II. L'OCCAR : UNE NOUVELLE APPROCHE DE LA COOPÉRATION EUROPÉENNE EN MATIÈRE D'ARMEMENT

La France possède une longue pratique de la coopération sur les programmes d'armement. Cette coopération s'est jusqu'à présent inscrite dans des cadres variés, soit qu'elle soit conduite directement avec les pays partenaires, soit qu'elle s'appuie sur des structures permanentes, telles que le bureau de programmes franco-allemand ou l'Institut franco-allemand de Saint-Louis, ou sur des structures temporaires, destinées à disparaître après achèvement du programme, telles que la NAHEMA, agence rattachée à l'OTAN créée pour le programme d'hélicoptères NH90.

L'OCCAR constitue pour sa part un cadre institutionnel de coopération à vocation plus large que ces différentes structures, tant par le nombre de pays concernés que par sa capacité à gérer tout programme d'armement en coopération impliquant ces pays.

Plus qu'une simple organisation de coopération, l'OCCAR constitue un moyen de mettre en oeuvre de nouvelles méthodes susceptibles d'améliorer considérablement la conduite des programmes d'armement en coopération et de se révéler plus efficaces que les procédures nationales d'acquisition.

L'accession de l'OCCAR à la personnalité juridique, objet principal de la convention signée le 9 septembre 1998 à Farnborough, est la condition indispensable pour concrétiser rapidement ces nouvelles méthodes dont les bénéfices ne pourront toutefois pleinement se ressentir qu'à moyen terme, lorsque des programmes nouveaux seront, dès la phase de définition, intégrés à l'organisation.

A. LES MOYENS D'UNE EFFICACITÉ ACCRUE POUR LES PROGRAMMES D'ARMEMENT EN COOPÉRATION

Les principes d'acquisition qui prévaudront au sein de l'OCCAR et la personnalité juridique de cette dernière doivent contribuer à donner à la coopération sur les programmes d'armement une efficacité dont elle était bien souvent dépourvue.

1. Les principes de fonctionnement de l'OCCAR : une volonté de remédier aux dérives de la coopération en matière d'armement

Censée procurer un avantage économique, la coopération s'est souvent écartée en pratique de cet objectif.

La répartition des investissements n'a pas toujours obéi à une stricte logique industrielle et a parfois généré des duplications, alors que les effectifs pesaient excessivement sur le coût des programmes, chaque nation souhaitant déléguer ses propres personnels pour chaque fonction.

Le poids des considérations nationales propres à chaque partenaire est souvent resté très fort, au détriment de la cohérence des programmes.

Enfin, ces programmes se caractérisaient souvent par la lourdeur de leur gestion en raison de la juxtaposition des processus de décision, de l'égal respect des méthodes nationales de conduite des programmes et des répercussions immédiates des aléas budgétaires propres à chaque partie.

Au total, nombre de programmes en coopération n'ont pas échappé à une dérive des coûts et des délais.

Le préambule de la convention rappelle le souhait des pays signataires d'accroître leur coopération en matière d'armement, " afin d'en améliorer l'efficacité et d'en réduire les coûts ".

Il préconise " de nouvelles organisations de gestion des programmes optimisées " alors que " les procédures de passation des contrats doivent être rendues plus efficaces " et que " la constitution de maîtrises d'oeuvre industrielles transnationales et véritablement intégrées doit être encouragée ". Il estime également nécessaire, dans les programmes en coopération, " d'organiser la mise en concurrence dans le respect de règles uniformes ".

Les missions de l'OCCAR sont énoncées à l'article 7 de la convention :

- coordonner, conduire et faire exécuter les programmes d'armement qui lui sont confiés,

- consolider et promouvoir des activités communes de préparation à l'avenir .

Dans cette perspective, l'OCCAR assure les tâches suivantes (article 8) :

- gestion de programmes de coopération en cours et à venir,

- gestion des programmes nationaux des Etats membres qui lui sont confiés,

- élaboration des spécifications techniques conjointes pour des équipements définis en commun,

- coordination et planification d' activités de recherche conjointes ,

- coordination des décisions nationales concernant la base industrielle et technologique commune ,

- coordination des investissements et de l'utilisation des centres d'essais .

