M. Bertrand AUBAN

LE BUDGET ANNEXE D'UNE ENTITÉ
QUI PRÉPARE SON AVENIR

La direction des Monnaies et médailles , rattachée au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, compte environ 730 personnes et travaille sur deux sites : l'Hôtel de la Monnaie de Paris et l'établissement monétaire de Pessac, en Gironde (respectivement 55 % et 45 % de l'effectif).

Pour le compte de l'Etat, en situation de monopole, elle frappe la monnaie métallique courante. Elle exerce par ailleurs des activités commerciales, en secteur concurrentiel : production et vente de monnaies métalliques courantes étrangères, de monnaies de collection, médailles et décorations, fontes d'art et bijoux. Enfin, elle est en charge de missions patrimoniales (gestion du musée de la Monnaie et entretien de l'Hôtel de la Monnaie) et de missions de contrôle (lutte contre la contrefaçon et fabrication d'instruments de marque et de garantie).

Les crédits inscrits en projet de loi de finances pour 2005 augmentent de 12,8 % par rapport au budget voté pour 2004 et s'élèvent à 98 millions d'euros. Les dépenses progressant légèrement plus que les recettes, le budget annexe s'équilibre au moyen d'une subvention du budget général, d'un montant de 2,7 millions d'euros.

I. RECETTES : UN TIERS APPORTÉ PAR L'ACTIVITÉ RÉGALIENNE, DEUX TIERS PAR L'ACTIVITÉ COMMERCIALE

Les recettes d'exploitation sont composées du produit de la cession des pièces françaises au Trésor, des recettes purement commerciales, de recettes diverses et en cas de besoin, d'une subvention d'exploitation.

De 86,730 millions d'euros en budget voté 2004, les recettes d'exploitation passeraient à 97,823 millions d'euros en 2005 (+ 11,1 millions d'euros soit + 12,8 % ). Cette progression est essentiellement liée à une augmentation de la cession au Trésor des pièces françaises (+ 6,4 millions d'euros) et à la réapparition d'une subvention d'exploitation, dont le budget annexe n'a pas besoin en 2004, mais qui s'avère nécessaire en 2005, à hauteur de 2,7 millions d'euros.

Alors que jusqu'en 2002, l'essentiel des recettes provenait de l'activité régalienne de frappe de pièces françaises, depuis 2003, le secteur concurrentiel est largement majoritaire. Cette inversion dans la structure de l'activité de la direction des Monnaies et médailles s'explique par l'effondrement de la production des pièces d'euros.

A. L'ACTIVITÉ RÉGALIENNE

1. Une évolution de produit de la cession au Trésor inversement proportionnelle aux quantités cédées

Le budget annexe cède à la direction du Trésor, à des prix déterminés avec celle-ci, les monnaies courantes et des monnaies de collection.

La cession effectuée en 2003 a représenté une recette 19,1 millions d'euros (17,5 millions d'euros 6 ( * ) pour les pièces de monnaies courantes et 1,6 million d'euros pour les pièces de collection 7 ( * ) ) contre 13,6 millions d'euros en prévision. Ce dépassement de 40 % de la prévision résulte d'une commande supplémentaire de 200 millions de pièces , facturées à des prix unitaires anticipant la hausse prévue pour 2004. Ont donc joué à la fois un effet quantité et un effet prix.

Pour 2004, le produit de la cession au Trésor devrait être conforme à la prévision : de 24,6  millions d'euros, dont 21,7 millions d'euros pour 760 millions de pièces de monnaie courante et 2,9 millions d'euros pour les monnaies de collection.

Pour 2005, le produit de cession augmenterait de 26,2 % pour s'élever à 31,1 millions d'euros. Sur ce montant, 28,7 millions d'euros se rapportent aux pièces de monnaie courante . La recette augmente donc de 32 % alors que les quantités cédées diminuent de 25,7 %. Elle se décompose en : 3,285 millions d'euros pour les pièces de 10 centimes, 1,140 million d'euros pour les pièces de 5 centimes, 13,520 millions d'euros pour les pièces de 2 centimes et 10,8 millions d'euros pour les pièces de 1 centime.

Le produit de la cession des monnaies de collection passe de 2,9 millions d'euros à 2,4 millions d'euros (- 17 %).

