B. LES PÉTRELS ET ALBATROS DE L'ATLANTIQUE SUD SONT TOUCHÉS PAR DES MENACES SPÉCIFIQUES QUI JUSTIFIENT QU'UN ACCORD INTERNATIONAL LEUR SOIT CONSACRÉ

Deux résolutions avaient spécifiquement été consacrées aux espèces migratrices, sur ce point, lors de la sixième réunion de la CMS, tenue au Cap, en 1999.

L'une évoque la nécessité de réduire les « prises accidentelles » d'espèces migratrices protégées, tels les oiseaux marins, lors des activités de pêche . L'autre résolution porte sur la conservation des albatros dans l'hémisphère sud, et invite les Etats où sont situées leurs aires de répartition à élaborer un accord en vue d' une meilleure protection .

Deux activités humaines menacent particulièrement la pérennité d'espèces comme les albatros et les pétrels, marquées par une faible fécondité : d'une part, la pêche à la palangre, d'autre part, le manque de tranquillité et de sécurité entretenu par la présence de l'homme sur les aires traditionnelles de nidification.

* La pêche à la palangre utilise de longues lignes munies chacune de nombreux hameçons. Cette forme de pêche, pratiqués par des bateaux « palangriers » est écologiquement protectrice pour les ressources halieutiques, à la différence, par exemple, des pêches au chalut qui capturent, de façon indiscriminée, de nombreuses espèces non visées par l'activité de pêche. Elle est très répandue en Atlantique sud pour capturer des espèces de grand fond comme le thon, le marlin ou la légine.

Cependant, l'attrait que suscite pour les oiseaux de mer la présence, à l'air libre, le temps de leur mise à l'eau, des lignes porteuses des hameçons appâtés par des poissons, représente une réelle menace pour la survie des albatros et pétrels. Ces oiseaux se caractérisent, en effet, par une aptitude à couvrir de longues distances (ils peuvent parcourir jusqu'à 15 000 km) qui leur rend accessibles les bateaux pêchant en haute mer. Les spécialistes estiment ainsi que les palangriers capturent involontairement plus de 300 000 oiseaux marins par an, dont 100 000 albatros.

Par ailleurs, ces captures involontaires nuisent fortement à la rentabilité des pêches , du fait de la disparition des appâts, et de l'encombrement des lignes par les cadavres d'oiseaux qui s'y sont pris.

Ces répercussions économiques sont suffisamment importantes pour avoir conduit la FAO à élaborer, en 1999, un « Plan d'action international visant à réduire les captures accidentelles d'oiseau de mer par les palangriers ».

Ce document s'adresse à tous les Etats possédant des flottes de palangriers. Il n'a pas de valeur contraignante, mais établit un bilan des méthodes utilisables , à titre volontaire, pour réduire les captures accidentelles , avec une appréciation de leur efficacité et de leur coût.

Parmi les solutions envisagées, et dont certaines sont d'ores et déjà mises en oeuvre, figure le lestage des palangres, pour accélérer la vitesse d'immersion des hameçons, et réduire ainsi leur temps d'exposition aux oiseaux de mer. Il est également proposé de filer les palangres sous l'eau grâce à une glissière, ou encore d'utiliser des méthodes pour effaroucher les oiseaux durant la manoeuvre, par des banderoles ou des flotteurs. En revanche, la dissuasion par méthodes acoustiques ou magnétiques semble sans effet.

A l'heure actuelle, c'est la pêche de nuit qui est la plus inoffensive pour les oiseaux, mais certaines flottes de pêche, surtout celles de faible tonnage, ne sont pas économiquement rentables dans ces conditions.

* Les menaces pesant sur les aires de nidification

Les pétrels et albatros ont un modèle démographique unique marqué par une grande longévité et une très faible fécondité. Ils sont caractérisés par une espérance de vie élevée (de 10 à 43 ans selon les espèces) et une maturité sexuelle tardive (au plus tôt, à 6 ou 9 ans). Plusieurs espèces ne pondent qu'un seul oeuf tous les deux ans, et n'élèvent avec succès qu'un jeune tous les 4 ou 5 ans. Ces éléments impliquent une fragilité extrême de leurs populations à tout événement extérieur (prédateur terrestre, dérangement pendant les périodes de reproduction ...).

Ces espèces se reproduisent durant le printemps austral et sont particulièrement vulnérables en février et mars, lorsqu'elles vont pêcher dans les eaux avoisinantes pour nourrir leurs poussins. Leurs prospections alimentaires touchent des domaines marins très vastes, pouvant aller jusqu'à plusieurs milliers de kilomètres pour le Grand Albatros, mais situés pour la plupart sur les plateaux continentaux des îles. Ces oiseaux sont très bien adaptés à la vie marine, et peuvent rester jusqu'à sept années en mer ; un albatros peut y passer plus de 92 % de sa vie et, au cours d'un voyage alimentaire en mer, peut parcourir jusqu'à 15 000 kilomètres.

Ces oiseaux consomment poissons, calmars, crustacés, vivant ou flottant à la surface, d'où leur vulnérabilité à certaines pêcheries, dont la pêche à la palangre.

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