III. LE MAINTIEN DES GRANDES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE

On ne peut comprendre la politique étrangère syrienne sans rappeler l'arrière plan historique de la naissance de la Syrie dans ses limites actuelles. Le pays ne constitue qu' une partie de la province ottomane de Grande Syrie , démembrée à la suite de la chute de l'empire turc en 1918. Pendant la première guerre mondiale, Britanniques et Français s'entendent à la suite des accords Sykes-Picot (janvier 1916) pour répartir le Proche-Orient arabe sous leur influence : aux premiers le sud de la région (principalement la Basse Mésopotamie), aux seconds le nord. La fin de la guerre entraîna une révision du tracé originel : la Grande-Bretagne obtient un mandat sur la Palestine et la Syrie du Sud (Transjordanie) ; la région de Mossoul au nord-est de la province de Syrie est échangée aux Anglais contre la rétrocession à la Syrie du plateau du Golan. La France institue une confédération de cinq Etats : Damas, Alep, Etat alaouite, Djebel druze, Liban (dont les limites élargies au-delà du Mont-Liban incluent désormais Tripoli et la plaine de la Bekaa).

Par ailleurs, en 1921, la France reconnaît au Sandjak d'Alexandrette un statut d'autonomie avant de céder ce territoire à la Turquie en 1939. Enfin, les termes du mandat confié par la SDN à la France en 1922 mentionnent deux entités distinctes : la Syrie et le Liban.

Le panarabisme devait trouver un terreau favorable dans un pays dont les frontières avaient ainsi été fixées à l'aune du rapport de force entre les grandes puissances.

Quoi qu'il en soit, ce passé permet de rendre compte dans une certaine mesure de l'influence que la Syrie a entendu exercer dans la région, mais aussi des conflits qui l'ont opposé à ses voisins.

A. L'ARMÉE, INSTRUMENT DE L'INFLUENCE DE LA SYRIE DANS LA RÉGION

L'influence de la Syrie dans son environnement repose d'abord sur des forces militaires qui se rangent parmi les plus importantes de la région, même si un effort de modernisation s'avère aujourd'hui nécessaire.

1. Un potentiel militaire important

Les forces syriennes comptent 315 000 hommes sous les drapeaux (dont 250 000 conscrits) que peuvent renforcer, le cas échéant, 100 000 hommes en réserve immédiate et 550 000 réservistes affectés. Elles disposent de 3 800 chars, 4 700 véhicules blindés, 2 900 pièces d'artillerie, 60 lanceurs missiles, 5 000 avions de combat et 2 000 hélicoptères.

La Syrie disposerait d'une soixantaine de missiles sol-sol de type Scud B (portée 400 km) et C (portée 500 km). L'essai réussi d'un nouveau modèle de missile sol-sol d'une portée de plus de 500 km en septembre 2000 a par ailleurs suscité les inquiétudes d'Israël.

Trois missions principales sont assignées à l'armée : la défense du territoire (en particulier vis-à-vis d'Israël), l'affirmation du statut de puissance régionale (surtout à travers la présence d'un corps d'armée au Liban), le maintien de la stabilité du régime et de la sécurité intérieure.

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