises de moins qu'en 1989 où 204.000 avaient vu le jour 1( * ) ".

ÉVOLUTION DU NOMBRE TOTAL DE CRÉATIONS-REPRISES D'ENTREPRISES

(en centaine de milliers)

1994

1995

1996

1997

1998

1993/98

1994/98

Nombre

294

284

275

271

266

-2,6 %

-9,4 %

Evolution

+7,6 %

-3,1%

-3,2 %

-1,6%

-1,7 %

 
 

Source : INSEE - APCE

Les créations ex nihilo, reprises, réactivations de 1998 représentent néanmoins 12 % des entreprises existantes, réparties de façon inégale selon les secteurs.

 

Création ex nihilo, reprises, réactivations

Parc des entreprises au 10/98

 

Nombre

En %

Nombre

En %

IAA

6 800

2,6

71 001

3

Industrie (hors IAA)

15 540

5,8

194 047

8

Construction

33 269

12,5

310 616

13

Commerce et réparation

78 090

29,3

636 272

27

Transports

9 650

3,6

92 861

4

Hôtel, café, restaurant

30 609

11,5

203 717

9

Services aux entreprises

52 073

19,5

396 798

17

Services aux ménages

40 415

15,2

450 570

19

TOTAL

266 446

100

2 355 889

100

Source : INSEE - APCE

Les entreprises créées ex nihilo, reprises ou réactivées sont très majoritairement de petite taille. La répartition de ces entreprises au démarrage, comparée au parc d'entreprises existant, par tranche de taille est, en effet, la suivante :

En pourcentage

Non connu

0 salarié

De 1 à 2 salariés

De 3 à 5 salariés

De 6 à 9 salariés

10 salariés et plus

Total

Créations ex nihilo, reprises, réactivations

1,1

75,5

16,3

4,6

1,3

1,2

100

Parc d'entreprises

 

48

27

12

6

7

100

Source :INSEE - APCE

En 1998, le nombre de nouveaux chefs d'entreprise de 1 à 5 salariés a augmenté de 20,9% comme en 1997. Au total, les 12.267 millions de salariés des entreprises existantes du secteur privé se répartissent ainsi :

Entreprises

De moins de 10 salariés

De 10 à 499 salariés

De 500 salariés et plus

Total

En %

23

48

29

100

Source : INSEE - APCE

Cette situation varie cependant beaucoup selon l'activité. Ainsi les entreprises de moins de 10 salariés sont très présentes dans les secteurs services aux ménages, hôtel-café-restaurant et bâtiment, alors que les grandes entreprises (plus de 500 salariés) sont très présentes dans l'industrie et les transports-communication.

En pourcentage

Moins de 10 salariés

De 10 à 499 salariés

500 salariés et plus

Nombre de salariés

IAA

24,5

51,5

24

582 865

Industrie (hors IAA)

8

50

42

3 626 969

Construction

36

52

12

1 171 029

Commerce et réparation

31

48

21

2 731 385

Transports

10

46,5

43,5

883 820

Hôtel, café, restaurant

45,5

36,5

18

634 947

Services aux entreprises

21

44

35

1 946 033

Services aux ménages

45,5

47

7,5

689 750

Source : INSEE - APCE

Une situation variable selon les secteurs d'activité

La comparaison entre les chiffres de la création d'entreprises selon les grands secteurs d'activité en 1998 et ceux observés en moyenne ces cinq dernières années illustre la croissance des secteurs des services aux ménages et aux entreprises au détriment de l'industrie et du commerce.

Activité

Nombre toutes créations

Evolution 1999/1997

 

1998

Moyenne 1993-1997

Toutes créations

Créations nouvelles

Services aux ménages

40 415

39 405

+2,6

+3,7

Services aux entreprises

52 073

51 000

+2,1

+2,3

Hôtel-café-restaurant

30 609

31 453

-2,7

-4,0

Industrie agro-alimentaire

6 800

7 056

-3,6

-8,4

Transports

9 650

10 182

-5,2

-6,0

Construction

33 269

35 479

-6,2

-6,2

Commerce

78 090

87 082

-10,3

-10,2

Industrie

15 540

18 103

-14,2

-13,4

Toutes activités

266 466

279 760

-4,8

-4,5

Source : INSEE - APCE

Les activités qui connaissent les plus fortes progressions sont les services. Les plus importantes en nombre d'entreprises crées sont le conseil en système informatique, la réalisation de logiciels, la restauration rapide, les activités sportives (organisation de manifestations sportives, port de plaisance, centre sportif, enseignement sportif...), les enquêtes de sécurité (gardiennage, transports de fonds,...), la formation des adultes et la formation continue, le commerce de détail électroménager, de radio, TV, disques et cassettes ainsi que les auxiliaires médicaux (infirmières, kinésithérapeutes,...).

A l'inverse, les activités qui connaissent les plus fortes régressions appartiennent aux secteurs du commerce de gros, des hôtels-cafés-restaurants, de l'industrie, et des services aux ménages et aux entreprises. Il s'agit notamment des activités dans le secteur hôtelier, dans celui de l'édition-imprimerie, de la réparation cuir et chaussure et de l'électroménager. Dans les secteurs du textile et de la chaussure, le recul de l'emploi tient pour une part aux délocalisations d'entreprises dans les pays à faibles coûts de main d'oeuvre et dans des pays proches tels que l'Italie, comme l'illustre la fermeture des usines françaises de Cacharel.

Une contribution importante à l'emploi

Les nouveaux chefs d'entreprises de la génération 1998 ont créé ou repris 206.580 emplois salariés au moment de leur installation, auxquels il faut ajouter les chefs d'entreprises eux-mêmes et les travailleurs familiaux.

Le nombre de salariés par modalité et tranche de taille est le suivant :

En nombre

1 à 2 salariés

3 à 5 salariés

6 à 9 salariés

10 à 19 salariés

20 à 49 salariés

50 salariés et plus

Total

Création ex nihilo

31 666

18 634

8 703

15 541

6 947

2 983

84 474

Réactivation

7 535

4 681

2 096

1 442

1 031

 

16 785

Création nouvelle

39 201

23 315

10 799

16 983

7 978

2 983

101 529

Reprise

17 210

21 523

14 737

12 539

15 163

24 139

105 321

TOTAL

56 411

44 838

25 536

29 522

23 141

27 122

206 580

Source : INSEE - APCE

L'essentiel des emplois générés par la création d'entreprises en 1998, comme en 1997, est lié aux emplois de chefs d'entreprises (61 %). Pour autant, la création d'emplois salariés (206 580) est élevée et pèse significativement sur l'évolution de l'emploi en France. L'Unedic estime, en effet, à environ 330.000 la progression de l'emploi salarié en 1998.

L'impact des nouvelles entreprises sur l'emploi doit donc être considéré comme majeur, ce qui devrait nous sensibiliser davantage sur les conséquences de la baisse continue, en une décennie, du nombre de créations d'entreprises. Ainsi, la Commission " financement " du Conseil national de la création d'entreprise estime dans un rapport interne de 1999 que " depuis 1991, il y a en moyenne 48.000 emplois de moins par an parmi ceux générés par la création d'entreprise ".

Il est certes difficile d'extrapoler à partir d'un tel chiffre et d'additionner des " manques à gagner ". On peut toutefois considérer qu'en une décennie, la contribution de la création d'entreprises aurait dû être de 500.000 emplois supplémentaires si la France était restée au niveau d'environ 200.000 entreprises créées par an, comme en 1989, au lieu des 160.000 actuelles.

LE COMMERCE : UNE CROISSANCE SOUTENUE

UNE AUGMENTATION sensible de l'activité

Le commerce de détail

L'évolution de l'activité

En 1998, dans un contexte économique favorable, la croissance de la consommation de 3,8% en volume a permis un essor plus soutenu de l'activité.

La croissance du chiffre d'affaires du commerce de détail a, en effet, également été de 3,8 % en volume en 1998, contre 2,2 % en 1997. Il s'agit du meilleur résultat depuis 20 ans, avec celui de 1996.

ÉVOLUTION DU CHIFFRE D'AFFAIRES EN VOLUME (EN %)

Activités

1996

1997

1998

Commerce de détail et artisanat commercial

+1,8

+2,2

+3,8

Commerce de gros (hors intermédiaires du commerce)

+2,5

+5,5

+7,6

Commerce et réparation automobile

+4,3

-4,0

+9,6

Source : INSEE - Comptes du commerce

Tous les secteurs du commerce de détail ont contribué à la croissance de l'activité :

Le marché des produits non alimentaires

Sur le marché des produits non alimentaires, l'activité des magasins spécialisés est en hausse très soutenue, amplifiant la reprise amorcée il y a trois ans : +5,7 % après +2,2 % en 1997. Les grandes et petites surfaces spécialisées détiennent, ensemble, plus de 42 % de ce marché. Elles font mieux que les hypermarchés (+4,5% sur le non alimentaire), qui possèdent 12 % de parts de marché sur ces produits.

Profitant de la progression de leur revenu, les ménages ont choisi de reprendre des achats d'équipements qu'ils avaient reportés. Au sein des commerces d'équipement du foyer, celui des produits électroménagers a bénéficié de l'engouement des ménages pour les nouveaux produits en téléphonie et micro-informatique. Avec 9,6 % de croissance du chiffre d'affaires après +5,9 % en 1997, les achats de téléviseurs et de magnétoscopes ont également été particulièrement élevés avant la Coupe du monde de football.

Le secteur de l'ameublement a augmenté fortement (+7,9 % contre -1,5 % en 1997) après sept années de croissance médiocre voire de recul. La reprise des dépenses de logement n'y est sans doute pas étrangère.

Les spécialistes de l'aménagement de l'habitat (dont le bricolage et les jardineries) et les commerces de l'ensemble parfumerie-loisirs-sports continuent de progresser à un rythme soutenu (respectivement +4,1% et +5,6%). Cette progression est, en partie, liée à l'essor des nouvelles grandes surfaces spécialisées.

Le commerce de sport a également profité pleinement des effets de la Coupe du monde, et sa croissance s'est envolée avec +8,8 %.

L'activité des pharmacies, qui s'était ralentie en 1996 et plus encore en 1997 (+0,7%), a augmenté à nouveau (+5,4 %), malgré les efforts en faveur de la maîtrise des dépenses de santé.

Pour les grands magasins et la vente par correspondance l'année a également été très bonne (respectivement +5,0 et +5,3 % de hausse). Ils ont profité de la forte consommation en biens d'équipement de la personne (produits de l'habillement, de la maroquinerie et chaussures), ainsi qu'en biens d'équipement du foyer et en parfumerie.

L'ACTIVITÉ DANS LE COMMERCE DE DÉTAIL

Formes de vente

1994

1995

1996

1997

1998

Alimentation spécialisée et artisanat commercial 2( * )

-4,2

-2,1

-3,1

-1,3

-0,4

Petites surfaces d'alimentation générale 3( * )

-6,1

-3,2

-,15

-0,1

0,8

Grandes surfaces d'alimentation générale

4,4

3,0

1,7

3,4

3,2

Grands magasins 4( * )

-5,2

-0,1

1,1

2,6

5,0

Pharmacies et commerces d'articles médicaux

0,9

4,7

2,2

0,7

5,4

Magasins non alimentaires spécialisés

-0,5

2,0

0,7

2,2

5,7

Commerce hors magasin

1,9

6,8

-0,6

-0,3

4,3

Réparation d'articles personnels et domestiques

-3,9

7,2

-4,8

-3,9

-1,3

Ensemble du commerce de détail et de l'artisanat à caractère commercial

0,8

2,2

0,7

2,0

3,8

Source : Comptes du commerce, INSEE

Le marché des produits alimentaires

L'activité des grandes surfaces alimentaires (hypermarchés, supermarchés et magasins populaires) a encore progressé cette année à un rythme soutenu : +3,2 % en volume, après +3,4 % en 1997. Sur le marché des produits alimentaires (hors tabac), la croissance des hypermarchés et des supermarchés a été de +1,9 %.

Les créations de magasins sont cependant rares. Le développement du parc des hypermarchés s'est en effet ralenti (+1,6 % en surface), un seul magasin ayant été ouvert. Les nouveaux supermarchés sont peu nombreux et portent, pour les trois quarts d'entre eux, une enseigne de maxidiscompte.

Les grandes surfaces poursuivent leur développement avec 63 % de parts de marché, loin devant les alimentations spécialisées et artisanales (18 %), les marchés (3 %) et les petites surfaces d'alimentation générale (10 % en incluant le commerce de produits surgelés).

Le marché des produits alimentaires a, par ailleurs, été confronté cette année à une multiplication des incidents mettant en cause la sécurité alimentaire. Ces incidents ont suscité une inquiétude croissante des consommateurs et une mobilisation, que l'on aurait voulue plus déterminée, des pouvoirs publics tant au niveau national qu'au niveau européen. Votre rapporteur pour avis, qui souscrit sur ce point aux analyses développées par notre collègue Mme Odette Terrade, dans son avis sur les crédits de la concurrence et la consommation, estime que les pouvoirs publics doivent tout mettre en oeuvre pour que la sécurité alimentaire soit assurée et la santé des consommateurs préservée .

L'activité des boulangeries-pâtisseries reste stable ; celle des boucheries-charcuteries, en recul de 1,6 %, n'a pas bénéficié de la reprise de la consommation de viande. Les alimentations spécialisées (fruits et légumes, produits laitiers...) se maintiennent.

Le commerce et la réparation sont en très forte hausse, 9,6 % en volume, après une diminution de 1,8 % en 1997.

Le commerce de véhicules automobiles a retrouvé en 1998 une croissance spectaculaire (+11,4 % en volume). Les quatre dernières années avaient été marquées par les effets des aides gouvernementales : hausses soutenues en 1994 et 1996, grâce à l'instauration des " prime à la casse " et " prime qualité ", repli en 1997 (-3,6 %) avec l'arrivé à échéance de la dernière mesure de soutien. Les contrecoups de ces interventions sur le marché automobile semblent passés. Les ventes de véhicules ont été particulièrement élevées au troisième trimestre, avec la sortie de nouveaux modèles à l'occasion du " Mondial de l'automobile ". Sur l'année, le nombre d'immatriculations de voitures particulières neuves a augmenté de 16 % pour les marques françaises et de 10 % pour les marques étrangères.

La croissance a aussi été soutenue pour les commerces de réparation, d'équipements automobiles et de motocycles. Après deux années médiocres, l'entretien et la réparation automobile ont amorcé une reprise et ce malgré la concurrence du commerce de détail d'équipements automobiles, comme les centres de pose de pièces détachées. Ce dernier continue à croître à un rythme élevé (+4,8 % comme en 1997).

L'activité du commerce de vente et réparation de motocycles reste très vive (+10 % comme en 1997) prolongeant ainsi la forte croissance amorcée fin 1995. Le commerce de carburants a profité de la reprise de la consommation, liée au développement du trafic routier.

L'évolution des parts de marché des différentes formes de commerce de détail

En 1998, la part de marché de l'ensemble du commerce de détail et de l'artisanat à caractère commercial représente 84,9 % des produits commercialisables, les autres ventes étant réalisées par le commerce et la réparation automobile, par les grossistes, les prestataires de services et les producteurs.

Sur l'ensemble des produits commercialisables, les grandes surfaces continuent à gagner des parts de marché ; elles ont vendu, en 1998, un tiers des produits commercialisables.

Les magasins non alimentaires spécialisés représentent un peu plus du quart des ventes.

Sur le marché des produits alimentaires, les grandes surfaces d'alimentation générale détiennent, en 1998, 63,2 % des parts de marché.

