M. Bernard ANGELS

II. LA MOBILISATION DE MULTIPLES LEVIERS DE RÉDUCTION DES COUTS

A. LA CONTRACTUALISATION : UN ACCORD GAGNANT -GAGNANT ?

1. Les clauses budgétaires des contrats de performance

La direction générale des impôts et la direction générale de la comptabilité publique sont les seules, avec la DREE, à avoir signé pour la période 2003-2005 des contrats de performance avec la direction du budget et le secrétaire général du Minéfi. Ces contrats comportent des clauses budgétaires.

L'évolution des effectifs de la direction générale des impôts est ainsi programmée sur la période : l'évolution des emplois budgétaires s'établira à 78.117 en 2003, 77.227 en 2004 et 76.252 en 2005. Les effectifs budgétaires de 2004 sont ainsi réduits de 890 emplois (770 emplois de catégorie C et 120 emplois de catégorie B). Les effectifs budgétaires de 2005 seront réduits de 975 emplois (825 emplois de catégorie C et 150 emplois de catégorie B).

Les crédits de personnel de la direction générale des impôts (à valeur du point constante) s'établissent dès lors dans le contrat de performances à 2.734,81 millions d'euros en 2003, à 2.745 millions d'euros en 2004 et à 2.738 millions d'euros en 2005.

Les engagements du contrat de performance de la DGI

(en millions d'euros)

 

2003

2004

2005

Dépenses ordinaires + crédits de paiement

680,7

693

700

Autorisations de programme

37,38

45

45

De la même manière, la direction générale de la comptabilité publique s'est engagée sur une réduction de ses emplois budgétaires qui devraient passer de 55.519 en 2003 à 54.883 en 2004 et 54.228 en 2005. En contrepartie, la direction générale bénéficie d'une garantie budgétaire, à valeur du point fonction publique constante, sur trois ans :

Les engagements du contrat de performance de la DGCP

(en millions d'euros)

 

2003

2004

2005

Dépenses ordinaires + crédits de paiement

2 623

2 632

2 632

Autorisations de programme

38

46

44

2. Un dispositif d'intéressement budgétaire à la performance

Les directions générales sont budgétairement intéressées au dépassement de leurs performances. L'intéressement porte sur des indicateurs ayant un impact budgétaire, le dépassement de chacun d'entre eux donnant lieu à attribution d'un ou deux points, dans une enveloppe maximum de douze points. Le plafond annuel de l'intéressement est fixé à 10 millions d'euros pour la direction générale des impôts et à 8 millions d'euros pour la direction générale de la comptabilité publique pour les exercices 2004 à 2006.

Au Trésor public, en prenant l'exemple d'un seul indicateur, celui du taux de recouvrement net des impôts sur rôle, le mécanisme de l'intéressement se comprend ainsi :

Le dépassement de l'indicateur de performance « taux de recouvrement net des impôts sur rôle » (IR, IS, TH, TF, TP)

(en % et en points)

Seuils

2003

2004

2005

0 point

<98,50 %

<98,55 %

<98,60 %

1 point

98,50 %

98,55 %

98,60 %

2 points

98,53 %

98,58 %

98,63 %

B. LA RECHERCHE DE GAINS DE PRODUCTIVITÉ

Effectuant des travaux de masse qui peuvent être largement automatisés, la direction générale des impôts et la direction générale de la comptabilité publique enregistrent d'importants gains de productivité, supérieurs à 1 % chaque année.

L'accent a en effet été mis au Minéfi, par un investissement informatique hors de commun par rapport aux autres ministères et un processus de réingéniérie des processus administratifs, sur la recherche de gains de productivité.

1. L'informatisation du Minéfi, vecteur de productivité

Alors que les dépenses d'informatisation de l'Etat représentent 0,9 % du budget général, les crédits que le Minéfi consacre à son informatique atteignent 6 % de sa dotation. Cet effort est constant et régulier depuis plusieurs années. Il constitue plus de 34 % des dépenses informatiques de l'Etat. Le Minéfi est ainsi le seul ministère à autant investir dans les technologies de l'information et de la communication. Le ministère de l'équipement, qui fournit également un effort substantiel, ne consacre « que » 3,5 % de ses crédits à l'informatique.