La convention reprend les grands principes directeurs de l'OCCAR tels qu'ils avaient été définis lors du sommet franco-allemand de Baden-Baden.

Les pays signataires renoncent tout d'abord " à un calcul analytique de juste retour industriel programme par programme, pour le remplacer par la recherche d'un équilibre global multiprogramme et pluriannuel " (article 5).

A cet effet, des états d'avancement seront établis annuellement pour chacun des programmes en cours.

Chacun des Etats-membres " s'engage à donner la préférence, pour satisfaire aux besoins de ses forces armées, aux matériels au développement desquels il a contribué dans le cadre de l'OCCAR" (article 6) .

Il s'agit là d'une sorte de principe de préférence europénne , garantissant un engagement sur le long terme des Etats.

Les principes d'acquisition , applicables à tous les contrats conclus par l'OCCAR sont les suivants :

- recours, en règle générale, à la mise en concurrence , y compris, avec l'accord unanime des pays membres, auprès d'Etats extérieurs au GAEO sous réserve de réciprocité ; il peut toutefois être dérogé à ce principe général pour répondre aux exigences de défense et de sécurité ou pour améliorer la compétitivité de la base industrielle et technologique de défense (article 24),

- attribution de contrats en fonction de la compétitivité des offres reçues plus que des contributions financières apportées par les participants (article 25),

- recherche de prix forfaitaires et fermes (article 28).

L'annexe III à la convention fixe quelques dispositions transitoires pour une période de trois ans à partir de l'entrée en vigueur de la convention. Il s'agit de garantir des mesures de nature à rétablir l'équilibre si les entreprises d'un Etat membre ont reçu un volume de commandes inférieur à 66 % de sa contribution financière sur un programme ou un sous-ensemble de programme donné, ou si un déséquilibre global supérieur à 4 % est observé par rapport à tous les programmes.

2. La personnalité juridique, élément essentiel du statut de l'OCCAR

L'objet principal de la convention, et l'importance de sa ratification rapide, est bien d'ériger l'OCCAR en organisation internationale dotée de la personnalité juridique et habilitée à agir par délégation des Etats membres .

Cette personnalité juridique permet tout d'abord à l'OCCAR de mener à bien ses missions en passant les contrats nécessaires à la conduite et à l'exécution des programmes d'armement.

Elle permet également de mettre en oeuvre une politique d'acquisition selon les principes énoncés dans la convention, c'est-à-dire en fonction de règles propres et non par application des procédures nationales.

Elle permet aussi de recourir à une gestion financière efficace, moins tributaire des règles des finances publiques de chaque Etat membre, par exemple en matière de gestion de trésorerie ou de possibilité, dans des cas bien définis, de recourir à l'emprunt.

Enfin, elle facilitera le recours à du personnel propre et la conduite des programmes par des équipes réellement intégrées, agissant selon les principes de l'organisation et non par délégation des administrations nationales.

En résumé, la personnalité juridique garantit l'autonomie de l'OCCAR et sa capacité à atteindre les objectifs qui lui ont été fixés.

B. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE L'OCCAR

La convention du 9 septembre 1998 définit les différentes structures de l'OCCAR, les procédures de décision et le fonctionnement financier.

1. Les structures de l'OCCAR

L'OCCAR comprend un conseil de surveillance et une administration d'exécution.

Le conseil de surveillance est l'organe suprême de décision au sein de l'OCCAR (article 10). Il assure la direction et le contrôle de l'administration d'exécution et de tous les comités (article 11). Il prend toutes les décisions relatives à l'exécution de la convention, en particulier les recommandations pour l'admission de nouveaux membres, l'affectation d'un programme à l'OCCAR, les décisions relatives à toute question financière concernant l'OCCAR, les procédures et règles de passation des contrats, les dispositions relatives aux personnels. Il veille au respect de la bonne application des règles de l'OCCAR, notamment celles relatives à la mise en concurrence (article 12).