PARTS DE MARCHÉ EN 1998 (HORS VÉHICULES AUTOMOBILES)

Formes de vente

Ensemble des produits commercialisables

Produits alimentaires (hors tabac)

Produits non alimentaires

- Alimentation spécialisée et artisanat commercial

- Petites surfaces d'alimentation générale et magasins de produits surgelés


- Grandes surfaces d'alimentation générale

Supermarchés

Magasins populaires

Hypermarchés

- Grands magasins et autres magasins non alimentaires non-spécialisés

- Pharmacies et commerces d'articles médicaux


- Magasins non alimentaires spécialisés 1

- Commerce hors magasin

Vente par correspondance

Autres

8,0

3,9

33,1


13,7

0,4

18,9

1,4

6,0

28,1

4,4


2,1

2,3

18,5

9,8

63,2


28,3

0,8

34,1

0,4

0,2

0,3

3,7


0,4

3,4

0,9

19,1


6,8

0,3

12,0

2,1

9,4

43,1

5,0


3,1

1,9

Ensemble commerce de détail et artisanat

84,9

96,1

79,6

Ventes au détail du commerce automobile -2

Autres ventes au détail-3

10,2

4,9

0,6

3,3

15,7

4,7

Ensemble des ventes au détail

100

100

100

1- Y compris la réparation d'articles personnels et domestiques pour leurs ventes au détail et leurs prestations de réparation.

2- A l'exclusion des ventes et réparations de véhicules automobiles, y compris les ventes et réparations de motocycles.

3. Ventes au détail d'autres secteurs : cafés-tabac, grossistes, ventes directes de producteurs, etc.

Source : INSEE - Comptes du commerce

Cette progression reflète la croissance de la part des hypermarchés, qui représentent désormais plus de 34,1 % du total des ventes au détail de produits alimentaires.

Les parts de marché de l'ensemble des autres commerces régressent. Les commerces spécialisés et l'artisanat commercial représentent en 1998 18,5 % du marché, contre 19,8 % en 1997. Les petites surfaces d'alimentation générale détiennent 9,8 % du marché des produits alimentaires. La diminution de leur part de marché a cependant tendance à se ralentir.

Sur le marché des produits non alimentaires, les grandes surfaces détiennent 19,1 % du marché et ont progressé de 0,3 point entre 1997 et 1998. Les magasins non alimentaires spécialisés se maintiennent à environ 43,1 %. Les pharmacies détiennent 9,4 % du marché. Les ventes au détail du commerce automobile, qui comprennent à la fois les équipements automobiles et les motocycles, représentent un sixième de l'ensemble des ventes de produits non alimentaires.

La part de marché de la vente par correspondance se maintient à 2 % depuis plus de cinq ans, 60 % de l'activité étant concentrée dans le textile, les livres, les disques et les meubles.

La part de marché du téléachat reste en dessous de 1 %, avec un chiffre d'affaires de moins de 900 millions de francs.

La part de marché du commerce électronique est encore très réduite puisque celui-ci ne représente qu'un pour cent du chiffre d'affaires total de la vente par correspondance. Cette nouvelle forme de commerce progresse cependant à rythme élevé, en particulier, pour la vente de produits informatiques, de livres et de compact-disques de musique.

Le commerce de gros

Après une bonne année 1997, les ventes du commerce de gros ont affiché en 1998 une forte hausse (+7,8 % en volume), due pour moitié au commerce de biens d'équipement.

La progression du commerce de gros de biens d'équipement professionnel , de 16 % en volume, a dépassé le rythme très élevé de ces dernières années. La croissance est moindre en valeur mais reste très importante (+ 10 %). Cette forte progression a été sous-tendue par la reprise de l'investissement productif des entreprises. En ont bénéficié notamment les distributeurs en équipement pour le commerce et les services, suivis par ceux spécialisés en équipement pour la construction et pour l'industrie. En raison de la forte demande des particuliers, des entreprises et des administrations, le volume des ventes en matériel informatique s'est littéralement envolé (+ 36 %) ; la forte baisse des prix ramène cependant à 16 % la progression en valeur.

La vente des grossistes en biens de consommation non alimentaires a augmenté de 7,5 % en volume (les prix restent stables). Tous les secteurs concourent à cette amélioration, l'électroménager et la radiotélévision arrivant en tête, avec une progression de 10 %. Le volume des ventes en produits pharmaceutiques doit à la reprise de la consommation en médicaments une forte progression, de 7,7 % en volume. Le commerce de gros de biens intermédiaires a confirmé la bonne tenue de 1997, avec une progression de 1997, avec une progression de 5 % en volume. Cette progression est parallèle à celle de la construction et de la production manufacturière qu'il approvisionne en matériaux. Les ventes en gros de combustibles et carburants augmentent de 4,1 % en volume, mais baissent en valeur de 2,4 %, par suite de la chute du cours mondial des produits pétroliers.

Le commerce de gros en produits alimentaires est en hausse de 4,9 % en volume. Cette activité est stimulée par les opérations de commerce extérieur, marquées cette année par une progression des importations. Parmi les produits frais, les ventes en gros de viande et de produits de la pêche se raffermissent malgré une baisse des cours. Les grossistes en vins profitent de l'augmentation des exportations de vins de qualité.

Les ventes du commerce de gros de produits agricoles ont progressé en volume (+ 52 %) après une forte hausse en 1997. Elles ont reculé en valeur (- 3,1 %) les prix ayant diminué. Pourtant, les livraisons des producteurs de céréales aux grossistes collecteurs ont encore progressé de 9 % en volume. Mais les ventes des grossistes en céréales et aliments du bétail ont crû plus modérément en volume (+ 6 %), avec des prix en baisse.

ÉVOLUTION DE L'ACTIVITÉ DANS LE COMMERCE DE GROS
(ventes de marchandises hors taxes en volume)

TYPE DE PRODUIT

Évolution des ventes de marchandises HT en volume (en %)

 

1994

1995

1996

1997

1998

Produits agricoles bruts

- 6,3

- 0,7

4,3

7,3

5,2

Produits alimentaires

4,5

1,9

- 5,0

1,6

4,9

Biens de consommation non alimentaires

2,6

2,9

- 1,5

4,5

7,5

Biens intermédiaires non agricoles

7,8

- 1,5

2,1

3,6

4,9

Biens d'équipement professionnel

6,5

10,4

6,8

10,9

16,7

Ensemble du commerce de gros

3,8

2,7

0,8

5,3

7,8

Source : INSEE - Comptes du commerce

UNE PROGRESSION DES emplois dans le commerce

Au terme d'une année exceptionnelle, l'emploi salarié dans le commerce s'est accru de 52.800 personnes, soit une augmentation de 2,1 % entre fin 1997 et fin 1998. L'augmentation de l'emploi dans ce secteur est continue depuis 1993, mais le rythme est nettement plus fort. L'emploi salarié du commerce a retrouvé en 1998 son niveau de 1990.

De plus, la progression est élevée dans chacune des trois branches composant le commerce. Dans le commerce de gros, après deux années de stabilité, l'emploi progresse de 2,4 % (+ 21.000 emplois). Le commerce et la réparation automobile comptent 5.000 emplois supplémentaires, soit une hausse de 1,3 %, qui compense une perte en 1997. Enfin, dans le commerce de détail, la progression est de 2,1 % (+ 27.000 emplois), du même ordre qu'en 1997.

Il faut cependant noter que les années passées, cette progression de l'emploi salarié est allée de pair avec une diminution de l'emploi non salarié, qui représentait plus d'un cinquième de l'emploi de ce secteur fin 1997. Le temps partiel continue à s'étendre et concerne un salarié sur trois dans le commerce de détail, un peu plus encore dans les grandes surfaces alimentaires.

Un PHÉNOMÈNE de concentration des entreprises de distribution qui se poursuit

La recomposition du paysage de la grande distribution se poursuit sous l'effet d'opérations de rachats/fusions de grande envergure.

La recomposition du paysage commercial français des surfaces alimentaires s'est brusquement accélérée au cours de ces dernières années.

L'ouverture d'hypermarchés étant aujourd'hui limitée par les règles d'urbanisme commercial, les entreprises du secteur assurent, en effet, leur croissance à travers des opérations de rachat.

Ainsi, le 28 août 1998, Carrefour a pris le contrôle du groupe Comptoirs Modernes, dont il possédait déjà 22,8 % du capital et avec lequel il avait depuis longtemps des relations de partenariat. Cette absorption permet désormais à Carrefour d'être présent dans les secteurs des hypermarchés, supermarchés et des supérettes et de renforcer ses moyens dans la compétition internationale. Carrefour comptait fin 1998, 351 hypermarchés intégrés (dont 117 en France et 235 hors du pays d'origine) et 16 franchisés, ainsi que 548 supermarchés.).

A la suite de la tentative d'O.P.A. de Promodès, Casino s'est aussitôt attaché à conforter son indépendance en poursuivant sa croissance externe au niveau national. Après le rachat du Franprix-Leader Price, Casino a pris le contrôle du distributeur Mariault, présent dans l'Ouest, avec les enseignes Spar, Vival et Coccinelle.

Enfin la fusion de Carrefour et de Promodès intervenue au cours de l'été devrait permettre la création du numéro deux mondial de la distribution. Le nouveau groupe issu de cette fusion détiendrait, en particulier, sur le sol national, près de 33 % de la superficie des grandes surfaces. Votre rapporteur pour avis se félicite de la rapidité de cette opération, qui permet à ces opérateurs de préserver leur indépendance à l'égards des grandes entreprises internationales du secteur.

Dans le secteur non-alimentaire, les opérations de fusions/rachats ont été jusqu'à maintenant moins nombreuses.

On peut toutefois relever qu'en octobre 1998, le distributeur britannique Kingfisher, qui possède le groupe Darty, a annoncé qu'il complétait sa participation dans le groupe But. A l'issue de l'O.P.A., Kingfisher détenait 97,2 % du capital de la société. En juin 1999, après une offre publique de retrait, le groupe Kingfisher est devenu le seul actionnaire de But. Suite à l'accord conclu fin 1998, Kingfisher pourrait avoir la possibilité de lancer d'ici deux ans une OPA sur Castorama qui a intégré la filiale B&Q.

Une tendance au regroupement des centrales d'achats

Les grands distributeurs réordonnent également leurs achats, d'une part, au niveau national, par la création de centrales d'achats intégrées et d'alliances entre distributeurs, d'autre part, au niveau européen, par le développement des centrales européennes.

Dans le secteur de la distribution alimentaire Casino et Cora ont annoncé en avril 1999 la création d'Opéra, une nouvelle centrale d'achats qui regroupe l'ensemble des achats alimentaires et non-alimentaires des deux sociétés, mais qui n'implique pas de liens capitalistiques ou d'enseigne entre les groupes. Cette augmentation des volumes d'achats englobe au total un réseau de 180 hypermarchés, 1.355 supermarchés et plus de 3.200 magasins de proximité ainsi que les affiliés des deux groupes.

Après l'OPE sur les Comptoirs modernes, Carrefour a souhaité accélérer, dès cette année, l'intégration de Comptoirs Modernes, qui étaient déjà partenaires dans le domaine des achats, via la centrale Cometca et dans Carrefour Marchandises International (CMI), en fondant en une seule entité les centrales des deux groupes. Désormais, la structure Carrefour Marchandise France (CMF) a en charge les négociations tarifaires concernant les achats alimentaires et les marques propres.

L'accord d'alliance passé entre E. Leclerc et Système U en juillet 1998 vise également à un rapprochement de leurs centrales d'achats au sein d'une entité unique, " l'Union des coopérateurs indépendants européens " (Lucie). Les domaines d'activités concernés seront, dans un premier temps, la négociation commerciale et le référencement des grands fournisseurs, les produits premiers prix, les importations et la recherche de fournisseurs. Le chiffre d'affaires cumulé des deux groupes atteint environ 195 milliards de francs, correspondant à une part de marché cumulée de 21,1 % dans l'alimentaire.

A la fin de l'année 1997, l'acquisition de Prisunic par Monoprix avait également provoqué le regroupement des achats sur les deux sites de la centrale d'achat de Monoprix, Monoprix SA, à Paris, pour les produits alimentaires et à Clichy pour les produits non alimentaires. Déjà adossé à la centrale d'achat de Casino, le nouveau Groupe Monoprix est devenu la première enseigne de centre-ville avec un chiffre d'affaires de 20,59 milliards de francs en 1998.

Promodès paraît, quant à lui, miser sur la montée en puissance de ses centrales d'achat internationales. Outre sa filiale d'achats pour les produits alimentaires (CAP) et sa centrale PWT, installée à Genève, le groupe a crée, avec GIB à Bruxelles, la centrale d'achat Cabat. L'objectif du groupe étant de mettre à profit des synergies en matière d'achats et de logistique pour améliorer ses marges et de développer une politique de marques propres au niveau européen.

Dans le secteur de la distribution non-alimentaire, le processus de globalisation des achats y est, de manière générale, plus prononcé.

Le secteur du bricolage est notamment concerné par le rapprochement des centrales d'achats au niveau européen. De l'actualité la plus récente, on peut retenir que les groupes Domaxel (France), Menouquin (Belgique), Scanigros (Danemark), Cifec (Espagne) et Jernia (Norvège) ont passé, en avril 1999, des accords logistiques et financiers " pour une mise en commun des potentiels d'achats " au sein de la centrale Hardware Alliance.

Un mouvement de concentration qui modifie l'équilibre des relations commerciales

Les opérations de concentration observées cette année contribuent à accroître le pouvoir de la grande distribution face à leurs fournisseurs.

Les différents sondages montrent que cette situation est vécue avec appréhension par les PME, qui constituent 95 % des fournisseurs des grandes et moyennes surfaces. Ces PME craignent que la concentration croissante des entreprises de distribution comme des producteurs ne favorise les grands groupes. On peut déjà constater que les groupes sont déjà très largement représentés dans la distribution. S'ils ne représentent que 5 % des fournisseurs, les groupes fournissent 46 % des produits et 60 % des références. Cette situation explique que les PME ne représentent que 15 % de parts de marché dans l'approvisionnement des grandes et moyennes surfaces.

Dans ce contexte, la concentration des grands groupes de la distribution devrait encore accroître leurs capacités à négocier de fortes remises sur les produits des PME.

Des stratégies d'internationalisation des distributeurs français

La conquête de nouvelles parts de marché et la recherche d'effets de taille ont conduit les distributeurs français à accroître leur implantation à l'étranger.

Auchan s'est associé avec le groupe Ifil, propriétaire de La Rinascente, premier groupe de distribution en Italie, avec 25 hypermarchés Citta Mercato et 148 supermarchés SMA. Le groupe réalise 20 % de son chiffre d'affaires à l'étranger.

A l'international, Carrefour est en phase d'expansion continue, en particulier sur des marchés émergents qui ont un potentiel de développement. Le groupe entend " tirer " à la hausse les ventes de ses supermarchés en Espagne, via l'acquisition de Comptoirs modernes.

En Allemagne, Intermarché s'est allié à Spar Handels, filiale du groupement qui détient 75 % de la holding Intercontessa.

Au cours des deux ou trois dernières années, le groupe Promodès a également multiplié les rachats : en Espagne avec la société espagnole Simago, au Portugal avec l'acquisition de Minipreço ou encore en Belgique avec la prise de participation de 27,5 % dans le capital de GB.

Ces rachats d'entreprises à l'étranger ainsi que les investissements directs des distributeurs français hors du territoire national constituent un atout tant pour les distributeurs que pour leurs fournisseurs. Il faut, en effet, se féliciter de la façon dont l'internationalisation de la grande distribution participe aussi au développement des exportations de nos PME en leur assurant un circuit de distribution sur les marchés étrangers.

L'ARTISANAT : UN SECTEUR DYNAMIQUE OÙ LA CROISSANCE DE L'EMPLOI N'EST PAS ACQUISE

la place de l'artisanat dans l'ÉCONOMIE française

Selon les dernières statistiques disponibles, le secteur de l'artisanat représente environ 30 % des entreprises françaises en activité en dehors de l'agriculture, 5,8 % de la valeur ajoutée des branches marchandes de l'économie et emploie 10,3 % de la population active. Au 1 er janvier 1997, on recensait 823.000 entreprises artisanales inscrites au Répertoire des Métiers, dont 794.000 en France métropolitaine.

