CHAPITRE II -

LA MALAISIE OU LE REBOND DU " TIGRE "

I. UN PAYS PARTICULIÈREMENT PROMETTEUR

A. UNE FÉDÉRATION JEUNE, MULTIRACIALE, À PRÉDOMINANCE MALAISE

1. La formation de la Malaisie indépendante

a) Une naissance autour des villes-comptoirs

L'essor commercial et la colonisation

Des vestiges paléolithiques et des récits chinois du III e siècle montrent l'existence d'un peuplement dans la péninsule malaise, ainsi que, probablement, de contacts, dès cette époque, avec l'Inde et la Chine.

C'est avec l'essor du commerce maritime et, surtout, la fondation de Malacca -par un Prince du Palembang voulant fuir l'autorité du Royaume de Modjopahit à Java- au début du XV e siècle, que s'amorce le développement. La ville devient un important carrefour cosmopolite. Les premiers souverains de Malacca cherchent l'appui de la Chine pour se dégager de la souveraineté du Siam. En 1419, le prince fondateur se convertit à l'Islam et le sultanat de Malacca atteint son apogée sous les sultans Mansur Shah (1459-1477) et sous Ala ud Din Riayat Shah (1477-1488).

La ville est un centre de commerce animé où se développe une culture raffinée qu'évoqueront, par la suite, plusieurs oeuvres littéraires.

En 1511, Malacca passe aux mains des Portugais d'Albuquerque. Le commerce musulman émigre vers d'autres rades de la péninsule, en particulier celle d'Atjeh, au nord de Sumatra. Quant au dernier sultan de Malacca, il s'établit à Johor, au sud de la péninsule, où il crée une nouvelle cour, non moins magnifique.

Sous l'effet de l'émigration de populations malaises de Sumatra, qui affluent dans la péninsule, plusieurs sultanats se constituent au XVI e siècle, non sans rivalités internes (par exemple, diverses expéditions du sultanat d'Atjah ont lieu contre Malacca). C'est par Malacca que la Malaisie a été l'objet d'une islamisation progressive mais rapide et pacifique, notamment par l'intermédiaire des marchands du Moyen-Orient, à partir du XV e siècle.

En 1641, Malacca passe aux mains des Hollandais . Le commerce maritime dans le détroit de Malacca fait l'objet au cours du XVIII e siècle d'une âpre lutte entre plusieurs princes indonésiens.

A la fin du XVIII e siècle, les Anglais , en quête de relais sur la route maritime d'Extrême-Orient, s'installent d'abord dans l'îlot de Penang, cédé par le sultan de Kedah à Francis Light en 1786, puis en 1795 à Malacca, qu'ils prennent aux Hollandais.

Le traité de Londres de 1814 attribue la péninsule malaise à l'Angleterre mais restitue le port de Malacca et les Iles de la Sonde aux Pays-Bas. Puis, en 1824, les Hollandais abandonnent le port de Malacca à l'Angleterre en échange d'un établissement à Sumatra, consacrant ainsi un partage des zones d'activités, qui fera de la Malaisie une colonie britannique et de l'Indonésie une colonie néerlandaise .

Malacca est donc intégrée en 1826 à la colonie Britannique des Détroits (" Straits Settlements ") avec Penang et Singapour, tandis que les sultanats malais de la péninsule forment une fédération (" Federated Malay States ") sous protectorat britannique. Les cultures d'exportation (café, caoutchouc, poivre) et l'exploitation minière (étain) connaissent alors un essor sans précédent.

Ces trois possessions anglaises furent longtemps considérées comme des postes avancés de l'empire des Indes. Les Anglais ne se risquèrent pas à intervenir davantage en péninsule malaise avant 1874.

La diaspora chinoise et indienne

C'est à cette époque qu'a lieu l'arrivée massive des Chinois . Ceux-ci s'établissent bien sûr à Singapour, mais aussi dans l'Etat de Johor où ils créent des plantations de gambiers et de poivriers, à la faveur de contrats spéciaux, dits de " kang-chu ", qui, moyennant le versement aux sultans de quelques taxes fixes, laissent aux chefs de l'entreprise une liberté d'action quasi totale. Parallèlement, ils se groupent pour ouvrir des mines d'étain.

Cet essor ne fait que stimuler encore l'immigration : aux Chinois, qui arrivent toujours très nombreux, se joignent à présent des Indiens , surtout des Tamouls, plus spécialement recrutés pour travailler sur les plantations de caoutchouc, constituées souvent grâce à des capitaux étrangers. Ainsi se forme, sous l'égide britannique, une population multinationale. En 1921, on comptait 1.627.000 Malais, 1.173.000 Chinois et 471.000 Indiens.

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