2. Des prix réévalués pour la deuxième année consécutive

Les prix de cession résultent de trois éléments : la valeur 8 ( * ) du métal contenu dans la pièce, la valeur ajoutée de l'établissement monétaire de Pessac et la « marge du fabricant », qui est de 10 %.

Alors qu'ils avaient déjà été réévalués l'an dernier, ces prix de cession sont encore augmentés pour 2005, conséquence de l'utilisation, pour leur calcul, d'un outil de comptabilité analytique entièrement rénové permettant une approche en coûts complets et des simulations.

Les prix unitaires ne sont que le résultat d'un ratio. Leur forte progression résulte de deux phénomènes cumulatifs : l'intégration de l'ensemble des éléments de coûts (tels que le stockage par exemple), qui augmente le numérateur, et la prise en compte de quantités moindres, qui diminue le dénominateur.

3. Un programme de frappe toujours faible

Alors que courant 2002, il avait fallu réajuster le plan de charge à la baisse, c'est dans le sens d'une hausse que les besoins ont été réévalués courant 2003 : 600 millions, au lieu de 400 millions, en raison de commandes supplémentaires de la Banque de France (100 millions de pièces de chacune des coupures de 1 et 2 centimes). In fine , 601,8 millions de pièces ont été produites, soit une baisse de l'activité de frappe de 45 % par rapport à 2002.

Le plan de charge de 2004 évalué à 760 millions de pièces se concentre sur les petites coupures.

Celui de l'année 2005 se limite à 565 millions de pièces et diminue de 25,7 % par rapport à celui de 2004 . Pour la troisième année consécutive, il reste très modeste. Sa structure est proche de celle de 2004 : concentré sur les petites coupures, et notamment sur les plus petites (1 et 2 centimes).

4. Des stocks de pièces encore importants et pour longtemps

La proportion de pièces mises en circulation par rapport aux quantités produites varie beaucoup selon les coupures. Les excédents de production concernent surtout les plus grosses coupures .

En tenant compte d'un stock incompressible, estimé par la Banque de France à 574 millions de pièces, la résorption des stocks excédentaires s'échelonnerait, selon les coupures, entre mars 2005 et juillet 2015.

1 c

2 c

5 c

10 c

20 c

50 c

1 €

2 €

Mai 2005

Mars 2005

Janvier 2006

Novembre 2005

Juillet 2006

Juillet 2015

Février 2013

Mai 2009

5. Le cas particulier des monnaies de collection

Dans le cadre de la réforme monétaire instituant le nouveau franc, l'article 3 de la loi de finances rectificative pour 1960 n° 60-1356 du 17 décembre 1960 a ouvert dans les écritures du Trésor le Compte d'émission des monnaies métalliques « destiné à retracer les opérations de recettes et de dépenses auxquelles donnent lieu l'émission et le retrait des monnaies métalliques ».

A ce jour, toutes les pièces de monnaies françaises libellées en euros, courantes et de collection, transitent par ce compte, sans que l'on distingue celles destinées à être mises en circulation et celles destinées à la vente à des collectionneurs. Cette situation permet à la direction du Trésor de percevoir un droit de seigneuriage 9 ( * ) et de suivre tous les mouvements (émissions et retraits) des pièces de collection. Cependant, elle nécessite de nombreuses écritures administratives entre les deux directions concernées du « Minéfi ».

Même si dans certains cas, la distinction entre pièce courante et pièce de collection n'est pas aisée, la direction des Monnaies et médailles fait valoir que les pièces en question, destinées à des collectionneurs, s'apparentent difficilement aux pièces visées à l'article précité. S'appuyant sur une définition, au plan communautaire, qui repose sur l'idée essentielle que ces pièces, même si elles ont cours légal, ne sont pas produites pour être mises en circulation, elle souhaiterait que l'article précité soit adapté en étant complété in fine par les mots « produites pour être mises en circulation ».

B. LE SECTEUR CONCURRENTIEL

1. Analyse d'ensemble

a) Des recettes commerciales globalement stables, après recentrage sur les monnaies courantes

En 2003, les ventes globales, à hauteur de 49,2 millions d'euros, ont dépassé de 10 % l'objectif fixé en loi de finances initiale, les « bonnes surprises » venant des monnaies de collection françaises qui ont plus que compensé les résultats décevants en matière de médailles et de décorations.