Ces entreprises exercent leur activité dans des secteurs très variés que l'on a coutume de regrouper en quatre grands groupes :

- l'artisanat du bâtiment, qui représente 36 % des inscrits au répertoire ;

- les services (réparation, coiffure, taxi...) : 31 %;

- l'artisanat de production : 19 %;

- l'alimentation (boucherie, boulangerie...) : 14 %

RÉPARTITION DES ENTREPRISES SELON LEUR ACTIVITÉ

Ces entreprises sont très majoritairement des entreprises individuelles ; on observe, toutefois, une baisse du nombre des propriétaires exploitants au profit des sociétés. Celles-ci, qui représentaient seulement 7 % des inscrits en 1980, en constituent près de 30 % en 1997. Cette évolution résulterait tant des transformations d'entreprises individuelles en sociétés que du désir des nouveaux entrepreneurs de se constituer en société.

un secteur où la progression de l'emploi n'est pas acquise

D'après les dernières évaluations de l'UNEDIC, l'artisanat emploierait 1.423.000 salariés début 1998, contre 1.416.000 au 1 er janvier 1997.

Après une baisse de 0,2 % en 1995 et de 0,4 % en 1996, l'année 1997 a marqué une nette remontée de l'emploi salarié dans les établissements artisanaux avec un gain de 6 600 emplois (soit +0,5 %) et retrouve presque le niveau de 1994.

A l'opposé, l'emploi dans les établissements de taille supérieure à 15 salariés du même champ d'activité que l'artisanat continue à fléchir.

Mis à part les établissements n'ayant qu'un salarié et, dans une moindre mesure, ceux de 11 à 15 salariés, la hausse concerne toutes les tailles. Les établissements de 6 à 10 salariés sont les premiers bénéficiaires de la reprise de l'emploi puisqu'ils gagnent à eux seuls en 1997, 5.340 salariés (+1%). Seul l'artisanat de production continue de perdre des emplois dans le textile-habillement, le bois-ameublement et les autres fabrications.

Le secteur des services dont les effectifs n'ont pas cessé de croître depuis plusieurs années confirme son dynamisme avec un gain de plus de 5.000 emplois salariés.

La baisse observée depuis quelques années dans l'alimentation est stoppée, malgré la baisse du secteur viande et poisson.

Enfin, le nombre de salariés du bâtiment remonte et dépasse son niveau de 1992 et 1994.

EFFECTIF ARTISANAL DES SALARIÉS

 

1993

1994

1995

1996

1997

0 Alimentation

193 004

191 390

189 745

189 251

190 403

1 Travail des métaux

148 818

148 913

149 144

148 258

148 645

2 Textile, cuir et habillement

50 269

49 374

47 018

45 571

44 643

3. Bois et ameublement

44 984

44 314

43 053

42 369

41 627

4 Autres fabrications

190 882

189 850

188 432

186 924

184 194

5 Bâtiment

483 171

493 773

493 163

489 685

494 046

6 Réparation, transport, autres services

299 759

307 622

311 302

314 546

319 684

Ensemble

1 410 887

1 425 236

1 421 857

1 416 604

1 423 242

Si l'emploi salarié est assez bien mesuré pour les établissements dont l'activité principale exercée est artisanale, ce n'est pas le cas de l'emploi non salarié qui, dans l'artisanat comme dans l'ensemble de l'économie, reste assez mal quantifié.

Le Répertoire informatique des métiers (RIM) dénombre les chefs d'entreprises individuelles et leurs conjoints-collaborateurs. Cependant, les artisans sont de plus en plus fréquemment salariés tout en étant chefs d'entreprise, tandis que beaucoup de conjoints n'ont pas le statut juridique de conjoints-collaborateurs et donc ne sont pas reconnus au RIM, pas plus que les aides familiaux.

L'emploi non salarié est donc estimé de manière indirecte chaque année en utilisant les résultats des différentes enquêtes annuelles d'entreprises (agro-alimentaire, industrie, bâtiment, commerce, services, transports). Au total, la population occupée dans l'artisanat représenterait environ 10 % de la population active occupée de l'ensemble de l'économie. La part de l'artisanat dans l'économie française, exprimée en emplois, varie selon les secteurs. Ainsi dans la construction, les salariés et non-salariés de l'artisanat représentent plus de la moitié de l'emploi du secteur. L'artisanat de production représenterait 16,5 % de l'emploi du secteur industriel. Dans l'alimentation, le commerce et les services, l'artisanat partiellement représenté ne concerne qu'environ 10 à 11 % de l'emploi de ces secteurs. Enfin certains secteurs (énergie, assurances, télécommunications...) ne se retrouvent pas dans le champ de l'artisanat.

D'après les estimations, les artisans non salariés (chefs d'entreprises individuelles, conjoints et membres de la famille participant à l'entreprise) représentent 473.000 personnes, soit environ 32 % de emplois dans l'artisanat.

CHAPITRE II -

LA POLITIQUE EN FAVEUR DES PME,
DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT

La politique menée en faveur des PME, du commerce et de l'artisanat a connu cette année quelques évolutions positives. Certains dossiers suscitent cependant des interrogations. D'autres constituent, pour votre commission, des motifs de contrariété.

LES ÉVOLUTIONS FAVORABLES

Certaines dispositions fiscales en faveur des entreprises et des particuliers, la prise en compte de l'aménagement du territoire dans la politique de soutien au commerce et à l'artisanat et les interventions de la banque de développement des PME sont des motifs de satisfaction.

Les dispositions fiscales

Certaines dispositions fiscales du projet de loi de finances pour 2000 méritent d'être soulignées.

Dans le secteur du logement, on peut se féliciter de la baisse de TVA sur les travaux.

Le Gouvernement propose, en effet, de baisser de quinze points, dès le 15 septembre 1999 et jusqu'au 31 décembre 2002, le taux de la TVA applicable aux travaux immobiliers portant sur les logements.

Anticipée au 15 septembre, la baisse de 20,6 % à 5,5 %, qui représente près de 20 milliards de francs, concernera l'ensemble des travaux d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien portant sur des locaux d'habitation achevés depuis plus de deux ans. Elle comprendra les résidences principales, les biens donnés en location et les résidences secondaires. En revanche, conformément à son objectif d'amélioration du parc des logements, le taux réduit ne s'appliquera pas aux travaux de construction ou de reconstruction d'immeubles ni à la fourniture de gros équipements.

Cette baisse de la TVA devrait permettre à tous les ménages et plus particulièrement aux ménages non imposables de bénéficier immédiatement d'allégements fiscaux. Ce mécanisme devrait être simple d'application : les contribuables remettront à l'entrepreneur une attestation certifiant que les travaux demandés portent sur des locaux d'habitation achevés depuis plus de deux ans. L'entrepreneur facturera distinctement les prestations rendues au taux réduit et les équipements fournis au taux normal. Ce dispositif s'appliquera aux dépenses payées à compter du 15 septembre 1999.

L'application de ce taux réduit de TVA devrait rendre nécessaire un aménagement des dispositifs existant actuellement en matière d'impôt sur le revenu (réduction d'impôt pour dépenses de gros travaux et crédit d'impôt entretien) concernant l'habitation principale :

- l'actuelle réduction d'impôt serait transformée en un crédit d'impôt pour dépenses d'acquisition des gros équipements fournis dans le cadre de travaux d'installation ou de remplacement total ou partiel du système de chauffage ou des ascenseurs lorsque ces travaux sont réalisés dans l'habitation principale ; ce crédit d'impôt serait égal à 15 % du montant des équipements dans la limite d'un plafond pluriannuel, couvrant la période du 15 septembre 1999 au 31 décembre 2002 ;

- le taux du crédit d'impôt pour dépenses d'entretien de l'habitation principale serait ramené de 20 % à 5 %.

Cette mesure devrait avoir un impact sur le comportement des ménages et sur les créations d'emplois. Ce sont, en effet, au moins 10 millions de ménages qui réalisent chaque année des travaux dans leur logement.

Cette réforme sera accompagnée d'un plan d'appui à la formation et de promotion des métiers du bâtiment, en cours d'élaboration, qui devrait permettre de répondre aux besoins des entreprises du secteur en main d'oeuvre qualifiée. Par ailleurs, l'Observatoire du bâtiment et des travaux publics, créé en 1994 à l'initiative du Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement et des professionnels, sera renforcé afin de mesurer les effets de cette réforme sur la croissance de l'activité dans le secteur du bâtiment, la diminution du travail au noir, la création d'emplois et l'évolution des prix.

Cette mesure devrait, en outre, être accompagnée d'une nouvelle baisse des taxes sur les ventes de logement et de la suppression du droit de bail par les locataires.

Depuis la suppression de la taxe régionale de 1,6 % opérée par la loi de finances pour 1999, les acquisitions d'immeubles d'habitation sont assujetties à des droits de mutation qui s'établissent en moyenne à 6 % (droit départemental compris entre 4,20 % et 5 % et taxe communale de 1,20 %). Cette imposition est supérieure à celle applicable dans d'autres pays développés (3,5 % en Allemagne, de 0 à 3 % au Royaume-Uni, de 0,4 % à 1,4 % aux Etats-Unis). Elle est également supérieure à celle supportée par les acquisitions professionnelles et d'immeubles non bâtis, qui sont taxées à 4,80 %. Il est proposé de réduire à nouveau le tarif des droits dus pour l'acquisition d'un immeuble d'habitation, en l'unifiant avec celui exigible à raison des acquisitions d'immeubles professionnels. Globalement, le taux des droits de mutation à titre onéreux sur les immeubles d'habitation s'établirait ainsi à 4,80 % .

Quant à la suppression du droit de bail, elle concerne toutes les locations d'immeubles ou de fonds de commerce, sauf celles qui sont assujetties à la TVA ou qui ne dépassent pas 12.000 francs par an. Actuellement, son taux est de 2,5 %. Cette taxe est donc directement mise à la charge du locataire qui la voit apparaître sur sa quittance de loyer. La taxe additionnelle au droit de bail, qui est due sur les loyers des immeubles de plus de quinze ans et qui se monte également à 2,5 %, reste, quant à elle, à la charge du propriétaire-bailleur.

Afin d'alléger les charges des locataires, il est proposé de supprimer le droit de bail en deux ans. Pour les locataires payant moins de 30.000 francs de loyer annuel, soit un loyer mensuel de 2.500 francs, le droit de bail serait supprimé dès le 1 er janvier 2000. Pour les autres locataires, la suppression interviendrait à compter du 1 er janvier 2001. Cette suppression du droit de bail procurerait un allégement de charges substantiel pour les locataires : il s'élèverait à terme à 7,15 milliards de francs. Cette réforme bénéficiera dès 2000, première année de son application, à près de 80 % des locataires, et plus de 90% des locataires d'HLM.

En matière de création d'entreprise, il faut noter également la suppression des taxes sur la création d'entreprises .

Actuellement, l'entrepreneur individuel qui souhaite créer une société doit faire face à différents frais. Ainsi, à titre d'exemple, les frais administratifs obligatoires, hors honoraires éventuels d'un conseil, qui sont actuellement exigibles pour la constitution d'une SARL au capital de 50.000 francs s'élèvent à 4.200 francs environ et se décomposent ainsi :

- droit fixe de 1.500 francs pour les apports quelle que soit la nature des biens apportés et la qualité de l'apporteur et de la société bénéficiaire de l'apport ;

- publication d'une annonce légale ;

- inscription à la chambre de commerce et d'industrie, enregistrement au greffe du tribunal de commerce et paraphe des livres obligatoires.

Seul, le droit fixe de 1.500 francs est perçu au profit de l'Etat, les autres frais bénéficiant à d'autres organismes privés, ou aux chambres de commerce et d'industrie. Il est proposé d'exonérer du droit fixe de 1.500 francs les apports effectués lors de la constitution de sociétés. Cette exonération diminuerait le coût de la création d'entreprises sous forme sociale. 140.000 sociétés sont créées annuellement et vont donc bénéficier de cette mesure. Le coût serait de 200 millions de francs en 2000.

Dans le secteur du commerce, le projet de loi de finances propose une baisse des droits de mutation sur les fonds de commerce et les cessions de clientèles.

Les cessions de fonds de commerce sont soumises à un droit d'enregistrement perçu au profit de l'Etat et aux taxes additionnelles départementales et communales.

Cette taxation applicable à la généralité des fonds de commerce s'effectue selon le barème suivant :


Fraction de la valeur taxable

Etat

Département

Commune

Cumul

n'excédant pas 150.000 francs

0

0

0

0

comprise entre 150.000 francs et 700.000 francs

6,00

0,60

0,40

7,00

supérieure à 700.000 francs

9,00

1,40

1,00

11,40

Il existe également des régimes dérogatoires en faveur de la mutation de certains fonds ne représentant toutefois qu'une part infime (de l'ordre de 2 %) de la totalité des droits d'enregistrement perçus au titre des ventes de fonds de commerce.

Par ailleurs, les apports purs et simples de fonds de commerce à une personne morale passible de l'impôt sur les sociétés par une personne non soumise à cet impôt sont soumis à un droit de 8,60 % perçu au profit de l'Etat, auquel s'ajoutent les taxes départementale et communale.

Afin de favoriser la mobilité économique et de rapprocher nos taux d'imposition de ceux pratiqués dans les autres Etats européens, il est proposé de baisser de façon significative les droits de mutation à titre onéreux sur les fonds de commerce, les clientèles et les conventions assimilées.

Le taux marginal d'imposition des cessions de fonds de commerce serait réduit de 11,40 % à 4,80 %. Outre l'allégement fiscal qu'elle procurerait, cette mesure permettrait de progresser dans la voie d'une harmonisation des régimes d'imposition applicables, respectivement, aux cessions de fonds de commerce, de parts sociales de sociétés dont le capital n'est pas divisé en actions et de participations détenues dans des sociétés non cotées à prépondérance immobilière. En effet, le taux marginal d'imposition des cessions de fonds de commerce serait alors identique aux tarifs applicables aux cessions de parts sociales et de participations dans des sociétés à prépondérance immobilière, soit 4,80 %. Cette réforme n'affecterait pas les finances des collectivités locales, puisque seul le droit perçu par l'Etat serait concerné par cette baisse.

Enfin, il faut souligner la suppression de l'imposition forfaitaire annuelle pour les personnes morales passibles de l'impôt sur les sociétés dont le chiffre d'affaires est inférieur à 500.000 francs .

Actuellement, les personnes morales passibles de l'impôt sur les sociétés sont redevables de l'imposition forfaitaire annuelle (IFA). Cette imposition vise à assurer une participation minimale de toutes les sociétés à la couverture des dépenses publiques.

Le tarif de l'IFA est fixé comme suit :


Chiffre d'affaires annuel hors taxes

Montant de l'IFA

< 1.000.000 francs

5 000 F

1.000.000 F CA < 2.000.000 F

7 500 F

2.000.000 F CA < 5.000.000 F

10 500 F

5.000.000 F CA < 10.000.000 F

14 500 F

10.000.000 F CA < 50.000.000 F

25 000 F

50.000.000 F CA < 100.000.000 F

100 000 F

100.000.000 F CA > 500.000.000 F

125 000 F

CA > 500.000.000 F

200 000 F

Afin d'aider les PME, il est proposé de supprimer l'IFA de 5.000 francs pour les personnes morales passibles de l'impôt sur les sociétés dont le chiffre d'affaires est inférieur à 500.000 francs. Cette mesure serait favorable aux petites structures économiques privées et publiques (sociétés anonymes, SARL, associations, fondations, congrégations, établissements publics, régies des collectivités locales,...) et à toute entreprise nouvelle dont le chiffre d'affaires n'a pas encore atteint 500.000 francs et qui ne réalise pas de bénéfice. Il s'agirait également d'une mesure de simplification administrative car les formalités annuelles de déclaration et de paiement des organismes concernés seraient supprimées. 180.000 entreprises sont concernées. Cette disposition entrerait en vigueur à compter des impositions dues en 2000.

La prise en compte de l'AMENAGEMENT du territoire dans la politique de soutien AUX PME, au commerce et a l'artisanat

La volonté d'assurer une meilleure prise en compte de l'aménagement du territoire dans la politique de soutien au commerce et à l'artisanat a conduit l'Etat à mettre en place, dans le cadre du Fonds d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce (FISAC), des opérations pour les zones rurale et urbaines.

