B. LES SERVICES JUDICIAIRES

Cet agrégat regroupe les moyens des juridictions de l'ordre judiciaire, du conseil supérieur de la magistrature, de l'école nationale de la magistrature et de l'école des greffes.

Les dotations de crédits couvrent non seulement les crédits en personnel et de fonctionnement, mais également les subventions aux associations oeuvrant dans le domaine judiciaire et au système de formation professionnelle des avocats, les subventions correspondant aux remboursements aux collectivités locales d'annuités d'emprunts pour des opérations d'équipement, les crédits relatifs à l'aide juridictionnelle, les crédits liés aux frais de justice et les crédits d'équipement consacrés à la modernisation et à l'extension du parc immobilier judiciaire.

Les crédits des services judiciaires stagnent (+0,6 %) et s'élèvent à 11,74 milliards de francs. Leur part relative dans le budget de la justice diminue légèrement et passe à 43 %.

Toutefois, cette baisse est relative car liée à la diminution des crédits d'investissement. Elle ne doit pas cacher la poursuite de l'effort en direction des services judiciaires : non seulement 382 emplois sont créés, mais les opérations de construction et de rénovation de palais de justice sont maintenues.

1. La poursuite de la hausse des effectifs

En 1998, 300 emplois avaient été créés dont 70 postes de magistrats et 230 emplois de fonctionnaires de justice.

En 1999, 140 emplois de magistrats et 230 emplois de fonctionnaires et de contractuels avaient été créés.

Le projet de budget pour 2000 prévoit la création de 382 nouveaux emplois dont 212 magistrats, 155 fonctionnaires et 15 contractuels.

Le renforcement des effectifs des juridictions doit permettre de répondre à deux objectifs :

- la mise en oeuvre des réformes : ainsi, la création de 48 juges de la détention provisoire et de 48 greffiers vise à poursuivre la réforme du contentieux de la liberté , tandis que 100 emplois de magistrats sont créés pour introduire la mixité dans les tribunaux de commerce . Par ailleurs, le renforcement des effectifs des tribunaux pour enfants par la création de 25 postes de magistrats et 25 postes de greffiers devrait contribuer à apporter une réponse rapide et systématique à la délinquance des mineurs . En outre, sont inscrits 4 emplois de magistrats pour la réforme du Conseil supérieur de la magistrature , 5 emplois de greffiers en chef et 4 emplois de greffiers pour les conseils départementaux de l'accès au droit , un emploi de magistrat et un emploi de greffier pour la réforme de l'état-civil de Mayotte .

- l'amélioration de la justice au quotidien , notamment par la continuation des actions de résorption des stocks d'affaires à juger : 34 postes de magistrats et 57 postes de greffiers sont créés à cet effet. En outre, le projet de budget pour 2000 prévoit les crédits de vacation nécessaire pour le recrutement de 100 assistants de justice supplémentaires , portant ainsi leur nombre total à 1050.

Par ailleurs, sur les 179,7 millions de francs de mesures nouvelles mis à la disposition du chapitre 31-90 (rémunérations des personnels), une provision de 20 millions de francs est inscrite au titre de la réforme du statut de la magistrature . 18 millions de francs avaient déjà été réservés en 1999 pour cette réforme.

Celle-ci a pour objectif de surmonter les blocages des carrières liés aux déséquilibres démographiques du corps, en particulier l'allongement du délai de changement de grade pour les générations sorties de l'école nationale de la magistrature depuis 15 ans et la dégradation de plus en plus marquée des avancements pour les magistrats de province.

Enfin, le projet de budget pour 2000 prévoit la création de 1050 " agents de justice " 2( * ) dans les services judiciaires.

2. Des moyens de fonctionnement en progression

Le chapitre 37-92 (moyens de fonctionnement et de formation) regroupe les moyens de fonctionnement de l'ensemble des catégories de juridictions ainsi que des crédits affectés à des dépenses de nature diverse (fonctionnement, travaux courants d'entretien immobilier, véhicules, modernisation, informatique déconcentrée, frais de déplacement).

Pour 2000, ces crédits augmentent de près de 2 % par rapport à ceux pour 1999 (soit 26 millions de francs) et s'élèvent à 1,33 milliard de francs .

