MISSION « TRAVAIL ET EMPLOI » - M. Serge Dassault, rapporteur spécial

I. LE PILOTAGE DE LA PERFORMANCE : UNE DÉMARCHE INTÉGRÉE MAIS ENCORE PEU OPÉRANTE

A. UN BILAN RELATIVEMENT DÉCEVANT MALGRÉ DE RÉELS EFFORTS D'APPROPRIATION DE LA CULTURE DE RÉSULTAT INTRODUITE PAR LA LOLF

B. UN PILOTAGE DE LA PERFORMANCE EN QUÊTE DE LISIBILITÉ ET DE FIABILITÉ

II. LE BUDGET 2006 : UNE EXÉCUTION TENDUE ET UNE PRÉSENTATION DU NOUVEAU « COÛT COMPLET »

A. UN DÉPASSEMENT SIGNIFICATIF DES CRÉDITS VOTÉS EN LFI

B. UNE FONGIBILITÉ ASYMÉTRIQUE STRUCTURELLEMENT « ASSÉCHÉE »

C. LA PRÉSENTATION EN COÛT COMPLET : UNE ÉBAUCHE D'ANALYSE DES COÛTS

C. UN ACCROISSEMENT DE LA DETTE DE L'ETAT ENVERS LA SÉCURITÉ SOCIALE

La mission « Travail et emploi » est composée de cinq programmes. Trois programmes (n° 133 « Développement de l'emploi », n° 102 « Accès et retour à l'emploi » et n° 103 « Accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques ») mettent en oeuvre la politique de l'emploi et recueillent plus de 90 % des crédits de la mission 215 ( * ) . Le programme n° 111 « Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations sociales » constitue l'encadrement social et juridique des conditions de travail tandis que la fonction de support en ressources humaines et en gestion a été dévolue au programme n° 155 « Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi et du travail ». La mission rassemblait, pour 2006, 13,6 milliards d'euros d'autorisations d'engagement (AE) et 13,1 milliards d'euros de crédits de paiement (CP) .

Votre rapporteur spécial s'était félicité de l'effort d'analyse considérable fourni dans le bleu « Travail et emploi » pour intégrer la démarche de la LOLF dans l'exécution du PLF 2006 . La présentation en annexe du projet de loi de règlement pour 2006 du rapport annuel de performances (RAP) constitue ainsi le premier retour d'expérience dont votre rapporteur spécial avait annoncé qu'il suivrait avec la plus grande attention, d'une part, le pilotage de la performance qui constitue une novation majeure et, d'autre part, la nouvelle présentation de la mission, en exécution et en coût .

Tout en reconnaissant la rigueur et le soin accordés à la réalisation du RAP « Travail et emploi » , notamment dans l'analyse des résultats et la justification des dépenses au premier euro, votre rapporteur spécial souligne le caractère lacunaire du suivi des mouvements de crédits et regrette plus particulièrement l'absence de synthèse globale qui aurait permis de donner une vision d'ensemble de l'exécution 2006 et de tirer des conclusions sur les politiques menées.

Il considère nécessaire qu'à l'avenir, un bilan de performance de la mission introduise le RAP et qu' une place soit faite au suivi particulier des dispositifs pluriannuels tels que le plan de cohésion sociale et le plan d'urgence pour l'emploi.

Suivant la logique de l'examen rénové du projet de loi de règlement et en s'appuyant sur les observations formulées par la Cour des comptes dans son rapport sur l'exercice 2006 216 ( * ) , votre rapporteur spécial s'est attaché à dresser un bilan de performance global de la mission, puis à pointer certains éléments de gestion de l'exercice 2006.

I. LE PILOTAGE DE LA PERFORMANCE : UNE DÉMARCHE INTÉGRÉE MAIS ENCORE PEU OPÉRANTE

A. UN BILAN RELATIVEMENT DÉCEVANT MALGRÉ DE RÉELS EFFORTS D'APPROPRIATION DE LA CULTURE DE RÉSULTAT INTRODUITE PAR LA LOLF

Du strict point de vue quantitatif, le bilan de la performance apparaît relativement décevant au regard des efforts consacrés à la construction de la « batterie » d'objectifs et d'indicateurs mise en oeuvre pour mesurer la performance des programmes et, partant, de la mission. Si 40 % des objectifs apparaissent comme réalisés 217 ( * ) ou partiellement réalisés 218 ( * ) , seuls 24 indicateurs, sur les 95 que comptait la mission dans le PAP 2006, ont obtenus des résultats conformes à la prévision , soit 25 %.