L'objectif fixé pour 2004 était particulièrement ambitieux : 59,6 millions d'euros dont environ la moitié serait provenue de la vente des monnaies de collection françaises. En réalisation, ces dernières sont loin de répondre aux attentes et même si le secteur des monnaies courantes étrangères et destinées aux territoires d'outre mer se porte mieux que prévu, le chiffre d'affaire global n'atteindra probablement pas 50 millions d'euros .

Pour 2005, la prévision de 59,1 millions d'euros est stable par rapport à celle de 2004 , avec une forte révision à la baisse du chiffre d'affaires attendu dans le secteur des monnaies de collection (- 39,1 %), un infléchissement dans celui des médailles et décorations (- 7,6 %) et une explosion des ventes de monnaies courantes étrangères (+ 164 %).

b) Une mobilisation commerciale sans faille

Parce que son activité régalienne ne peut lui suffire, la direction des Monnaies et médailles cherche continuellement de nouveaux débouchés pour diversifier ses sources de recettes, en s'appuyant sur la qualité de ses produits et la renommée de sa marque.

Le changement de monnaie courante française a suscité un véritable engouement pour les produits de la Monnaie de Paris qui en a profité pour élargir le marché à de nouveaux produits et dynamiser son réseau de vente. Mais une fois cet élan passé, elle doit s'adapter à un marché plus incertain, plus fluctuant, qui requiert une constante vigilance. Il lui faut fidéliser sa clientèle dont elle doit avoir une bonne connaissance des attentes. Cette clientèle française et étrangère est hétérogène et exigeante : collectionneurs, entreprises, collectivités locales, amateurs d'art notamment.

Pour favoriser la commercialisation de ses produits, lesquels demeurent enracinés dans ses métiers, la Monnaie de Paris renforce ses équipes de ventes, diversifie ses réseaux de vente 10 ( * ) , tout en développant la vente directe aux particuliers et aux entreprises (ventes en ligne notamment). En outre, elle recherche toujours des partenariats innovants et associe, par l'intermédiaire de jurys, des personnalités du monde artistique, politique ou culturel au lancement de nouveaux produits. Elle garde l'ambition de « refaire de l'Hôtel de la Monnaie un lieu de rencontre et de création artistique ».

2. Des débouchés variant beaucoup selon les marchés

a) Les médailles, décorations, jetons, bijoux et objets d'art

Le résultat 2003 de 15,4 millions d'euros, est resté bien en deçà de la prévision, sans que cela ne soit une surprise. Il a marqué un retrait de 5,2 % par rapport à 2002. Les médailles ont représenté 62 % de ce secteur, les décorations 17 %, les jetons 10 %, les bijoux 8 %.

L'organisation de ventes privées et promotionnelles deux fois par an et la création d'un « coin des affaires » ont donné de bons résultats. Toutefois, ceux-ci n'ont compensé ni la perte d'attrait des médailles, au profit des monnaies de collection en euros, ni le recul observé dans le secteur, de plus en plus concurrencé, des décorations officielles,

Pour l'année 2004, les réalisations à fin juin s'élèvent à 8,1 millions d'euros. L'objectif ambitieux de 18,4 millions d'euros ne sera pas atteint, mais les ventes devraient globalement se maintenir au niveau de 2003 .

Les médailles (pour lesquelles la Monnaie de Paris a notamment mis en place un système d'abonnement, sur 2004 et 2005, permettant de régulariser l'activité de l'atelier des médailles) font l'objet de commandes plus nombreuses et le chiffre d'affaires de ce secteur devrait se maintenir à un niveau proche de celui de 2003. Par ailleurs, la forte reprise constatée dans le secteur des jetons (8,5 millions de jetons soit un doublement des quantités) et la réalisation d'une commande thaïlandaise de médailles et de fontes compenseraient la baisse observée dans le secteur des décorations.

Pour 2005, la prévision de 17 millions d'euros marque un infléchissement . Toutefois, la Monnaie de Paris ayant décidé une révision globale de sa grille tarifaire - hausses comprises entre 2 % et 30 % selon les gammes de produits -, le chiffre d'affaires devrait profiter d'un effet prix.

Le secteur des médailles devrait se maintenir , avec un lissage de la production grâce au système d'abonnement mis en place.

S'agissant des décorations officielles , la direction des Monnaies et médailles, soutenue par la Grande Chancellerie de la légion d'honneur, poursuit auprès des préfets et des chambres de commerce son action de sensibilisation au problème de la contrefaçon.

