CHAPITRE III

POURQUOI LE RETARD EUROPEEN ?
QUELLES CARENCES ?

Les bouleversements en train de se produire dans le domaine des technologies de l'information remettent en cause l'ordre établi. Des possibilités de rattrapage s'offrent à la France et à l'Europe qui leur permettraient de profiter des mutations en cours. Malheureusement, certains carences, notamment psychologiques, nous retardent. Il importe d'y remédier.

I. UN RETARD PRÉOCCUPANT

A. Dans l'organisation de l'europe

Déréglementation

Le retard qu'accusent l'Europe et la France par rapport aux États-Unis ne trouve que pour partie son origine dans une ouverture plus tardive à la concurrence du secteur des télécommunications, mais surtout par suite de la frilosité informatique de l'Europe.

L'Europe a normalisé sa situation. La concurrence sur le service téléphonique ouvert au public et l'établissement des infrastructures sous-jacentes doit y être complète le 1er janvier 1998.

On notera que, contrairement à ce que beaucoup croient, la concurrence sur le marché local n'existe pas encore aux États-Unis car les règles d'interopérabilité et nombre de problèmes liés à la régulation ne sont pas encore fixées. La bataille fait même rage entre les autorités de régulation fédérales (FCC) et les autorités liées aux États.

B. L'homogénéisation du marché européen

Le marché des technologies de l'information présente aux États-Unis l'avantage d'être immense, homogène et dynamique. Beaucoup reste encore à faire pour en arriver là en Europe, notamment en matière d'infrastructures (réseaux transeuropéens numériques...).

L'inconvénient que représente, du point de vue de l'émergence d'un marché européen des contenus et des services en ligne, le morcellement culturel et linguistique de notre continent est, en fait, renforcé par des contraintes liées à la normalisation (malgré l'existence de l'ETSI, European Telecommunication Standardization Institute ) et les préférences nationales affichées, notamment par les opérateurs dominants. La proposition du Sénat, en 1987, déjà évoquée, de créer l'équivalent européen d'une FCC, n'a été suivie d'aucun effet. Nous en payons les conséquences. Rien ne montre que l'on veuille aller dans cette voie.