Analyse des objectifs de performance associés à la mission « Travail et emploi »

Source : Commission des finances, d'après le rapport annuel de performances 2006 « Travail et emploi »

Le compte rendu statistique de la performance contraste ainsi avec la teneur des bilans stratégiques des programmes correspondants. Au vu des résultats du programme de support n° 155 « Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi et du travail », l'indication du RAP selon laquelle les « prévisions d'évolution des indicateurs » ont été « globalement atteintes » n'est pas remise en cause. S'agissant des programmes n° s 133, 102, 103 et 111, votre rapporteur spécial considère que les objectifs ne sont pas atteints .

Réalisation des objectifs de la mission « Travail et emploi »

Source : commission des finances, d'après le rapport annuel de performances 2006 « Travail et emploi »

Ce constat ne masque pas pour autant les difficultés d'établissement d'indicateurs et de prévisions pertinents , ainsi que les réels efforts d'appropriation de la culture de résultat par les services de l'Etat . Ainsi plus de 80 % des indicateurs ont été renseignés , ce que votre rapporteur spécial relève comme une performance en soit, et tous les résultats ont donné lieu a une analyse, souvent critique, du responsable de programme. Par ailleurs, la faiblesse du bilan chiffré doit être confrontée à l' absence trop fréquente de valeur cible dans près de 40 % des indicateurs du PAP 2006.

Les indicateurs de la mission « Travail et emploi »

Programmes

Nombre
d'indicateurs

Résultats
renseignés pour 2006

Résultats conformes à la prévision

Absence de prévision dans le PAP 2006

Nombre d'indicateurs
remis en cause

133 - Développement de l'emploi

6

6

2

3

4

102 - Accès et retour à l'emploi

29

22

3,5*

11

14

103 - Accompagnement des mutations
économiques, sociales et démographiques

25

18

7,5*

9

10

111 - Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

21

17

3

13

12

155 - Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi et du travail

14

14

8

0

3

Total mission "Travail et emploi"

95

77

24

36

43

Soit en % du total

81%

25%

37%

45%

* les nombres décimaux rendent compte de la décomposition en sous-indicateurs de certains indicateurs.

Source : commission des finances d'après le rapport annuel de performances « Travail et emploi » 2006

B. UN PILOTAGE DE LA PERFORMANCE EN QUÊTE DE LISIBILITÉ ET DE FIABILITÉ

La lisibilité et la fiabilité de trop nombreux indicateurs sont sujettes à caution. Les responsables de programme ont remis en cause 45 % des indicateurs en opérant soit des modifications techniques, soit des suppressions pures et simples dans le PAP 2007.

Ces éléments explique notamment l' absence d'objectif atteint dans le programme n° 133 « Développement de l'emploi » , où le seul objectif partiellement atteint concernait un des sous-indicateurs de l'indicateur 1.1 « Croissance de l'emploi dans le secteur de la restauration » avec une réalisation 2006 de 853.000 emplois pour une prévision de 850.000. La pertinence de l'ensemble des autres indicateurs du programme (« Promouvoir la création d'activités et d'emplois nouveaux », « Améliorer l'efficience dans la délivrance des aides aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise » et « Accélérer le développement des emplois dans les services à la personne ») a été remise en cause dans la mesure où leur modification dans le PAP 2007 a été prévue ou leur abandon dans le PAP 2008 annoncé. Le bilan d'ensemble de la performance de ce programme s'en trouve ainsi fragilisé et pose la question du maintien du programme n° 133 en tant que tel.

S'agissant du programme n° 102 « Accès et retour à l'emploi » , qui recueille plus de 50 % des crédits de la mission, l'objectif réalisé concerne le renforcement de la coordination des acteurs locaux (objectif n° 1) grâce à la réalisation des maisons de l'emploi avec plus de six partenaires associés dans 100 % des cas. Toutefois, si cet indicateur permet de mesurer la qualité de la mutualisation des moyens des agences ANPE et ASSEDIC dans le cadre de la convention tripartite Etat - Unédic - ANPE, il ne reflète pas le bilan de la mise en oeuvre du plan de cohésion sociale de la loi du 18 janvier 2005, notamment le nombre de maisons de l'emploi effectivement créées qui ne figure pas dans le RAP, et sera remplacé par un nouvel indicateur portant sur les guichets uniques. Il est également regrettable que l'instabilité ou le manque de fiabilité de la moitié des indicateurs du programme ainsi que l'absence de cible de référence, également déploré par le rapport de la Cour des comptes précité, rende illisible la performance d'un volet-majeur de la politique de l'emploi. Ce constat est symptomatique de « l'hypertrophie » des indicateurs dénoncée par votre rapporteur spécial dans son rapport spécial sur le PLF 2007.

