TRAVAUX DE LA COMMISSION

Réunie le mercredi 27 juin 2001, sous la présidence de M. Jean Delaneau, président, la commission a procédé à l'examen des conclusions de la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer .

M. Lucien Neuwirth, rapporteur , a présenté les conclusions de la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer (cf. exposé général).

Après que M. Jean Delaneau, président , eut souligné la qualité remarquable du travail accompli par la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer, Mme Annick Bocandé s'est clairement associée à cette appréciation élogieuse et a souligné les difficultés inexplicables auxquelles se trouvaient confrontées les familles de malades atteints du cancer qui rentrent à leur domicile après une période d'hospitalisation. Par ailleurs, elle s'est interrogée sur le coût, pour l'assurance maladie, de certaines des propositions de la mission d'information. En réponse, M. Lucien Neuwirth a notamment souligné que, paradoxalement, la politique de lutte contre le cancer souffrait d'un manque évident de moyens financiers sans que, par ailleurs, l'assurance maladie puisse en déterminer le coût exact.

M. Jean Delaneau, président, a alors évoqué la pauvreté des moyens dont disposent les structures régionales destinées à mettre en oeuvre la politique de santé publique. Renchérissant sur ces propos, M. Lucien Neuwirth a estimé que la politique de santé publique ne faisait pas l'objet d'une définition suffisamment claire et précise par un ministère de plein exercice. Il a toutefois affirmé sa conviction selon laquelle l'actuel ministre délégué à la santé était déterminé à assumer pleinement ses responsabilités en ce domaine.

M. Gilbert Chabroux a souligné, à son tour, l'exceptionnelle qualité des travaux du rapporteur et le caractère très complet des investigations de la mission ; il a estimé qu'il convenait de mettre l'accent sur la prévention dans le cadre de la lutte contre le cancer, notamment en ce qui concerne la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme. Il a rappelé, à ce sujet, que 42.000 morts par an pourraient être évités par une politique de dépistage approfondi.

M. Lucien Neuwirth, rapporteur, lui a répondu que ces points particuliers faisaient l'objet de développements dans son rapport.

M. Guy Fischer a souligné que, face au défi de santé publique que constituait le cancer, il convenait de développer une politique plus ambitieuse de prévention et de dépistage. Par ailleurs, il a évoqué le véritable drame des familles qui se retrouvent seules pour prendre en charge un malade à sa sortie de l'hôpital. Il a insisté sur le fait que de tels drames étaient particulièrement douloureux lorsque le malade atteint du cancer était l'un des conjoints d'un couple de personnes âgées.

En réponse, M. Lucien Neuwirth a indiqué que les propositions de la mission comportaient tout un « volet » visant à améliorer la prise en charge psychologique, financière et sociale des malades.

Mme Annick Bocandé a rappelé, sur ce point, le comportement difficilement admissible de certains centres hospitaliers, qui « renvoient » les malades du cancer à leur domicile, sans se préoccuper d'informer ou d'accompagner les familles qui se trouvent ensuite livrées à elles-mêmes. Elle a également regretté les lourdeurs administratives incompréhensibles qui empêchent les départements d'assumer pleinement leurs responsabilités en matière de dépistage.

A ce sujet, M. Jean Chérioux a souligné que la lutte contre le tabagisme devait être ciblée chez les adolescents, le comportement des fumeurs ne pouvant qu'être très difficilement modifié après l'âge de 20 ans. Par ailleurs, il a estimé indispensable d'organiser un dépistage du cancer au profit des familles dont les membres sont plus particulièrement prédisposés à développer cette maladie pour des raisons génétiques.

Répondant à ces différents intervenants, M. Lucien Neuwirth, rapporteur, a tout d'abord mentionné l'analyse faite par certaines personnalités auditionnées par la mission, selon laquelle l'invocation auprès des adolescents de la menace mortelle, que représente pour eux le tabac, s'avère inefficace dans la mesure où, à leur âge, la mort n'est encore qu'une abstraction. Répondant ensuite plus particulièrement à M. Jean Chérioux, il a également fait part des conclusions de certains spécialistes qui estiment qu'un dépistage généralisé du cancer, parmi les membres d'une famille qui y est génétiquement prédisposée, pourrait susciter des inquiétudes disproportionnées au regard du danger auquel ils sont réellement exposés.

M. Philippe Darniche s'est inquiété de la réduction des effectifs et de l'augmentation de la charge de travail du personnel infirmier qui ne permettent plus à ce dernier d'assurer désormais le rôle irremplaçable d'informations et de conseils qui était le sien jusqu'à présent. Evoquant ensuite la politique de prévention contre le cancer, M. Philippe Darniche a regretté que les messages diffusés à l'opinion publique française ne soient pas assez dissuasifs et a souhaité que l'on s'inspire, en ce domaine, du réalisme des campagnes de prévention anglo-saxonnes.

Par ailleurs, M. Philippe Darniche a exprimé sa conviction selon laquelle l'incidence réelle du cancer dans notre pays était aujourd'hui sous-évaluée en raison des lacunes et des insuffisances des méthodes actuelles de collectes des données épidémiologiques. Enfin, il a exprimé le souhait que le rapport de la mission fasse, d'ici un an, l'objet d'un suivi permettant d'évaluer si ces propositions ont connu un début d'application concrète.

M. Jean Chérioux a, quant à lui, souhaité que le rapport de la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer fasse l'objet d'une plus large diffusion.

Puis la commission a approuvé les conclusions de la mission d'information sur la politique de lutte contre le cancer et a décidé d'autoriser sa publication sous la forme d'un rapport d'information .

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