CHAPITRE II

QUELLES ORIENTATIONS GÉNÉRALES POUR LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE ?

Avant d'examiner les mesures spécifiques qui pourraient être mises en oeuvre pour réduire ces différents types de chômage et de non activité, il peut sembler nécessaire de s'interroger sur les orientations générales de politique économique pouvant favoriser un retour au plein emploi.

Peut-on atteindre un taux de chômage de l'ordre de 5 % en l'an 2010 si le contenu en emplois de la croissance se rapproche progressivement de sa moyenne des années 1980 ? La « nouvelle économie » peut-elle permettre de compenser les effets d'une croissance moins riche en emplois ? Quel serait l'impact d'une augmentation du taux d'activité (c'est-à-dire de la proportion de personnes disposant d'un emploi ou cherchant un emploi parmi celles en âge de travailler) sur le taux de chômage et le taux d'emploi (c'est-à-dire de la proportion de personnes disposant d'un emploi parmi celles en âge de travailler) ?

Afin d'apporter quelques éléments de réponse, votre Délégation a commandé au Centre d'observation économique (COE) de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris des simulations de différents scénarios de croissance et d'emploi possibles au cours des dix prochaines années. Ces simulations ont été réalisées à l'aide du modèle macroéconomique Oxford Economic Forecasting (OEF).

RÉSUMÉ DES SIMULATIONS DU COE

Comme d'autres projections de l'économie française (cf. p. 41), le compte central du modèle OEF (qui projette un taux de chômage de 7,5 % en l'an 2009) suggère que l'objectif d'un taux de chômage de 5 % en l'an 2010 pourrait ne pas être atteint.

Plus que le chiffre exact du taux de chômage projeté par le modèle OEF à la fin de la décennie actuelle 24 ( * ) , il semble intéressant de retenir que, selon ce modèle, le retour à un taux de chômage de l'ordre de 5 % à cette échéance nécessite non seulement une diminution du taux de chômage non inflationniste , mais aussi le maintien d'une croissance riche en emplois . Ce scénario est décrit dans les tableaux 1 et 5 de l'annexe 1.

Scénario

Ecart par rapport au compte central du modèle OEF au bout de 10 ans (en points)

Taux de chômage

PIB

Tableau 1

Maintien d'une croissance riche en emplois et baisse de 2,5 points du taux de chômage non inflationniste (se faisant progressivement à partir de la 5 e année)

-2,3

(soit un taux de chômage de 5,2 % en 2009*)

+ 0,9

Tableau 5

idem + léger ralentissement démographique

- 2,9

(soit un taux de chômage de 4,6 % en 2009*)

- 0,4

* Les projections de taux de chômage présentées dans ce rapport proviennent du modèle OEF et ne correspondent pas nécessairement au point de vue du COE.

Source : COE, modèle OEF.

Or, il est peut-être difficile d'atteindre simultanément ces deux objectifs. En effet, une croissance riche en emplois (c'est-à-dire une faible croissance de la productivité du travail ) est un facteur de chômage structurel. Ce phénomène s'explique par le fait que si la croissance de la productivité du travail est faible, les salariés risquent de revendiquer et d'obtenir une croissance de leurs salaires excessive par rapport à celle-ci, ce qui est un facteur de chômage classique (c'est-à-dire dû à un coût du travail trop élevé).

Certes, le taux de chômage structurel pourrait être réduit par une augmentation de la croissance potentielle, consécutive à une augmentation du progrès technique ou de l'investissement, mais le rythme des créations d'emplois risquerait alors d'être trop faible (du fait de l'accélération de la production par travailleur qui en découlerait) pour que l'objectif de 5 % soit atteint en l'an 2010 (comme le suggèrent notamment les tableaux 10 et 15 de l'annexe 1).