Votre commission se félicite de ce que le Gouvernement ait maintenu ces opérations qui aident à la politique d'aménagement du territoire.

Les opérations de revitalisation du commerce et de l'artisanat dans les zones rurales

Compte tenu des perspectives d'évolution démographique et économique des zones rurales et de montagne, l'Etat mène depuis de nombreuses années, dans ces zones, une politique volontariste de soutien aux activités commerciales. Lancée dès 1976, cette politique a connu depuis d'importants développements, notamment à partir de 1988, avec la mise en oeuvre d'opérations concertées de restructuration et de revitalisation du tissu commercial (O.R.A.C.) et d'actions " transmission-reprise ".

L'axe central de cette politique est le maintien ou de création d'équipements commerciaux de proximité. Ces opérations, réalisées avec l'aide financière du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat, ont fait l'objet d'une enquête confiée à l'Inspection Générale de l'Industrie et du Commerce qui a mis en évidence un taux exceptionnel de pérennité des commerces ainsi créés. Le même constat a été effectué lors d'une enquête récente par la mission d'évaluation mise en place à la Direction du Commerce Intérieur. Le bilan dressé à cette occasion est largement positif. Plus d'un millier et demi de commerces ruraux ont été financés à ce jour, soit sur ses crédits budgétaires, soit dans le cadre du Fonds d'intervention pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce (FISAC).

Les lancements successifs des opérations " Renouveau Campagnes " et " 1000 Villages de France " ont relancé l'intérêt des petites communes rurales pour cette procédure d'aide au dernier commerce qui s'est étendue à un certain nombre d'activités artisanales et de services.

L'opération " 1000 villages de France " est venue en effet donner une nouvelle dimension à la politique d'aide au dernier commerce. Tirant les enseignements des diverses expériences menées, son objectif, au delà du maintien ou de la création d'un commerce de produits de base dans la commune, a été de :

- mettre à disposition de la population des services minimaux, tant publics que privés, permettant de satisfaire ses besoins les plus élémentaires,

- favoriser des activités artisanales,

- favoriser la réhabilitation et l'accès aux logements en milieu rural et de redynamiser la vie associative et culturelle.

L'opération "1.000 Villages de France" a permis également de financer l'achat par des collectivités ou des particuliers de véhicules de tournée, particulièrement utiles en zone de montagne.

Ainsi, ce sont 43 millions de francs de subventions qui ont été attribués en 1998, et 19 millions de francs au premier semestre 1999, aux bénéficiaires de l'opération "1000 villages de France", par l'intermédiaire du FISAC.

A ces actions se sont ajoutées des opérations de restructuration commerciale et artisanale des centres bourgs, consistant essentiellement dans le regroupement de commerces et l'amélioration de la signalétique et de l'accès des consommateurs. Le FISAC y a contribué à hauteur de 10,6 millions de francs en 1998 et de 3,2 millions de francs au premier semestre 1999.

Enfin, le FISAC a accordé des aides à la mise aux normes électriques et sanitaires des marchés ruraux dans le cadre des opérations " Halles et marchés ". La contribution du FISAC s'est élevée à 7 millions de francs pour 1998 et 3 millions de francs pour le premier semestre 1999.

Depuis la circulaire du 21 juin 1999, toutes ces opérations sont désormais regroupées au sein de la catégorie " Opérations Rurales ".

Votre rapporteur pour avis souligne que ces mesures spécifiques doivent être accompagnées par la prise en compte des difficultés des commerces des zones rurales dans l'ensemble des politiques publiques qui les concernent.

Il fait observer, à titre d'exemple, que l'interdiction faite aux gérants de reprendre la gestion de débits de tabacs sans en être propriétaire favorise la disparition de ces commerces qui jouent un rôle économique et social essentiel dans les petites communes rurales. Il souhaite, dans cette perspective, un assouplissement des dispositions réglementaires imposant aux débitants de tabac d'être propriétaire de leurs commerces.

Les mesures destinées à rétablir les activités commerciales et artisanales dans les zones urbaines

Les opérations " Centre 2000 " et " Coeur de pays "

Parallèlement à la modernisation des règles d'urbanisme commercial, les pouvoirs publics ont souhaité depuis de nombreuse années soutenir le commerce, l'artisanat et les services dans le centre des villes. Ces activités constituent en effet l'un des maillons essentiels du lien social et des échanges, qui sont une des raisons d'être d'une cité.

L'Etat soutient ainsi financièrement les efforts de nombreuses communes dans ce domaine, grâce au FISAC (Fonds d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce) qui intervient dans les opérations " Coeur de Pays " et " Centre 2000 ". Il s'agit là d'actions destinées à permettre aux commerçants et aux artisans de se moderniser et de s'adapter à l'évolution des besoins des consommateurs en centre-ville.

Les problèmes que rencontrent les centres-villes concernent également l'habitat, la desserte des magasins, la circulation et le stationnement. Leur solution ne repose donc pas sur un partenaire unique. Aussi est-il souhaitable que les municipalités et les différents acteurs mettent sur pied des partenariats qui réunissent commerçants indépendants, commerce de proximité et grande distribution, mais aussi promoteurs, urbanistes et banquiers.

Dans cette perspective, le Gouvernement a lancé, il y a deux ans, une expérimentation sur 17 villes-pilotes, de grande ou de moyenne importance : Amiens, Bergerac, Bordeaux, Châlons-sur-Saône, Châteauroux, Châtellerault, La Ciotat, Laval, Le Havre, Lille, Longwy, Marseille, Meaux, Nevers, Orléans, Poitiers et Rouen. Une convention a été passée, au niveau national, entre l'Etat et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), pour aider ces villes à mettre en place des projets qui permettent de coordonner :

- le soutien du FISAC au commerce et à l'artisanat ;

- des actions de réhabilitation de logements, en particulier des Opérations Programmées d'Amélioration de l'Habitat (OPAH) ;

- les investissements d'opérateurs financiers publics, tels que la CDC, dans des infrastructures (parkings, voirie, transports, mobilier urbain, signalétique), mais aussi dans des opérations immobilières (achat, réhabilitation d'espaces vacants) ou de gestion urbaine (sécurité, propreté).

Cette convention nationale a été déclinée sur chacun des sites retenus, avec la signature d'une convention locale par le maire, le directeur général de la CDC et le préfet. Chaque ville dispose d'une enveloppe globale, pour l'aider à financer les études nécessaires à l'élaboration de son programme, ainsi qu'à la conduite des opérations.

Un comité de pilotage, qui réunit la municipalité, la CDC, l'Etat, les organisations consulaires et les associations de commerçants et d'artisans, définit les actions à mener et les soumet au comité national d'engagement commun CDC/Etat, qui décide de l'octroi des subventions, opération par opération. A ce jour, plus de 6 milliards de francs ont été attribués à 16 villes.

Les villes retenues ont été choisies en fonction de l'existence d'une forte volonté politique locale, indispensable à la réussite d'une telle opération, mais aussi en raison de la présence d'opportunités d'investissement intéressantes pour des enseignes commerciales, qui servent de " locomotives " au commerce en centre-ville.

A titre d'exemple, a été co-financée à Poitiers une étude sur les logements en centre-ville, avec la perspective d'essayer d'en modifier le profil des occupants en y faisant revenir des familles. Au Havre est envisagée, entre autres opérations, la mise en place d'un gestionnaire de centre-ville, chargé de susciter, coordonner et valoriser les initiatives en matière d'amélioration du cadre de vie. A Nevers, il s'agit de l'aménagement d'une place et de la requalification de deux marchés.

Afin d'alimenter la réflexion des collectivités et des responsables économiques locaux, le secrétariat d'Etat aux Petites et Moyennes Entreprises, au Commerce et à l'Artisanat envisage un fonctionnement en réseau de ces sites expérimentaux, pour faire bénéficier toutes les villes intéressées des expériences réussies, ou pour tirer les leçons des échecs éventuels.

L'établissement public d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA)

L'Etablissement Public National d'Aménagement et de Restructuration des Espaces Commerciaux et Artisanaux (EPARECA) a été créé par la loi 96-987 du 14 novembre 1996, relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville.

Son objectif, un peu analogue à celui d'une SAFER en agriculture, est de restructurer des espaces commerciaux et artisanaux dans des zones urbaines sensibles (friches commerciales, pieds d'immeubles, centres commerciaux), afin de les moderniser pour les revendre ou les louer à des commerçants ou à des artisans.

Pour remplir sa mission, l'EPARECA a été doté à la fin de l'année 1998 de 130 millions de francs, prélevés sur l'excédent financier du produit de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat dite " taxe sur les grandes surfaces " qui alimente le FISAC. Il peut également emprunter, dans la limite de 130 millions. Ses autres produits de gestion seront ceux provenant de la vente ou la location des murs et des fonds.

Le décret du 12 février 1997 a précisé les modalités de gestion de l'EPARECA. Il s'agit d'un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de l'autonomie financière. Il est administré par un conseil d'administration composé de dix membres représentant l'Etat et de dix autres membres parmi lesquels deux parlementaires, deux maires, deux personnalités qualifiées, un représentant du secteur associatif et trois représentants des milieux professionnels du commerce et de l'artisanat.

Les critères d'intervention de l'EPARECA sont les suivants :

- le site doit se trouver en zone urbaine sensible, et donc appartenir à l'un des périmètres prioritaires de la politique de la ville ;

- le quartier concerné doit faire l'objet d'une démarche globale de revitalisation, dans laquelle la collectivité locale est fortement engagée ;

- une concertation, engagée au préalable avec les habitants et les associations, doit avoir fait émerger les besoins de la population locale en matière de services et de commerces, et le projet de réhabilitation proposé a obtenu l'adhésion des commerçants et des artisans ;

- l'intervention sur le pôle commercial apparaît comme une " urgence sociale " et elle est de nature à préserver, ou à retisser, le lien social ;

- doivent exister une possibilité réelle de revitaliser le centre commercial concerné, ainsi qu'une possibilité de sortie pour l'EPARECA ;

- le compte d'exploitation doit être, au minimum, équilibré à moyen terme ;

- l'EPARECA n'intervient financièrement que dans les opérations dans lesquelles il a acquis des murs et des fonds, où il dispose avec les autres investisseurs de moyen terme (institutionnels, collectivités, moyennes surfaces...) de la majorité qualifiée des 2/3, et dont il assure la maîtrise d'ouvrage ;

- l'EPARECA n'intervient pas en cas de propriétaire unique, sauf si ce dernier est dans l'incapacité de réaliser la restructuration ;

- l'EPARECA n'intervient pas sous forme de subvention.

L'équipe de l'EPARECA, dont le siège est à Tourcoing, est composée de 7 personnes. Elle est calibrée pour assurer le traitement de 2 à 3 dossiers par an ; or, il est probable que le rythme annuel sera plus vraisemblablement d'une dizaine, si l'on en juge par l'afflux actuel de dossiers.

Sur les 82 demandes reçues à ce jour, le principe du financement d'études sur 36 sites a été retenu par le conseil d'administration, dont votre rapporteur pour avis est membre,. Il s'agit de Bron, Cenon, Chambéry, Chanteloup-les-Vignes, Chenôve, Choisy-le-Roi, Clichy-sous-Bois, Creil, Elbeuf, Floirac, Garges-lès-Gonesse, Gonesse, Grande-Synthe, Hem, Hérouville Saint-Clair, Le Havre, Le Mée-sur-Seine, Lille, Meaux, Montreuil, Nîmes, Pantin, Roubaix, Rouen, Saint-Dizier, Saint-Fons, Saint-Ouen l'Aumône, Soissons, Talant, Tourcoing, Trappes, Vénissieux et Wattrelos.

Le conseil d'administration du 9 décembre 1998 a, par ailleurs, décidé l'intervention de l'EPARECA sur 6 centres commerciaux. Il s'agit :

- de Val d'Argent Nord, à Argenteuil (3,8 millions de francs) ;

- des Gibjoncs, à Bourges (2,2 millions de francs) ;

- de Palais, à Créteil (5,7 millions de francs) ;

- des Belles Portes, à Hérouville Saint-Clair (2,1 millions de francs) ;

- de l'Espace des Nations, à Mulhouse (1,8 million de francs) ;

- de la Rafale, à Reims (2,8 millions de francs).

Une politique à développer

Les actions du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat peuvent être des éléments importants d'aménagement du territoire, car le commerce joue un rôle essentiel dans l'animation des communes.

Votre commission engage en conséquence le Gouvernement à poursuivre cette politique en se donnant les moyens d'aider la création d'entreprise dans les zones rurales et urbaines en difficulté .

Dans cette perspective, elle ne peut que regretter que lors de l'examen du projet de loi d'orientation d'aménagement et de développement durable du territoire le Gouvernement et l'Assemblée nationale n'aient, d'une part, prévu aucune mesure en faveur du développement d'activités nouvelles qui permettraient de revitaliser les zones rurales et de reconquérir les banlieues et aient, d'autre part, opposé une fin de non-recevoir aux propositions de la commission spéciale dans ce domaine 5( * ) .

Pour le Sénat, il n'est pas d'aménagement véritable du territoire sans développement économique et création d'emplois. C'est dans ce souci qu'il avait adopté une série de dispositions favorisant le développement économique des territoires. Onze articles additionnels, inspirés des travaux du groupe de travail de la Commission des Affaires économiques " Nouvelles entreprise et territoires " 6( * ) , avaient ainsi été insérés dans un volet économique prévoyant, notamment, la création de fonds communs de placement de proximité, sur le modèle du fonds commun de placement dans l'innovation, pour drainer l'épargne de proximité des particuliers vers les entreprises des zones fragiles, ou encore la mise en place d'incubateurs territoriaux et de fonds d'amorçage locaux.

Il faut espérer que le Gouvernement réexaminera ces propositions dans le cadre de l'examen du projet de loi sur les interventions économiques des collectivités territoriales dont il a annoncé le dépôt depuis des mois.

les interventions de la banque de développement des pme (BDPME)

Votre commission se félicite également du soutien apporté par la BDPME au développement des PME.

En 1998 et pour sa deuxième année d'activité, la BDPME a, en effet, participé à la mise en place de 47 milliards de francs de financements à moyen et long terme en faveur de 40.000 entreprises . C'est une présence significative dans l'univers des PME/PMI puisqu'elle couvre plus de 20 % du montant des financements à moyen et long terme accordés par les banques et les sociétés financières aux petites et moyennes entreprises.

Au total, ces interventions en garantie ou en cofinancement ont contribué en 1998 à la création ou au maintien de plusieurs dizaines de milliers d'emplois.

En 1998, la Banque du développement des PME a facilité la création de 10.000 entreprises, pour l'essentiel en garantie, ce qui représente près de 36.000 emplois nouveaux, pour un montant de 4,1 milliards de francs de financements à moyen ou long terme ;

Elle est intervenue en financement et en garantie en faveur de 5.000 entreprises confrontées à un problème de transmission ou de restructuration financière, ce qui a permis de consolider quelque 50.000 emplois pour un montant global de 9,7 milliards de francs ;

Elle a cofinancé ou garanti plus de 25.000 projets d'investissements de toute nature pour un montant de 32 milliards de francs ;

Elle a également contribué, directement ou indirectement, à 1,7 milliard de francs d'investissements en fonds propres ou quasi-fonds propres dans les PME françaises : quelque 700 PME françaises ont bénéficié d'augmentations de capital garanties par SOFARIS, pour un montant d'environ 1,2 milliard de francs, auxquelles il faut ajouter 600 contrats de développement pour 500 millions de francs ;

La BDPME, enfin, a financé 24 milliards de francs d'avances sur paiement de marchés publics en faveur de 6.750 entreprises.

Pour l'avenir, la Banque du développement des PME entend d'abord renforcer ses capacités d'intervention grâce à de nouveaux partenariats conclus avec les régions et les institutions européennes.

S'agissant de l'Europe, des voies de coopération ont déjà été ouvertes avec la Banque européenne d'investissement. Cent millions de francs de fonds de garantie ont ainsi été mis à la disposition de SOFARIS en 1998. D'autres accords devraient être concrétisés dans le courant de cette année pour des montants au moins équivalents, notamment avec le FEI.