Les dépenses d'informatisation du Minéfi en pourcentage de son budget total

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'industrie (direction du budget)

Les dépenses d'informatisation de Bercy atteignaient ainsi 847 millions d'euros en 2003

Les dépenses d'informatisation du Minéfi

(en millions d'euros)

 

2000

2001

2002

2003

Matériels et entretien du matériel

187

179

142

184

Logiciels et maintenance du logiciel

60

63

64

75

Réseaux

53

56

82

67

Prestations

45

52

81

89

Personnel

278

288

295

304

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'industrie (direction du budget)

Si ces dépenses ne visent pas toutes, directement, à l'amélioration de gains de productivité, elles constituent, dans une administration où la grande majorité des effectifs est consacrée à une production de services de masse lié au traitement d'informations et à la gestion de procédures, le moyen principal pour atteindre des gains de productivité.

2. La réingéniérie des processus administratifs

Le Minéfi a mis en place, avec l'aide d'équipes pluridisciplinaires constituées à partir de l'inspection générale des finances, du Contrôle d'Etat, du Conseil général des mines et du Conseil général des technologies de l'information, sous l'égide du Secrétaire général, un processus de réexamen de certaines de ces procédures administratives.

Selon le secrétariat général du ministère, l'objectif des travaux de réingéniérie est triple : « améliorer le service rendu aux usagers en simplifiant les procédures, rendre le travail des agents plus intéressant en le dépoussiérant de règlements et contrôles vieillots et dégager des gains de productivité au sein des services ».

Les travaux de réingéniérie menés sur les processus retenus en 2002 ont permis d'aboutir à des évolutions significatives sur la plupart des 8 chaînes concernées. A ce jour, les résultats sont les suivants :

Le remboursement des crédits de TVA aux entreprises

La nouvelle organisation administrative permettra de traiter, en 2005, 80 % des demandes de remboursement en moins d'un mois, contre une moyenne de 50 jours actuellement. Le traitement des opérations est confié, à niveau et capacité de contrôles maintenus, aux interlocuteurs fiscaux habituels de l'entreprise plutôt qu'aux directions départementales des impôts. Cette évolution se fonde notamment sur la mise en place de nouvelles applications informatiques à compter du 5 juillet 2004 et sur un plan de formation intégrant les effets de cette reconfiguration qui concerne plusieurs milliers d'agents.

Le dédouanement du fret express

L'objectif de réingéniérie vise à assurer une faculté de contrôle et de taxation conforme aux spécificités de ce vecteur commercial caractérisé par une activité nocturne à 80 % concentrée sur le site aéroportuaire de Roissy. Il s'agit également de faire en sorte que la qualité et la flexibilité du service douanier concourent à la compétitivité des plates-formes aéroportuaires nationales. La douane a ainsi créé, après concertation avec les représentants du personnel une unité dédiée de dédouanement (UDD) permettant la mise en place d'un régime de travail de nuit, dimanche et jours fériés, adapté aux enjeux. Cette nouvelle organisation du travail a été effectivement mise en oeuvre sur le site de Roissy, le 1 er juillet 2004. A cette réforme s'ajoute le déploiement d'un nouveau système informatique à l'horizon 2005/2006 - à même de dialoguer efficacement avec les systèmes des opérateurs et permettre ainsi le traitement des données des opérateurs préalablement à l'arrivée du moyen de transport.

La suppression de certains timbres fiscaux

Les travaux conduits sur cette question ont mis en exergue le caractère désuet et lourd du timbre fiscal, comme support au paiement de certains droits, qu'il s'agisse du timbre de dimension ou du timbre papier. Les évolutions envisagées s'articulent autour de :

- la suppression de certains droits de timbres ;

- la simplification des modes de calcul et de paiement pour les timbres de dimension ;

- la suppression, à terme, du timbre physique et la perception du droit de timbre par des moyens modernes de paiement.