Le conseil de surveillance nomme le directeur de l'OCCAR et son adjoint ainsi que les autres personnels de direction. Le conseil peut déléguer certaines de ses responsabilités à des comités spécialisés : comités de programme, comité de la préparation du futur.

Le conseil de surveillance comporte un représentant de chaque pays membre, c'est-à-dire le ministre de la défense ou son représentant. Il se réunit au moins deux fois par an et élit un président pour une durée d'un an renouvelable une fois.

L' administration d'exécution est l'organe exécutif permanent chargé de la mise en oeuvre des décisions du conseil. Elle comprend une section centrale , située au siège de l'OCCAR et constituée d'une direction et de divisions, chargées notamment de la préparation de l'avenir, de l'acquisition, des contrats et des finances et de l'administration, ainsi que des divisions de programme dont chacune se voit affecter un ou plusieurs programmes (article 20).

L'OCCAR dispose de son propre personnel , qui bénéficie des privilèges et immunités reconnus aux personnels des organisations internationales dans les conditions définies à l'annexe I à la convention. Elle bénéficie en outre du concours des personnels mis à disposition comme experts.

L'article 22 interdit aux personnels de l'OCCAR d'occuper un emploi rémunéré par un gouvernement ou d'avoir d'autres activités incompatibles avec la situation d'employé de l'OCCAR. Ces personnels doivent s'engager par déclaration écrite à ne pas recevoir d'instructions ou de sollicitations des gouvernements ou d'autorités extérieures à l'OCCAR.

Enfin, l'article 20 impose aux divisions de programme d'éviter toute duplication d'effectif . Alors que dans les bureaux de programmes en coopération, tels qu'ils fonctionnent jusqu'à présent, chaque nation cherchait à mettre en place des personnels pour l'ensemble des postes stratégiques afin d'être informée et d'exercer la plus forte influence possible, les personnels des divisions seront les employés de l'OCCAR, dont le coût sera supporté par l'ensemble des participants au programme. Par l'intermédiaire du budget, chaque nation pourra contrôler le nombre et la qualité des personnels recrutés par l'OCCAR.

2. Les procédures de décision

La convention pose le principe de la prise de décision à l'unanimité tout en apportant, dans son annexe IV, une atténuation à ce principe.

Sachant que le nombre initial de votes de chacun des quatre pays fondateurs est de 10 voix :

- seront prises à la majorité des voix les décisions relatives à l'établissement ou à la dissolution d'un comité ;

- seront prises à la majorité qualifiée renforcée des voix , c'est-à-dire sans qu'aucun des membres disposant de 10 voix ne s'y oppose, les décisions relatives à l'adhésion d'un nouvel Etat membre, aux règles et procédures de l'OCCAR, à l'organisation de l'administration d'exécution et à la nomination du directeur.

L'OCCAR constituera ainsi la première organisation internationale traitant des questions d'armement ne fonctionnant pas exclusivement selon la règle de l'unanimité .

Dans un premier temps, la règle retenue revient à laisser aux membres fondateurs un droit de veto sur un certain nombre de décisions. Mais lorsque l'OCCAR aura accueilli de nouveaux membres, ceux-ci ne pourront à eux seuls s'opposer à ce type de décision.

3. L'organisation financière

Le budget de l'OCCAR sera réparti entre une section administrative et une section fonctionnelle.

Le budget administratif de l'OCCAR sera alimenté annuellement par les Etats membres. La participation de chaque Etat sera déterminée par application de clés de répartition ; en ce qui concerne les divisions de programmes, sera retenu le pourcentage de participation financière au programme alors que pour l'administration centrale de l'OCCAR est retenu le niveau de droits de vote, soit 22,22 % pour la France dans l'hypothèse d'une adhésion des Pays-Bas à l'OCCAR. Dans l'hypothèse où l'OCCAR assurerait la gestion d'un programme avec un participant non-membre de l'OCCAR, ce participant apportera une contribution financière au coût de fonctionnement de la division de programme.