Quant aux collectivités territoriales, la Banque du développement des PME leur proposera cette année, en liaison avec la Caisse des dépôts et consignations, et sur la base de priorités qu'elles auront elles-mêmes définies, de renforcer l'action qu'elles déploient en faveur du développement économique régional. Une filiale de SOFARIS vient d'être créée qui sera dédiée à l'accompagnement de ces initiatives. Les fonds de garantie régionaux qui y seront logés permettront d'abonder ou de compléter les interventions des fonds de garantie nationaux, en particulier en ce qui concerne la création ou le développement des très jeunes entreprises.

Le deuxième axe de développement de la BDPME repose sur l'offre de nouveaux produits, en partenariat avec les réseaux bancaires.

Deux nouveautés ont déjà marqué le début de cette année :

- la mobilisation du crédit d'impôt recherche, d'abord, qui sera ouverte à toutes les PME et qui permet désormais aux entreprises qui le souhaiteront de mobiliser leurs créances sur l'Etat sans en attendre le paiement effectif ;

- un financement spécifique " an 2000 " ensuite, dont l'objectif est d'inciter les PME à préparer dans de bonnes conditions le passage à l'an 2000, en leur offrant de financer à des conditions attractives les dépenses matérielles ou immatérielles nécessaires.

Enfin, pour rendre plus aisé le recours du système bancaire aux interventions de SOFARIS, et faciliter ainsi l'accès au crédit des PME, les fonds de garantie gérés par SOFARIS ont été simplifiés ; ils se déclinent désormais autour de six grandes finalités : création, transmission, développement, renforcement de la structure financière, court terme et fonds propres.

Dernier axe de l'action de la BDPME cette année : le développement des PME hors du territoire métropolitain. Grâce au partenariat construit avec l'Agence française de développement (AFD), la BDPME va d'abord ouvrir ses activités aux départements d'outre-mer. Ensuite, et toujours en collaboration avec l'AFD et avec la COFACE, la Banque pourra bientôt, grâce à la création récente par les pouvoirs publics d'un fonds de garantie ad hoc, faciliter la création et le développement des PME dans les pays émergents.

DES MOTIFS D'INQUIÉTUDE

l'ACCÈS des pme aux marchés publics

Votre commission est, cette année encore, très préoccupée par les difficultés liées aux marchés publics. Elle constate que le Gouvernement a annoncé depuis deux ans une réforme du code des marchés publics qui devrait comporter des mesures destinées à ouvrir plus largement la concurrence publique aux PME. L'avant-projet de loi qui a fait l'objet d'une large diffusion n'a toujours pas été soumis au Parlement. Votre commission, tout en souscrivant à ses objectifs, s'interroge sur sa pertinence.

L'accès des PME à la commande publique est limité par de nombreux obstacles

L'accès à la commande publique est, en effet, trop souvent plus difficile pour les PME que pour les grandes entreprises. Ces dernières disposent de moyens plus étendus pour accéder à l'information sur les besoins des acheteurs, suivre les différentes phases de la procédure de passation des marchés, et maîtriser les contraintes de cette procédure. L'importance des PME dans le tissu économique, leur contribution à l'emploi et à l'innovation, justifient que l'on établisse les conditions d'un égal accès à la commande publique. Un tel objectif permet en outre de renforcer la concurrence, au bénéfice des collectivités acheteuses. C'est pourquoi il convient de prendre en compte la spécificité des PME et favoriser une ouverture plus large de l'achat public à ces entreprises.

Les difficultés des PME face aux marchés publics sont liées à plusieurs facteurs. Une enquête menée pour le compte de la BDPME montre que les principales raisons évoquées par les entreprises pour ne pas travailler ou travailler irrégulièrement avec le secteur public sont la méconnaissance des offres, la complexité des procédures et les délais de paiement.

LES DIFFICULTÉS DES PME FACE AUX MARCHÉS PUBLICS

Fréquence des principales raisons déclarées par les entreprises pour ne pas travailler ou travailler irrégulièrement avec le secteur public, en pourcentage

A ces raisons, il faut également ajouté le comportement des grandes entreprises, qui compensent la faiblesse des marges obtenues sur des appels d'offres par une insupportable pression sur les prix accordés aux PME sous-traitantes auxquelles elles font appel.

Un projet de réforme visant à moderniser le code des marchés publics

Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et la secrétaire d'Etat chargée, des PME, du commerce et de l'artisanat, ont annoncé, en avril dernier, le lancement d'une concertation sur la réforme du code des marchés publics dont l'objectif est de simplifier et de rénover le droit de l'achat public.

Un document d'orientation, détaillant ces propositions, a été adressé notamment aux élus locaux et aux acheteurs publics, sur la base duquel les ministres des finances et de l'Intérieur ont mené une large consultation.

A l'issue de la concertation, le Gouvernement devrait déposer un projet de loi dont le Parlement pourrait entamer l'examen d'ici la fin de la session. Les principaux objectifs de cette réforme sont :

Renforcer la transparence des procédures et la sécurité juridique des acheteurs publics  :

- en améliorant le conseil juridique et technique aux acheteurs publics, soit par le renforcement des pôles de compétence interministériels déconcentrés au sein des préfectures, soit par la création de " commissions consultatives régionales de l'achat public ", composées d'agents publics et de magistrats, qui apporteraient aux acheteurs publics, sur leur requête, en cours d'élaboration des marchés, une assistance juridique, financière et technique ; votre rapporteur pour avis s'interroge sur l'intérêt de cette nouvelle structure qui viendrait s'ajouter aux structures existantes sans que sa contribution à la qualité et à la pertinence des achats publics soit manifeste ;

- en renforçant les règles de concurrence, la transparence des procédures et la collégialité des décisions. Le Gouvernement propose de substituer au marché négocié une procédure de mise en concurrence simplifiée comportant les garanties suivantes : extension des mesures de publicité lors de l'expression des besoins ; intervention de la commission d'appel d'offres, rebaptisée " commission des marchés ", dans la procédure de mise en concurrence simplifiée et non plus seulement en cas d'appel d'offres ;

- en luttant contre les offres anormalement basses : l'acheteur conserverait son pouvoir d'appréciation dans la détection des offres anormalement basses. Mais il devrait, en outre, inviter par écrit l'entreprise qui en est à l'origine à justifier des éléments de cette offre. L'acheteur devra motiver le rejet d'une offre anormalement basse. En cas de doute sur une offre, il pourra saisir pour avis la commission consultative régionale de l'achat public ;

- introduisant la " garantie de bonne fin " dans les marchés publics. Le Gouvernement propose d'introduire ainsi dans les procédures d'achat public une caution, apportée par une institution financière, généralement une compagnie d'assurances, qui garantirait la réalisation d'un ouvrage. L'introduction de cette garantie permettrait de lutter contre les offres anormalement basses, l'assureur apportant sa garantie à l'entreprise devant nécessairement contrôler la réalité économique de l'offre. Elle permettrait à l'acheteur de se prémunir contre le risque d'inachèvement d'un contrat. Elle servirait également, du fait de l'intervention d'un tiers, à lutter contre le délit de favoritisme ;

- en interdisant strictement les pratiques de paiement différé dans le cadre des marchés d'entreprise de travaux publics (METP). Il est ainsi proposé de définir précisément les cas de figure dans les quels les marchés de construction peuvent être liés à des contrats d'exploitation ou de maintenance ;

- en renforçant les mécanismes juridictionnels de sanction des irrégularités.

Clarifier le champ d'application d'un droit de la commande publique rénové et simplifié en :

- en harmonisant les dispositions applicables aux communes à l'Etat et aux collectivités locales ;

- en réduisant le nombre des seuils par l'harmonisation des seuils nationaux avec les seuils communautaires prévus en matière de fournitures et de services. La nouvelle procédure de mise en concurrence serait applicable pour toutes les catégories de marchés (travaux, fournitures, services) dès le seuil de 300.000 francs hors taxes jusqu'aux seuils de déclenchement de l'appel d'offres communautaires de 900.000 francs hors taxes et 1,30 millions de francs (fournitures et services). Pour les marchés de travaux, entre 900.000 francs ou 1,30 million de francs et 32,7 millions de francs (seuil de déclenchement de l'appel d'offres européen), une procédure nationale d'appel d'offres s'appliquerait ;

- en rassemblant dans le code des règles communautaires qui s'appliquent au-dessus des seuils européens ; déterminer les critères de soumission des associations, des GIP, des GIE et des Sem au code des marchés publics ;

- en redéfinissant la frontière entre le marché public et la délégation de service public afin d'éviter aux collectivités le risque d'une requalification de leurs contrats.

Améliorer l'efficacité de la commande publique et les pratiques d'achat public en généralisant l'utilisation d'Internet par tous les acteurs pour la diffusion et l'exploitation de l'information relative aux marchés publics, en amont et en aval de la passation d'un marché.

Quelques mesures envisagées sont destinées à favoriser l'accès des PME à la commande publique

Conscient de la nécessité d'assurer une plus grande égalité des chances devant la commande publique entre les grandes et les petites entreprises, le Gouvernement prépare deux catégories de mesures tendant à :

Mieux connaître et suivre la part des PME dans l'achat public

Le Gouvernement estime qu'il convient en premier lieu d'évaluer avec précision la répartition de la commande publique entre les différents secteurs productifs et entre les catégories d'entreprises, importantes, moyennes ou petites. Cette évaluation est, en effet, aujourd'hui, imparfaite. Il existe, certes, un cadre juridique : le recensement économique des marchés publics est prévu par le code, et s'appuie sur un dispositif décentralisé de collecte de l'information sur la commande publique. De même, une structure spécifique, la section économique de la commission centrale des marchés, est-elle chargée d'une mission générale d'étude, de suivi des marchés, et de propositions d'amélioration. Mais ces différents dispositifs ne donnent pas pleinement satisfaction et ne permettent pas d'éclairer les décideurs et l'opinion publique de manière efficace.

Aussi est-il suggéré de mettre en place un observatoire économique de l'achat public qui se substituerait à la structure existante -la section économique de la commission centrale des marchés- dont la composition, aujourd'hui limitée à des représentants de l'Etat, serait élargie à l'ensemble des acheteurs publics.

Cet observatoire recevrait pour mission de gérer un système permanent et fiable de collecte d'informations sur la commande publique, de définir et de rendre publics des indicateurs pertinents permettant notamment de mesurer la part des PME dans les achats publics, à un niveau global et à des niveaux de précision plus fins, par secteur économique, par nature de marchés, de réaliser toute étude ou analyse sur cette matière et serait libre de faire toute proposition d'amélioration qui lui paraîtra utile.

Lever les obstacles techniques limitant l'accès des PME aux marchés publics

Le Gouvernement se propose également de lever certains obstacles techniques limitant l'accès des PME à la commande publique grâce à l'amélioration du recours à l'allotissement, la promotion des techniques de groupement des offres et l'encadrement de la sous-traitance.

La formule de l'allotissement, qui devrait être confirmée dans son principe par la loi, facilite l'accès direct aux marchés publics, et non par la sous-traitance ; elle est également utile pour les fournisseurs car elle oblige à une définition plus précise des besoins exprimés dans le cadre des marchés ; elle constitue un facteur de clarté pour l'acheteur, qui est contraint de mieux analyser et décrire ses besoins. L'allotissement, sans être rendu obligatoire, devrait être encouragé pour les marchés qui s'y prêtent.

S'agissant des modalités de groupements d'entreprises titulaires de marchés publics, le dispositif actuel paraît satisfaisant, il est cependant sous-utilisé par les PME alors même que dans bien des cas il peut constituer pour elles une alternative intéressante à la sous-traitance ou à l'allotissement, tout en offrant de meilleurs garanties d'exécution de marché pour le donneur d'ordre. Cette modalité d'accès à la commande publique devrait être mise en valeur et précisée par le nouveau droit des marchés publics.

L'encadrement de la sous-traitance vise enfin à sécuriser les PME qui ont accès aux marchés publics par cette voie, mais aussi les acheteurs publics eux-mêmes. Si l'accès direct à la commande publique doit être privilégié, le recours à la sous-traitance peut être dans certains cas économiquement justifié. Encore convient-il que les modalités en soient encadrées. Cet objectif suppose une meilleure connaissance de la nature et du volume des prestations que le titulaire du marché envisage de sous-traiter. L'encadrement de la sous-traitance devrait permettre de lutter contre le travail illégal et la sous-traitance non déclarée, les manquements à la règle étant assortis de sanctions. Il est également envisagé de sécuriser le paiement de toutes les entreprises qui participent à l'exécution du marché public.

Un encadrement contractuel des délais de paiement publics

Des efforts importants ont été menés ces dernières années pour réduire les délais de paiement publics et quelques progrès ont été enregistrés. Ces délais soutiennent désormais la comparaison avec ceux pratiqués entre entreprises : les délais de paiement de l'Etat et des collectivités locales et des établissements publics locaux sont en moyenne inférieur à 40 jours.

Ces moyennes ne doivent toutefois pas dissimuler des situations contrastées selon les services ou les collectivités. A cet égard, la situation actuelle, dans laquelle seuls les délais de mandatement sont encadrés par la réglementation, n'est pas pleinement satisfaisante : elle constitue un facteur d'imprévisibilité pour les entreprises. Le Gouvernement souhaite que les administrations et collectivités publiques puissent à l'avenir s'engager contractuellement sur un délai global de paiement auprès de leurs fournisseurs. La France devant s'attacher à défendre cette position dans le cadre de la négociation du projet de directive communautaire sur les délais de paiement.

l'augmentation du nombre de dossiers examinés par les commissions départementales d'équipement COMMERCIAL

L'année dernière a été la deuxième année de pleine application de la loi du 5 juillet 1996 qui a modifié le dispositif de la loi d'orientation du commerce et de l'artisanat, dite " loi Royer ".

Cette réforme s'est articulée autour de quatre axes principaux :

- l'introduction de l'emploi et de l'environnement parmi les critères d'examen des dossiers soumis aux commissions départementales d'équipement commercial (CDEC) et à la commission nationale d'équipement commercial (CNEC) ;

- l'extension du champ d'application de la loi, avec l'abaissement à 300 m 2 du seuil de création ou d'extension des surfaces commerciales, la soumission à autorisation des changements de destination d'un commerce d'une surface supérieure à 2 000 m 2 , les créations et extensions d'hôtels et d'ensembles de salles de cinéma dépassant certaines capacités, et l'obligation d'une enquête publique pour les projets de plus de 6 000 m 2 de surface de vente ;

- la modification de la composition des commissions départementales d'équipement commercial. Celles-ci comptent désormais six membres, la décision d'autorisation n'étant accordée que lorsque quatre membres ont voté favorablement ;

- le renforcement des sanctions en cas d'exploitation des surfaces commerciales sans autorisation, afin de les rendre plus dissuasives ;

- la mise en place de schémas de développement commercial.

La réforme opérée par la loi du 5 juillet 1996 a entraîné une augmentation importante de l'activité des commissions d'équipement commercial. L'extension du champ d'application du régime d'autorisation a, en effet, engendré une augmentation du nombre de dossiers soumis aux commissions d'équipement commercial .

Ainsi, 2.355 projets ont été enregistrés par les commissions départementales d'équipement commercial en 1998, contre 1.757 en 1997 soit une progression de plus de 50 %. Pour mémoire, le nombre de dossiers n'était que de 760 en 1996 avant la réforme.

La loi du 5 juillet 1996 s'est également traduite par une diminution de la surface moyenne des projets, qui est passée de 1.579 m 2 en 1996 à 981 m 2 en 1997, puis à 1.112 m² en 1998.