Sont d'ores et déjà supprimés : les droits de timbres concernant les requêtes devant les juridictions administratives, les droits d'inscription au concours unique d'admission aux grandes écoles nationales d'ingénieurs et les droits d'inscription à l'examen du brevet de technicien supérieur agricole. Par ailleurs, le paiement de la validation annuelle du permis de chasser est supprimé, les formalités de délivrance et le paiement du droit vont être réalisé auprès des fédérations de chasse, selon un calendrier de mise en oeuvre progressive (une quarantaine de départements en 2004).

Parallèlement, la suppression des droits de timbre pour les concours ou examens organisés par l'Etat (BTS), sera effective à l'horizon 2005. La suppression des droits d'accès aux traitements informatiques de données personnelles, ainsi qu'au brevet pour l'exercice de la profession d'enseignement de la conduite automobile et au diplôme d'état de professeur de danse sont en cours d'examen.

Pour les timbres correspondant à l'obtention d'un document administratif (passeports, titres de séjour...), le principe est de faire correspondre la démarche et le paiement du droit, en accord avec l'administration pour le compte de laquelle la perception est effectuée. La réforme devrait se concrétiser à l'horizon 2006, lors de la refonte de la présentation et de la production de passeports (données biométriques). Sont également liés à des actes législatifs et réglementaires dépendant du ministère de l'intérieur : la suppression du droit sur les titres de voyage des réfugiés et apatrides et le droit de timbre au bénéfice de l'office des migrations internationales.

Le recouvrement des amendes

La mise en place de radars automatiques et l'augmentation très significative des amendes liées au dépassement de vitesse « contrôle-sanction automatisé » (CSA) ont nécessité d'instaurer des formules de paiement plus modernes dans un contexte de forte augmentation du nombre d'amendes. Ainsi, depuis le 1er novembre 2003, et grâce au « réingenering » de cette chaîne de paiement, une procédure de paiement spontané des amendes par carte bancaire, via internet ou un serveur vocal interactif a été instauré. Les premiers résultats enregistrés à la fin du mois de janvier dernier permettent d'estimer le taux de paiement spontané à plus de 75 % (au lieu du taux habituel de 50 %), avec un taux de 90 % des règlements effectués dans le délai de 15 jours.

En outre, le paiement à distance spontané par Internet et par appel téléphonique a été ouvert à d'autres types de condamnations pécuniaires (telles que les amendes forfaitaires majorées - AFM) dans le courant de l'année 2004.

Le centre d'encaissement de Lille (400.000 TIP par jour depuis décembre 2003) prend en charge depuis cet automne, la totalité des amendes émise par le système CSA : soit environ 1,5 million de titres à encaisser dès 2004.

La garantie et le poinçonnage des métaux précieux

La réingéniérie de cette procédure, très ancienne, réalisée en concertation avec les professionnels du secteur a conduit à une réorganisation de la filière de poinçonnage qui débouche clairement sur un nouveau partage des responsabilités entre la profession d'une part et l'Etat d'autre part.

Les professionnels pourront ainsi assurer directement les opérations de poinçonnage, en les incluant dans le cycle de fabrication, dans un cadre fixé par l'Etat et sous son contrôle. Les dispositions relatives aux modalités de suppression de ce droit spécifique et à l'instauration d'une redevance ont été intégrées dans la loi de finances rectificative pour 2003.

Les bordereaux de vente en détaxe (détaxe pour les produits français achetés par des étrangers)

Une première série de mesures ont permis en 2004 d'améliorer l'information des voyageurs et de faciliter leurs démarches :

- un nouveau bordereau plus lisible rédigé en sept langues, accompagné d'une notice explicative dans les lieux les plus fréquentés par les touristes est disponible depuis juillet 2004 ;

- la mise en place de bornes d'auto-compostage, dans les zones sous douane et pour les bagages à main, permettant une liaison directe avec le commerçant émetteur du bordereau et, partant, un remboursement plus rapide, est opérationnel à l'aéroport d'Orly depuis le 1 er janvier 2004 à Roissy Charles de Gaulle 1 depuis juillet 2004 ;

- l'amélioration du dispositif de signalisation dynamique est également en cours sur deux sites aéroportuaires (film déroulant à Orly et bande annonce multilingue à Roissy).