Le second programme de la mission en volume de crédits, 4,5 milliards d'euros d'AE et de CP, n° 103 « Accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques » n'échappe pas au même constat, la Cour des comptes notant tout particulièrement l 'absence d'argumentation sur la fixation des valeurs cibles . Votre rapporteur spécial s'associe aux observations de la Cour des comptes quant à la déficience de la collecte des données, l'insuffisance du suivi de la performance et souligne de ce fait l'impossibilité de mesurer un « retour sur investissement » de la variété des dispositifs financés :

• 21 dispositifs d'aide à la formation professionnelle ;

• 3 opérateurs subventionnés, notamment l'AFPA (11.408 ETPT et 725,75 millions d'euros en CP), le Centre INFFO (4,55 millions d'euros en CP) et l'Agence Socrates - Leonardo (0,224 million d'euros).

L'objectif n° 2 « Accroitre l'efficacité et l'effet de levier de la politique contractuelle » obtient des résultats conforme aux prévisions relatives aux actions de sauvegarde de l'emploi et de développement des compétences dans des secteurs ou des territoires menacés par des mutations économiques dans le cadre d'un cofinancement Etat-Région des projets (68 % des actions ont ainsi été cofinancées). En revanche, l'absence de données permettant de mesurer les objectifs relatifs au développement de l'apprentissage, des contrats de professionnalisation et de l'accès à un parcours qualifiant ne rend pas compte de l'impact sur l'exécution 2006 de ces contrats.

S'agissant du programme n° 111 « Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail » , il convient de souligner l'aspect très incertain de la mesure des indicateurs 219 ( * ) . L'impossibilité d'apprécier le niveau de performance des objectifs ne remet toutefois pas en cause un bilan stratégique jugé positif sur les actions de mise en oeuvre du plan santé travail, et de recodification de la partie législative du code du travail adoptée par l'ordonnance du 12 mars 2007, sur la préparation de la réforme de modernisation du dialogue social promulguée le 31 janvier 2007 et l'augmentation de l'activité de lutte contre le travail illégal. Ce constat est partagé par les services de l'Etat dans la mesure où une fusion d'objectifs a été opérée dans le PAP 2007, ramenant leur nombre de 10 à 7.

Enfin, votre rapporteur spécial entend encourager la mise en oeuvre pérenne d'indicateurs de gestion et, à ce titre, suivra avec attention les évolutions dans le programme de support n° 155 « Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi et du travail » des indicateurs relatifs à la proportion des crédits d'intervention délégués ou piloté au niveau régional (indicateur 1.2) et au montant des dépenses de fonctionnement courant par agent 220 ( * ) (indicateur 7.1).

En dépit d'un bilan de performance relativement décevant pour l'exercice 2006, votre rapporteur spécial entend toutefois saluer ce premier « retour d'expérience » et conforter la démarche d'appropriation et de rationalisation en cours des outils de pilotage par les services en charge de la mission.

Observations tendant à instaurer une évaluation du
« retour sur investissement »

Il tient à rappeler qu'en application de l'article 58-20 de la LOLF à la demande de votre rapporteur spécial, la Cour des comptes a réalisé une enquête portant sur l'efficacité des contrats aidés de la politique de l'emploi. Celle-ci a donné lieu à la publication d'un rapport d'information 221 ( * ) fait au nom de la commission des finances. Il rappelle les principales observations faites à cette occasion :

• l'éclatement, la complexité et la forte instabilité des conditions de mise en oeuvre des contrats aidés;

• l'illisibilité des mesures et la confusion des politiques nationales et régionales;

• la difficile évaluation de l'impact réel des contrats aidés sur la réduction du nombre de chômeurs;

• le « besoin impérieux » d'une méthodologie adaptée d'analyse de l'efficience des contrats aidés.

Votre rapporteur spécial estime donc nécessaire :

• d ' engager une démarche d'évaluation du « retour sur investissement » ;

• et de fixer, pour chaque programme mettant en oeuvre la politique de l'emploi, un objectif d'« évaluation de l'efficience des dispositifs de financement et d'exonérations sociales » .

