2. Les pesanteurs du système économique

a) La portée encore limitée des réformes

Les mesures d'ouverture adoptées dans la période récente sont restées d'une portée limitée. La situation faite aux investissements étrangers est, à cet égard, significative. Ils demeurent, en effet, encore soumis à un cadre contraignant, tant sur le plan fiscal (pouvoir discrétionnaire de l'administration pour évaluer la matière imposable) que sur le plan financier (le rapatriement du profit et du capital demeure subordonné à la réalisation d'un chiffre d'affaires à l'exportation et à la double autorisation du Haut Comité des Affaires économiques et de la Banque centrale).

Dans ces conditions, la faculté reconnue par la loi n° 10 de créer des sociétés à capitaux étrangers en association avec des capitaux syriens publics ou privés reste peu utilisée. A ce jour, une seule société étrangère, Nestlé, a créé une filiale en partenariat avec des actionnaires syriens.

b) Une économie marquée par les principes dirigistes

Le cadre de l'économie syrienne n'a pas été réellement remis en cause par des réformes dont la portée est restée ponctuelle. La place du secteur public ne fait l'objet d'aucune remise en cause, même si, en privé, nombre d'interlocuteurs syriens s'accordent pour en reconnaître les lourdeurs et les difficultés de gestion.

Les rigidités des mécanismes de financement de l'économie syrienne peuvent être portées au débit d'un système bancaire géré sous la forme d'un monopole public placé sous la tutelle du ministère de l'économie et du commerce. Ce dispositif s'articule autour de six banques d'Etat spécialisées, destinées, à titre principal, à assurer le financement de l'Etat et des entreprises publiques.

Les différents représentants des autorités politiques ont souligné devant votre délégation leur attachement à l'originalité du système économique syrien et, en particulier, à la coexistence de trois secteurs, public, privé et mixte -le président du Conseil du peuple, M. Qaddoura, a cependant admis devant votre délégation que le secteur privé se distinguait par son dynamisme. S'ils ne se sont pas montrés fermés aux réformes, ils ont marqué leur préférence pour une approche très progressive. Le gouvernement, a observé le président de l'Union des chambres de commerce et d'industrie, est conscient de la nécessité de moderniser le secteur bancaire, mais il ne souhaite remettre en cause ni leur statut ni leur position.

La Syrie se distingue ainsi des Etats voisins qui ont opté, de manière plus résolue, pour le libéralisme. Dans un environnement de plus en plus concurrentiel, cette situation ne peut, sans doute, rester sans conséquence sur le caractère attractif du pays pour les investisseurs étrangers.

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