Le recouvrement des produits locaux des collectivités locales

La procédure de réingéniérie relative à cette chaîne de traitement s'est traduite par la définition d'un plan d'actions comportant trois modules clairement identifiés :

- l'industrialisation des paiements de masse par le développement du TIP (titre interbancaire de paiement) et du prélèvement auprès des collectivités locales les plus importantes ;

- le développement des régies de recettes pour les paiements de proximité et de faible valeur : participation de 6 régions expérimentatrices couvrant 32 sites ;

- l'amélioration de la performance de la chaîne de recouvrement contentieux, notamment par la modification du code général des collectivités territoriales tendant à mettre en oeuvre, au profit des comptables du Trésor, « l'opposition à tiers détenteur » (OTD) fait l'objet de concertation avec la chancellerie.

De nouvelles équipes interdisciplinaires de réingéniérie analysent actuellement neuf nouvelles procédures administratives.

Les processus d'analyse en laboratoires de la DGDDI et de la DGCCRF

Le Minéfi dispose de deux réseaux de laboratoires, l'un dépendant de la DGCCRF avec 360 agents, l'autre de la DGDDI avec 130 agents. Jusqu'à présent, tous les efforts réalisés en vue d'une plus grande intégration, voire d'une mutualisation des deux réseaux n'ont pas réellement porté leurs fruits. La réingéniérie en cours doit permettre de rapprocher les deux réseaux en mutualisant la gestion des moyens et en développant des politiques communes.

La gestion par le domaine des successions sans héritier

Cette question a fait l'objet d'un contrôle de votre rapporteur spécial dont les résultats ont été publiés en annexe de son rapport spécial sur le budget 2004 des services financiers 13 ( * ) .

La législation distingue en effet le régime des successions non réclamées, qui n'autorise que la simple administration du patrimoine du défunt sur autorisation préalable du juge, des successions vacantes, pour lesquelles le service des Domaines (DGI) dispose de la possibilité, sans en référer au juge, de procéder à la liquidation totale de l'actif. L'objet de la réingéniérie est d'aboutir à la modification de ce dispositif juridique, en vue d'une unification des procédures, afin d'assurer une plus grande maîtrise du bien par le Domaine, et d'alléger en conséquence les formalités et les moyens consacrés à cette mission.

Les taxes annexes à la taxe sur les salaires

Les trois taxes concernées sont la taxe d'apprentissage, la participation des employeurs à l'effort de construction et de formation professionnelle continue. Celles-ci doivent être acquittées à la recette des impôts pour leur montant, net des dépenses libératoires autorisées (contributions versées directement aux organismes collecteurs), qui font elles-mêmes l'objet d'un contrôle systématique par des commissions départementales. Face à la complexité du circuit, à la multiplicité des intervenants, une des pistes explorées consiste à étudier des nouvelles modalités de recouvrement et de contrôle pour ces différentes taxes ou contributions.

La taxe locale d'équipement

Depuis 1990, le recouvrement des taxes d'urbanismes perçues pour des constructions réalisées à l'issue de la délivrance d'un permis de construire est confié au réseau du Trésor public, pour le compte des collectivités locales. L'objectif est donc de simplifier la gestion de cette taxe devenue complexe, afin d'assurer une meilleure sécurité et plus grande efficacité fiscales.

Le jaugeage des navires

Tout navire pour lequel est demandée la francisation est soumis à la formalité du jaugeage. Les travaux menés par l'équipe projet en charge de ce chantier de réingéniérie conduisent aux solutions suivantes :

- le maintien de l'activité de jaugeage dans les missions de la DGDDI et la rationalisation de l'organisation, du fonctionnement et des méthodes de travail des services de jauge ;

- l'amélioration des prestations de jauge ;

- la simplification et la rationalisation de certaines procédures, afin de diminuer la charge de travail globale.