II. LE BUDGET 2006 : UNE EXÉCUTION TENDUE ET UNE PRÉSENTATION DU NOUVEAU « COÛT COMPLET »

A. UN DÉPASSEMENT SIGNIFICATIF DES CRÉDITS VOTÉS EN LFI

Les crédits consommés de la mission « Travail et emploi » s'élevaient, pour 2006, à 14,1 milliards d'euros en AE et 13,8 milliards d'euros en CP, soit des taux d'exécution respectifs par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale de 103,4 % et de 105,2 %.

On observe les plus fortes tensions d'exécution sur les deux programmes les plus exposés aux dépenses dites de « guichet » en raison notamment de la montée en puissance des dispositifs de contrats aidés et d'exonération de cotisations de cotisations sociales pour les programmes n° s 102 et 103. Comme le retrace, ci-dessous, le tableau d'exécution de la mission en 2006, les taux d'exécution de révèlent inégaux selon les programmes mais satisfaisant sur l'ensemble.

La conjoncture ainsi que les effets d'aubaine expliquent dans une certaine mesure ce dépassement significatif des crédits votés. Toutefois, elle met en lumière également la persistance de la sous-dotation des contrats mis en place par la programmation budgétaire de la loi de cohésion sociale .

Votre rapporteur spécial regrette également l' absence de distinction entre les autorisations d'engagement et les crédits de paiements alors même que le plan pluriannuel de cohésion sociale se poursuivait sur la période.

En revanche, il note l' effet bénéfique de l'encadrement de la LOLF sur la fin des pratiques abusives des reports . Ainsi, le montant des reports de crédits sur 2007 est limité à 259 milliards d'euros, sous la limite des 3 % fixée par la LOLF pour chacun des programmes.

Trois amendements du gouvernement , adoptés lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2006 visaient :

- à abonder de 75.000 euros le plafond de la mission « Travail et emploi » ;

- à réduire de 24,1 millions d'euros la part de la subvention attribuée par l'Etat à l'association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) en raison de la décentralisation au Conseil régional de la « région  Centre » de ce montant à compter du 1 er janvier 2006 ;

- à majorer de 10 millions d'euros les crédits destinés aux dispositifs d'encouragement au développement d'entreprises nouvelles (EDEN) . Cette mesure d'encouragement n'a pas rencontré le succès escompté . la consommation sur ce dispositif est restée limité à 31,9 millions d'euros en crédits de paiement au lieu des 45 millions d'euros ainsi prévus.

Données générales d'exécution de la mission « Travail et emploi » en 2006

(en euros)

Programmes

Crédits votés
en loi de finances initiale

Crédits ouverts
(intégrant fonds de concours, ouvertures et annulations en cours d'exercice)

Crédits consommés

Taux d'exécution
par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale
(en %)

Taux d'exécution
par rapport aux crédits ouverts
(en %)

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

AE

CP

Développement de l'emploi

845 983 324

845 983 324

935 563 038

935 227 495

849 077 246

837 626 790

100,4%

99,0%

90,8%

89,6%

Accès et retour à l'emploi

7 378 638 813

6 964 953 313

8 102 190 276

7 688 504 776

7 693 941 494

7 646 181 531

104,3%

109,8%

95,0%

99,4%

Accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques

4 551 479 512

4 541 539 512

4 838 648 452

4 748 040 685

4 697 511 360

4 561 613 125

103,2%

100,4%

97,1%

96,1%

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

128 818 450

81 537 450

125 587 666

78 301 309

122 145 595

73 445 047

94,8%

90,1%

97,3%

93,8%

Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi e du travail

740 816 473

722 846 473

777 365 271

740 256 396

745 665 436

716 266 136

100,7%

99,1%

95,9%

96,8%

Total

13 645 736 572

13 156 860 072

14 779 354 703

14 190 330 661

14 108 341 131

13 835 132 629

103,4%

105,2%

95,5%

97,5%

Source : d'après les données du rapport annuel de performances « Travail et emploi » annexé au projet de loi de règlement pour 2006

Couverture des engagements et reports sur 2007 au titre de la mission « Travail et emploi »

(en euros)