Cette hausse des crédits est destinée à financer principalement :

- la création de 26 conseils départementaux d'aide juridique et de 55 maisons de Justice et du Droit supplémentaires (2,77 millions de francs) ;

- la création de 3 nouveaux pôles de lutte contre la délinquance économique et financière s'ajoutant aux 7 existants (5 millions de francs) ;

- la mise en service de nouveaux bâtiments judiciaires à Avignon, Nantes, Fort-de-France, Blois et Bastia (15 millions de francs).

La subvention de fonctionnement à l'école nationale de la magistrature (chapitre 36-10, article 21) augmente de 7,6 % (après une hausse de 9,9 % en 1999) pour s'élever à 185,1 millions de francs .

Les 13,1 millions de francs supplémentaires sont destinés à financer le repyramidage des emplois de maîtres de conférence et le renforcement des effectifs de l'école. En effet, l'école nationale de la magistrature doit faire face à l'accroissement de ses charges pédagogiques liées tant à l'augmentation du nombre des auditeurs qu'aux nouveaux domaines d'intervention de cette dernière, comme la formation des juges consulaires et des magistrats issus des concours exceptionnels.

Ainsi, le projet de loi de finances prévoit la création d'un emploi de maître de conférence pour la formation initiale et de trois emplois de fonctionnaires.

Par ailleurs, l'augmentation des crédits de fonctionnement de l'école doit notamment permettre de financer les travaux de mise en sécurité des amphithéâtres de Bordeaux et de Paris.

Les frais de justice (chapitre 37-11) recouvrent principalement, au profit du traitement individuel de chaque affaire, les prestations matérielles et de services demandées par les magistrats ou requises par les procédures.

Ils représenteront en 2000 1,88 milliard de francs, soit une progression de 6,4 % par rapport à 1999.

L'évolution des frais de justice est significative depuis quelques années :

1996 : + 7,6 %

1997 : +7,8 %

1998 : +8,4 %

Toutefois, cette augmentation globale de 109,2 millions de francs masque des évolutions contraires :

- 32 millions de francs sont liés à l'ajustement des crédits de frais de justice à l'évolution des dépenses de cette nature ;

- 41,03 millions de francs sont prévus pour financer l'impact de l'affiliation au régime général de sécurité sociale des collaborateurs occasionnels du service public de la justice prévue par la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999. Ces personnes reçoivent de l'Etat pour des activités exercées à titre accessoire (expertises, missions de médiations...) une rémunération à la tâche. L'imprécision du statut juridique de cette rémunération entraîne souvent une absence d'assujettissement aux cotisations sociales et à la contribution sociale généralisée, source de contentieux désormais fréquents avec les URSSAF. Il est donc prévu d'affilier désormais lesdits collaborateurs au régime général de la sécurité sociale, à l'exception de ceux qui exercent leur activité principale à titre indépendant et qui peuvent continuer à rattacher les rémunérations reçues de l'Etat aux revenus de leur activité principale.

- les mesures nouvelles s'élèvent à 58,8 millions de francs . Elles visent à financer d'une part le développement des missions confiées aux délégués du procureur (10 millions de francs) conformément à la décision du conseil de sécurité extérieure du 27 janvier 1999. D'autre part, elle tiennent compte de l'impact financier du projet de loi renforçant la présomption d'innocence et prévoyant l'indemnisation des personnes relaxées, acquittées ou bénéficiant d'un non-lieu (30 millions de francs). Enfin, 19 millions de francs sont prévus pour la mise en oeuvre de la loi du 18 juin 1999 relative à la sécurité routière afin de financer le dépistage de l'usage de stupéfiants dans les accidents mortels de la circulation .

- en revanche, 20 millions de francs de crédit ne sont pas reconduits suite aux mesures de maîtrise de la dépense mises en oeuvre en 1998 et 1999.

Votre rapporteur tient à rappeler que, depuis 1996, des mesures ont été prises pour maîtriser les dépenses liées aux frais de justice : fixation d'un plafond maximal de progression des dépenses de frais de justice, répartition d'une enveloppe complémentaire de crédits de fonctionnement au profit des cours qui ont fait preuve, par la mise en oeuvre d'actions innovante, d'une volonté réelle d'entrer dans une logique de maîtrise de la dépense de frais de justice et qui ont obtenu les meilleurs résultats.