La procédure d'autorisation des équipements commerciaux

La législation sur l'exploitation d'un commerce de plus de 300 m² est liée à une autorisation préalable au vu de critères multiples et non hiérarchisés. L'objectif de la réingéniérie de cette procédure consiste à :

- examiner la pertinence et l'efficacité de l'actuelle procédure d'autorisation, tant pour les entreprises de commerce de détail que pour les services instructeurs ;

- transférer la compétence en matière de délivrance d'autorisations, pour les projets les plus importants, à des commissions régionales.

La procédure de versement de secours en cas de catastrophes

Au lendemain d'un sinistre, (catastrophe naturelle ou évènement exceptionnel), les familles ou les personnes seules sont en situation difficile pour faire face à leurs besoins essentiels les plus urgents. Les procédures de secours tant matérielles que financières mises en oeuvre sont d'origines diverses (Etat, collectivités locales, organismes sociaux, particuliers).

La réingéniérie de ces procédures devrait permettre de redéfinir la notion de dépenses de secours et d'en préciser les modalités d'attribution notamment par la réalisation d'un guide de procédure, voire par une meilleure intégration de l'intervention des différentes parties prenantes.

La taxe spéciale sur les places de cinéma (TSC)

La nécessité de mener une action de réingéniérie dans ce domaine a été identifiée à l'issue des études en cours sur la simplification du droit de timbre. La TSC, assise sur le prix du billet d'entrée, est affectée au fonds de soutien à l'industrie cinématographique. Chaque exploitant adresse mensuellement une déclaration sous bordereau aux services fiscaux, indiquant le nombre de billets vendus et le montant de la taxe correspondante à percevoir. L'objectif de la réingéniérie est de favoriser la transmission électronique des déclarations, l'équipement de toutes les salles en billetterie automatique et l'allègement des modalités de gestion et de contrôle de la taxe par les services fiscaux, en renforçant le rôle du Centre National de la Cinématographie.

La chaîne pensions

La réorganisation complète de la chaîne des pensions des fonctionnaires de l'Etat, est directement liée à l'application de la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites. Ce chantier majeur a pour objectif :

- d'automatiser les flux d'information entre les différents services impliqués (service de gestion de personnel, service des pensions et les centre régionaux de paiement) ;

- de mettre en place un interlocuteur unique du pensionné (centre d'appels et site internet) ;

- de définir et mettre en oeuvre une politique de relations et d'interface avec les 42 gestionnaires ministériels ;

- de mettre le service des pensions en situation de devenir l'organisateur du dispositif (évolution des métiers, interlocuteur ministériel de référence).

3. La mesure des gains de productivité

Les actions entreprises par le Minéfi peuvent déboucher sur des gains de productivité d'importance variable, dont la mesure est parfois difficile.

Exceptions au sein des administrations françaises, la direction générale des impôts et la direction générale de la comptabilité publique mesurent leurs gains de productivité. Ceux-ci constituent d'ailleurs un des indicateurs de performances du programme « gestion fiscale et financière de l'Etat et du secteur public local » de la mission « gestion et contrôle des finances publiques ».

La direction générale des impôts mesure l'évolution de sa productivité globale en comparant les mêmes charges de référence à l'ensemble de ses emplois budgétaires.

Gains de productivité de la DGI

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Evolution 1995/2003

Fiscalité des particuliers 14 ( * )

1.267

1.299

1.340

1.357

1.372

1.408

1.407

1.423

1.386 15 ( * )

9,4 %

Fiscalité des professionnels 16 ( * )

87

89

91

92

93

96

96

98

103

18,4 %

Bloc foncier 17 ( * )

133

135

137

141

146

145

154

159

162

22,4 %

Taux global de productivité de la DGI N-1/N

 

1,74 %

2,2 %

1,7 %

1,86 %

2,37 %

1,42 %

1,84 %

1,66 %

Moyenne :

1,85 %

Source : direction générale des impôts

La direction générale de la comptabilité publique, dans son rapport annuel de performances, réalise le même exercice, en adoptant une méthodologie différente, puisque la base de référence retenue est non pas l'emploi budgétaire, mais l'équivalent temps plein 18 ( * ) .

