B. LES AVANTAGES DE L'ORGANISATION STATISTIQUE AMÉRICAINE

1. Un système statistique assez réactif et relativement proche des besoins des utilisateurs

En dépit des points faibles précédents, le système statistique fédéral est considéré par la plupart des observateurs interrogés comme remarquablement efficace .

Les statistiques disponibles sont ainsi très riches .

Ces données sont également parfois plus détaillées qu'en France, où la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) limite assez strictement le niveau de désagrégation des statistiques.

Par exemple, les données issues des divers recensements sont disponibles aux États-Unis par code postal (qui est beaucoup plus précis qu'en France), sous réserve que ce niveau de détail ne remette pas en cause la confidentialité des données individuelles, notamment pour les entreprises.

En outre, les agences statistiques fédérales apparaissent relativement réactives .

Le bureau d'analyse économique (BEA) s'efforce ainsi de développer les statistiques relatives à « la nouvelle économie », au travers par exemple de la création de nouvelles séries de mesure de l'investissement dans les nouvelles technologies de l'information de la communication et de leur contribution à la croissance et à la productivité.

Plus généralement, les agences statistiques ont engagé des programmes relatifs à « l'e-commerce », aux stock options, aux nouvelles relations entre les producteurs et les distributeurs ou à l'amélioration de la mesure de la productivité des activités de service.

De même, les agences statistiques américaines s'efforcent de développer l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour la collecte et le traitement de leurs données.

Par exemple, le bureau du recensement s'est fixé pour objectif de généraliser la télédéclaration pour le recensement quinquennal des entreprises de 2002 : le taux d'erreur des réponses électroniques serait en effet dix fois moindre que sur support papier dès lors que des logiciels de contrôle des déclarations reportent sur les déclarants l'essentiel des tâches de correction des erreurs.

On peut d'ailleurs signaler qu'une agence comme le bureau des statistiques sur l'emploi s'est engagée dans le cadre de son programme stratégique pluriannuel à ce que les progrès technologiques s'accompagnent de gains de productivité et d'une décroissance de ses effectifs.

Plus généralement, la pluralité des agences statistiques s'accompagne d'une plus grande proximité des besoins des utilisateurs, tant publics que privés.

Cela se traduit notamment par l'importance accordée aux statistiques nécessaires à une intervention publique éclairée en matière de santé, d'éducation et de protection sociale : les services statistiques ministériels ont depuis fort longtemps développé des enquêtes spécifiques en réponse aux besoins d'information de leurs administrations de tutelle.

Le fait que les principales agences fédérales disposent de leurs propres services statistiques présente donc, sans doute, une réelle valeur ajoutée pour certaines politiques publiques.

Cette intuition semble d'ailleurs confirmée pour la France par les exemples de la direction de l'animation de la recherche et des études statistiques (DARES) du ministère de l'emploi et de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la santé.

En effet, la création au cours des années 1990 de ces deux directions en contrepoids de l'INSEE a significativement renforcé l'appréhension des effets des politiques sociales par le système statistique public français.

Les grandes réformes sociales s'accompagnent ainsi, désormais, de la mise en place concomitante d'enquêtes statistiques s'efforçant d'en appréhender les effets, comme ce fut notamment le cas pour la réduction du temps de travail (par la DARES) ou plus récemment pour la CMU (par la DREES).

Par ailleurs, le système statistique américain attache également une grande importance à la satisfaction des utilisateurs privés . Cela se traduit notamment par des délais de publication très rapides (afin de faciliter des décisions économiques et financières adaptées), par la constitution de diverses commissions de concertation (avec des économistes d'institut de conjoncture pour le bureau d'analyse économique, avec les partenaires sociaux pour le bureau des statistiques de l'emploi, etc.).

On peut d'ailleurs souligner que les économistes des agences du Congrès sont fréquemment représentés dans les comités consultatifs ou les conseils scientifiques des agences statistiques.

En outre, les principales agences statistiques réalisent régulièrement des enquêtes de satisfaction auprès des usagers, dont ils publient les résultats.

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