En 1999, trois nouvelles séries de mesures ont été adoptées.

D'une part, le décret n ° 99-203 du 18 mars 1999 réalise une refonte globale du titre 10 de la deuxième partie du code de procédure pénale consacrée aux frais de justice criminelle en poursuivant deux objectifs principaux :

- une amélioration de la qualité du réseau de professionnels apportant leur concours à la justice pénale. Dans de nombreux domaines, en effet, il reste indispensable de s'assurer la collaboration d'auxiliaires compétents, en veillant à ce que les niveaux de rémunération prévus par le code de procédure pénale ne soient pas de nature à décourager les meilleurs candidats. Il convenait ainsi de retranscrire dans la réglementation les revalorisations tarifaires obtenues dans la loi de finances pour 1998 pour les psychiatres et les interprètes traducteurs ;

- une meilleure maîtrise des coûts par le contrôle des conditions dans lesquelles les tarifications sont élaborées et appliquées, et par la vérification de la régularité des dépenses prises en charge. En particulier, le champ de la tarification est étendu à de nouvelles catégories de frais (frais de recherches de documents et de délivrance de copies ; prestations de cryptologie). Par ailleurs, la tarification des frais d'immobilisation des véhicules est modifiée par la création d'une tarification spécifique pour la garde des véhicules placés sous main de justice. Enfin, la procédure de contrôle de la facturation des expertises non tarifées par le parquet est améliorée.

D'autre part, la circulaire du 5 juillet 1999 présente aux magistrats et aux fonctionnaires des juridictions les dispositions du décret précité modifiant le code de procédure pénale et relatif aux frais de justice .

Enfin, la loi n °99-515 du 23 juin 1999 renforçant l'efficacité de la procédure pénale réforme le régime de conservation des objets placés sous main de justice et généralise l'utilisation de la télécopie pour les notifications faites à un avocat en matière pénale.

Par ailleurs, la mise en place de contrats de gestion en 1998 dans les cours d'appel commencent à produire ses effets . Ces contrats consistent à reverser aux juridictions, en crédits de fonctionnement, une partie des économies réalisées sur les frais de justice. Au premier semestre 1999, une stabilisation en volume de ces dépenses a été observée, alors qu'elles progressaient de 8 % par an auparavant.

Votre rapporteur se félicite de ces mesures qui devraient permettre de mieux contrôler l'évolution des dépenses liées au frais de justice.

Il tient cependant à faire remarquer que le suivi des dépenses de frais de justice reste imparfait. En effet, les seules statistiques disponibles au niveau national sont établies par nature des frais. Par ailleurs, dans chaque juridiction, la comptabilité tenue par les régisseurs retracent l'ensemble des dépenses payées et ne permet pas de contrôler le montant des frais de justice afférents à chaque dossier d'instruction.

Or, ces informations seraient précieuses pour évaluer le coût moyen d'un dossier d'instruction par type d'affaire. Elles pourraient également être utilisées par les chefs de cour pour vérifier que les éventuels écarts observés au niveau des dépenses des magistrats en frais de justice sont justifiés.

C'est la raison pour laquelle votre rapporteur vous proposera à titre expérimental un article rattaché visant à l'établissement d'une comptabilité retraçant le détail des dépenses de frais de justice par magistrat et par dossier d'instruction.

3. L'augmentation des crédits d'intervention

A l'intérieur du chapitre 46-01 (subventions et interventions diverses), le projet de budget pour 2000 prévoit 13 millions de francs en faveur du développement de l'aide à l'accès au droit, de la médiation familiale, des associations d'aide aux victimes et de contrôle judiciaire.

En outre, le chapitre 46-01 bénéficie d'un transfert de 3,6 millions de francs en provenance de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

Les crédits en faveur de l'aide juridique (chapitre 46-12) sont également en forte augmentation (+6,9 %, soit 99,9 millions de francs) et s'élèvent à 1,543 milliard de francs pour 2000.

12,4 millions de francs
sont prévus pour tenir compte de l'évolution prévisible de la dépense qui devrait être modérée, en raison de la stabilisation des admissions observées en 1998.

