B. LA DESSERTE RÉGIONALE, PARENT PAUVRE DES TRANSPORTS AÉRIENS

La plupart des élus et des chambres consulaires formulent un avis beaucoup plus critique.

1. Trop peu de liaisons inter-régions

Le conseil général de Haute-Marne juge sévèrement l'attitude française, « très malthusienne et centralisatrice vis-à-vis de l'outil du transport aérien ».

Le conseil général du Calvados se fait également l'écho de l'insuffisance des liaisons aériennes régionales en France, « qui ne sont pas satisfaisantes dès qu'il s'agit de liaisons qui ne passent pas par Paris ».

Le constat de la chambre de commerce et d'industrie de Meaux résume l'avis de la majorité des gestionnaires d'aéroport : « la desserte régionale est le parent pauvre des moyens de transports, en tout état de cause pour certaines régions ».

Après avoir observé que « les dessertes au départ de Paris paraissent bonnes », la chambre de commerce et d'industrie de Dijon ajoute qu' « en ce qui concerne les liaisons inter-régions, celles-ci nous semblent trop peu développées. » Les constats des chambres de commerce et d'industrie de Brest, qui déplore « le manque de liaisons directes », de Narbonne et de Meurthe-et-Moselle - « les dessertes régionales font encore trop appel aux passages par Paris »- , convergent dans ce sens.

La chambre de commerce et d'industrie de Béziers-Saint-Pons, dans l'Hérault, regrette quant à elle que son aéroport « ne dispose que d'une seule ligne régulière reliant Béziers à Paris ».

2. Une situation qui se répercute sur l'activité des aéroports de moindre importance

L'activité des aéroports de moindre importance pâtit de l'insuffisante desserte régionale.

Ainsi, le rapport d'activité pour l'année 2000 de l'Union des chambres de commerce et établissements gestionnaires d'aéroport conclut que « l'augmentation d'activité est proportionnellement plus importante sur les grands aéroports que sur les plus petits » et que « la réorganisation des compagnies régionales dans le giron d'Air France a eu un impact négatif à Clermont-Ferrand et sur des aéroports moins importants ».

Le conseil régional de Loire Atlantique note que le corollaire de la « concentration spatiale » sur les grandes métropoles est « l'insuffisant développement des liaisons inter-régionales. (...) L'hégémonie des plates-formes parisiennes de Roissy-Charles de Gaulle et d'Orly (69 millions de passagers en 1999) n'est plus à démontrer, alors que les dix premiers aéroports de province ne totalisent que 38,2 millions de passagers en 1999. »

Le conseil régional de Bretagne, dresse également un bilan négatif en termes de nombre de passagers : « la croissance du nombre de passagers aériens du Grand Ouest a chuté de 11% en 1999 à 6% en 2000. »

Le conseil économique et social de la région Centre corrobore cette analyse : « les aéroports de Paris accueillent 6 passagers aériens sur 10 et aucun aéroport de province n'atteint 10 millions de passagers. Ce choix pèse lourdement sur l'image de la France. »(...) « Même si les aéroports de province ont connu des évolutions importantes de trafic passagers depuis 1995, en l'absence de politique volontariste de redéploiement du trafic aérien, elles n'apparaissent pas de nature à mettre en cause la concentration du trafic sur les aéroports de Paris à l'horizon 2010-2015. »

3. Une situation souvent imputée au mouvement de concentration des compagnies aériennes

Plusieurs de nos interlocuteurs dénoncent la concentration du secteur aérien, et la rendent responsable des carences de la desserte régionale en France.

Le conseil général de Gironde regrette que « la desserte des villes moyennes soit sans cesse remise en cause, car affectée à des compagnies aériennes secondaires ne disposant pas d'avions de rechange ».

La chambre de commerce et d'industrie de Bayonne Pays basque estime ainsi que « la desserte des régions françaises est loin d'être satisfaisante pour deux raisons principales : un réseau en étoile centré sur Paris comportant peu de transversales, et une ouverture insuffisante à la concurrence qui restreint la marge de négociation des acteurs locaux face à la compagnie nationale. »

La chambre régionale de commerce et d'industrie de Bretagne s'inquiète également du mouvement de concentration des compagnies régionales, « qui risque de rendre plus difficiles les liaisons province-province. »

4. D'où l'expression de craintes quant au projet de création d'un troisième aéroport dans la région parisienne

Pour certains, la perspective de la création d'une troisième plate-forme dans le Bassin parisien risquerait de limiter encore davantage le développement des aéroports de province.

Après avoir relevé que la création de hub dynamiques, performants, ouverts sur l'Europe lui semble « une bonne politique », le conseil général du Cher se « pose la question de savoir si cela est compatible avec le développement d'un troisième aéroport en région parisienne.(...). Les difficultés que je rencontre pour établir une liaison de l'aéroport de Bourges avec le hub de Clermont-Ferrand ou celui de Lyon le démontrent bien. »

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