Les ventes de bijoux conserveraient un niveau satisfaisant, après un recentrage de cette activité sur les médailles de cou « religieuses » et « laïques » et grâce à la recherche de nouveaux partenariats.

b) Les monnaies de collection françaises

Dans le secteur des monnaies de collection françaises, la direction des Monnaies et médailles a su tirer profit jusqu'à fin 2003 de l'engouement provoqué par la disparition du franc et l'avènement de l'euro en 2002.

L'année 2003 a été exceptionnelle : l'objectif annuel, atteint à mi-année, a été dépassé de 53 %. A hauteur de 23,9 millions d'euros, les ventes de ce secteur progressent de 28,7 % par rapport à 2002, avec un véritable bond des recettes à l'export. Les séries des pièces courantes françaises en qualité « Belle épreuve » et « Brillant universel » ont connu un succès particulier. Par ailleurs, le partenariat avec le Crédit Lyonnais, dont les agences ont commercialisé le programme « 100 ans de Tour de France », a permis un net essor des ventes

La Monnaie de Paris avait essentiellement misé sur ce secteur pour 2004 en affichant une prévision « record » de 30,4 millions d'euros.

En dépit d'un première percée de la Monnaie de Paris vers les Etats Unis et du recrutement d'un revendeur américain auquel a été confiée la vente des monnaies de collection (principalement les monnaies du Tour de France), les réalisations à fin juin sont très décevantes : 6,6 millions d'euros 11 ( * ) , soit une baisse de 60 % par rapport au premier semestre 2003 résultant en quasi totalité de la chute des ventes des séries de monnaies commémoratives en argent et en or. En année pleine, ce secteur ne rapportera pas plus de 15 millions d'euros, soit une régression d'au moins 50 % par rapport à l'objectif fixé .

Pour 2005 , face aux mauvais résultats de 2004 après le pic de 2003, il est pris acte d'une tendance à la baisse de ce secteur et même si les monnaies de collection demeurent au coeur de la stratégie commerciale de la Monnaie de Paris, celle-ci affiche une prévision relativement modeste : 18,5 millions d'euros. Par ailleurs, afin d'assurer une meilleure lisibilité des émissions à venir, notamment vis à vis des distributeurs, le programme de frappe sera planifié sur trois ans. Enfin, la mise en place de sept thématiques récurrentes (histoire, sports, Europe, numismatique, géographie, enfance et arts) devrait permettre de fidéliser les collectionneurs.

c) Les monnaies de collection étrangères

Le chiffre d'affaires de ce secteur dépend de plusieurs facteurs : les contrats internationaux, la valeur des métaux précieux mis en oeuvre, l'incidence du cours de l'euro face au dollar. L'objectif de l'année 2003 n'a pas été atteint mais, comme en 2002, la prévision était ambitieuse. Les ventes, d'un montant de 1,3 million d'euros, ont reculé de 7,1 % par rapport à 2002, en raison notamment de la disparition des monnaies nationales. Etant donné la morosité constatée sur le premier semestre, ce résultat demeure satisfaisant.

L'année 2004 est décevante . Pour un objectif annuel de 1,8 million d'euros, les résultats à fin juin n'atteignent que 0,4 million d'euros. Les bons résultats sur le marché américain, suite au recrutement d'un agent commercial, ne compensent pas les effets de l'effondrement du marché allemand.

Etant donné la morosité du marché, l'objectif pour 2005, même ramené à 1,5 million d'euros, est encore ambitieux .

d) Les monnaies courantes étrangères

L'objectif pourtant raisonnable fixé pour 2003 n'a pu être atteint et les ventes, d'un montant de 6,5 millions d'euros (pour 254 millions de pièces), ont régressé de 17,7 % par rapport à 2002. S'agissant de l'euro, seule la principauté de Monaco a passé des commandes. Par ailleurs, une commande importante de francs CFA pour la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) a permis de limiter la baisse dans ce secteur.

Pour 2004 , les résultats à fin juin atteignaient 7,7 millions d'euros et les estimations en année pleine aboutissent à un doublement de la prévision : 15,9 millions d'euros pour 7,8 millions d'euros en prévision .

Les actions renforcées de prospection portent leurs fruits et les capacités de production de l'usine de Pessac sont désormais disponibles après le pic de fabrication de l'euro. La Monnaie de Paris peut ainsi honorer des commandes importantes telles que celles passées par le Yémen et l'Afghanistan.

