2. Des contacts étroits avec la communauté académique, les économistes de marché et les économistes d'administration

a) L'animation de réseaux informels

Au delà de leurs publications, les économistes de la Fed sont officiellement incités à diffuser leurs travaux de manière plus ou moins informelle . La Fed encourage ainsi vivement les contacts entre ses propres chercheurs et ceux de l'administration, des institutions privées, ou des universités.

Selon la Fed, ces contacts présentent en effet deux avantages :

- ils permettent aux économistes de la Fed de suivre les derniers développements de la recherche scientifique ;

- ils permettent aussi de sensibiliser les économistes extérieurs aux thèmes de recherche de la Fed.

En outre, ces contacts renforcent le prestige et la légitimité de la Fed.

Ces contacts sont d'ailleurs facilités par le mode de recrutement des économistes de la Fed. Aussi bien le Conseil des gouverneurs que les banques de réserve fédérées recrutent en effet non seulement les meilleurs jeunes doctorants des universités, mais aussi, pour une large part, des économistes confirmés , souvent prestigieux, qui apportent à la Fed leur réseau personnel.

Ces contacts sont également facilités par le turnover relativement élevé des économistes de la Fed, qui quittent souvent l'institution après quelques années pour bénéficier de rémunérations plus attractives dans des institutions financières.

Ces partants ne conservent aucun lien statutaire avec la Fed, puisque les États-Unis ne connaissent pas de corps analogues à ceux de la fonction publique française ou de la Banque de France. Néanmoins, ils conservent des liens informels assez étroits avec leurs anciens collègues, ce qui est perçu comme avantageux à la fois par la Fed et par les institutions financières concernées. En particulier, la Fed y gagne un accès privilégié à certaines informations de marché. Cette mobilité est donc considérée avec bienveillance.

Concrètement, ces contacts prennent souvent la forme de séminaires organisés par la Fed, réunissant ses experts et des économistes extérieurs, et où les uns ou les autres soumettent leurs travaux à la critique scientifique de leurs pairs.

Ces contacts prennent aussi la forme de rencontres régulières entre les économistes de la Fed et des économistes de marché. Par exemple, les principaux économistes de la Fed de New York reçoivent à déjeuner une fois par mois, par rotation, l'économiste en chef d'une grande institution financière.

Enfin, les chercheurs de la Fed sont incités à présenter leurs travaux, à titre individuel, et non en tant que représentants de l'institution, dans des séminaires ou des colloques extérieurs, par exemple aux déjeuners des associations d'économistes privés. Ils bénéficient d'ailleurs à cet effet de crédits de déplacement assez généreux.

La Fed joue ainsi un rôle très actif de tête de réseau en matière d'analyse économique, alors que les interactions entre les économistes extérieurs et la Banque de France sont plus limitées et qu'elles ont surtout lieu à un niveau différent (soit au niveau « politique », le gouverneur recevant des économistes de marché pour un petit déjeuner ; soit au niveau opérationnel, c'est à dire entre les opérateurs de marché de la Banque de France et leurs homologues des banques privées).

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