Scénario

Ecart par rapport au compte central du modèle OEF au bout de 10 ans (en points)

Taux de chômage

PIB

Tableau 10

Augmentation de 0,3 point par an du progrès technique + augmentation de 5 points pendant 4 ans du taux de croissance annuel de l'investissement

- 0,3

(soit un taux de chômage de 7,2 % en 2009*)

+ 5,1

Tableau 15

Augmentation de 0,3 point par an du progrès technique + diminution du NAIRU de 2,5 points (se faisant progressivement à partir de la 5 e année)

- 0,7

(soit un taux de chômage de 6,8 % en 2009*)

+ 4,8

* Les projections de taux de chômage présentées dans ce rapport proviennent du modèle OEF et ne correspondent pas nécessairement au point de vue du COE.

Source : COE, modèle OEF.

En outre, les simulations du COE suggèrent qu'une augmentation du taux d'activité (c'est-à-dire de la proportion de personnes disposant d'un emploi ou en recherchant un parmi celles en âge de travailler) aurait pour impact, à l'horizon d'une décennie, d'accroître le PIB, mais aussi le taux de chômage (selon les tableaux 7 et 13 de l'annexe 1), de sorte que le taux d'emploi (c'est-à-dire la proportion de personnes disposant d'un emploi parmi celles en âge de travailler) serait finalement faiblement accru.

Il convient cependant de prendre en compte le fait que de nombreuses personnes inactives souhaiteraient travailler , de sorte que leur inactivité peut être considérée comme du « chômage déguis é ». Par ailleurs, l'augmentation du taux d'activité peut modifier l'équilibre sur le marché du travail en suscitant de moindres augmentations de salaires, et donc aller dans le sens d'une réduction du taux de chômage structurel. L'arbitrage entre réduction du taux de chômage et augmentation du taux d'activité n'est donc peut-être pas aussi net que le suggère le tableau ci-après.

Scénario

Ecart par rapport au compte central du modèle OEF au bout de 10 ans (en points)

Taux de chômage

PIB

Tableau 7

Croissance riche en emplois + léger ralentissement démographique+ baisse de 2,5 points du taux de chômage non inflationniste + augmentation de 0,5 point du taux d'activité

- 2,2

(soit un taux de chômage de 5,3 % en 2009*) (1)

+ 1,4

Tableau 13

Augmentation de 0,25 point par an pendant 10 ans du taux de croissance de la population active

+ 1,4

(soit un taux de chômage de 8,9 % en 2009*)

+ 3,2

* Les projections de taux de chômage présentées dans ce rapport proviennent du modèle OEF et ne correspondent pas nécessairement au point de vue du COE.

(1) Au lieu de 4,6 % sans augmentation du taux d'activité (cf. tableau 5).

Source : COE, modèle OEF.

I. QUE PENSER D'UN OBJECTIF DE TAUX DE CHÔMAGE DE 5 % EN L'AN 2010 ?

A. UN TAUX DE CHÔMAGE DE 5 % EN L'AN 2010 : UN OBJECTIF OPTIMISTE ?

1. Réduire le taux de chômage non inflationniste

Tout d'abord, le retour au plein emploi suppose une réduction du taux de chômage non inflationniste , dont les évaluations sont, on l'a vu, pour la plupart comprises dans une fourchette allant de 8 % à 10 %.

En effet, le taux de chômage ne peut pas être durablement inférieur au taux de chômage non inflationniste (une telle situation pouvant susciter une spirale prix-salaires ramenant le chômage à son taux non inflationniste).

On peut rappeler que la diminution du chômage semble s'être interrompue au début des années 1990 à cause non seulement de la diminution du taux de croissance du PIB, mais aussi d'un taux de chômage proche du taux de chômage non inflationniste (cf. p. 20).

La simulation du COE montre qu'une diminution du taux de chômage non inflationniste serait par ailleurs bénéfique non seulement à l'emploi, mais aussi à la croissance. Si le taux de chômage non inflationniste baissait de 1 point cette année, au bout de 10 ans , l'impact sur le taux de chômage total serait de - 0,7 point , et la croissance serait accrue d'environ 0,25 point par an (cf. tableau 12 de l'annexe 1).

En points de chômage ou de PIB.

Source : COE, modèle OEF.

* 24 Ce chiffre dépend des hypothèses, largement conventionnelles sur une période aussi longue, retenues en matière de croissance de la population active, du PIB et de la productivité du travail (cf. p. 43).

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