La prévision pour 2005, de 20,6 millions d'euros, prend en compte ces perspectives et se situe à un niveau sans précédent , de l'ordre du double des résultats des meilleures années. Elle intègre notamment une commande de 600 millions de pièces pour l'Afghanistan et 100 millions de pièces pour le Yémen. De plus, la Monnaie de Paris compte sur le recrutement de nouveaux agents et le soutien des missions économiques pour trouver de nouveaux débouchés, notamment en Asie (Afghanistan, Népal, Vietnam, Bangladesh) où les besoins en monnaie métallique portent sur des volumes importants.

e) Les monnaies courantes pour les TOM

Il s'agit des pièces destinées à la Polynésie française (80 %) et à la Nouvelle Calédonie (20 %). De manière récurrente, ce secteur affiche des prévisions trop faibles. Il semble que la direction des Monnaies et médailles ait minimisé l'effet de l'instauration, en 1999, d'une TVA en Polynésie française qui, faisant disparaître les prix ronds, a suscité un besoin accru en pièces de monnaie.

L'année 2003 s'annonçait excellente ; elle l'a été. Le chiffre d'affaires a avoisiné les 2 millions d'euros (+ 77,5 % par rapport à 2002).

L'année 2004 devrait également être très satisfaisante (0,6 million d'euros à fin juin) et la prévision, que l'on savait timide, sera nettement dépassée.

Pour 2005 , parce que l'effet TVA en Polynésie française régresserait depuis 2004, l'objectif est toujours aussi modeste (0,8 million d'euros).

f) Les fabrications annexes

Il s'agit des instruments de marque et de garantie : poinçons, cachets de douane et timbres secs, vendus dans le cadre de procédures négociées à une clientèle achetant pour des raisons de sécurité. Les principaux clients sont des administrations françaises : direction générale des douanes et des droits indirects, directions régionales d'industrie. Toutefois, depuis 2004, les commandes des administrations sont remplacées par celles de sociétés privées, suite notamment à la mise en place de délégation aux bijoutiers et orfèvres.

Les résultats de 2003 (0,3 million d'euros) régressent de 43,5 %, en raison notamment de modifications réglementaires intervenues en 2002.

L'objectif 2004 qui, certes, avait été revu à la baisse (0,450 million d'euros) devrait être atteint, avec un bon niveau des commandes export.

La prévision pour 2005 est ambitieuse : 0,7 million d'euros . La direction des Monnaies et médailles entend proposer ses services à un ensemble plus large d'administrations étrangères - les principaux clients étrangers sont actuellement les ministères des finances d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie - et poursuivre ainsi l'internationalisation de cette activité, en compensant la baisse du chiffre d'affaires métropolitain.

3. Une excellente tenue des exportations

Le mouvement ascendant depuis 2001 se poursuit nettement : 29,4 millions d'euros en 2003 et environ 35 millions d'euros en 2004.

En 2003, les monnaies de collection françaises ont connu un réel succès à l'étranger : la part des exportations dans ce secteur était passée de un tiers à deux tiers, avec des débouchés particulièrement importants en Allemagne et au Japon. Mais un phénomène de spéculation avait gonflé artificiellement les ventes.

En 2004, la baisse observée par rapport à 2003 résulte d'un assainissement de ce secteur d'activité . En revanche, les monnaies courantes étrangères apportent un chiffre d'affaire exceptionnel qui devrait permettre à la Monnaie de Paris de dépasser très sensiblement son objectif global.

Le caractère ambitieux de l'objectif 2005 tient aux performances attendues dans le secteur des monnaies courantes étrangères qui, depuis 2004, est particulièrement prometteur. En revanche, les exportations de monnaies de collection marqueraient un net infléchissement.

Afin d'être informée du maximum d'appels d'offre, la Monnaie de Paris a su mettre en place des relais efficaces : ses agents locaux et les missions économiques . Parce qu'elles entretiennent des relations régulières avec les banques centrales, celles-ci apportent une aide précieuse en exerçant une veille particulièrement efficace sur les projets d'appel d'offre en matière de monnaies courantes étrangères 12 ( * ) . Par ailleurs, le site internet de la Monnaie de Paris, dont les capacités d'accueil ont été largement renforcées après une refonte complète, fait connaître les produits de la Monnaie de Paris au-delà de nos frontières : deux tiers des commandes passées sont destinées à l'étranger.