Les ressources destinées au budget opérationnel proviendront des Etats participants à un programme et seront partagées conformément aux termes de l'accord de programme.

L'OCCAR peut disposer d'autres ressources qui restent cependant accessoires : intérêts bancaires, pénalités et intérêts financiers. Ces ressources, qui seront propriétés des nations à l'origine de la dépense ou du financement viendront en dégrèvement de futurs appels de fond. Il n'est pas aujourd'hui envisagé que la collecte des redevances pour vente à l'exportation soit réalisée par l'OCCAR.

Le montant total du budget administratif pour l'année 2000 est encore en discussion. Son ordre de grandeur est d' environ 20 millions d'Euros dont 7 à 8 millions d'Euros à la charge de la France. L'évolution ultérieure de ce chiffre est liée au nombre de programmes en coopération qui seront intégrés dans l'organisation dans le futur. La partie fixe est constituée par l'administration centrale qui ne devrait pas dépasser à moyen terme une cinquantaine de personnes.

Pour la partie française, le budget opérationnel sera alimenté par le biais des articles concernant des programmes d'armement individualisés dans la nomenclature budgétaire au titre V. Les crédits destinés au fonctionnement de l'OCCAR seront couverts par une subvention figurant au chapitre 36.01 (titre III), une ligne, pour le moment non dotée, venant d'être ouverte dans le projet de budget pour 2000.

4. Le contrôle des programmes confiés à l'OCCAR

Les programmes que la France confiera à l'OCAR seront pris en compte au même titre que les programmes nationaux dans les lois de programmation militaires et les budgets annuels du ministère de la défense. Celui-ci a proposé au ministère des finances que les programmes que la France confiera à l'OCCAR soient identifiés au sein de lignes budgétaires spécifiques à chaque programme, dans l'esprit des lignes créées dans le budget 1999 pour les principaux programmes d'armement.

Concernant les procédures de contrôle , il est prévu que les autorités nationales de contrôle, et au premier titre la Cour des Comptes, puissent réaliser toute action d'audit et de contrôle qu'elles jugeraient nécessaires (articles 44 et 45).

Par ailleurs, le ministère de la défense exercera pour son propre compte un contrôle des activités sur les programmes, en fonction des objectifs et mandats assignés formellement à l'OCCAR, par l'intermédiaire des comités de programme qui se réuniront périodiquement pour se faire rendre compte de l'avancement des programmes.

S'agissant de la conduite des programmes , l'objectif de réduction des coûts et des délais d'acquisition supposera de simplifier et harmoniser les processus d'approbation nationaux au cours d'un programme et d'obtenir un engagement ferme des Etats sur la réalisation à l'issue d'une phase de faisabilité approfondie. Pour la France il s'agira de généraliser aux programmes gérés par l'OCCAR la pratique des engagements globaux et pluriannuels développée par le ministère de la défense depuis plusieurs années.

Ainsi l'engagement de la France dans un programme sera organisé sur un mode pluriannuel portant soit sur l'ensemble d'une phase de faisabilité approfondie, soit sur l'ensemble de la réalisation couvrant phase de développement et production d'une tranche de série significative. Cependant les votes annuels du budget de l'OCCAR resteront nécessaires pour que les appels de fonds périodiques concernant le programme puissent être honorés. Comme c'est déjà le cas dans le cadre des commandes globales passées par le ministère de la défense, une concertation avec le ministre des finances préalable à l'engagement de la France en conseil de surveillance sera établie.

La mise en place de l'OCCAR ne s'accompagnera pas de transformation radicale des procédures de conduite de programme et de contrôle pour la France puisqu'elle s'inscrit dans l'esprit des réformes mises en oeuvre au cours des deux dernières années : engagement à long terme de l'Etat, délégation encadrée accrue aux responsables de programmes, transparence de gestion.

