3. Un fonctionnement dualiste

La complémentarité affirmée dans les textes officiels et la plaquette reste plus qu'incertaine dans les faits : Malraux et Colbert ne font pas toujours bon ménage, tandis que les services culturels des ambassades et la Villa coexistent plus qu'ils ne coopèrent.

a) Malraux et Colbert côte à côte et parfois dos à dos

Il suffit pour prendre la mesure de la laborieuse articulation des deux missions de la Villa de se reporter aux séances des conseils d'administration, dont certaines donnent l'occasion aux représentants des pensionnaires d'exprimer leurs doléances.

La réforme de 1971 n'a pas amélioré les relations entre les pensionnaires et l'administration, qui, historiquement, n'ont jamais été faciles. Même au XIX ème , l'âge d'or de la Villa, celle-ci ne manquait pas d'être accusée d'incompréhension vis-à-vis des aspirations légitimes des artistes.

Aujourd'hui, le manque d'écoute reprochée globalement à l'administration, ne s'est jamais exprimé aussi vivement qu'à l'occasion des tentatives d'ouverture à la hussarde de la Villa.

Selon M. Jean-Paul Goux, « le mot d'ordre du directeur, au temps de mon séjour, était d'ouvrir la Villa à la ville et au monde... Point de vue d'administrateur culturel qui pense les fonctions de son institution en termes d'économies culturelles, d'activités visibles et médiatisables, en nombre d'activités produites, de sponsors et de visiteurs. La Villa a-t-elle besoin de ces artistes ou ceux-ci sont-ils seulement des parasites déplaisants, les restes encombrants d'un passé avec lequel il faudrait rompre ?... Le rôle de la Villa -rôle unique- que ne peut jouer pour les écrivains, aucune des innombrables résidences d'écrivains, multipliées depuis quelques années à des fins très précisément fonctionnelles - devrait être de servir les artistes qu'elle accueille et de ne s'en servir qu'en les faisant valoir : la Villa sait organiser un concert ou une exposition pour connaître les oeuvres des musiciens ou des plasticiens, qu'a-t-elle fait ou que fait-elle pour les pensionnaires écrivains dans le temps où ils y séjournent et dans le temps où ils l'ont quittée ? ».

La direction est traditionnellement considérée par les pensionnaires comme accordant plus d'attention à la mission Malraux qu'à la mission Colbert. Il y a eu là, parfois, dans le passé une volonté de privilégier une fonction par rapport aux autres. Mais, il faudrait plus généralement y voir un réflexe normal consistant à accorder plus d'attention à ce qui dépend directement de vous : or, manifestement, les directeurs ont plus d'influence sur la politique d'exposition que sur la nature du recrutement, en dépit du statut apparent qui est le leur au sein du jury. On reviendra sur ce point essentiel.

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