La répartition géographique, tous produits confondus, fluctue d'une année sur l'autre. Selon les derniers résultats connus, l'Union européenne demeure le principal débouché (47 % des exportations contre 41 % l'an dernier), l'Afrique recule (20 % contre 41 %). Viennent ensuite, à quasi égalité, l'Amérique qui devient un débouché nettement plus important (12 % contre 4 %), l'Asie-Océanie dont le poids est stable (11 % contre 12 %) et les autres pays d'Europe dont le poids augmente sensiblement (10 % contre 2 %).

C. LA SUBVENTION DE L'ÉTAT

1. Un apport indispensable en 2003

En 2003, l'établissement parisien a présenté un déficit, que l'on peut qualifier de structurel. Mais surtout, et ce fut un fait nouveau, l'établissement de Pessac qui, jusqu'alors, comblait le déficit de l'établissement parisien, s'est retrouvé déficitaire comme ce dernier, suite à la brutale régression de l'activité de frappe de l'euro. Son déficit s'est même élevé au double de celui de Paris.

La situation avait été prévue. le Parlement avait voté une subvention de 26,5 millions d'euros pour le budget annexe qui se voyait privé de l'essentiel de ses recettes. Cependant, parce qu'elle a su maîtriser efficacement ses dépenses de fonctionnement et dynamiser ses ventes dans le secteur concurrentiel, la Monnaie de Paris, certes aidée par une commande complémentaire de la Banque de France de 200 millions de pièces, n'aura en fait eu besoin que de 18 millions d'euros . Cette subvention était d'autant plus indispensable qu'en 2003, les prix de cession des pièces d'euros au Trésor étaient manifestement sous-évalués. Après prise en compte de cette aide, la section « Exploitation » s'est soldée par un excédent de 0,1 million d'euros.

2. Aucune subvention en 2004, mais un prélèvement sur le fonds de roulement

En loi de finances pour 2004, la direction des Monnaies et médailles affichait un budget d'emblée équilibré, considérant que sa maîtrise des dépenses d'un côté et l'augmentation du produit tant de son activité régalienne que de ses ventes en secteur concurrentiel, d'un autre côté, lui permettaient de ne pas recourir à une subvention de l'Etat. Il était prévu que, fait exceptionnel, l'établissement parisien réaliserait un excédent qui compensant le déficit devenu structurel de l'établissement girondin.

Mais face aux résultats décevants du secteur concurrentiel, c'est grâce à une maîtrise renforcée des dépenses et à un prélèvement sur son fonds de roulement que la direction des Monnaies et médailles financera son déficit d'exploitation et tiendra son engagement de n'être pas subventionnée .

3. Une aide modeste de l'Etat pour 2005

Alors que les dépenses d'exploitation s'élèveraient à 97,8 millions d'euros (+ 11,1 millions d'euros par rapport à 2004), les recettes d'exploitation n'atteindraient que 95,1 millions d'euros, rendant inévitable le subventionnement par le budget général, à hauteur de 2,7 millions d'euros.

Le programme de monnaie courante française demeurant toujours aussi faible, c'est par une forte réévaluation des prix facturés à la direction du Trésor et une poursuite de la politique d'économies que le budget annexe parvient à modérer ainsi sa demande de subvention .

* 6 Ce montant représente la valeur industrielle des pièces courantes.

* 7 Les pièces de collection ont été facturées au Trésor sur la base d'un prix public pour un montant de 1,6 million d'euros et celles retournées la même année ont été rachetées au Trésor à leur valeur faciale pour un montant de 2,4 millions d'euros.

* 8 Cette valeur est une estimation et ne correspond donc pas au prix effectivement payé par la direction des Monnaies et médailles.

* 9 0,1 % de la valeur faciale des pièces, représentant une masse de 25.000 à 30.000 euros par an.

* 10 La Monnaie de Paris vend ses produits par divers réseaux : ses propres boutiques, les grossistes, les détaillants, le réseau des trésoreries générales, les buralistes.

* 11 Les séries de pièces d'euro en qualité « BE » et « BU » représentent plus de la moitié de ce montant.

* 12 S'agissant de ce secteur, les principaux concurrents de la Monnaie de Paris sont la Royal Canadian Mint , la Royal Mint britannique et l'allemand VDN ( Vereinigte Deutsche Nickelwerke ), sans oublier, en Amérique latine, les instituts monétaires chilien et mexicain.