CHAPITRE III - LA QUALITE DE L'ASSAINISSEMENT

I. L'ÉPURATION DES EAUX USÉES

A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE

1. L'assainissement

a) Du » tout à l'égout »  à la protection du milieu

La notion d'épuration des eaux et le concept d'assainissement qui lui est associé a évolué au cours des dernières décennies.

Initialement conçu comme un concept de santé publique, l'assainissement des eaux usées a durant longtemps consisté à évacuer les eaux usées «le plus loin et le plus rapidement possible » des agglomérations. Il s'agissait d'éviter la stagnation des eaux putrides près des habitations et à éloigner ainsi les risques sanitaires associés, ainsi que les inconvénients les plus manifestes (détritus, odeurs, présence de vermines, ...). Cette pratique a conduit durant les années 1960-1970 à la généralisation du «tout à l'égout » y compris dans des localités de taille réduite. Elle représente à présent un confort que peu seraient prêts à remettre en cause, même si l'assainissement collectif n'est pas la seule façon de pratiquer puisqu'il existe également des possibilités d'assainissement individuel ou semi-collectif.

Cependant, cette facilité a eu aussi pour conséquence de concentrer des rejets polluants sur des points précis du réseau hydrographique (sorties des collecteurs) alors qu'ils étaient dispersés auparavant sur des zones plus vastes. Il s'en est suivi une dégradation des milieux aquatiques et la notion d'assainissement a dû être élargie pour répondre à ces nouveaux problèmes. A présent l'assainissement des eaux usées pourrait être défini comme l'ensemble des techniques destinées à collecter les eaux, les évacuer et les traiter jusqu'à un niveau «acceptable » par le milieu récepteur. Dans la pratique cela consiste à fixer des normes de rejets de manière à garantir les différents usages de l'eau (eaux potabilisables, eaux de baignade, ...).

Le concept d'assainissement s'est progressivement modifié au cours des dernières années. Les premières stations d'épuration visaient à réduire principalement la pollution visible (les matières en suspension), puis la pollution organique par le traitement secondaire. A présent, de plus en plus de stations nouvelles sont équipées d'un traitement tertiaire visant à éliminer l'azote et le phosphore. Le travail d'épuration s'arrête-t-il là, ou doit-on prévoir la mise en place d'étapes supplémentaires destinées à éliminer d'autres polluants ?

b) Quelles sont les pollutions redoutées provenant des eaux usées ? :

L'épuration n'est pas destinée à produire de l'eau potable mais à réduire les pollutions issues des eaux usées. Plusieurs phénomènes polluants sont redoutés.

- les matières en suspension, qui provoquent la mort de les poissons et empêchent la lumière solaire de pénétrer dans les eaux ;

- les matières oxydables, qui consomment de l'oxygène et entraînent l'asphyxie de divers vivants,

- les substances à effets toxiques, c'est à dire des substances qui peuvent entraîner une mortalité immédiate ou des effets néfastes différés sur les milieux aquatiques telles que métaux toxiques (METOX), micropolluants adsorbés sur charbon actif, matières inhibitrices (MI)

- sels solubles, qui modifient la composition ionique des eaux

- composés azotés et matières phosphorées, responsables de l'eutrophisation des rivières (développement incontrôlé des végétaux)

L'azote (N) et le phosphore (P) sont deux éléments importants des cycles bio géochimiques. Ils ont un rôle privilégié dans le métabolisme des cellules vivantes, ce qui explique qu'ils constituent les éléments principaux des engrais utilisés depuis longtemps pour accroître les productions végétales. Cependant les apports d'azote et de phosphore dans l'environnement ne sont pas limités aux seules activités agricoles : ainsi chaque habitant rejette par jour 9 à 12 g d'azote (essentiellement associé aux urines) et 3 à 4 g de phosphore qui, quant à lui, provient principalement des détergents et des poudres à lessiver, où son usage vise à limiter les inconvénients (entartrage) induits par la dureté de l'eau.

On les retrouve ainsi sous différentes formes solides et dissoutes dans les eaux usées et, finalement, en partie tout au moins dans les milieux aquatiques, en particulier les eaux de surface.

Arrivés dans ces milieux aquatiques, ces nutriments vont provoquer un développement accru des différentes formes de végétation présentes (algues, végétaux flottants, ...), de la même manière que cela se produit dans les écosystèmes agricoles. Ce phénomène peut atteindre un niveau excessif, appelé eutrophisation, qui se manifeste parfois de manière très tangible : mortalités piscicoles, pH extrêmes, prolifération d'espèces envahissantes, gêne à la navigation et à la baignade, etc...

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