Programme

Engagements réalisés
au 31/12/2006

Total des CP
consommés en 2006

Solde des engagements
non couverts par des paiements au 31/12/2006

Reports sur 2007

Solde

Variation par rapport
au 31/12/2005

AE

CP

Développement de l'emploi

849 077 246

837 626 790

11 450 456

+ 11 450 456

0

0

Accès et retour à l'emploi

7 706 439 613

7 646 181 531

60 258 082

+ 47 759 963

470 000 000

200 000 000

Accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques

4 697 511 360

4 561 613 125

135 898 235

+ 135 898 235

166 751 007

35 699 938

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

122 145 595

73 445 047

48 700 548

+ 48 700 548

39 917

2 486 041

Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi e du travail

772 897 948

716 266 136

56 631 812

+ 29 399 300

23 356 633

20 893 984

Total

14 148 071 762

13 835 132 629

312 939 133

+ 273 208 502

660 147 557

259 079 963

Source : d'après le rapport annuel de performances "Travail et emploi" annexé au projet de loi de règlement pour 2006

B. UNE FONGIBILITÉ ASYMÉTRIQUE STRUCTURELLEMENT « ASSÉCHÉE »

La structure de la mission « Travail et Emploi » regroupe la totalité des dépenses de personnel du titre 2 au sein d'un seul programme de support regroupant 10 457 ETPT en 2006. Les crédits de titre 2 et les ressources en ETPT sont ventilés sur des actions dédiées au support de chaque programme.

Dépenses de personnel du titre 2

Intitulé de l'action

Crédits consommés

Réalisation en ETPT 1

Gestion du programme « Développement de l'emploi »

16 073 217

466

Gestion du programme « Accès et retour à l'emploi »

87 625 610

2 283

Gestion du programme « Accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques »

52 497 869

1 353

Gestion du programme « Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail »

180 455 282

3 350

Soutien

149 209 637

2 659

Etudes, statistiques, évaluation et recherche

21 532 505

346

Totaux

507 394 120

10 457

1 Equivalent temps plein travaillé.

Source : d'après le rapport annuel de performances « Travail et emploi » 2006

Votre rapporteur spécial pointait le risque de « stérilisation » de la fongibilité asymétrique dès l'examen du projet de loi de règlement pour 2005. 222 ( * ) De fait, la fongibilité asymétrique permettant de redéployer des crédits de personnel vers d'autres titres de dépenses est structurellement « asséchée » dans la mission « Travail et emploi » .

Des mouvements de fongibilité asymétrique à hauteur de 9,53 millions d'euros ont toutefois été réalisés vers une subvention pour charges de service public en direction de l'Institut national du travail, de l'emploi et de la formation (INTEFP) et des dépenses d'intervention correspondant à des subventions aux nouvelles « maisons départementales des personnes handicapées ». Toutefois, la subvention de 9 millions d'euros versée à l'INTEFP , transformé au 1 er janvier 2006 en établissement public administratif et constitué dès lors en opérateur de l'Etat, a en réalité eu pour objet la prise en charge des rémunérations des agents de l'INTEFP et celles des inspecteurs élèves du travail .

C. LA PRÉSENTATION EN COÛT COMPLET : UNE ÉBAUCHE D'ANALYSE DES COÛTS

La présentation en « coût complet » constitue une novation introduite par l'article 27 de la LOLF, à l'initiative du Sénat. La synthèse des cinq programmes permet, malgré le caractère indicatif et non exhaustif de la présentation, de mieux évaluer le coût de chaque programme et d'identifier les opérations de « déversement » des dépenses de personnel du programme de support vers les quatre autres programmes.

Les coûts directs de chaque programme comprennent des charges ayant donné lieu à décaissement (interventions) et, pour un montant faible, des charges non décaissées recensées en fin d'exercice. Ainsi, les coûts directs sont, dans le tableau ci-dessous, plus élevés que les crédits consommés en fin d'exercice. Cette différence s'explique dans la plupart des programmes par des provisions pour charges constituées en raison de dépenses non payée en 2006 (dispositifs d'aides à l'emploi, exonération de cotisations sociales, dépenses diverses).

Le coût complet de la mission « Travail et emploi », hors dépenses fiscales, est estimé à 14,7 milliards d'euros.

