C. CETTE SITUATION REND VULNÉRABLES LES PAYS NON PRODUCTEURS D'ÉNERGIE

1. Une vulnérabilité géopolitique

Certains risques sont liés aux pays producteurs

Il est en effet évident, et l'histoire l'a montré, qu'un changement dans la politique suivie par l'Arabie Saoudite ou un conflit au Moyen-Orient entraînerait une forte tension sur les marchés pétroliers, voire une rupture de l'approvisionnement des pays importateurs ; de même, une crise grave en Russie pourrait déstabiliser l'entreprise Gazprom et réduire l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel.

La politique d'approvisionnement pétrolier des États-Unis, qui importent environ 50 % de leur consommation, illustre bien l'absolue nécessité qu'ont les États de se protéger. Tout en maintenant des relations très étroites avec certains pays du Golfe Persique dont la défense est maintenant principalement sous la responsabilité américaine, et en pratiquant une politique d'isolement d'autres pays du Moyen-Orient pour les empêcher d'exercer une domination sur la région, les États-Unis accroissent considérablement leurs importations en provenance de l'Amérique Latine (la valeur des importations venant du Venezuela a augmenté de 44 % entre 1993 et 1996, alors qu'elle se réduisait de 4,3 % pour les importations venant des pays du Golfe).

D'autres risques sont liés au problème de l'acheminement du pétrole et du gaz vers les pays consommateurs

Les tensions qui accompagnent le choix des pays traversés par les gazoducs et oléoducs permettant de transporter les hydrocarbures exploités en mer Caspienne en sont une illustration.

Si, contre l'avis des autorités russes, le tracé Bakou-Novorossiysk promu par l'Azerbaïdjan International Operating Company est choisi, les exportations du brut azeri seront placées sous le contrôle tchétchène, ce qui comporte des risques évidents en matière de sécurité d'approvisionnement pour tous les pays dépendant de ce pétrole.

2. Une vulnérabilité économique

S'ils ont besoin d'une sécurité d'approvisionnement, les pays non producteurs d'énergie ont également besoin de prix bas et stables .

Or, la stabilité des prix peut être compromise à tout moment par une crise politique en Russie ou au Moyen-Orient même si la sécurité des approvisionnements n'est pas remise en cause.

Une hausse des prix pourrait également intervenir pour d'autres raisons : si la demande est trop forte par rapport à l'offre, les mécanismes de marché conduiront à une augmentation des prix ; ainsi, au Moyen-Orient, la demande européenne va entrer inévitablement en concurrence avec la demande chinoise, ce qui accroîtra la tension sur ce marché. Par ailleurs, le recours croissant au gaz est un facteur de hausse, compte tenu des coûts de transport très élevés de cette ressource énergétique (son transport par pipeline est quatre fois plus coûteux que celui du pétrole). Enfin, le coût élevé d'exploitation des pétroles non conventionnels aura des répercussions sur leur prix.

L'actuelle abondance de sources d'énergie peu coûteuses ne doit pas masquer la vulnérabilité des pays non producteurs.

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