III. Audition de Mme Josette Théophile,
Directeur général adjoint du pôle social à la RATP,
accompagnée de M. Pierre Mader, délégué du Directeur général adjoint

La RATP a participé au programme " emplois-jeunes " de deux manières différentes : en finançant des emplois créés par des associations dans un premier temps puis en procédant parallèlement à des recrutements directs dans un second temps.

La RATP avait déjà une expérience en matière d'" économie solidaire " à travers l'association " Les Compagnons du voyage " qui, depuis 1993, intervient pour aider les personnes rencontrant des difficultés dans l'utilisation du réseau.

Il est apparu toutefois que les contrats emplois solidarité (CES) ne constituaient pas la formule la plus adaptée pour accomplir cette activité ; le contrat d'emplois-jeunes a semblé un outil mieux approprié, du fait notamment de la durée du contrat qui s'établit à cinq ans.

La RATP a donc souhaité développer des emplois de " sécurisation " et d'animation du milieu urbain en collaboration avec toutes les " institutions " intéressées (collectivités locales, La Poste, SNCF, ...).

950 jeunes sont aujourd'hui employés par des associations, dont 650 financés par la RATP avec un objectif de 1.000 embauches (12 % des jeunes salariés associatifs démissionnaires ont intégré la RATP dans des emplois statutaires de conducteurs de bus ou d'agents de stations).

71 jeunes ont été directement recrutés et employés par la RATP, ce dernier nombre devant être porté à 200 d'ici la fin de l'année. Ces salariés reçoivent une rémunération égale au premier niveau de la grille de rémunération de la RATP.

Les jeunes employés directement par la RATP sont affectés à des tâches de prévention dans des équipes " mixtes " associant deux emplois-jeunes et deux agents de sécurité. L'expérience a donné lieu à des retours " positifs " de la part des voyageurs et des personnels.

D'une façon générale, le recrutement des emplois-jeunes a été réalisé en coopération avec l'ANPE et les associations de quartier selon des critères privilégiant la capacité de dialogue et de médiation.

Les emplois-jeunes recrutés par les associations avec le concours financier de la RATP bénéficient de 200 heures de formation par an, tandis que ceux recrutés directement par l'établissement public bénéficient de 280 heures initiales et intègrent ensuite l'application des plans de formation de l'entreprise.

Une plate-forme de formation spécifique - le Centre d'Application Permanent aux Métiers de la Ville (CAP VILLE partenariale entre la RATP et le Conseil régional) -, permet de développer des formations mises au point notamment avec l'AFPA, le GRETA et les branches professionnelles, et donnant lieu à des certificats de qualification professionnelle (CAP) concernant, par exemple, les activités d'animateur urbain ou d'agent de médiation.

Deux points du bilan du programme " emplois-jeunes " apparaissent particulièrement positifs : le développement de nouveaux services et la possibilité d'insérer des jeunes dans une activité professionnelle à un horizon de cinq ans.

80 % des emplois-jeunes étaient auparavant au chômage, de bas niveau de qualification, et pour certains " désocialisés ". C'est pourquoi il apparaît important de préserver cet acquis d'une réinsertion largement réussie.

Les problèmes posés sur le plan juridique par l'intervention de salariés extérieurs sur le réseau de la RATP, ainsi que les difficultés rencontrées à faire cohabiter des logiques privées et publiques, apparaissent toutefois comme des points sensibles à valoriser pour une meilleure dynamique du programme " Nouveaux services - Emplois-jeunes ". Dans ce cadre d'utilisation, l'objectif initial du projet de la RATP était de " faciliter la vie urbaine " en dépassant le cadre strict de l'activité de transport et en se positionnant comme acteur et partenaire urbain.

A l'expérience, il est apparu que le programme permettait, dans certains cas, à la RATP de recruter des personnes qui ne pensaient pas pouvoir accéder à des emplois dans cet établissement. L'ouverture et la mixité du recrutement devraient être maintenues en recourant, par exemple, à l'avenir à des contrats de qualification déjà largement utilisés avec des résultats très positifs.

La question du financement, à terme, de ces activités en emplois-jeunes n'est pas résolue et fait partie des points de réflexion actuels de la RATP et de ses différents partenaires.

Le financement des " emplois-jeunes ", recrutés par des associations, a coûté 36 millions de francs à la RATP en 1999. Les associations font l'objet de contrôles par les services financiers de l'Etablissement et d'un suivi assuré par son pôle " politique de la ville et développement ".

S'agissant de l'avenir du programme " emplois-jeunes " au-delà de 2002, il ne conviendrait ni de reconduire le dispositif à l'identique, ni de l'arrêter brutalement.

Il apparaît nécessaire de procéder à un diagnostic sur l'utilité des emplois-jeunes et de s'interroger sur ce que la collectivité publique veut financer, tout en tenant compte du fait que, dans certains cas, les financements existent déjà mais sont dispersés.

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