Exécution de la mission « Travail et emploi » en coûts complets

(en euros)

Programmes et actions

Exécution

Coûts directs

Ventilation des coûts de pilotage,
de soutien et/ou de polyvalence

Exécution

Coûts complets

au sein du programme

entre programmes

Développement de l'emploi

932 923 362

38 037 614

970 960 976

Allégement de cotisations sociales

681 883 435

1 567 150

683 450 585

Promotion de l'emploi

251 039 927

36 470 464

287 510 391

Accès et retour à l'emploi

7 837 249 788

199 784 253

8 037 034 041

Indemnisation des demandeurs d'emploi et rapprochement de l'offre et de la demande d'emploi

3 364 802 046

57 617 779

3 422 419 825

Mise en situation d'emploi des publics fragiles

4 472 447 742

142 166 474

4 614 614 216

Accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques

5 154 351 827

119 476 670

5 273 828 497

Anticipation des mutations et développement de la mobilité professionnelle

729 446 422

45 711 774

775 158 196

Amélioration de l'accès des actifs à la qualification

4 424 905 405

73 764 896

4 498 670 301

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

74 688 984

371 362 025

446 051 009

Santé et sécurité au travail

26 805 827

112 429 313

139 235 140

Qualité et effectivité du droit

19 377 218

131 175 004

150 552 222

Dialogue social et démocratie salariale

28 505 939

105 884 484

134 390 423

Lutte contre le travail illégal

0

21 873 223

21 873 223

Conception, gestion et évaluation des politiques de l'emploi et du travail

733 600 499

-728 660 562

4 939 937

Gestion du programme "développement de l'emploi"

16 086 306

21 951 308

-38 037 614

0

Gestion du programme "accès et retour à l'emploi"

87 678 624

112 105 629

-199 784 253

0

Gestion du programme "accompagnement des mutations économiques, sociales et démographiques"

52 764 683

66 711 987

-119 476 670

0

Gestion du programme "amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail"

180 489 638

190 872 387

-371 362 025

0

Soutien

358 193 644

-353 253 707

0

4 939 937

Etudes, statistiques, évaluation et recherche

38 387 604

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Source: rapport annuel de performances « Travail et emploi » pour 2006

D. UN ACCROISSEMENT DE LA DETTE DE L'ETAT ENVERS LA SÉCURITÉ SOCIALE

Enfin, un des mérites de la présentation des dépenses en coûts directs réside dans la plus grande lisibilité de la dette de l'Etat . Elle met également en évidence certaines dérives de l'utilisation de la fongibilité autorisée par la LOLF pour transférer des crédits initialement dévolus à la compensation d'exonérations pour financer des mesures nouvelles non prévues dans leur budget initial. Au sein de la mission « Travail et emploi », certains de ces mouvements ont contribué à créer de la dette à la sécurité sociale .

S'agissant du programme n° 103, la fongibilité pratiquée a notamment porté sur la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle dont le nombre de bénéficiaires a connu une augmentation imprévue de 81 500 mois de stage à 125 496 mois de stage.

La dette à la sécurité sociale créée en 2006 dépasse 500 millions d'euros . Elle a principalement porté sur les non paiements de cotisations associées aux dispositifs suivants :

• contrats initiative emploi (124 millions d'euros) ;

• contrats retour à l'emploi (11,27 millions d'euros) ;

• contrats d'apprentissage (363,24 millions d'euros) ;

• contrats de qualifications pour les jeunes (117,54 millions d'euros).

* 215 Le montant des crédits de paiement votés en loi de finance initiale s'élevait à 13,15 millions d'euros, dont 12,35 millions d'euros affectés à ces trois programmes, soit 93,89 %.

* 216 « Résultats et gestion budgétaire de l'Etat, exercice 2006 «  rapport de la Cour des comptes - la documentation française, mai 2007

* 217 Un objectif est réalisé lorsque tous les indicateurs le concernant atteignent au moins le niveau de la prévision indiquée dans le PAP 2006.

* 218 Au moins un indicateur atteint le niveau de la prévision précitée.

* 219 Seuls trois indicateurs obtiennent des résultats conformes à la prévision, encore ne concernent-ils que des sondages relatifs à des taux de satisfaction et deux d'entre-eux sont remplacés dans le PAP 2007.

* 220 Le montant de la dépense de fonctionnement courant par agent s'élève à 3.862 d'euros sur l'exercice 2006, pour une prévision établie à 4.525 d'euros. Soit une baisse de 14 % par rapport à 2005, et 25 % par rapport à 2004.

* 221 Rapport d'information n° 255 (2006-2007) : « Quelle efficacité des contrats aidés de la politique de l'emploi ? ».

* 222 Rapport n° 418 (2005-2006), Tome II : Contributions des rapporteurs spéciaux.

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