Deux indicateurs de productivité sont réalisés, selon les deux activités principales de la direction générale de la comptabilité publique, recouvrement d'une part, gestion budgétaire et comptable d'autre part.

Ratios de productivité à la direction générale de la comptabilité publique

 

Ratio de productivité par emploi affecté

2001

2002

2003

Recouvrement des impôts sur rôle

Nombre d'articles d'impôts sur rôle par agent

10.335

10.304

10.557

Contrôle et paiement des dépenses du secteur public local

Nombre de dépenses mandatées par agent

12.813

12.799

nc

Ces deux ratios connaissent une évolution quelque peu erratique qui montrerait que la productivité de la direction générale de la comptabilité publique a baissé entre 2001 et 2002, pour se redresser ensuite, ce qui contredit le discours de cette direction selon laquelle la réduction des emplois engagée depuis plusieurs années est due à l'amélioration des gains de productivité.

Un effort méthodologique reste à faire pour que la productivité soit mesurée avec rigueur au sein du Minéfi.

C. DE LA RATIONALISATION DES STRUCTURES À LA RÉDUCTION DES IMPLANTATIONS TERRITORIALES

1. La modernisation des structures du Minéfi

La modernisation des structures du Minéfi est engagée depuis plusieurs années. Si elle vise avant tout à affirmer l'efficacité du ministère, elle peut parfois nécessiter un regroupement des missions et une mutualisation des compétences en vue d'une efficience accrue des administrations.

Ainsi, comme votre rapporteur spécial, mais aussi celui des crédits des PME, du commerce et de l'industrie, l'y invitaient, le Minéfi est en train de procéder à la fusion entre la DIGITIP (direction de l'industrie, des technologies de l'information et des postes) et la DARPMI (direction à l'action régionale et de la petite et moyenne industrie). Parallèlement, la répartition des rôles entre la nouvelle direction générale des entreprises et la direction des entreprises commerciales, artisanales et de services (DECAS) est clarifiée, la DECAS (désormais DECAPL) assurant dorénavant la gestion administrative de la tutelle de l'ensemble des chambres consulaires, chambres des métiers et chambres de commerce et d'industrie.

Par ailleurs, le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, a annoncé lors du comité technique paritaire ministériel du 15 juin 2004 la création de la direction générale du Trésor et de la politique économique. Selon les termes du communiqué paru à l'issue de cette réunion « l'organisation centrale du Minéfi en matière économique date pour l'essentiel des années soixante alors même que le contexte économique n'est évidemment plus du tout comparable et que les modes d'intervention de l'Etat dans l'économie ont profondément évolué. Le Minéfi dispose d'une capacité d'expertise interne reconnue mais selon une organisation aujourd'hui trop éclatée ».

Vont être regroupées dans une même entité administrative - la direction générale du Trésor et de la politique économique - les trois directions exclusivement tournées vers l'action économique à savoir :

- la direction du Trésor ;

- la direction de la Prévision et de l'analyse économique ;

- la direction des Relations économiques extérieures.

Après l'échec de la mission 2003, le rapprochement de la direction générale des impôts et de la direction générale de la comptabilité publique s'est poursuivi, en renforçant les synergies , grâce par exemple au programme COPERNIC, en créant des pôles de compétences plus cohérents (cas de la direction des grandes entreprises notamment), ce qui conduit à réaliser progressivement la réforme du service public de l'impôt.

2. L'externalisation de certaines missions

La Cour des comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 2003, note que les actions entreprises par l'actuel gouvernement présentent de fortes similitudes avec ceux de la « réforme-modernisation » de M. Laurent Fabius et de la « mission 2003 » de M. Christian Sautter. Elle souligne cependant que « sur certains points touchant au périmètre de l'action de l'Etat, « Bercy en mouvement 19 ( * ) » tranche cependant avec les orientations prises par les gouvernements précédents. Il en est ainsi de l'externalisation de certaines fonctions non régaliennes vers le secteur privé (privatisation du contrôle technique des poids lourds) et de son volet social (octroi d'une prime aux personnels souhaitant quitter l'administration ) ».

