ANNEXE N° 3 -

INTERMODALITÉ ET TRANSPORTS AÉRIENS

La France dispose actuellement d'un réseau de desserte aérienne qui s'articule autour du pôle parisien (essentiellement Orly et Roissy), d'aéroports de province dotés d'un fort potentiel de développement, et de plates-formes secondaires réservées à des trafics spécialisés (aérodromes militaires, ou aéroports ouverts de façon limitée à l'aviation légère et d'affaires).

Pour assurer l'utilisation optimale de cet ensemble, les dessertes terrestres jouent un rôle essentiel car les voyageurs et les transporteurs de fret sont très sensibles, au coût et au temps minimum garanti pour accéder aux infrastructures aéroportuaires.

Comme l'ont montré les auditions auxquelles a procédé votre commission d'enquête, il n'existe pas de problème majeur d'engorgement des dessertes terrestres des aéroports français situés en province . Hormis quelques difficultés observées à Bordeaux, et Toulouse, les autres grands aéroports situés en province, notamment Nice, Marseille et Lyon, sont correctement desservis.

En revanche la desserte de Roissy laisse à désirer aussi bien en ce qui concerne la route que le rail .

Les encombrements du trafic routier à proximité de l'aéroport sont de plus en plus fréquents .

La croissance programmée du trafic aérien accroîtra l'ampleur de ce problème pour les voyageurs et pour les riverains dans les années à venir. Le développement de l'aéroport lui même passe d'ailleurs par un désenclavement des zones riveraines grâce à la construction de voies routières desservant l'Ouest de la plate forme. En effet, les travaux de la mission d'études de la desserte aéroportuaire du grand bassin parisien conduite par M. Jacques Douffiagues ont montré que si l'on observe quelques problèmes ponctuels de desserte à l'Est, beaucoup restait à faire -et rapidement- à l'Ouest. Cette amélioration est d'autant plus nécessaire que 40 % du trafic des voyageurs franciliens à destination de Roissy proviennent de l'Ouest parisien et de sa proche banlieue, notamment du secteur de la Défense. En outre, les communes du Val-d'Oise situées à l'Ouest de Roissy ont souvent eu l'impression d'être les " laissées pour compte " du développement de la plate-forme dont elles estiment avoir subi les inconvénients sans profiter des avantages.

La desserte ferroviaire de Roissy par le RER B et le TGV doit également être améliorée.

Le RER B ne dispose pas d'une capacité suffisante pour assurer l'acheminement des passagers à destination de l'aéroport en direction de Paris, notamment à cause de l'absence de trains directs jusqu'à la capitale, des nombreux arrêts répondant aux besoins de la desserte locale, et de l'insuffisance des dessertes la nuit et le week-end. Cette situation explique en partie le faible recours des usagers aux transports en commun. Alors que le pourcentage des voyageurs qui empruntent la voie ferrée pour gagner l'aéroport est de 29 % à Francfort, de 27 % à Londres-Gattwick et 23 % à Londres-Heathrow, de 21 % à Amsterdam-Schiphol, ce pourcentage ne dépasse pas 15 % à Paris-Charles de Gaulle.

La desserte de l'aéroport par TGV, laisse aussi à désirer, comme l'ont montré les auditions auxquelles a procédé votre commission d'enquête : de nombreux passagers déplorent que les horaires des correspondances entre les TGV et le départ des avions ne soient souvent pas adaptés, du fait de l'insuffisance du nombre de dessertes de la gare de Roissy par les trains à grande vitesse.

Le développement de l'aéroport de Roissy et le redéploiement des trafics vers les autres aéroports de province sont indissociables de l'amélioration de sa desserte terrestre.

L'amélioration de la desserte terrestre de Roissy constitue un objectif prioritaire pour le développement de cet aéroport.

A côté de réalisations envisagées par certains, comme une liaison routière souterraine Paris-Roissy à péage, il serait prioritaire de renforcer la liaison ferroviaire entre la capitale et l'aéroport . Le trafic sur le RER B étant saturé, l'éventuelle création d'une ligne dédiée au départ de la gare de l'Est a été évoquée.

La réalisation de telles infrastructures est lourde d'enjeux stratégiques pour la plate-forme de Roissy -la réussite de son extension en dépend-, pour notre compagnie nationale, le " hub " qu'elle a installé à Roissy est un de ses atouts majeurs dans la compétition internationale, mais aussi pour nos aéroports de province. Dans une logique de " hub " (plate-forme de correspondance aéroportuaire), la croissance du trafic sur le plus grand aéroport international français a naturellement vocation à alimenter le trafic national vers les pôles aéroportuaires provinciaux et à stimuler celui en provenant.

C'est pourquoi, desserrement de Roissy et redéploiement du trafic en faveur de la province doivent constituer les deux faces d'une même politique.

Dans cette perspective, il conviendrait de laisser à Roissy la possibilité d'accueillir un nombre croissant de passagers malgré l'engorgement du ciel qui résulte notamment de la multiplication du nombre des avions de petite capacité. Le fret aérien, transporté par avion " tout cargo ", peut être, pour partie, transféré vers des aéroports de province. L'expérience de l'aéroport de Châteauroux-Déols, situé à moins de deux heures trente de Paris et qui possède des capacités d'accueil disponibles est, à cet égard, très encourageante.

L'accessibilité terrestre d'un troisième aéroport -encore à créer- constituera un élément essentiel de sa compétitivité

Comme le soulignaient la Direction des transports terrestres et la Direction des routes dans leur contribution aux travaux de la mission Douffiagues, la desserte terrestre doit être envisagée dès le choix du site afin de réserver les emprises nécessaires non seulement à la plate-forme aéroportuaire, mais aussi aux infrastructures d'accès .

Le site de Beauvilliers, près de Chartres, ayant été pressenti, il appartient désormais au Gouvernement, d'étudier les conditions dans lesquelles sa desserte sera assurée aussi bien par la route que par la ligne TGV à grande vitesse. Il convient également de mettre dès à présent à l'étude la possibilité d'assurer une desserte ferroviaire dédiée de Paris qui n'entre pas en concurrence avec les liaisons existantes .

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