C. LA MISE EN PLACE ET LES PERSPECTIVES DE L'OCCAR

L'OCCAR a entamé sa " montée en puissance " sans attendre la ratification de la convention officialisant sa création. Son élargissement à de nouveaux partenaires peut être raisonnablement envisagé dans un proche avenir.

1. La " montée en puissance " de l'OCCAR

L'OCCAR, dont le siège a été installé à Bonn et dont le directeur est un Français, a intégré dès sa création les programmes franco-allemands Tigre, Hot, Roland, Milan et Brevel, le programme franco-germano-britannique de radar de contrebatterie Cobra et le programme franco-italien FSAF (cf. Annexe I). La rationalisation des bureaux responsables de ces programmes a été engagée.

Le programme de canon automoteur germano-italien PzH 2000 et le missile antichar AC3G-MP sont actuellement en phase d'intégration.

Sont en cours d'analyse et de discussion les modalités et les calendriers d'intégration des programmes suivants : le véhicule blindé de combat et d'infanterie (VBCI) franco-germano-britannique, le système d'identification franco-allemand IFF-futur, le système d'armes franco-italo-britannique PAAMS, l'avion de transport futur (ATF), le missile antichar AC3G-LP, le satellite d'observation Hélios II et le système naval SLAT.

Rappelons que les programmes conduits en coopération auxquels la France participe ou pourrait participer dans un avenir proche, représentent 220 milliards de francs, dont près de 180 milliards de francs de travaux restant à réaliser .

Sur cet ensemble, près des quatre cinquièmes du coût financier pourraient entrer dans le champ d'intervention de l'OCCAR .

En effet, les programmes déjà intégrés à l'OCCAR représentent 35 % du coût total des programmes en coopération ou " en devenir de coopération ". Ceux dont l'intégration est proposée ou envisagée représentent 25 % alors que ceux dont l'intégration sera envisagée si les projets de coopération se concrétisent (frégate Horizon, satellite Hélios II, VBCI-VCI successeur de Syracuse II) représentent 18 %.

Finalement, les programmes qui échapperaient à l'OCCAR ne représentaient que 22 % du montant total des programmes en coopération. Entrent dans cette catégorie les programmes NH90, système de distribution d'information multifonctions MIDS, lance-roquettes multiple NG, obus antichar à effet dirigé ACED, torpille MU90, système porte-torpille MILAS et missile de croisière SCALP-EG.

C'est essentiellement sur les programmes qui seront intégrés à l'OCCAR dès leur phase de conception que le bénéfice des méthodes de conduite de programmes qu'elle mettra en oeuvre sera le plus visible.

Ce bénéfice sera moindre pour les programmes qui viennent d'être intégrés à l'OCCAR alors que leur réalisation était bien avancée.

Au titre des résultats déjà obtenus par l'OCCAR on peut toutefois citer les économies obtenues sur le contrat de production de l'hélicoptère Tigre.

Alors que dans le cadre des règles traditionnelles de coopération, les travaux commandés à Eurocopter pour les phases de développement et d'industrialisation devaient impérativement être répartis à égalité entre la France et l'Allemagne, ce qui ne permettait pas à l'industriel d'optimiser ses prestations, les négociations conduites par la division du programme Tigre de l'OCCAR pour le contrat de production ont permis d'obtenir une baisse significative du coût du programme. En effet, l'industriel a pu procéder à une mise en concurrence pour la fabrication des sous-ensembles, sans être tenu d'attribuer le marché à l'un ou l'autre pays. De même, pour ses propres travaux, il n'est plus tenu à répartir de manière égale les fabrications entre la France et l'Allemagne.

Selon les informations communiquées à votre rapporteur, l'économie globale procurée par l'application des principes de l'OCCAR avoisinerait les 5 % du coût total du programme, soit près de 1 milliard de francs au profit des deux pays.

2. Les effectifs de l'OCCAR

En ce qui concerne les effectifs de l'OCCAR , ils comprennent à l'été 1999, 174 personnes dont 27 pour la partie administration centrale et 147 pour la conduite des programmes Hot, Milan, Brevel, Roland, Tigre, Cobra, FSAF et le soutien administratif des divisions de programmes.