DOSSIERS EXAMINÉS PAR LES COMMISSIONS DÉPARTEMENTALES
D'ÉQUIPEMENT COMMERCIAL (1995-1997)

 

TOTAL DES DOSSIERS

AUTORISATIONS

REFUS

TAUX D'AUTORISATION

SURFACE MOYENNE DES PROJETS

 

Nombre

surface en m²

Nombre

surface en m²

Nombre

surface en m²

 

en m 2

1995

1 090

1 901 669

782

1 195 827

308

705 842

63 %

1 745

1996

760

1 200 198

512

711 583

248

488 615

59 %

1 579

1997

1 757

1 724 266

1 199

1 098 494

558

625 772

64 %

981

1998

2 355

2 618 453

1 682

1 695 567

673

922 806

65 %

1 112

Sur 2.355 décisions prises par les commissions départementales d'équipement commercial en 1998, on recense 1.682 autorisations et 673 refus. Le pourcentage de projets autorisés se maintient ainsi à un niveau supérieur à 60 % ; 1.669.567 m 2 de surface de vente ont été autorisés, contre 1.098.494 m 2 avant la réforme, soit une augmentation de la surface autorisée de plus de 50 %.

Par ailleurs, le nombre de recours diminue sensiblement. De ce fait, le pourcentage des dossiers remontant à la Commission nationale d'équipement commercial est passé de près de 40 % en 1996 à 14 % en 1997 et 1998. Cette évolution s'explique en partie par la diminution des recours déposés par les préfets.

En tenant compte des décisions de la Commission nationale d'équipement commercial, le bilan de l'année 1998 se caractérise ainsi par une forte augmentation du taux global d'autorisation qui passe, de 1996 à 1998, de 60 à 79 % pour le nombre de projets.

Pour 1999, on observe au premier trimestre un quasi doublement du nombre de dossiers soumis aux commissions départementales par rapport à la période correspondante en 1998.

Cet accroissement important des demandes devrait se confirmer au cours du second semestre de 1999 puisque le nombre de dossiers en instance s'élève au 31 juillet 1999 à 522 dossiers et 671.159 m² contre 422 projets représentant 560.316 m² en 1998.

DOSSIERS EN INSTANCE AU 31 JUILLET

 

Nombre de dossiers

Surfaces de vente

1996

3

84 020 m²

1997

380

447 074 m²

1998

422

560 316 m²

1999

522

671 159 m²

Votre rapporteur pour avis, qui trouve malheureusement dans cette situation la confirmation des observations qu'il avait formulées l'année dernière, s'inquiète du risque d'engorgement des commissions départementales d'équipement commercial, qui conduit à des délais excessifs pour le traitement des dossiers et retarde la réalisation de ces projets et des créations d'emplois qui y sont liées.

les objectifs de la réforme de la justice commerciale

Votre rapporteur s'interroge sur les objectifs de la réforme annoncée de la justice commerciale.

Le Conseil des ministres a adopté, l'année dernière, un programme de réforme de la justice commerciale, présenté par le garde des sceaux et le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, qui s'inscrivait dans le prolongement des rapports de la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée Nationale et de la mission conjointe confiée aux inspections générales des finances et des services judiciaires.

Le gouvernement a précisé cette année ce programme, qui s'oriente autour de trois axes : la réforme de la carte des tribunaux de commerce, l'introduction de la mixité dans les formations de jugement et la réforme des modalités de recrutement et de la formation des juges consulaires.

Une réforme de la carte des tribunaux de commerce

La réforme de la carte des tribunaux de commerce constitue la priorité assignée à la mission de réforme de la carte judiciaire créée par le Garde des Sceaux, laquelle a pour premier objectif d'étudier la carte des tribunaux de commerce dont le nombre et la taille trop souvent insuffisante constituent une cause structurelle de dysfonctionnement.

L'objectif est donc de regrouper des juridictions proches ou peu actives afin que la nouvelle carte corresponde aux bassins d'activité économique contemporains. L'ensemble de ces travaux est mené en concertation avec les élus et les représentants des milieux juridiques et économiques locaux avant que des décisions ne soient arrêtées par le Gouvernement.

L'introduction de la mixité dans les formations de jugement

Le Gouvernement s'est engagé à introduire progressivement des magistrats professionnels aux côtés des juges élus. Les deux ministres ont commandé à une commission présidée conjointement par Michel BERNARD et Christian BABUSIAUX un rapport, remis en avril 1999, sur les modalités d'introduction de cette mixité, qui a permis une très large concertation avec les milieux professionnels concernés.

Le Gouvernement a décidé de suivre une des voies ouvertes par le rapport : l'introduction de la mixité des formations de jugement.

Le président du tribunal de commerce resterait un juge élu avec des pouvoirs propres. Ces derniers seraient aménagés et encadrés pour tenir compte de l'introduction de la mixité et pour garantir l'autonomie des formations de jugement.

Les formations de jugement mixtes, associant magistrats professionnels et juges élus, seraient présidées par les magistrats professionnels et auraient compétence pour traiter :

- les procédures collectives (entreprises en difficulté) ;

- les litiges entre associés des sociétés commerciales (droit des sociétés, droit financier) ;

- les contentieux spécialisés (propriété intellectuelle, concurrence, droit boursier, sûretés) ;

- les litiges mettant en cause les établissements de crédit et les entreprises d'investissement ;

- les litiges relatifs à des actes de commerce mettant en cause des non-commerçants.

L'ensemble des contentieux jugés par les formations mixtes couvrirait l'essentiel des litiges se rapportant à l'ordre public économique par leurs enjeux financiers et sociaux, et permettrait de répondre aux problèmes soulevés par les différents rapports publiés en 1998 sur la justice commerciale. Les formations de jugement purement consulaires resteront présidées par un juge élu et connaîtraient du reste du contentieux général, constitué des litiges courants entre commerçants.

Cette réforme repose, en définitive, sur une double logique :

- faire intervenir chaque catégorie de juges dans les domaines où leurs qualités sont les plus utiles, ce qui conduit à mobiliser les magistrats professionnels, aux côtés des juges élus, sur les contentieux où l'ordre public économique est en jeu et pour lesquels les garanties d'impartialité et de respect de la procédure sont les plus nécessaires, alors que les juges consulaires continueront de connaître seuls des litiges où leur connaissance du monde commercial est décisive ;

- tenir compte des intérêts des personnes en cause dans le cadre de l'ordre public économique : au juge consulaire sa vocation originelle de " juge naturel " des commerçants dans les contestations entre pairs ; au magistrat professionnel la présidence des formations de jugement connaissant les litiges mettant en cause l'intérêt de non-commerçants (salariés, associés, épargnants, créanciers publics).

La réforme des modalités de recrutement et de formation des juges consulaires

Le Gouvernement souhaite renforcer l'encadrement déontologique de l'activité des juges consulaires et combler les lacunes du dispositif de formation dont ceux-ci bénéficient.

C'est pourquoi un véritable statut du juge consulaire devrait être mis en place dont les dispositions essentielles seraient les suivantes :

- création de nouvelles règles d'incompatibilité et institution de dispositions visant à empêcher toute interférence entre les fonctions juridictionnelles et l'exercice d'une activité professionnelle ou de mandats judiciaires. Ce corps de règles sera également applicable aux anciens juges consulaires ;

- obligation pour tous les juges consulaires de souscrire une déclaration d'intérêts économiques ;

- renforcement des règles disciplinaires afin d'assurer l'effectivité des poursuites contre les juges et les anciens juges consulaires ;

- mise en place d'une formation renforcée pour les juges consulaires organisée par l'Ecole nationale de la magistrature ;

- modification du régime électoral des juges consulaires en vue de redéfinir le corps électoral, renforcer la participation, garantir une meilleure transparence du processus d'élection.

Votre rapporteur pour avis attendra que ces projets de loi soient déposés au Parlement et leurs dispositions précisément arrêtées pour en juger. Il observe cependant que, fondée sur le principe d'une justice des marchands rendue par les marchands, la justice commerciale a su s'adapter à un environnement juridique de plus en plus complexe parce qu'elle est assurée par des juges qui ont une connaissance concrète du droit et des réalités économiques.

le DÉVELOPPEMENT des magasins d'usine

Apparus en France à la faveur de la crise économique, les magasins d'usine se sont développés rapidement et ont connu cette année une croissance importante. Proposant des produits de marques à bas prix, ces magasins suscitent cependant les craintes des petits commerces qu'ils concurrencent.

Depuis 1998, sept projets de magazines d'usine ont, en effet, été autorisés par les commissions départementales d'équipement commercial et deux ont été refusés. Les nouveaux projets ont fait l'objet d'un débat sur l'opportunité de réglementer plus sévèrement ce type de commerce.


Date décision

N° département

Commune d'implantation

Demandeur ou enseigne

Créations

Extensions

 

29 mai 98

95

Gonesse

Usine Center

 

5 000 m2

Autorisation de CDEC

25 juin 98

93

L'Ile Saint-Denis

Quai des Marques

 

5 900 m2

Autorisation de CDEC

30 juin 98

10

Pont Sainte Marie

Mac Arthur Glen

 

450 m2

Autorisation de CDEC

23 décembre 98

86

Ingrande

L'Aigle

 

308

Autorisation de CDEC

27 avril 99

62

Coquelles

Marques Avenue

15015 m2

 

Autorisation de CEDEC Recours en instance

6 mai 99

26

Bourg de péage

Les entrepôts du Parc

 

1 150 m2

Autorisation de CDEC

20 mai 99

10

Pont Sainte-Marie

Carrefour des Marques

 

1 385 m2

Autorisation de CDEC

m 2 de magasins d'usine autorisés : 29 208 m 2

15 015 m 2

14 193 m2

 

Rappelons que la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat ne s'oppose pas à ce mode de distribution. L'article 30 de la loi prévoit que la dénomination de magazine ou de dépôt d'usine ne peut, désormais, être utilisée que par les producteurs vendant directement au public la partie de leur production non écoulée dans le circuit de distribution ou faisant l'objet de retour. Ces ventes directes ne peuvent concerner que les productions de la saison antérieure à la commercialisation, justifiant ainsi une vente à prix minoré.

Aussi, les magasins qui, outre les produits de leur propre fabrication, commercialisent des articles de négoce ne peuvent en aucune façon bénéficier de la dénomination de magasin d'usine. Par ailleurs, l'article 33 de cette loi a abrogé l'article 39 de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973, qui soumettait les ventes directes aux consommateurs et la commercialisation des productions déclassées par défaut, pratiquées par les industriels, à une réglementation fixée par le décret n° 74-429 du 15 mai 1974. Par conséquent, les ventes directes aux consommateurs de produits qui ne sont pas exclusivement issus de la production de la saison antérieure sont à présent soumises au régime des ventes au déballage lorsqu'elles sont effectuées dans des locaux ou sur des emplacements non destinés à la vente au public. Lorsque les ventes s'effectuent dans des locaux destinés au commerce, ceux-ci doivent satisfaire aux obligations générales d'exploitation d'un établissement commercial et notamment à celles afférentes aux équipements commerciaux.

REFUS OPPOSÉS PAR LES CDEC

Date décision

N° département

Commune d'implantation

Demandeur ou enseigne

Créations

Observations

17 juin 1998

30

Gallargues le Montueux

Le Village des Marques

22 925 m2

Refus de CDEC, confirmé par la CNEC

28 juin 1999

94

Villiers sur Marne

Usines Center

12 870 m2

 

Les ouvertures de magasins d'usine observées cette année concernent des grandes surfaces, en particulier celui implanté à Coquelles près de Calais qui s'étend sur plus de 15.000 m2. Ce projet, ainsi que celui du groupe Marques Avenue à Romans dans la Drôme ont suscité une forte mobilisation des commerces à proximité et des chambres de commerce et d'industrie concernées.

Il serait donc souhaitable de dresser un bilan des conséquences de ces implantations permettant d'apprécier leur contribution à la création d'emplois et à l'attractivité de ces territoires, ainsi que l'effet de leur développement sur les commerces situés à proximité.

LES MOTIFS DE RÉSERVE

Certains dossiers sont pour votre commission des motifs de réserve. C'est le cas de la loi relative à l'abaissement de la durée légale de travail à 35 heures, de la politique de simplification des formalités administratives qui semble marquer le pas, mais aussi de dossiers plus sectoriels, telle que la suppression du commerce hors taxes intracommunautaire, le régime des soldes ou le statut du conjoint de commerçant ou d'artisan.

l'abaissement de la DURÉE LÉGALE dU travail à 35 heures

Le Sénat avait estimé, lors de l'adoption du premier projet de loi abaissant la durée légale du travail que le passage aux 35 heures tel que défini par la loi, en imposant une réduction obligatoire et uniforme du temps de travail, ne permettait pas de prendre en compte la diversité des situations des entreprises et risquerait, en l'état, d'être plus un frein à l'activité des PME qu'un moteur pour l'emploi.

Votre commission pour avis observe, un an après, que bilan de la loi du 13 juin 1998, en termes de créations d'emplois, ne peut pas être considéré comme satisfaisant. Il faut, en effet, rappeler que le Gouvernement avait annoncé début septembre que les accords avaient donné lieu à environ 120.000 engagements de créations d'emplois, dont près de 18.000 emplois préservés et près de 19.000 créés par le secteur public.

Ce bilan est décevant compte tenu des moyens mis en oeuvre par le Gouvernement pour inciter l'ensemble des entreprises françaises à signer un accord. On peut remarquer que 98,8 % des entreprises occupant au moins un salarié n'avaient pas signé d'accord de réduction du temps de travail et que 90 % des salariés du secteur marchand n'étaient pas couverts par un accord. Il faut noter, en outre, que les 120.000 créations ou préservations d'emplois ne représentaient que 0,58 % des effectifs actuels du secteur marchand et que la croissance à elle seule a généré la création de 500.000 emplois dans le secteur marchand en deux ans.

Votre commission constate cependant qu'une partie des PME a anticipé la date du passage aux 35 heures. La loi n° 98-461 du 13 juin 1998 réduit, en effet, la durée légale du travail effectif des salariés à 35 heures par semaine, à compter du 1 er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés, mais seulement à compter du 1 er janvier 2002 pour les entreprises de moins de 20 salariés.

Dans le secteur de l'artisanat, 9 accords de branche ont été signés au 1 er juillet 1999 et concernent 1.300.000 salariés (bâtiment, réparation automobile, bijouterie, réparation de machines agricoles, imprimerie de labeur, ameublement, boulangerie et boulangerie-pâtisserie, céramique d'art, cordonnerie). Tous ces accords ont été étendus ou sont en cours d'extension.

Dans le secteur du commerce, 10 accords de branche ont été signés au 1 er juillet 1999. Ils concernent 700.000 salariés (grande distribution alimentaire, boissons, commerce de détail de l'habillement, d'horlogerie-bijouterie, des articles de sports, négoce des matériaux de construction, des combustibles, du bois d'oeuvre et produits dérivés, des produits du sol et engrais, coopératives de consommation). Trois accords ont été étendus (grande distribution alimentaire, boissons, négoce des produits du sol et engrais).

Dans le secteur des services et des professions libérales, 34 accords de branche ont été conclus , dont deux concernent les professions libérales (experts-comptables, avocats).

Au 21 juillet 1999, 11.551 accords d'entreprise sur la réduction du temps de travail ont été signés , concernant près de 2 millions de salariés. La presque totalité des accords signés (96 %) concerne des PME. Les entreprises de moins de 20 salariés comptent pour plus de 45 % des accords conclus. Le mandatement a été utilisé pour plus de 60 % des accords conclus depuis la première loi.

Compte tenu des difficultés des petites entreprises à appliquer la loi, le Gouvernement a dû multiplier les dispositifs d'appui et d'accompagnement pour permettre aux PME de bénéficier d'une prise en charge par l'Etat d'une partie des frais liés aux études préalables à la réduction du temps de travail. Sont ainsi prévus :

L'appui-conseil aux entreprises

Le nouveau dispositif, institué au bénéfice des entreprises de moins de 500 salariés, a pour but d'aider les entreprises à négocier et mettre en oeuvre la réduction du temps de travail, en ayant recours à un conseil extérieur.

Les consultants doivent se conformer à une méthodologie définie par un cahier des charges annexé à la convention passée entre le chef d'entreprise, le consultant, et la direction départementale du travail. Celle-ci fixe la durée de l'appui-conseil, qui varie en fonction de la taille de l'entreprise sans pouvoir excéder 18 jours. Ainsi, pour une entreprise de moins de 20 salariés, la durée moyenne prévue est de 3 à 5 jours.

