EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 27 octobre 1999 , sous la présidence de M. Alain Lambert, Président, la commission a procédé à l'examen du rapport de M. Jean Clouet, rapporteur spécial , sur les crédits de l'économie, des finances et de l'industrie : II.- Industrie .

Après avoir intitulé son intervention " chronique d'une mort annoncée ", M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a rappelé que la prédiction qu'il avait faite en 1998, s'était réalisée puisque les crédits de l'industrie étaient définitivement fusionnés, avec ceux du commerce et de l'artisanat, dans le fascicule budgétaire désormais unique du ministère de l'économie et des finances. Il a toutefois indiqué qu'un travail de médecin légiste lui avait permis de reconstituer un budget de l'industrie grâce aux quatre agrégats consacrés à l'action industrielle que le ministère de l'économie avait pris soin de conserver dans ce bleu unique.

M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a ainsi indiqué qu'à périmètre constant, le budget de l'industrie pour 2000 s'élevait à 15.677 millions de francs, traduisant une hausse de 2,6 % des crédits par rapport à 1999. Il a toutefois estimé qu'une analyse à structure constante n'avait pas grand sens compte tenu des très grandes modifications de périmètre budgétaire qui avaient traditionnellement lieu d'une année sur l'autre et dont le projet de loi de finances pour 2000 n'était pas exempt. Après avoir intégré un certain nombre de crédits résultant, soit de la budgétisation de fonds de concours (crédits de la Direction de la sécurité des installations nucléaires et des Centres techniques industriels), soit de transferts en provenance de la section " Services communs et finances " du budget de l'économie, des finances et de l'industrie (crédits destinés à financer des travaux de sécurité dans les mines et les bourses des élèves des mines), il a estimé que le budget de l'industrie pour 2000 s'élevait en réalité à 16.601millions de francs, soit une hausse de 8,18 % par rapport au budget de 1999.

Procédant ensuite à la présentation du budget par agrégats, M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a indiqué que le périmètre et le nombre d'agrégats faisaient de nouveau, dans le budget pour 2000, l'objet de modifications très substantielles qui rendaient toute analyse comparative très ardue : l'ancien agrégat " Accompagnement de l'activité industrielle " est ainsi scindé en deux agrégats, l'un retraçant l'ensemble des crédits destinés à accompagner le développement des entreprises mais aussi les crédits de l'enseignement supérieur industriel, intitulé " Actions sur l'environnement des entreprises et modernisation des PME ", et l'autre regroupant les aides directes ou indirectes aux industries en déclin ou à la reconversion industrielle intitulé " Accompagnement des mutations industrielles " ; par ailleurs, l'agrégat " Poste et télécommunications " est intégré dans le nouvel agrégat " Actions sur l'environnement des entreprises et modernisation des PME " ; enfin, l'agrégat " Commissariat à l'énergie atomique (CEA) " est fondu dans l'agrégat " Énergie et matières premières ".

Au total, M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a estimé que les quatre agrégats subsistant s'inscrivaient grosso modo dans les quatre axes de la politique industrielle - la politique énergétique, la politique de recherche industrielle, la politique d'aide aux entreprises, et la politique d'accompagnement des restructurations industrielles -, bien que cette politique, a-t-il précisé, ne soit pas réductible aux crédits inscrits dans le budget de l'industrie.

S'agissant de l'agrégat " Energie et matières premières " qui inclut donc désormais les crédits du CEA mais dont a été extraite la subvention à Charbonnages de France, le rapporteur spécial a observé que sa forte croissance résultait, d'une part, de la budgétisation à hauteur de 497,5 millions de francs des crédits destinés à la Direction de la sécurité nucléaire (DSIN), dont les contrôles étaient autrefois financés par voie de fonds de concours alimentés par les taxes parafiscales acquittées par les exploitants d'installations nucléaires, et, d'autre part, de l'inscription d'une provision de 100 millions de francs destinée à faire face aux conséquence de la transformation de l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) en établissement public administratif indépendant du CEA. Il a toutefois observé que les crédits de paiement consacrés à la maîtrise de l'énergie diminuaient fortement (- 122,5 millions de francs) ainsi que ceux du fonds de soutien aux hydrocarbures (FSH), sans toutefois que les autorisations de programme soient contractées dans les mêmes proportions.