Il est envisagé, avec l'obtention de la personnalité juridique, l'évolution des effectifs suivante :

. une augmentation pour la partie centrale de l'OCCAR pour prendre en charge l'activité nouvelle induite par l'acquisition de la personnalité juridique (exécution financière complète des activités programme) et pour engager les opérations de préparation du futur prévues par la convention et non développées à l'heure actuelle ;

. un maintien global des effectifs des divisions de programmes comprenant d'une part la réduction d'effectifs pour certains programmes, compensée par une croissance d'effectifs dans d'autres programmes nécessitée par la croissance de l'activité de management de ces programmes ;

. une forte réduction des personnels de soutien administratif permise par l'externalisation des tâches auprès de sociétés privées (soutien informatique) ou des administrations nationales (activité linguistique).

Cette évolution est actuellement discutée avec l'OCCAR et nos partenaires. Les chiffres pour l'année 2000 devraient être voisins de 170 personnes dont 37 pour la partie administration centrale et 133 pour la gestion des programmes précités.

En fonction de l'intégration de nouveaux programmes à l'OCCAR (ATF, AC3G-MP et AC3G-LP, VBCI) ces chiffres pourraient évoluer.

Dans les années suivantes, il n'est pas envisagé de forte évolution des effectifs de l'OCCAR, tout au plus la croissance des activités de préparation du futur et de management d'activités conjointes de recherche pourrait se traduire par une croissance de 10 à 20 personnes de la partie administration centrale.

L'OCCAR, de par sa nature et la politique d'externalisation des activités de soutien, comprend essentiellement des personnels de niveau ingénieur. Les personnels de direction sont limités à l'équipe rapprochée du directeur, forte de quelques personnes. Les personnels administratifs représentent moins de 10 % du total des personnels.

Il n'est pas institué de répartition a priori entre nationalités au sein de l'OCCAR. Le directeur de l'OCCAR embauchera ses employés sur la base d'une compétition ouverte. Cependant il est acquis qu'il existe au sein de l'OCCAR un équilibre global entre les ressortissants des différentes nations en fonction de l'investissement de chacune au sein de l'OCCAR. A ce titre on peut estimer que le poids de la France y est voisin de 40 %.

Le personnel mis à disposition de l'OCCAR par les Etats sera limité à des tâches d'expertise technique auprès des divisions de programmes.

3. Les perspectives d'élargissement de l'OCCAR

L'élargissement de l'OCCAR est une perspective clairement mentionnée dans le dernier alinéa du préambule de la convention : les Etats-membres de l'OCCAR sont " désireux d'associer d'autres Etats européens, dès lors que ceux-ci acceptent l'ensemble des dispositions de la convention ". Mais cet élargissement, voté à la majorité qualifiée renforcée, est laissé à l'appréciation des Etats-membres (article 53 : " tout Etat européen qui désire devenir membre peut être invité par le Conseil à adhérer à cette convention "). L'un des critères retenu sera la participation significative du pays concerné à une acquisition gérée par l'OCCAR.

A ce jour, seuls les Pays-Bas et la Belgique ont exprimé formellement leur désir de devenir membres. Le processus d'adhésion des Pays-Bas est très avancé et pourrait être achevé avant la fin de l'année 1999. Celui de la Belgique est engagé.

Compte tenu de la raison d'être de l'OCCAR -gérer efficacement les programmes en coopération- les candidats naturels sont les pays pouvant participer à de tels programmes, c'est-à-dire disposant d'une industrie de défense. Entrent de façon évidente dans cette catégorie l'Espagne et la Suède.

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A la date de la rédaction du présent rapport, le processus de ratification de la convention était engagé chez nos trois partenaires. En Allemagne, le Bundesrat a émis un avis favorable et le Bundestag examinerait la convention avant la fin de l'année. Il en irait de même au Royaume-Uni, où un " ordering council " pourrait être signé avant la fin de l'année par la Reine, après un débat parlementaire. Les textes de ratification sont également en préparation en Italie.

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