3. La constitution d'une culture commune au sein des clubs d'économistes de marché

a) Les clubs d'économistes de marché

A bien des égards, les « économistes » forment aux États-Unis une communauté relativement soudée, au travers notamment de l'Association des économistes américains (AEA). Cette configuration, qui n'a pas son équivalent en France, résulte notamment de ce que les économistes américains ont suivi un parcours universitaire commun (cf. infra).

Au sein de cette communauté, les économistes d'entreprise et de marché se sont également regroupés en associations, comme la National Association of Business Economists .

En outre, les économistes des grands centres économiques fréquentent souvent un ou plusieurs clubs ou associations locaux, comme le New York Forecasters Club (le « club des prévisionnistes de New York »), le Bank Economists Luncheon Group (le « déjeuner  des économistes de banque »), le Downtown Economists Club ou Money Marketeers à New York.

Ces institutions sans but lucratif, qui n'ont guère leur équivalent en France, organisent notamment des déjeuners-débat, d'un coût modique (de l'ordre de 50 dollars) où sont parfois conviés comme intervenants des économistes de l'administration fédérale, de la Réserve fédérale, voire du Congrès.

b) Une culture commune des économistes de marché, qui tranche parfois avec celle des économistes d'administration

Ces clubs favorisent la diffusion d'une culture commune au sein des économistes de marché, qui tranche souvent avec celle des économistes des administrations publiques.

Au cours de la dernière décennie, les économistes de marché ont été ainsi en moyenne beaucoup plus optimistes (ou moins prudents) que les économistes d'administration, et plus enthousiastes envers les effets des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ils se sont également ralliés très tôt à l'idée selon laquelle l'économie américaine était entrée dans un nouveau régime de croissance non-inflationniste.

Les prévisions de croissance des économistes privés recueillies au sein du Blue Chip Indicator Survey ou du Survey of Professional Forecasters établi par la Réserve fédérale de Philadephie, furent ainsi nettement supérieures à celles de l'administration présidentielle ou du CBO.

Comme la croissance des États-Unis surprit favorablement les conjoncturistes presque chaque année sur la période 1996-2000, les prévisions de croissance des économistes de marché apparaissent d'ailleurs rétrospectivement plus justes. Cela renforça la conviction des économistes de marché de ce que les cadres conceptuels des économistes d'administration n'étaient plus pertinents.

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