Par ailleurs, 1,3 million de francs devrait être économisé suite aux mesures de contrôle des expertises prises en charge au titre de l'aide juridictionnelle.

Le projet de budget pour 2000 prévoit également 3,6 millions de francs destinés à financer l'impact de l'affiliation au régime général de sécurité sociale des collaborateurs du service public de la justice.

Le montant des mesures nouvelles s'élève à 82,6 millions de francs
pour 2000 :

- 40 millions de francs doivent financer l'impact du projet de loi renforçant la présomption d'innocence et prévoyant l'intervention de l'avocat dès la première heure de garde à vue ;

- 17 millions de francs
sont destinés à la revalorisation de la rétribution des avocats en matière d'aide juridictionnelle ;

- 12,1 millions de francs sont prévus pour le financement de la loi du 18 décembre 1998 relative à l'accès au droit ;

- 7 millions de francs doivent contribuer à la revalorisation des tarifs des rétributions des gardes à vue tandis que 820.000 francs devraient servir à la majoration de la rétribution des avocats dans les procès correctionnels de longue durée ;

- 4,1 millions de francs doivent financer la loi du 23 juin 1999 renforçant l'efficacité de la procédure pénale ;

- enfin, 1,58 million de francs est destiné à l'alignement des plafonds de ressources pour l'admission à l'aide juridictionnelle dans les départements d'outre-mer sur ceux de la métropole.

4. La poursuite des efforts en matière d'équipement

Les crédits de paiement pour l'équipement (chapitre 57-60) s'élèvent à 585,5 millions de francs en 2000, contre 961,6 millions de francs en 1999, soit une baisse de 40 %.

Les autorisations de programme , au contraire, atteignent 805 millions de francs (contre 673 millions de francs en 1999) et augmentent donc de 17 %.

Le niveau contrasté des ressources en crédits de paiement et en autorisations de programme accordées pour 2000 traduit en réalité un
rééquilibrage.

En effet, depuis 1997, la baisse du niveau des autorisations de programme judiciaires, due à l'effort particulier consenti sur l'équipement pénitentiaire, conduisait le ministère de la justice soit à fractionner la mise en place des financements programmés, soit à différer le lancement d'opérations prêtes à entrer dans leur phase de travaux.

Dans ces conditions, la consommation de crédits de paiement observait un retard croissant : en 1998, les reports se sont ainsi élevés à 367 millions de francs, soit 44 % des crédits disponibles. A la fin de 1999, 420 millions de francs de crédits de paiement devraient également ne pas avoir été utilisés et être reportés sur 2000.

Les dotations inscrites dans le projet de loi de finances pour 2000 devraient en partie remédier à cette situation puisque le montant des autorisations de programme est augmenté tandis que celui des crédits de paiement diminue pour tenir compte des reports de crédits.

Toutefois, votre rapporteur veillera à ce que ne se produise pas en 2001 un déséquilibre dans l'autre sens, qui minorerait de manière trop importante les crédits de paiement destinés aux investissements judiciaires.

En effet, le programme effectif des opérations du programme " 4000 " des services pénitenciers débutera l'année prochaine. Il faudra donc éviter que la priorité donnée par les prochaines lois de finances aux crédits d'équipement pénitentiaire se traduise par une diminution des dotations pour les services judiciaires.

En tout état de cause, cette raréfaction des crédits de paiement inscrits en loi de finances devrait dès 2001 conduire à une résorption significative des reports imputés sur les chapitres d'équipement judiciaire.

Les autorisations de programme se répartissent en deux grandes enveloppes :

- 344 millions de francs seront affectés à la poursuite du programme pluriannuel d'équipement des services judiciaires et permettront de poursuivre des opérations décidées entre 1997 et 1999 pour Avignon, Grasse, Grenoble, Fort-de-France, Besançon, Nantes et Toulouse. Par ailleurs, certaines opérations relevant du programme 2000-2004 (Pontoise et Versailles) seront lancées ;

- 461 millions de francs gérés de manière déconcentrée seront essentiellement consacrés à des opérations de sécurité et de rénovation.

Par ailleurs, 50 millions de francs d'autorisations de programme seront destinés aux travaux de mise en sécurité des différents sites du Palais de justice de Paris.

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