La réforme consiste en l'occurrence à transférer au secteur privé l'exécution des contrôles techniques de véhicules poids lourds et des véhicules dédiés au transport en commun de personnes. Ces contrôles étaient effectués par les DRIRE pour le compte du ministère chargé des transports dans 163 centres répartis sur l'ensemble du territoire. Ces activités étaient assurées par environ 1.000 agents des DRIRE, soit près de 700 équivalents temps plein : 500 agents techniques (experts), 100 agents administratifs, 80 techniciens supérieurs et ingénieurs assurant l'encadrement.

Le recentrage de l'action de l'Etat vers un contrôle de second niveau conduit à redéployer vers de nouvelles activités la majorité des agents actuellement affectés à cette tâche. Un plan d'accompagnement a été mise en place, comportant plusieurs mesures dont :

- l'accès de tous les experts techniques à un Journal officiel du 11 juin 2004, le décret créant le nouveau corps de catégorie B des techniciens du Minéfi permet une intégration des experts dans ce corps ;

- un plan de qualification comportant des mesures de promotion interne ;

- un accompagnement indemnitaire en cas de mobilité géographique;

- une indemnité de projet personnel (IPP), accessible à partir de 5 ans d'ancienneté dans le service public, versée aux experts techniques qui feraient le choix de quitter l'administration pour commencer une nouvelle vie professionnelle ;

- la possibilité de prendre une disponibilité temporaire pour travailler dans une entreprise privée en conservant pendant trois ans le droit de bénéficier du plan d'accompagnement (hors indemnité de projet personnel - IPP).

Dès février 2004, et dans chaque DRIRE, a été constituée une cellule d'écoute et d'orientation, qui s'attache, à travers des entretiens personnalisés, à permettre à chaque agent de trouver un emploi conforme à ses compétences. La première vague d'entretiens s'est déroulée en mars et avril 2004. Les bourses de postes régionales ont été mises en place à partir de juillet 2004, à l'occasion de nouvelles réunions régionales.

En ce qui concerne le volet juridique et patrimonial, l'Etat a désigné les futurs repreneurs de ses centres de contrôle en septembre 2004. L'ensemble des 133 centres appartenant à l'Etat ont été attribués à des opérateurs privés, au terme d'une procédure de cession après appel à la concurrence au niveau européen. Ces opérateurs prendront le relais de l'Etat pour effectuer les contrôles des véhicules lourds, de manière progressive et dans le courant du premier semestre 2005.

Les acquéreurs ont l'obligation d'obtenir un agrément délivré par l'Etat avant d'exercer leur activité.

Le produit de la vente, soit près de 54 millions d'euros, contribuera aux objectifs généraux de cession des biens immobiliers de l'Etat en 2004 et 2005 20 ( * ) .

3. La réduction du nombre d'implantations locales

Comme il l'a rappelé à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances, votre rapporteur spécial, s'il est attaché à la rationalisation des structures engagée dans certains cas depuis plusieurs années, l'est autant à la permanence et à la continuité du service public . Il n'est pas certain que le nombre de fermetures de bureaux qui pourrait être décidées dans certains départements au cours de deux prochaines années permette, notamment aux collectivités locales, de bénéficier des services qu'elles peuvent attendre des directions déconcentrées du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie. Il paraît à tout le moins nécessaire de mettre en place, dans les départements les plus touchés, des formules permettant une présence effective des agents de Bercy, à certains jours de la semaine, là où le public peut en avoir besoin.

La réorganisation des implantations locales fait néanmoins partie des priorités de l'actuel gouvernement : près de 1.200 opérations ont été programmées sur la période 2003-2005 .

13 recettes des finances ont été fermées en 2003. Il s'agit de : Saint-Quentin, Montbéliard, Saint-Malo, Dax, Cholet, Cherbourg, Lorient, Senlis, Béthune, Thiers, Bayonne, Fontainebleau, Abbeville.