La prise en charge financière par l'Etat varie selon la taille de l'entreprise et la durée de l'appui-conseil. Sur la base d'un coût maximum de 5 000 francs par journée de conseil, les 5 premiers jours sont gratuits pour toutes les entreprises. Au-delà, la participation de l'Etat est de 70 % du coût pour les entreprises de moins de 200 salariés et de 50 % pour les entreprises dont l'effectif est compris entre 200 et 500 salariés.

Le financement d'opérations de conseil aux PME représente pour l'Etat un budget de l'ordre de 200 millions de francs sur douze mois.

L'appui-conseil aux branches professionnelles financé par le Fonds pour l'amélioration des conditions de travail (FACT).

Dans les petites entreprises, où la conclusion d'un accord d'entreprise sur la réduction de la durée du travail peut être remplacée par la négociation d'un accord de branche directement applicable, un rôle actif revient aux branches professionnelles. Il leur incombe d'organiser les négociations, de procéder aux études préalables, d'informer les entreprises sur les accords éventuellement conclus et de les aider à les mettre en oeuvre.

C'est pourquoi, il est prévu que les aides du FACT peuvent être mobilisées dans le cadre du dispositif d'appui-conseil pour soutenir des initiatives de branches professionnelles visant à aider la négociation sur le passage aux 35 heures et à accompagner les entreprises. Les demandes des branches sont remises à la direction des relations du travail. La mise en oeuvre du dispositif est largement déconcentrée. Sans créer un dispositif nouveau, l'Etat a ainsi recentré les aides du FACT aux branches professionnelles sur les projets relatifs à la réduction du temps de travail.

Les organisations professionnelles du secteur s'engageant dans une négociation pour la réduction du temps de travail pourront ainsi recourir aux services de consultants et mener des études de faisabilité.

Une convention signée le 21 octobre 1998 entre la ministre de l'emploi et de la solidarité, la secrétaire d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat et le président de l'UPA (Union professionnelle artisanale) a, dans ce cadre, prévu un dispositif de soutien et d'incitation spécifique aux petites entreprises de ce secteur, dans le cadre des interventions du FACT. Plus de 430.000 entreprises artisanales, occupant 1,8 million de salariés, sont potentiellement concernées par le dispositif.

Cette convention doit également permettre aux entreprises artisanales d'être informées sur le contenu et les modalités d'application des accords signés dont elles relèvent. Un dispositif de formation et de conseil adapté à chaque branche de l'artisanat est prévu.

Votre commission estime que ces dispositions ne permettront pas de compenser les effets pervers de la loi pour les petites entreprises. Elle considère en conséquence nécessaire, lors de l'adoption du deuxième projet de loi relatif à la réduction négociée du temps de travail actuellement en discussion, d'introduire dans le dispositif des éléments de flexibilité, notamment grâce à l'augmentation du contingent d'heures supplémentaires, à la réduction des majorations salariales pour les heures supplémentaires effectuées au-delà de la durée légale et à l'annualisation du temps de travail.

une simplification des FORMALITÉS administratives À poursuivre

Le gouvernement, sur proposition de la Secrétaire d'Etat aux Petites et Moyennes Entreprises, au commerce et à l'artisanat, a adopté deux programmes importants de simplifications administratives en décembre 1997 et novembre 1998.

Le premier plan, établi sur la base du rapport rédigé par M. Thierry Baert, député du Nord, comportait 37 mesures.

Les décisions législatives, réglementaires ou organisationnelles nécessaires n'ont été prises, aujourd'hui, que pour 22 d'entre elles. Parmi les mesures adoptées, peuvent notamment être citées :

- la suppression de trois déclarations au moment de l'embauche de certains salariés ;

- l'harmonisation des dates de plusieurs déclarations fiscales ;

- l'assouplissement apporté des possibilités de changement de régime fiscal ;

- les améliorations apportées au fonctionnement des Centres de Formalités des Entreprises (CFE) ;

- l'inscription des nouvelles entreprises au registre du commerce et des sociétés en 24 heures par les greffiers des tribunaux de commerce.

La mise en oeuvre des mesures de simplification du 2ème programme, qui comportait 26 mesures, est inégale, un tiers des mesures ayant été concrétisé.

Votre commission estime qu'il convient de poursuivre avec ténacité la réalisation effective des mesures dont le principe a été arrêté . Elle souhaite également que soit évalué l'impact des mesures prises pour vérifier qu'elles ont bien atteint l'objectif recherché initialement. Elle souligne enfin la nécessité de traquer avec détermination les réglementations inutilement complexes et de faciliter les relations entre les petites et moyennes entreprises et les administrations publiques et organismes sociaux.

Votre rapporteur pour avis regrette, par ailleurs, que le Gouvernement n'ait pas mis en oeuvre une réelle simplification du bulletin de paie pour les petites et moyennes entreprises.

Il note également que quatre ans et demi après la promulgation de la loi du 11 février 1994 relative à l'initiative et à l'entreprise individuelle, le décret d'application de l'article 32 de cette loi, qui porte sur les formalités prescrites en matière sociale, reste à paraître.

Ce dispositif de simplification, qui permet de regrouper sur un support unique l'ensemble des déclarations aux différents organismes sociaux et d'appliquer une assiette commune pour le calcul de certaines cotisations sociales, a déjà fait l'objet d'expérimentations, dont le bilan est concluant.

Alors que les PME attendent avec impatience toutes mesures susceptibles de supprimer les nombreuses formalités auxquelles elles sont soumises, il faut que les organismes et administrations concernés passent les conventions nécessaires pour faire avancer la situation.

Le jour où les entreprises, et notamment les plus petites d'entre elles, pourront établir une seule déclaration, sur un seul support, pour un seul destinataire et régler en un seul chèque l'ensemble de leurs cotisations sociales, la France aura franchi un pas décisif vers l'esprit d'entreprise.

La suppression du commerce hors taxes INTRACOMMUNAUTAIRE

En décembre 1991, le Conseil ECOFIN a adopté une directive " frontières fiscales " relative à la TVA sur les ventes hors taxes au sein de l'Union européenne. Ce texte, adopté à l'unanimité des Etats membres, a fixé le terme des ventes hors taxes et hors droits spécifiques au 30 juin 1999. Il a été transposé en droit français par la loi du 17 juillet 1992 et un régime transitoire a été mis en place depuis 1993.

Cette suppression du commerce hors taxes, effective depuis le 30 juin dernier, a des conséquences importantes en termes d'emplois et d'activité économique.

C'est pourquoi, le Premier Ministre avait confié à M. Capet, Député du Pas-de-Calais, un rapport sur le commerce hors taxes qui lui a été remis en juillet 1998. Celui-ci a procédé à l'état des lieux et évalue l'impact prévisible de la fin du commerce hors taxes en formulant un certain nombre de propositions.

Rappelons que par dérogation à la règle selon laquelle, dans le cadre du grand marché intérieur, les particuliers effectuent leurs achats toutes taxes comprises, les Etats-membres de l'Union européenne ont été autorisés à maintenir, jusqu'au 30 juin 1999, des comptoirs de vente hors taxes. Cette exonération de TVA concernait les livraisons par les comptoirs de vente (à savoir tout établissement situé dans l'enceinte hors taxes d'un port ou d'un aéroport) de biens à emporter dans les bagages personnels d'un voyageur se rendant dans un autre État membre par un vol ou une traversée maritime intracommunautaire.

Etaient également concernées :

- les livraisons de biens effectuées à bord d'un avion ou d'un bateau au cours du transport intracommunautaire de voyageurs ;

- les livraisons de biens effectuées par des comptoirs de vente situés dans l'enceinte des terminaux d'accès au tunnel sous la Manche pour des passagers munis d'un billet.

Le Conseil européen de Vienne de décembre 1998 a invité la Commission à examiner les problèmes sociaux et économiques susceptibles de se poser à la suite de la suppression des ventes hors taxes aux voyageurs intracommunautaires prévue le 1 er juillet 1999.

La Commission a estimé dans une communication du 17 février 1999 que le régime dérogatoire des ventes hors taxes faussait la concurrence entre opérateurs et entre modes de transport, car l'exonération fiscale accordée aux exploitants de boutiques hors taxes leur permettait de fixer des marges bénéficiaires plus élevées que celles appliquées habituellement dans le commerce de détail, alors que l'avantage pour le consommateur est souvent faible. Selon diverses enquêtes, les prix hors taxes étaient souvent supérieurs aux prix affichés par les détaillants qui ne bénéficient pas d'un régime spécifique. De fait, l'exonération fiscale semblait profiter davantage aux vendeurs qu'aux acheteurs.

Cette communication a considéré par ailleurs que, d'après des études nationales réalisées par cinq Etats-membres, la suppression des ventes hors taxes ne devrait globalement avoir que peu d'incidences sur l'emploi, même si des problèmes spécifiques et locaux, notamment dans le secteur maritime, peuvent effectivement se poser.

Elle en a conclu qu'un certain nombre d'instruments pouvaient être utilisés pour en atténuer les conséquences au niveau local, qu'il s'agisse des Fonds structurels ou du Fonds de cohésion pour les états éligibles.

Le Gouvernement a demandé que la question des ventes hors taxes fasse l'objet d'un débat lors du Conseil européen de Cologne de juin 1999. Toutefois, sa position, partagée notamment par l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni n'a pu être retenue faute de l'unanimité des Etats membres requise en matière fiscale.

Depuis le 1 er juillet 1999, le régime dérogatoire des ventes hors taxes à l'intérieur de l'Union européenne a donc été aboli. La suppression des ventes hors taxes intracommunautaires touche un secteur d'activité dont l'importance économique est souvent méconnue. Le chiffre d'affaires du commerce hors taxes en Europe s'élève, en effet, à 40 milliards de francs, dont 25 milliards pour le trafic intracommunautaire. Sur ces 25 milliards de francs, le chiffre d'affaires des producteurs est estimé à 15 milliards, la marge brute des commerces étant de 10 milliards de francs.

En France, l'ensemble des ventes intracommunautaires hors taxes représente environ 2 milliards de francs. La production de produits vendus hors taxes, tels que les produits de luxe ou les alcools, est estimée à 6 milliards de francs. Ainsi 41 % des produits vendus en " duty-free " sont des produits français, d'une qualité remarquable. Le commerce hors taxes est de ce fait un tremplin à l'exportation de nombreuses PME françaises. Au total, la suppression des ventes hors taxes concerne en France un chiffre d'affaires global de 7 à 8 milliards de francs.

Le rapport de M. André Capet estime à près de 10.000 le nombre d'emplois susceptibles d'être supprimés. Il souligne que la mesure d'abolition des ventes hors taxes touchera plus nettement les transporteurs maritimes et leur environnement que les transporteurs aériens et les producteurs.


Au niveau des transports aériens, il observe que l'établissement public Aéroports de Paris (ADP) réalise deux tiers de ses recettes commerciales, soit 700 millions de francs, grâce à la vente hors taxes. Sur cette somme, la suppression du commerce hors taxes intracommunautaire devrait entraîner une diminution de 130 millions de francs.

En matière de transport maritime, l'impact le plus élevé concerne les compagnies maritimes françaises du Transmanche. Pour ces compagnies, qui réalisent près de 50 % de leur chiffre d'affaires sur les ventes hors taxes, contre 10 à 15 % par la vente de billets, l'abolition de la vente hors taxes devrait conduire à une diminution de 60 % des ventes et donc à une augmentation importante du prix du billet, autant de conséquences qui risquent de menacer la rentabilité économique de ces compagnies.

L'effet induit sur l'économie locale d'une région comme Calais, qui connaît un taux de chômage de plus de 20 %, serait alors très préoccupant.

ÉVALUATIONS CHIFFRÉES DE LA SUPPRESSION DU COMMERCE HORS TAXES EN JUIN 1999(*)

SECTEUR D'ACTIVITE

EMPLOIS MENACES

PERTE DE CHIFFRE D'AFFAIRES
(milliards de francs)

Aéroports

350

250

SEAFRANCE

1 200

1 200

Ports et commerces

2 500

2 000

BRITTANY FERRIES

250

200

Ports et tourisme

600

200 à 400

COGNAC

900

300

Activités liées

1 600

 

Parfums

1 100

450

Autres alcools et vins

650

250

Produits divers

900

350

TOTAL

10 050

5 300

Source : Rapport CAPET

Le Comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire (CIADT) du 23 juillet, présidé par le Premier ministre, a notamment adopté des mesures en faveur de Calais (100 millions de francs inscrits au prochain contrat de plan, abondement du fonds de développement du littoral de 25 millions de francs) et décidé qu'un Mémorandum sera préparé par les acteurs locaux et adressé à la Commission européenne d'ici la fin de l'année.

En outre, la recapitalisation de la Compagnie maritime SEAFRANCE, lourdement affectée par la disparition du commerce hors taxes, doit faire l'objet d'un examen attentif des pouvoirs publics.

Votre commission, qui avait déjà évoqué le sujet en 1998, estime qu'il est nécessaire que le Gouvernement mette tout en oeuvre pour que les opérateurs concernés puissent s'adapter à ce nouvel environnement.

L'ÉVOLUTION du RÉGIME des soldes

La loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat a prévu un encadrement plus resserré des procédés de ventes accélérées tels que les soldes, les liquidations, les promotions et les ventes en magasin d'usine et une limitation de la durée des ventes au déballage réalisées dans des lieux non destinés à la vente au public, dans l'objectif d'améliorer la loyauté de la concurrence.

Après deux années complètes de mise en oeuvre de ce nouveau régime juridique, un bilan de cette réforme a été dressé.

La réduction de la période des soldes à deux fois six semaines par an ; l'unicité des dates au sein des départements et les efforts d'harmonisation avec les départements limitrophes ont permis aux professionnels d'écouler leurs stocks d'articles invendus dans des conditions de concurrence assainie. L'obligation pour le commerçant de détenir la marchandise soldée et de l'avoir proposée à la vente depuis au moins un mois avant la date de début des soldes a permis aux consommateurs de disposer d'une vision plus nette de l'offre de produits.

La nécessité pour le commerçant de justifier, dans les six mois suivant l'obtention de l'autorisation, de la réalisation effective de l'événement motivant sa demande de liquidation, a permis de limiter le recours abusif à ce procédé de vente.

Le nombre des ventes au déballage se déroulant sous chapiteau, sur les parcs de stationnement des centres commerciaux a diminué, l'offre commerciale se concentrant sur les surfaces de vente autorisées et sur une période de deux mois par an en un même lieu.

Les enquêtes effectuées par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes en matière de soldes, liquidations et ventes au déballage au cours de l'année 1998 font apparaître une assez bonne assimilation des nouvelles réglementations dans les pratiques de la distribution.


PRATIQUES COMMERCIALES

CONTRÔLES

PV

TAUX D'INFRACTION

AVERTISSEMENTS

Soldes

8 300

590

7 %

1 437

Liquidations

1 316

163

12 %

180

Ventes au déballage

1 115

115

10 %

203

Ventes en magasins d'usine

370

12

3 %

36

TOTAL

11 101

880

8 %

1 856

Les principales irrégularités relevées selon les différentes catégories d'opérations sont les suivantes :

- soldes : opérations de soldes avant ou après la période légale, non-respect de la disposition selon laquelle les marchandises soldées doivent avoir été proposées à la vente et payées depuis au moins un mois à la date du début de la période de soldes considérée ;

- liquidations : liquidations effectuées sans autorisation préfectorale, ventes poursuivies sous forme de liquidations après la période autorisée, ventes de marchandises ne figurant pas à l'inventaire produit lors de la demande d'autorisation, réapprovisionnement en cours de liquidation ;

- ventes au déballage : opération de ventes au déballage effectuée sans autorisation municipale ou préfectorale ;

- magasins d'usine : dénominations de " magasin " ou " dépôt " d'usine abusivement utilisées.

Ce bilan, relativement positif, mérite cependant d'être nuancé.