M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a ensuite indiqué que l'agrégat " Recherche industrielle et innovation " était le seul dont le périmètre n'avait pas varié par rapport à 1999, mais également le seul à voir ses crédits décroître, quoique très faiblement. Cette diminution résulte de la contraction des crédits de paiement destinés à la recherche industrielle gérée directement par le ministère.

Puis M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a observé qu'en dépit de son intitulé, l'agrégat " Actions sur l'environnement des entreprises et modernisation des PMI " comportait pour l'essentiel des crédits destinés à la Poste (aide au transport de la presse pour 1.900 millions de francs), à l'Agence nationale des fréquences (ANF), à l'Autorité de régulation des télécommunications (ART) et aux organismes de formation supérieure (Groupe des écoles de télécommunications, écoles nationales des mines, Ecole supérieure des postes et télécommunications). Les crédits destinés à favoriser la modernisation des entreprises et à améliorer leur environnement représentent en réalité 28,5 % (1.278,6 millions de francs) des crédits de cet agrégat. Le rapporteur spécial a indiqué que leur hausse traduisait la budgétisation des crédits des Centres techniques industriels, autrefois financés par voie de fonds de concours, l'augmentation de la subvention accordée à la Poste au titre de l'aide au transport de la presse, l'extension du périmètre d'action de l'ANF, la création de 12 postes dans les écoles des mines et l'intégration de 26 chercheurs du Centre national d'études et de télécommunications (CNET) dans le Groupe des écoles de télécommunications, l'accroissement des moyens destinés aux petites et moyennes industries et l'accentuation des actions en faveur de la qualité.

M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a expliqué que la très forte augmentation des aides à la construction navale (+ 487 millions de francs) inscrites à l'agrégat " Accompagnement des mutations industrielles " était due à l'engagement du Gouvernement en novembre 1998 d'accompagner le plan CAP 21 mis en oeuvre par les chantiers de l'Atlantique. Il a également noté la diminution de la subvention aux Charbonnages de France et des crédits destinés aux actions de restructuration industrielle ou à la reconversion des bassins miniers.

M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a ensuite regretté la disparition du budget de l'industrie. Cette disparition lui est apparue d'autant plus regrettable que les agrégats budgétaires consacrés à l'industrie traduisaient pour la première fois un effort de meilleur calibrage du niveau des crédits et de plus grande sincérité budgétaire. Pour illustrer cet effort, il a évoqué, d'une part, la diminution des dotations de certains des chapitres qui faisaient l'objet de reports importants chaque année, d'autre part, l'augmentation de l'enveloppe destinée aux aides à la construction navale, traditionnellement complétée en loi de finances rectificative, et, enfin, la budgétisation d'un certain nombre de fonds de concours correspondant à des charges permanentes, en application des recommandations du Conseil constitutionnel et de la Cour des comptes. Toutefois, M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a considéré que cet effort était occulté par la très grande volatilité du périmètre du budget de l'industrie, qui interdisait toute analyse sur le long terme.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques sur les crédits de l'industrie , a indiqué qu'il pourrait tirer des conclusions qualitatives de l'analyse effectuée par le rapporteur spécial.

M. François Trucy a manifesté son accord avec les observations relatives à la libéralisation des secteurs de l'électricité et de la Poste contenues dans le rapport de M. Jean Clouet, en estimant que l'attitude protectrice adoptée par les autorités françaises risquait de léser les intérêts des opérateurs nationaux concernés.

M. Jean-Philippe Lachenaud a estimé que l'opacité de la gestion et l'insuffisance du contrôle de la gestion des aides attribuées par le secrétariat d'Etat aux entreprises était une raison suffisante pour recommander le rejet des crédits de l'industrie au sein du budget de l'économie, des finances et de l'industrie.

En conclusion, M. Jean Clouet, rapporteur spécial, a suggéré au rapporteur spécial des crédits du budget de l'économie, des finances et de l'industrie de ne pas recommander l'adoption des crédits de ce fascicule budgétaire.

Puis la commission a décidé de réserver son vote sur les crédits de l'industrie jusqu'à l'audition du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie .

Au cours d'une réunion tenue le mardi 23 novembre 1999 sous la président de M. Alain Lambert, président, la commission a décidé de proposer au Sénat de rejeter les crédits du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

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