b) La tendance des institutions les plus politisées à évincer les autres

Jusqu'au début des années 1980, les principaux Think Tanks étaient des institutions comme le Conference Board ou la Brookings Institution , de haut niveau scientifique et relativement indépendantes des courants politiques.

Au cours des années 1980 et 1990, les Think Tanks ont cependant connu la même évolution que les institutions politiques américaines : ils se sont globalement politisés et polarisés.

En l'espèce, cette évolution ne s'est pas traduite par la transformation des Think Tanks existants, mais par la création et le développement rapide de nouvelles institutions, ouvertement politiques .

Cette évolution a entraîné deux conséquences .

En premier lieu, de même que « la mauvaise monnaie chasse la bonne », les travaux des Think Tanks les plus politiques ont eu tendance à évincer ceux des autres institutions indépendantes, aussi bien dans les média qu'au Congrès.

En effet, plus incisifs, plus agressifs et plus « spectaculaires », leurs conclusions et leurs analyses répondent encore davantage aux aspirations du public, donc aux souhaits de la presse et surtout de la télévision, ainsi qu'aux besoins « d'arguments frappants » des parlementaires.

Leurs « part de marché » en termes de financements ou de citations s'est donc accrue au détriment de celles des Think Tanks réputés les plus objectifs.

En second lieu, le développement des Think Tanks « politiques » eut pour effet de brouiller leur image et, dans l'ensemble, de réduire leur crédibilité scientifique : les staffers du Congrès, les responsables publics et l'opinion ont en effet beaucoup de mal à discerner le caractère plus ou moins rigoureux des études qui leur sont présentées.

Les Think Tanks les plus scientifiques ont donc été doublement perdants : non seulement leurs ressources et leurs débouchés s'en sont trouvés réduits, mais leur réputation académique en fut affectée par contagion.

c) Des travaux finalement assez peu repris par le Congrès

Sans surprise, la plupart des Think Tanks s'emploient à démontrer leur influence sur les décisions publiques, en s'appuyant notamment sur des citations de journaux.

Par exemple, le site internet du Center on Budget and Policy Priorities cite le National Journal estimant que ses analyses et ses propositions concrètes avaient eu « un impact considérable » sur la réforme de la protection sociale intervenue en 1996.

La plupart des observateurs indépendants consultés soulignent cependant que les Think Tanks n'exercent pour l'essentiel qu'une influence indirecte sur les décisions publiques.

En effet, s'ils contribuent à la formation de l'opinion publique, ils participent finalement assez peu à l'élaboration du détail de la législation ou des politiques publiques, qui demeure pour l'essentiel l'apanage de l'administration fédérale, ainsi que des staffers et des offices du Congrès : ces derniers disposent d'une expertise beaucoup plus précise et plus opérationnelle que celle des Think Tanks .

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