Il apparaît, en effet, que les dates de soldes généralement retenues à l'échelon départemental sont considérées comme trop précoces par les professionnels du secteur de l'équipement de la personne, notamment en ce qui concerne les soldes d'hiver. Ces dates sont, par ailleurs, inadaptées à l'activité des commerçants installés dans les zones touristiques littorales, en ce qui concerne les soldes d'été. Enfin et surtout, l'absence d'harmonisation des périodes de solde sur le territoire national crée des distorsions entre départements.

Votre commission souhaite que le Gouvernement modifie la réglementation des soldes afin de permettre au ministre chargé du commerce de fixer une date nationale pour les deux périodes annuelles de soldes .

le statut des conjoints d'artisans et de commerçants

Votre commission s'interroge enfin sur la volonté du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat de mener à bien une réforme du statut des conjoints d'artisans qui semble aujourd'hui nécessaire pour remédier aux difficultés rencontrées dans l'application de la loi du 10 juillet 1982 relative aux conjoints d'artisans et de commerçants travaillant dans l'entreprise .

Rappelons que la loi du 10 juillet 1982 a permis d'officialiser le travail accompli par les conjoints dans l'entreprise familiale en leur permettant d'opter entre trois statuts : conjoint salarié, conjoint associé ou conjoint collaborateur mentionné au répertoire des métiers ou au registre du commerce et des sociétés. Chacun de ces statuts est assorti de droits spécifiques. Ce dispositif juridique n'a cependant pas eu l'impact attendu et le conjoint se trouve souvent démuni face à des situations particulièrement graves liées au veuvage ou aux difficultés de l'entreprise.

Votre commission est, dans ce contexte, très attachée à l'élaboration de mesures favorisant la reconnaissance professionnelle des conjoints collaborateurs. Elle sait que des travaux sont engagés en liaison avec les différents départements ministériels pour répondre à certaines attentes des organisations professionnelles concernées, parmi lesquelles : la création d'une présomption de statut, à charge pour les intéressés d'effectuer ensuite une démarche en vue de renoncer aux droits et obligations susceptibles d'en constituer le contenu ; l'amélioration de la protection juridique et financière du conjoint vis-à-vis des créanciers de l'entreprise, notamment en ce qui concerne son patrimoine ; la poursuite de l'activité de l'entreprise par le conjoint survivant ; la valorisation du conjoint à travers un programme de formation adapté ; l'extension aux conjoints de professionnels libéraux des dispositions de la loi du 10 juillet 1982.

Votre commission se félicite de ce qu'une démarche ait été engagée tant auprès du secrétariat d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle que de l'Observatoire de la parité pour examiner le dispositif le plus adapté permettant un suivi et des observations sur la reconnaissance professionnelle des conjoints collaborateurs. Elle constate néanmoins que ce dossier n'a pas évolué. Aussi souhaite-t-elle que le Gouvernement prenne les dispositions appropriées dans les plus brefs délais.

CHAPITRE III -

LE BUDGET DES PME, DU COMMERCE ET DE L'ARTISANAT POUR 1999

LES CRÉDITS DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT

Les crédits inscrits au titre des PME, du commerce et de l'artisanat dans le projet de loi de finances pour 2000 s'élèvent 386,9 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit un montant identique à celui de 1999.

Les autorisations de programme progressent de 10,4 %, passant de 25,9 à 28,5 millions de francs.

Les moyens des services

L'ensemble des emplois et des crédits de fonctionnement du secrétariat d'Etat aux petites et moyennes entreprises, du commerce et de l'artisanat sont transférés sur le budget des services communs du ministère de l'économie et des finances.

Votre rapporteur pour avis se doit de souligner les risques que fait courir l'intégration des services du secrétariat d'Etat au sein du ministère de l'économie et des finances à la politique en faveur des PME. Ce ministère a, en effet, très souvent été un frein aux initiatives de simplification ou de réduction de la fiscalité en faveur des PME.

Les aides au commerce et à l'artisanat

Les crédits d'intervention en faveur des commerces et de l'artisanat s'élèvent pour 2000 à 214,6 millions de francs, en augmentation de 3,4 %.

Ces crédits permettront de maintenir l'effort en matière d'aides à la formation à 101,2 millions de francs comme en 1999.

Ils devraient être consacrés à la poursuite des actions menées actuellement, qu'il s'agisse de la sensibilisation et de l'information des jeunes sur les métiers, de la valorisation de l'apprentissage ou de l'aide au développement des centres d'aide à la décision des chambres de métiers, ainsi que du cofinancement des stages de formation de longue durée organisés par les instituts de promotion commerciale et par l'institut de formation commerciale permanente (IFOCOP) ou du soutien à l'activité du centre d'études et de formation des assistants du commerce (CEFAC).

Les crédits destinés aux actions économiques pour 2000 augmentent de 2,1 % par rapport à 1999 et atteignent 91,9 millions de francs contre 90,01 en 1999.

Ils devraient permettre de soutenir les métiers d'art et un certain nombre d'opérations ponctuelles de communication ou de sensibilisation. Outre des subventions à divers organismes en vue du financement d'actions d'ingénierie destinées à améliorer l'environnement et la productivité des entreprises artisanales, ces crédits devraient également être consacrés à mener une politique de diffusion de la technologie.

Ces crédits ont, en outre, leur volet investissement au titre VI, avec la dotation de 7 millions destinée au fonds d'adaptation des structures artisanales qui, après avoir déjà augmenté de 80 % en 1999, est à nouveau accrue de 40 % en crédits de paiement.

Enfin, les crédits consacrés aux contrats de plan État-régions s'élèvent à 351 millions de francs d'autorisation de programme pour la période 2000-2006, au lieu de 264 millions de francs dans la précédente génération de contrats de plan.

Le choix des actions qui constitueront les priorités des nouveaux contrats de plan s'est effectué sur la base des enseignements tirés de la mise en oeuvre des précédents contrats. La priorité devrait être accordée aux actions de transmission-reprise de l'artisanat et du commerce (ATRAC), aux aides aux investissements matériels et immatériels, aux fonds régionaux d'aide au conseil (FRAC), aux aides au recrutement de cadres, aux aides aux créations d'entreprises.

la politique de bonification d'INTÉRÊTs

En raison de la baisse très importante du coût du crédit constatée au cours des dernières années, la politique de bonification d'intérêt a perdu une partie de son efficacité. Votre rapporteur pour avis estime que, pour autant, la question de l'accès au crédit des petites entreprises continue à se poser de manière aiguë .

Sans abandonner trop précipitamment la politique de bonification d'intérêts, le secrétariat d'Etat a décidé de privilégier les mécanismes de garantie, qui facilitent l'accès au crédit des entreprises en encourageant les banques à prendre plus de risques qu'elles ne le feraient spontanément.

C'est pourquoi l'enveloppe de prêts bonifiés a été réduite, pour 2000, à 1 milliard de francs. Elle est désormais uniquement consacrée au financement des investissements de contraintes (mises aux normes liées à l'application des directives européennes, passage à l'an 2000 et à l'euro).

Cette réduction de l'enveloppe permet de limiter la charge budgétaire. Celle-ci passera donc de 151 à 123 millions de francs (dont 9 au titre de la mise en place de la nouvelle enveloppe annuelle).

Une dotation de 22 millions de francs pourra ainsi être consacrée, l'année prochaine, à l'abondement des fonds de garantie de la SOFARIS, celle-ci négociant avec les réseaux bancaires des conventions de délégation de sa garantie en faveur des très petites entreprises, ainsi que des conventions de co-garantie avec les sociétés de cautionnement mutuel.

Votre rapporteur pour avis souligne la nécessité, au delà de ces actions, de transformer l'attitude des banques dont la méfiance chronique à l'égard des PME est inquiétante.

LES RESSOURCES EXTRA--BUDGÉTAIRESCONSACRÉESS AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT

Le Fonds d'Intervention pour la Sauvegarde de l'Artisanat et du Commerce (FISAC) a été créée par l'article 4 de la loi n° 89-1008 du 31 décembre 1989 modifiée dont les modalités réglementaires d'intervention ont été précisées par le décret n° 95-1140 du 27 octobre 1995.

Il a été effectivement mis en place en 1992 pour répondre à la double nécessité d'assurer le maintien d'une desserte commerciale et des services de proximité indispensables à la vie sociale, et de préserver l'équilibre entre les différentes formes de commerce, en favorisant l'adaptation des structures traditionnelles.

Face aux mutations du secteur de la distribution, le FISAC est donc un outil d'accompagnement des évolutions des secteurs du commerce et de l'artisanat, ainsi que le précise la nouvelle circulaire du 21 juin 1999 qui vient de réaménager son dispositif.

Désormais les interventions du FISAC s'inscrivent dans le cadre nouveau de 5 catégories d'opérations qui regroupent les 18 anciennes catégories selon le tableau de correspondance suivant :







ANCIEN DISPOSITIF

NOUVEAU DISPOSITIF

- Opérations Coeur de Pays

- Opération Centre 2000

- Halles et marchés

- Opérations en quartiers sensibles

Opérations urbaines

Lorsque le projet est porté par une collectivité de plus de 2 000 habitants.

- 1000 Villages de France

- Opérations de restructuration de l'artisanat
et du commerce

- Halles et marchés .

- Equipements commerciaux

Opérations rurales

Lorsque le projet est porté par une collectivité de moins de 2000 habitants

Opérations sectorielles

Opérations sectorielles

Etudes

Etudes

- Opérations biens culturels

- Artisanat

- Programme de développement concerté

- Opérations " sinistrés "

- Transmission-reprise

- Divers

Autres

Par ailleurs les plafonds des aides ont été portés à 2,5 millions de francs pour les dépenses de fonctionnement (50 % d'une opération dans la limite de 5 millions de francs).

S'agissant des dépenses d'investissement, le taux maximum est de 20 % des dépenses dans un plafond de 5 millions de francs et de 10 % pour les dépenses supérieures à ce seuil avec un maximum de subvention par tranche de 2,5 millions de francs. Les entreprises bénéficiant de l'aide directe du FISAC doivent avoir un chiffre d'affaires hors taxes inférieur à 5 millions de francs.

Le FISAC est alimenté par un prélèvement sur l'excédent du produit de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat, créée par la loi n° 72-657 du 13 juillet 1972 pour financer le régime de l'indemnité de départ des commerçants et artisans.

Au cours des 42 séances qu'elle a tenues pendant la période allant du 11 mars 1992 au 8 juillet 1999, la Commission FISAC a examiné 5.363 demandes. Sur ce total, le Ministre a accordé 4.529 subventions pour un montant de 1.782 millions de francs.

Pendant cette même période, les dépenses de gestion de la commission se sont élevées à 574.191 francs d'où un total des charges de 1.783 millions de francs.

La situation au 30 juin 1999 dégage donc un solde net de 271 millions de francs.

Les recettes du FISAC inscrites dans le projet de loi de finances pour 2000 s'élèvent à 410 millions de francs, contre 400 millions de francs en 1999.

Le bilan des subventions attribuées réparties selon les 18 anciennes catégories d'opérations, y compris l'animation économique des chambres de métiers est le suivant :


CATÉGORIES D'OPÉRATIONS

NOMBRE

MONTANT

ANIMATION

64

29 545 026 francs

ARTISANAT

52

32 739 060 francs

OPÉRATION " BIENS CULTURELS "

72

8 847 198 francs

OPÉRATION " COEUR DE PAYS "

476

293 315 575 francs

RÉHABILITATION DU COMMERCE EN DSQ

173

93 579 904 francs

ÉTUDES

30

6 185 200 francs

ÉQUIPEMENTS COMMERCIAUX

157

53 374 132 francs

HALLES ET MARCHES

312

96 986 478 francs

OPÉRATION " 1.000 VILLAGE "

2309

235 354 777 francs

OPÉRATIONS DE RESTRUCTURATION (ORAC)

299

173 996 709 francs

OPÉRATION CENTRE 2.000 ET ASSIMILÉS

401

293 025 735 francs

PARCS DE STATIONNEMENT

13

6 804 000 francs

PROGRAMME DE DEVELOP. CONCERTE

39

14 091 335 francs

OPÉRATIONS SECTORIELLES

25

34 299 487 francs

OPÉRATIONS EN FAVEUR DES SINISTRES

11

28 773 997 francs

TRANSMISSION REPRISE

28

15 028 700 francs

DIVERS

60

92 225 976 francs

ANIMATION ECONOMIQUE DES C.M.

8

274 622 847 francs

TOTAL GENERAL

4529

1 782 796 136 francs

On constate que les opérations urbaines représentent l'essentiel des subventions accordées tandis que les opérations rurales, qui représentent plus de la moitié des dossiers traités, ne comptent que pour un tiers des subventions accordées.

Cette tendance est appelée à se poursuivre dans la mesure où le nouveau dispositif du FISAC, tel qu'il est mis en place par la circulaire du 21 juin 1999, a recherché un équilibre entre les opérations de modernisation et de rénovation du commerce en zone urbaine -par nature coûteuses et souvent pluri-annuelles- et les opérations individuelles de maintien des commerces de proximité en zone rurale, par nature plus nombreuses, mais d'un coût unitaire faible.

Votre rapporteur pour avis regrette cette évolution qui conduit à privilégier les zones urbaines au détriment des zones rurales. Le souci de l'aménagement du territoire conduirait en effet à accorder une priorité au maintien des derniers commerces dans les petites communes.

L'EFFORT FINANCIER DES POUVOIRS PUBLICS EN FAVEUR DES PME

En application de l'article 106 de la loi de finances pour 1996, voté à l'initiative du Parlement, le projet de loi de finances pour 2000 doit être assorti, d'une annexe -dite " jaune budgétaire "-, qui retrace l'ensemble des efforts financiers de l'Etat en faveur des PME en 1999 et pour 2000.

Pour 2000, les aides budgétaires directes de l'ensemble des ministères sont évaluées à 43,3 milliards de francs contre 48,8 milliards de francs en 1999, soit une diminution de 11,27 %.

Les budgets concernés sont, par ordre d'importance de leur intervention, ceux de l'emploi et de la solidarité, de l'économie, des finances et de l'industrie, de la recherche, de l'agriculture et de la pêche et de l'aménagement du territoire.

Ces crédits sont complétés par les ressources affectées du FISAC, des fonds locaux d'adaptation du commerce rural et de nombreuses taxes parafiscales. Au total, pour 2000, ces ressources s'élèvent à 1,2 milliard contre 1,4 milliards de francs en 1999, soit une diminution de 14,29 %.

A ces crédits, il faut ajouter le concours des organismes consulaires, financés par une imposition additionnelle à la taxe professionnelle, pour les chambres de commerce et d'industrie et par une taxe pour frais de chambre des métiers pour ces dernières. Les chambres consulaires apportent un soutien important aux PME. Elles disposent d'une gamme étendue de services pour soutenir le développement des entreprises, dont votre rapporteur pour avis souhaite souligner la qualité.

En outre, sont comptabilisées au sein de l'effort financier de l'Etat en faveur des petites et moyennes entreprises, les dépenses fiscales qui résultent des dispositions fiscales en faveur des PME. Leur montant pour 2000 est évalué à 12,8 milliards de francs contre 14 milliards de francs en 1999, soit une diminution de 8,57 %.

*

* *

Suivant la proposition de son rapporteur pour avis, compte tenu du refus du Gouvernement de prendre en compte les propositions de la Commission spéciale du Sénat sur le projet de loi d'orientation pour l'aménagement et de développement durable du territoire pour promouvoir la création d'entreprises dans les zones en difficulté, et du déséquilibre de la répartition des crédits du FISAC, la commission des Affaires économiques a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés aux PME, au commerce et à l'artisanat, inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.


1 Rapport d'information n° 1804, " Plan d'urgence d'aide à la création de très petites entreprises " de M. Eric Besson au nom de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale.

2 Boulangeries, pâtisseries, charcuteries.

3 Sont inclus les magasins de produits surgelés.

4 Sont inclus les autres magasins non spécialisés.

5 Rapport n° 272 (1998-1999) de MM. Gérard Larcher, Claude Belot et Charles Revet au nom de la Commission spéciale.

6 Proposition de loi n° 254 tendant à favoriser la création et le développement des entreprises sur les territoires.



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