En 2004, ont été fermées les 11 recettes suivantes : Lisieux, Brive-la-Gaillarde, Guingamp, Morlaix, Saint-Gaudens, Montargis, Compiègne, Cambrai, Chalon-sur-Saône, Dieppe et les Sables d'Olonne.

Enfin, 7 recettes devraient être fermées en 2005, soit au total 31 recettes pour la période 2003-2005.

De même, la direction générale des douanes et des droits indirects procède depuis trois ans à des ajustements du réseau des contributions indirectes. Le mouvement de rationalisation engagé depuis le début de l'année 2003 devrait conduire à la suppression, d'ici à la fin de l'année 2004, de 181 recettes locales, de 56 services d'assiette des contributions indirectes et de 8 services de la viticulture.

En ce qui concerne par ailleurs la DGCCRF, le choix a été fait de procéder à un regroupement au niveau des directions départementales de l'ensemble des agents d'un département. Les structures infra-départementales de la DGCCRF concernées sont au nombre de 24 : à ce jour, ont été fermés 9 antennes et 2 secteurs (les antennes de Dieppe, Lomme, Cavaillon, Hazebrouck, Apach/Yutz, Forbach, Saint Pol de Léon, Paimpol, Marmande et les secteurs d'Arles et de Saint-Quentin) ; les 13 secteurs 21 ( * ) restants le seront d'ici à 2005.

Enfin, en ce qui concerne enfin la restructuration du réseau rural de la DGCP, 164 postes ont été fermés en 2004 et le mouvement devrait être poursuivi en 2005. Selon le secrétariat général du Minéfi, « des formes nouvelles de présence se substitueront à des postes dont l'existence ne se justifie plus. Elles intègrent les possibilités technologiques nouvelles. Pratiquement, trois modèles sont mis en place :

« - permanences dans les locaux de la mairie, par exemple les jours de marché, tenues par des agents dotés d'ordinateurs connectés avec les applications nécessaires à l'accueil du public ;

« - antennes spécialisées dans la gestion des collectivités locales ;

« - dans quelques cas, regroupement de certaines activités de plusieurs trésoreries, par exemple le recouvrement » .

Tous ces mouvements suscitent néanmoins l'inquiétude et l'incompréhension croissante des élus locaux.

* 13 Rapport n° 73 - tome III - annexe 10 (2003-2004).

* 14 Note d'articles IR gérés par emploi.

* 15 Impact de la réforme centre des impôts -recettes, s'agissant d'agents dont les attributions étaient jusque là partagées entre deux missions : professionnels et particuliers.

* 16 Nombre de dossiers professionnels gérés par emploi.

* 17 Moyenne sur trois ans des actes à exploiter par emploi.

* 18 Dans la perspective de la LOLF, cette référence est sans doute la plus adaptée.

* 19 La stratégie ministérielle de réforme du Minéfi a été encore une fois rebaptisée, cette fois « Bercy ensemble » par Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.

* 20 A ce titre, certains immeubles « de prestige » du Minféi sont en cours de cession. Ces cessions, annoncées par le Ministre d'Etat, concernent un immeuble situé dans le 7 ème arrondissement, rue du Bac et rue de l'Université, qui abrite la majeure partie de la direction générale des douanes et droits indirects ainsi que l'agence comptable centrale du Trésor, un immeuble situé rue de la Tour des dames dans le 9 ème arrondissement, qui abrite les autres services parisiens da la direction générale des douanes, un immeuble situé rue de Richelieu dans le 1 er arrondissement, des bureaux situés avenue George V, où se trouve une partie du contrôle d'Etat, un immeuble de la rue Scribe dans le 9 ème arrondissement, où réside la direction nationale des interventions domaniales, service dépendant de la DGI. Pour les trois derniers immeubles, une solution de relogement des services a d'ores et déjà été trouvée.

* 21 Conformément à l'engagement pris par le ministre d'Etat de réexaminer certaines situations particulières, les cas de Brest, Bayonne et Boulogne font l'objet d'une analyse complémentaire pour mieux prendre en compte l'éloignement géographique par rapport à la direction départementale.